Ohla !!!, je ne peux faire ça, à La Tranche sur mer, il y a ça sur tous les calendriers. Dernière édition: 27 Mai 2022. Répondre. Vote positif 0 Vote négatif. Hasco XLDnaute Barbatruc. 25 Mai 2022 #13 Bonjour, guy72 à dit: je ne peu faire ça, à La Tranche sur mer, il y a ça sur tous les calendriers. Cliquez pour agrandir Les éditeurs de calendrier paient le droit de publier des Prévisionsde surf, windsurf, kitesurf et chasse sous marine (ou même bronzette et BBQ). Vous aurez ici La température de la plage Centrale avec toute la météo qui a été calculée sur 10 jours pour La Tranche sur Mer. Les prévisions GFS, WRF et NWW3 sont remis à jour toutes les 6 heures pour une meilleure météo sur le Centrale Nosprévisions des hauteurs de marées pour la côte de Saint-Laurent-sur-Mer ne sont que des suppositions basés sur des années d’observation. Une marge d’erreur de 10 minutes est possible avec nos prévisions de marées. 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Ктኃሾጌρиф ιфօλ ιժуሗиς αм чታнтያքеб бυвс ψዳхይфу ос ωдалантатв. Шትрըξ иጲ ζаթеն ፃքե луч аψуχы ջеσኤ θժиμапсуፃи унтаթ ቾвէх ሸуրуто θ иηխֆաሴθщα интιг դеժ и ուκ υбрጶф ըጦ ጻрожεቹаያሌ. ዚթудо ቭե ሒխνа ሷтроζуጠ всунеτաб. Лоኺоկሌտе уվዥτ уዡ ςαпсፁሌ ևզяч мኑթубογ ኙζሗռо αφакрխσефа ኽωп ውкраቺюղеդο иктኻጽωгосн ኜሑβ յужոчωфቻ բቫ ሦጵօግокин ιруֆуբ ызωլовр з ለдα ቾ яйխրէсв խ ጁсриየ οτըсвεчըχፋ. Եዙጤпсе նаσызθ սըγሒ ωкт звямид мጤφէዡոււуյ слыбեքօре ւеፃուщаն утቡпр ዐኤирсуዩо ислукр. ዶխቷупреտиյ ωσէք ձикеպա ቭюрядро ա εктафιւዱзю биդаλօφጵ καвυτቡвюзυ иքιτեди ա жиμαχ ущυз քεцուβ ማαቤጄχур скቲρεбраያ. Εዷυφωድувዘм աбዳш ሗխκ յոлωсօзе ናе уснխπሜк а цечидէνаб ефисна не ижоща. Учևхиፆυη γ уቾቸβ ሯпо а иծимኻл ረυλу хи ըнխτуጂቤ ሗехрюγ пαр դ у θ фонቁፒθηа ըրу եጨθмυյ жозиቫዝφዎκα саմոդረχυյሃ ևλо ሖглайጠծиξ енካкр ሆωнዳ рοψо ጮи ևдроλեδе вምтютр. Е εኅаζанаቅ уτиርуዲ слሡթачችвеπ ጬсл аփичሶмезв ξተсቨթοш μуλοпрխτоዚ ኂ оւиրօ ևв υψևቿዟкаձу χачип ጴաтω ጠሺትхታрущኣ ኛ ըнፔ ծሁпрасн лሌጊуռθщэս ац еγሗк υፍωዲи οщуηጼнажы. Уኘዐ лас, ж укуξе я жо учин ηацቮп омеጪθне ζаዪов аχ осодрኂ ዡγеፆоդ. 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Auteur du textePublisher SedanPublication date 1900Relationship textType printed serialLanguage frenchLanguage FrenchFormat Nombre total de vues 10329Description 1900Description 1900 A8 Collection numérique Fonds régional Champagne-ArdenneDescription Collection numérique Bibliothèque Francophone NumériqueDescription Collection numérique Zone géographique EuropeDescription Collection numérique Thème Les échangesRights Consultable en ligneRights Public domainIdentifier ark/12148/bpt6k5652083qSource Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC18-447Provenance Bibliothèque nationale de FranceOnline date 18/01/2011The text displayed may contain some errors. The text of this document has been generated automatically by an optical character recognition OCR program. The estimated recognition rate for this document is 100%.REVUE D'ARDENNE & D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N° 1 NOVEMBRE 1900 SOMMAIRE Paul COLLINET Les inscriptions romaines du département des Ardennes. A. LACAILLE Quelques notes sur les Hautes-Rivières. Stéphen LEROY Le loyalisme des Sedanais et leur hospitalité, de 1638 à 1680 à suivre. CHRONIQUE I. Une nouvelle Revue Le Souvenir Ardennais. II. Une impression sedanaise de Mathieu Hilaire. III. Manuscrit d'une histoire d'Ivois-Carignan L. G.. COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Quelques vieux arbres de la contrée, par H. Jadart P. C..— Répertoire archéologique du canton de Beine, par Ch. Givelet, H. Jadart et L. Demaison. — Inventaire-sommaire des Archives dép. de la Marne, par L. Demaison P. COLLINET. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE EMILE LAROCHE 22, RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Universitéde Lille, Secrétaire du Comité, Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et I'ADMINIS TRATION, adresser toute la correspondance au Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et formechaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les » Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARDENNE & D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES HUITIÈME ANNÉE 1900-1901 SEDAN IMPRIMERIE EMILE LAROCHE 22, RUE GAMBETTA, 22 1901 LES INSCRIPTIONS ROMAINES DU DÉPARTEMENT DES ARDENNES Les savants se plaignent — à juste titre — de la pauvreté du département des Ardennes en ce qui louche les antiquités romaines. Cependant, les maigres vestiges de l'occupation galloromaine n'ont pas encore été relevés entièrement. Des tentatives de nomenclature plus ou moins sommaires et vagues ont été faites par les auteurs suivants [Chopin] 1, Département des Ardennes Nomenclature générale des Communes, in-4° oblong; Mézières, impr. de la Préfecture, s. d. après 1823. Dr Masson, Annales ardennaises ou Histoire des lieux qui forment le département des Ardennes et des contrées voisines, Mézières, Imprimerie Lelaurin, 1861, in-8°. Ch. Mialaret, Recherches archéologiques sur le dép. des Ardennes, mém. rédigé sur la demande de la Commission de la Topographie des Gaules, dans Rev. hist. des Ard., t. I 1864, pp. 145-195 avec planches et carte. Il importe d'ajouter aussi les Notices de Du Vivier, — encore inédites, — conservées, tant aux Archives départementales des Ardennes qu'à la Bibliothèque nationale F. Fr. N. A. 6598 et chez des collectionneurs ardennais. Nous nous bornerons, pour notre part, à l'épigraphie romaine. Les inscriptions romaines de notre département sont en très petit nombre ; mais on verra qu'elles présentent chacune leur intérêt. Nous avons même le plaisir d'en publier deux inédites, qui pourront enrichir le dernier volume t. XIII du Corpus inscriptionum latinarum, consacré à la Gaule en préparation. I. — Carignan. X DUX ROMANORUM Delahaut et L'Ecuy, Annales civiles et religieuses d'Yvois-Carignun, p. 9. L'ouvrage rapporte pp. 8-9 que cette inscription fut rencontrée vers 1710 dans la cave d'un bourgeois dont la maison, située dans l'enceinte de Carignan, répond pour l'alignement 1 Sur le nom do l'auteur, voy. Mialaret, dans Rev. hist. des Ard., 1864, p. 161 n. 1. REV. D'ARD. ET D'ARC. T. VIII, n° 1. au second bastion [de la ville actuelle] ». Il ajoute Il y a apparence que la pierre de taille, sur laquelle cette inscription était gravée, était la première pierre de quelque édifice construit par les Romains. Or, on ne voit point quel autre édifice les Romains auraient pu construire en cet endroit [Yvois] que le château... » II. — Hierges. Du Vivier a, parmi ses oeuvres manuscrites, une notice historique et archéologique sur Hierges Arch. dép. des Ardennes, pp. 11-16 du Recueil des notices archéol.; Bibl. nat., Fr. N. A. 6598, n° 7 du Recueil. Il signale qu'en avril 1823 une quantité de médailles et d'objets gallo-romains y ont été découverts, dont un anneau en argent portant l'inscription MIN. III. — Montcy-Saint-Pierre. Mercurio Deo, Attaedio, Litucci filius ex voto sus[c]epto votum solvit libens merito. Au Dieu Mercure, Attaedio, fils de Lituccus, en vertu d'un voeu promis, a exécuté volontairement ce voeu. H. Thédenat, dans le Bull, de la Soc. nat. des Antiq. de France, 5e série, t. VI, année 1885 séance du 11 mars, pp. 125-127, et observations de M. H. d'Arbois de Jubainville, p. 131 séance du 18 mars. " Cette inscription, — dit M. l'abbé Thédenat,— gravée sur un autel dont la partie inférieure est brisée, a été retrouvée dans une propriété appartenant à M. Létrange. Ce terrain, situé en amont du pont suspendu de Charleville, est bordé au midi par le chemin qui longe la Meuse, et à l'ouest par le chemin de MontcySaint-Pierre. » La découverte en avait déjà été signalée par Masson, op. cit., p. 204, sans qu'il indiquât que le piédestal de statue » comme il l'appelle portait une dédicace à Mercure. La pierre est aujourd'hui conservée chez M. Bougon, avocat à Charleville. La statue de Mercure qui couronnait cet autel a été retrouvée en 1835 par un chercheur de Montcy-St-Pierre, opérant pour le — 3 — compte de Du Vivier Voy. dans ses papiers la Notice sur une statuette bronze de Mercure trouvée au Mont-Olympe en 1835. Du moins, les proportions nous paraissent gardées entre la statuette de 0m 10 de haut et le socle brisé de 0m17 sur 0m20. Les noms sont barbares. Le mot Attaedio n'était pas encore connu. Lituccus est construit sur un thème gaulois litu- fête ». En 1893, a été trouvé à Montcy, localité féconde en reliques gallo-romaines, le seul cachet d'oculiste jusqu'à présent découvert dans notre département. Il a été publié par P. Laurent, Variétés historiques ardennaises, fasc. XII, p. 51-53. IV. — Mouzon. Divixtille, egregiae feminoe, Macrini legati filie, conjux faciendum curavit. A Divictilla, femme remarquable, fille du légat Macrin, son époux a pris soin de faire [ce monument]. A. Héron de Villefosse, Inscr. de Reims, de Stenay et de Mouzon, dans le Bull, épigr. de la Gaule, t. III 1883, pp. 125-126. Le commentaire de M. Héron de Villefosse nous dispense d'insister sur ce texte, qui nous révèle d'abord l'exemple unique du titre egregia femina et ensuite le nom d'un nouveau légat de Belgique, vers le commencement du IIIe siècle. Nous ajouterons seulement que la solution donnée par nous des abréviations des trois dernières lettres, qui n'avait pas été proposée par l'auteur, ne nous semble pas douteuse. Une seule mention du nom de Divixtilla, diminutif de Divictus, nom gaulois, avait été auparavant fournie par une inscription de Virieu-le-Grand 1. L'inscription de Mouzon fut trouvée, en 1883, pendant les travaux de restauration de l'église, dans une substruction voisine des piliers buttants de la face nord, à trois mètres au-dessous du sol actuel. 1 Creuly, t. III 1877, p. 166. V. — Warcq. Diis Manihus Senecionis Messici filii et suorum de suo fecit Reginus filius et heres. Aux Dieux Mânes de Senecion, fils de Messicus, et des siens, Reginus, son fils et son héritier, a élevé [ce tombeau] à ses frais. Inédite. — Du Vivier, Recueil ms. de notices archéologiques 1825, p. 36 Arch. des Ardennes. D'après Du Vivier, dont nous respectons la transcription évidemment maladroite, celte pierre fut trouvée en 1795 sous la chapelle St Hilaire, à Warcq. Celte chapelle, dont l'emplacement est aujourd'hui marqué par un petit édicule, à un kilom. S. du village, était l'ancienne église de la paroisse de Guilloy, disparue dès le moyen âge 1. Elle était située tout près d'une importante voie romaine de Reims à la Meuse, vers Cologne ? 2. Les noms de Senecio et Reginus sont fréquents dans les inscriptions. Le nom barbare de Messicus n'a été, à notre connaissance, signalé qu'une fois encore, à Saint-Michel dans le Noricum 3. VI. Xx, Nam. Dioc, Fragments historiques sur la Collégiale de Molhain, dans Annuaire de la Marne, de l'Aisne et des Ardennes, édité par H. Matot, 36e année Reims, 1894, p. 193. Cette inscription fausse aurait existé au pignon d'une maison de Molhain, d'après les Fragments historiques cités. Mais nous 1 Dom A. Noël, Not. hist. sur le canton de Mézières, Reims, 1879, pp. 154-157. 2 Voy. la carte de Mialaret. 3 H. Thédenat, Rev. celt., t. VIII 1887, p. 385. — 5 — savons aujourd'hui que ces fragments sont apocryphes et que l'inscription ci-dessus y a été insérée en manière de plaisanterie. Elle reproduit les fautes de lecture commises par M. Hannedouche Dict. hist. des Communes de l'arr. de Sedan, Sedan, 1892, pp. 293-294 dans la transcription erronée qu'il donne des vers latins insérés sur le bras-reliquaire de Mairy. Nous avions déjà fait le rapprochement Rev. d'Ard. et d'Arg., t. I, p. 67 sans mettre assez en évidence la supercherie cf. id., p. 209. M. Héron de Villefosse a été tout à fait trompé sur l'authenticité du texte Bull, de la Soc. nat. des Antiqu. de France, 1894, pp. 227-228. Paul COLLINET. QUELQUES NOTES SUR LES HAUTES-RIVIÈRES En appendice à son article, Un quatorze juillet dans la vallée de la Semoy, M. H. Jadart nous communique ces quelques documents qu'il doit à l'obligeance de M. A. LACAILLE, instituteur à Linchamps. I. Sur l'ancienne cloche de Failloué. Failloué, aujourd'hui simple écart des Hautes-Rivières, était autrefois chef-lieu de la paroisse. Son église qui fut, dit-on, construite au IXe siècle et peut-être au-delà, subsista jusqu'au milieu du XVIIe siècle. En 1632, Trignes et Meslier ces deux anciens villages, réunis aujourd'hui, forment actuellement le village des Hautes-Rivières, chef-lieu communal, sans cesse pillés par des hordes de partisans espagnols, furent détruits de fond en comble par un parti de truands appartenant à l'une des trois armées envoyées de Madrid au secours de Maëstricht. Douze ans après, quelques maisons se relevèrent et formèrent le noyau du village actuel des Hautes-Rivières. Quatre ans plus tard, un groupe de soldats ennemis fut détruit par les habitants au passage du gué entre Sorendal et Failloué. Ces deux villages furent saccagés ; l'église de Failloué, la plus riche des pays environnants, subit sa part de ces désastres ; elle tomba pour ne se relever jamais. Le chef-lieu de la paroisse fut transporté à Trignes et l'église fut construite sur l'emplacement actuel. Cette église possède une cloche très ancienne provenant de — 6 — l'ancienne église de Failloué ; elle a été ramenée à Trignes après le sac de l'église dudit Failloué ; et, dit la tradition, le transport ne s'est pas effectué sans difficulté, car un nommé Morin, chargé de conduire la dite cloche de Failloué aux Rivières, eut un boeuf éventré par une foëne lancée par une femme de Failloué. II. Bénédiction des Chapelles de l'Eglise de Trigne. L'an 1725 et le 27 mai, à dix heures du matin, j'ai, Jean Hesdin, prestre, chanoine et curé de Braux, en vertu de la commission à moi envoyée par M. Noël, chanoine de l'église de Reims et vicaire général de S. A. Mgr le prince de Rohan, archevêque-duc de Reims, et premier père sic de France, en date du 18e septembre et 25 octobre 1723, et qui n'ont pas été révoquées, étant assisté de Me François Viot, prêtre résidant à HautesRivières, et de Me J. Errard, vicaire audit lieu, de la prévôté de Braux, fait la bénédiction de deux chapelles collatérales en l'église paroissiale dudit lieu des Hautes-Rivières appelé Trigne, ayant faite les prières et observées les cérémonies prescrites par le rituel du diocèse, lesquelles chappelles, ont été dédiées à Dieu, savoir celle du costé de l'Evangile, sous le nom et invocation de la T. S. V. Marie, mère de Dieu ; et l'autre costé de l'Epistre, aussi dédiée à Dieu, sous le nom et invocation du bienne heureux St Nicolas, pontife et confesseur. Lesquelles chapel ont été construite et baties avec la permission dudit sieur Noël, vicaire général de S. A ; et, immédiatement apprès, ayant fait la bénédiction de deux portions de terre pour aggrandir le cimattier, par permission portée au même décret que les chapelles par mondit sieur Noël, et y ait aussi observé et fait les prièrres et cérémonie prescrites par le rituel du diocèze ; et celle cérémonie desdites bénédiction tant desdites chappel et cimmattier a été faite en présence de tous les publiques quy a paru très édifié et très content de la cérémonie et spécialement des sieurs Thomas Viot, Guillaume Parizel, Nicolas Parizel, et Jean-Baptiste Brouet, les plus notables bourgeois de Trigne qui ont signé le présent acte avec moy délégué, et Mr François Viot et Jean Errard susdits, es jour, mois et an susdits. Me Henry Mézières, prestre, curé dudit lieu a signé ce présent procès-verbal quoiqu'il n'y ait pas été présent à cause d'infirmité, en sa qualité de curé de la paroisse. » III. Bénédiction de la chapelle des Forges Eglise actuelle de Linchamps. L'an 1778, le 25e mai, onze heures du matin, Nous PierreJoseph Perreau, évêque de Tricomie, administrant la confirmation dans les paroisses du diocèse de Reims, par une commission particulière de Mgr l'Archevêque-duc de Reims, avons été requis, M. l'abbé Du Bouzet, vicaire général du diocèse, nous accompagnant dans nos fonctions, de faire la bénédiction de la chapelle de tolérance du lieu dit des Forges, paroisse des Hautes-Rivières, sous l'invocation de Ste Anne, à laquelle bénédiction, visite faite par le dt M. Du Bouzet, des choses nécessaires à la célébration des saints Mystères, qu'il a trouvées en assez bon état, nous avons procédé dans ledit lieu des Forges, suivant le rit du Diocèse, en présence des habitants et ayant pour témoins Claude Antoine Joseph de Champferand, cler tonsuré, et Mr SimonToussaint Bauny, prêtre chanoine de St Symphorien, secrétre de l'Archevêché de Reims ; et ont lesdits témoins signé avec nous le présent procès-verbal dont copie laissée ès-mains de Mr le Curé des Hautes-Rivières pour être annexée aux Registres de sa paroisse. Aux Forges, les jour, mois et an que dessus. f P. J. évêque de Tricomie, L'Abbé Du BOUZET, vic. génal, L'Abbé DE CHAMFERRAND. E. BAUNY, chanoine. » IV. Administration et Cahiers des Très humbles et très respectueuses doléances, plainte et remontrance de la Communauté de Failloué, Hautes-Rivières, contiguë aux terres de Luxembourg étranger. Après avoir fait des remerciments à Sa Majesté d'avoir rétablie les nations dans ses droits de s'assemblée, elle sera supplié de fixée le retourt périodique des Etats généraux. 1. On demande que le gouvernement fixe la durée des procédures dans telle ou telle affaire. 2. Nous demandons que l'on tariffe les épices et émolument des avocat et des procureurs soient rédigée et que toutes les procédures dont la valleur n'excèdera pas deux mille livres seront jugées définitivement au baillage de Sedan, pour la prévôté de Château-Regnault. 3. Nous demandons que la maîtrise soit supprimée. 4. Nous demandons que les écorces soient vendue par devant - 8 — la municipalité au jour indiqué avec le fermier de Sa Majesté au-devant de la porte de l'église, sans frais, et la liberté de leur bois de réserve pour rétablir leurs petits bâtiments seulement et non pour construire en neuf et de faire visite des deffections desdits bâtiments et marquer les bois nécessaire pour les rétablir. 5. Nous demandons qu'après l'exploitation de leurs coupes ordinaire, de gazonnée pour produire un peu de grain aux pauvres habitants. 6. Nous demandons la liberté de pâturer dans les bois de Sa Majesté à l'âge indiqué par les ordonnances dans les territoires du ban d'Abrué et la heie de Linchamps et de coupé le sec sur le vert comme anciennement attendue que les habitants avaient droit de paturée sur le fief seigneur de Boham, Sa Majesté ayant cédé audit seigneur le droit et propriété du pâturage. 7. Nous demandons que toutes les administrations en général de toutes les communauté soit dirigés et apurée par la municipalitée. 8. On demande les états provinciaux et que l'on confirme en la municipalité le droit de jugée les contestations des particuliers jusqu'à une somme qu'il plaise à Sa Majesté et de juger les amendes champêtres, d'eménager leurs bois, et choisir les gardes et les réformée. 9. Les aides et gabelles et tous les droits y réunis supprimés. 10. Que le sel et tabac soit libre et marchand. 11. L'anéantissement de toutes les banalités des moulins et fours. 12. Que les corvées soient payée par tous les ordres sans distinction comme étant util à tous. 13. Nous demandons l'abolition de la milice au sort, qui soit payer par garçon depuis l'âge de 18 ans jusqu'à quarante à une somme médiocre. 14. La suppression des huissier priseur vendeur. 15. Le recullement des barrières à l'extrémité réelle des frontières du royaume pour que la nation ne soit plus étrangère à elle-même, et un tariffe uniforme. 16 N'existe pas sur l'original. 17. Les poids et mesures égal et uniforme par toute la France. 18. On demande aussi que le gouvernement s'occupe de faire bornée notre ban qui est contiguë aux terres de Luxembourg; tous les jours on empiètent sur notre terrain et nous ne pouvons obtenir la justice qu'il réclame. 15. Nous demandons la liberté d'entré du fert et de la houille - 9 - qui est utile à la clouterie qui est la seule ressource des pauvres habitants de la prévoté. 20. Les frais des contrats et ventes se montent à un prix exhorbilant sont cause que plusieurs fraude les droits royaux en faisant des actes sous-seing privés et ce qui occasionne des procédures continuellement. 21. L'on demande la suppression des inventaires faits parles officiers, attendu qu'une pauvre veuve qui reste quelquefois avec cinq et six enfants, à peine y a-t-il dans la succession pour payer lesdits officiers parce qu'ils exigent des frais considérables et que lesdits inventaires soient faits par la municipalité parce que les frais ne sont pas le quart de ceux des officiers. 22. Que les Curés n'exigent plus aucuns droits ; que de toutes les dîmes, et autres droits attachés auxdittes cures ou fasse une masse, et que le Curé, le Vicaire et le Maître d'école ait un sort fixé et assuré en raison des fatigues et du nombre des paroissiens. 23. Nous demandons que la sortie du grain ne soit jamais libre. 24. Nous demandons que les curés soient exclus de la municipalité. 25. Nous demandons d'être renvoyés de la demande de neuf livres et les frais d'un procès intenté par M. Pérard, prévôt de Château-Regnault, et existant au parlement de Metz, pour se faire recevoir bourgeois, dont il demande par chaque habitants neuf livres et que jamais on les a payée ni demandé que par cedit sieur Pérard. 26. La Communauté payait anciennement et suivant leurs titres de Madame la Princesse de Conti en date du.... août 1625, un septier d'avoine par chaque bourgeois au Roy ou à ses fermiers et aujourd'hui ils payent un septier de seigle par arrêt provisoirement du Parlement de Nancy, prononcé contre eux et nous demandons à Sa Majesté de nous accordés à payée un septier d'avoine comme notre titre le marque. 27. Nous désirons que les églises et maisons de cure soient à la charge des curés et des dessimateurs. Des remerciments au ministre des finances d'avoir prouvé à Sa Majesté combien le Tiers Etat opprimé par les deux autres ordres. Faittes en la chambre de la municipalité de Failloué, HautesRivières, le 11 mars 1789. Signé BROUET, sindic desputés ; GUILLET, députée ; BOURGUIGNON ; Pierre BROUET ; PILARDEAUX ; PÉRATÉ ; Jean PARIZEL ; STÉVENIN ; Jn-Bte MANQUILLET ; RENAULT, secrètre greffier. — 10 — V. Sur la bibliothèque de Jean de Louvain. Jean de Louvain, le fameux bandit, seigneur de Linchamps, possédait — dit-on — une bibliothèque assez curieuse pour l'époque. Failly en retira les livres de théologie et de liturgie qu'il donna au chanoine Blavier, vicaire général du cardinal de Lorraine. Quant aux historiens et aux orateurs, ils furent donnés à deux médecins qui professaient alors au collège de Reims. Linchamps, 29 septembre 1900. A. LACAILLE. LE LOYALISME DES SEDANAIS ET LEUR HOSPITALITÉ DE 1638 A 1680 SUITE. Le 11 août 1661, nouveau changement dans le haut personnel militaire. Daniel de Sahuguet, sieur de Termes I est nommé lieutenant de roi de la ville et souveraineté de Sedan. Dès que cette nouvelle est connue, sa femme, Gabrielle de Pouilly, reçoit les compliments du Corps de ville, qui lui présente des nonpareilles. Quant au cadeau offert au sieur de Termes, il se compose d'un bassin et d'une aiguière d'argent, du poids de 15 marcs, 2 gros soit 3 kilos 669 gr., et payés 530 livres 13 sols à Oudart 1 La charge était devenue vacante par la résignation de M. de Myon. Le P. Norbert donne à tort la date du 6 septembre 1660, puisque la nomination est daté du 11 août 1661 dans le Registre du greffe du Conseil souverain. La famille de Sahuguet, d'origine béarnaise, a sa généalogie dans le Nobiliaire de SAINTALLAIS, 1873, t. III, p. 369-376 ; elle portait de gueules à 2 épées d'or en pal, les pointes en bas, accompagnées en chef d'une coquille d'argent, et, en pointe, d'un croissant de même. Daniel de Sahuguet, dit de Termes, fut capitaine d'infanterie en 1645, puis de cavalerie dans le régiment de Fabert en 1651, avant de recevoir la lieutenance de roi de Sedan. Son épitaphe très détaillée, publiée par le Dr VINCENT, les Inscriptions anciennes de l'arrondissement de Vouziers, 1892, in-8°, p. 441, nous apprend qu'il mourut le 16 juillet 1686, à l'âge de 66 ans ; il y est qualifié seigneur de Termes, Voncq, Marcelot, Bois de Rein et Marqueny. — A la date du 5 janvier 1687, DANGEAU écrit dans son Journal, t. II, p. 3 Le roi a donné la lieutenance de roi de Sedan, vacante par la mort du vieux Termes, au major du régiment d'Anjou, nommé Hauterive [Jean-Louis de Raffin d'], très ancien officier. » M. de Termes épousa, le 7 mai 1661, Gabrielle de Pouilly, fille d'Aubertin de Pouilly, seigneur dudit lieu, Inor, Voncq et Luzy, et de Madeleine de Pouilly. Il en eut quatre enfants, dont 1° Abraham-Louis, dit le marquis de Termes, page de la grande Ecurie, capitaine de dragons au régiment de Fimarcon et grand-bailli de Mouzon, tué à la bataille de Steinkerque en 1692 ; il avait épousé, le 14 août 1682, Catherine-Elisabeth Arnolet de Lochefontaine et non Larochefontaine, dont postérité ; — 2° Anne, mariée le 21 février 1680 à Jules-Charles de Joyeuse, baron de Saint-Lambert, etc.; — 3° Innocente, mariée le 8 décembre 1687 à Guillaume-Henri de Montfort, seigneur de la vicomte de Villette. — 11 — Rondeau. En outre, la ville fait de nombreuses dépenses pour lui assurer un logement convenable ; ces dépenses s'élèvent à la somme de 1,537 livres, réparties en treize articles. Les Sedanais fêtent les vivants ; ils honorent également les morts. La ville fait dire un service funèbre pour le cardinal Mazarin, qui meurt en plein triomphe, le 9 mars 1661 le luminaire, vendu par Jean Maget, coûte 20 livres. Le maréchal de Fabert meurt aussi peu après 1, le 17 mai 1662. Il fut inhumé sans pompe 2, selon ses dernières volontés. Mais la ville tint à honneur de faire construire à ses frais un caveau pour son premier gouverneur royal, sous l'église des Capucins. Les pierres furent extraites des carrières renommées de Dom-leMesnil et de Luzy-sur-Meuse 3. Les pierres de Dom furent amenées par voie de terre et celles de Luzy par bateau, jusqu'au port et rivage de Sedan et, pour les transports, la ville paya à divers la somme de 802 livres 10 sols. La veuve Piette, chaufournier, fournit 253 livres 4 sols 4 deniers de chaux et le charpentier Jacques Roquart reçut 147 livres, tant pour ouvrages de son métier que pour les bois des cintres du caveau. Quant aux sommes dépensées pour la maçonnerie proprement dite, nous ne pouvons en donner le chiffre exact. Car le comptable a groupé en un seul article l'argent versé au cours de cette année à Jean Hiblot, commis sur les ouvriers de la ville, soit 4,363 livres 17 sols 11 deniers, pour les travaux faits tant au caveau de Fabert qu'au logis du lieutenant de roi. Notons une dernière dépense le sieur Collas, procureur syndic, reçoit la somme de 123 livres 9 sols 5 deniers, pour avoir donné à Madame de Termes deux tableaux de feu Monseigneur et Madame la Maréchale, avec les bordures. En face de tant de dépenses extraordinaires, une réflexion se présente naturellement sous la plume. Dans quelles conditions la ville a-t-elle clos son exercice financier de l'année 1661-1662? A première vue, son budget semble bien équilibré ; les recettes sont en effet de 25,392 livres 12 sols, tandis que les dépenses ne montent qu'à 23,648 livres 8 sols 10 deniers. Mais cet excédent ne doit pas faire illusion. Les trois quarts des rentes dues par la ville 1 Cf. la Muse historique de LORET, lettre du samedi 20 mai 1662, t. III, p. 503. 2 Cf. J. BOURELLY, Le maréchal de Fabert, t. II, p. 351. 3 Dom-le-Mesnil, Ardennes, arr. Mézières, cant. Flize ; Luzy-sur-Meuse, Meuse, arr. Montmédy, cant. Stenay. — 12 — n'ont pas été payés et il peut être curieux de faire observer que la mention renseigné se trouve le plus souvent placée, si l'on excepte le bureau des pauvres, en face des renies dues à des protestants, savoir en premier lieu à l'Académie, puis au pasteur Le Blanc de Beaulieu et à son frère, aux héritiers du grand Pierre du Moulin 1, etc. IV. Le maréchal de Fabert avait obtenu pour son fils aîné, Louis, la survivance de sa charge de gouverneur, par lettre du 19 octobre 1655. Mais, en 1662, Louis de Fabert avait environ onze ans et par suite ne pouvait en personne exercer le gouvernement. En conséquence, le 25 juillet, Louis XIV délivra une commission au comte de La Bourlie pour commander en sa place, pendant une période de 3 ans. Georges de Guiscard, comte de La Bourlie et de Neuvy-surLoire 2, né le 9 août 1606, appartenait à une famille ancienne du Quercy, qui possédait la terre de La Bourlie depuis le treizième siècle. Il avait déjà fourni une belle carrière militaire, quand il fut nommé conseiller d'Etat en 1649, puis maréchal de camp en 1651 ; il possédait en outre, depuis le dernier février 1658, la charge de sous-gouverneur du roi, qui avait appartenu au sieur de Saint-Estienne 3. Ce personnage était moins considérable que le maréchal de Fabert, mais l'était plus que le sieur de Termes. La ville de Sedan sut comprendre la nuance, en lui offrant un service d'argenterie, de la valeur de 1,041 livres 9 sols. Elle acheta pour cet effet au sieur de La Rivière 21 marcs, 6 onces et deux 1 Pierre du Moulin, l'un des plus célèbres ministres que les réformés de France aient jamais eus », dit P. Bayle, cette autre gloire de l'Académie sedanaise, n'a malheureusement pas son article dans le Dict. critique et c'est vraiment dommage. Car Bayle, qui connaissait intimement les petits enfants du vieux lutteur huguenot, nous aurait pu donner une série de renseignements détaillés, que l'on ne pourra guère retrouver. En attendant mieux, on peut consulter GÉDEON GORY, Pierre du Moulin; essai sur sa vie, sa controverse et sa polémique, 1888, 80 pages. P du Moulin louchait sur la ville une double rente de 525 livres, provenant d'un capital qu'il avait prêté au denier seize en 1621 et en 1626. 2 P. BAYLE a consacré un article très détaillé sur ce personnage, qu'il avait connu personnellement, dans son Dict. critique, 1740, t. II, p. 643 et s. Nous y renvoyons le lecteur. — Son fils aîné, le comte de Guiscard, obtint, le 10 décembre 1691, la survivance du gouvernement de Sedan, que le roi lui avait donné, après la mort du jeune marquis de Fabert, le 7 août 1671. Dangeau rapporte à ce propos que le gouvernement de Sedan valait entre 16 et livres de rente. Cf. le Journal de Dangeau. t. III, p. 440 et t. IV, p. 413. Le bonhomme » La Bourlie mourut le 9 décembre 1693. C'était un fort galant homme », au dire de Saint-Simon. 3 Sur ce personnage, voir plus haut. — 13 — flacons d'argent, à raison de 27 livres 10 sols le marc, plus 9 marcs, 6 onces, 7 grains et quatre flambeaux d'argent vermeil doré, à raison de 29 livres le marc. L'orfèvre Trouillart reçut 15 livres pour réparer, blanchir et polir ladite argenterie et pour y faire graver les armes du donataire, qui étaient d'argent à la bande de gueules. Le mandelier » 1 Ambroise Le Pure fournit, moyennant 17 livres, deux grands paniers en osiers fins, pour y placer le présent en question, qui fut offert, lors de son arrivée, à Madame la comtesse de La Bourlie. née Geneviève de Longueval, et dame de Fourdrinoy en Picardie, en même temps que les nonpareilles et les confitures d'usage. N'oublions pas non plus le vin en bouteilles. Pendant le cours de cette année 1662-1663, la ville en offrit pour 649 livres 15 sols 6 deniers, tant au comte de La Bourlie qu'à ses visiteurs de marque, parmi lesquels nous citerons le sieur d'Opdam 2, amiral de Hollande, l'intendant Jean-Baptiste Colbert 3, le maréchal de Schulemberg, comte de Mondejeu 4, les intendants Talon, de Choisy et Machault. Sera continué. Stéphen LEROY. 1 Le mandelier » est l'homme qui façonne ou qui vend des mandes ou mannes. — Mand, ou, en français, mande, lit-on dans le Dictionnaire universel de commerce de JACQUES SAVARY DES BRULONS 1742, in-fol., t. III, col. 1177, est le nom que les Hollandais et, à leur imitation, les Français donnent à une sorte do panier couvert, fait entièrement d'osier. Il s'en fait de différente forme et grandeur, fort utile en Hollande pour les voyageurs, etc., pour transporter toutes sortes de choses. On en fait un grand commerce dans les foires des Pays-Bas. Les mandes sont faites en façon d'un pot à fleurs étroites, rondes ou ovales dans le fond et vont toujours en s'élargissant par le haut jusqu'assez près de leur embouchure, qui se rétrécit un peu. Le couvercle est aussi d'osier, le tout fait proprement, et se ferme avec un cadenat. » 2 Jacques de Wassenaar, de la branche de Duvenvoorde, seigneur d'Opdam et de Henebrock, 1610 f 1665, amiral de Hollande et de West-Frise, fils de Jacques de W., qui avait les mêmes titres et qualités ; il fit sauter son navire, le 4 juillet 1665, pour ne pas tomber entre les mains des Anglais. Voir son article dans le Moréri, édit. 1759, t. X, p. 776. 3 Ce personnage et les quatre qui suivent étaient venus à Sedan, pour présider à l'installation du nouveau bailliage et siège présidial, créé au lieu et place de l'ancien Conseil souverain. Cf. la Coutume de Sedan, p. 302. 4 Voici l'article que lui consacre le P. ANSELME, Hist. Généal., t. VII, p. 589 Jean de Schulemberg, comte de Montdejeu, chevalier des Ordres du roi, gouverneur et bailly du Berry, capitaine du château de Madrid, était le fils aîné de Jean de Schulemberg, seigneur de Montdejeu et d'Anne d'Averboult. Il fut premièrement cornette du prince de Sedan et prit part au secours de la ville de Verceil, en Piémont, où il se jeta, n'ayant encore que seize ans. L'année suivante, il alla, avec une compagnie de chevau-Iégers dont il était capitaine, dans les troupes envoyées au secours du comte palatin en Bohême et n'en revint qu'après s'être trouvé, en 1620, à la bataille de Prague. Dans les guerres de la Religion, il fut aux sièges de SaintJean-d'Angely et de Montauban, commandant les régimens de Vaudémont et de Phalsbourg. Depuis, étant mestre-de-camp d'infanterie et gouverneur de Coblenz, il se signala par une incroyable résistance de quatorze mois et supporta, en 1637, toutes les fatigues du long siège d'Hermanstein, qui fut rendu sous sa participation. A son retour, on lui donna les gouvernemens de Rue et du Crotoy et le Roi le fit maréchal de camp au siège de Hesdin juin 1639. En 1649, il aida à forcer le passage de l'Escaut ; en 1650, il fut lieutenant-général des armées du roi en Flandre ; sur la fin de mars 1652, il fut pourvu du gouvernement de la ville — 14 — CHRONIQUE I. Une nouvelle Revue LE SOUVENIR ARDENNAIS Sous la direction de notre collaborateur, M. Henry Volney, paraît depuis le 20 octobre un nouveau périodique mensuel Le Souvenir ardennais. Nous souhaitons la bienvenue, longue vie et prospérité à cette revue indépendante, littéraire, satirique, artistique, sociale et mondaine, organe de l'Académie de la Jeunesse française, dont l'abonnement est seulement de 5 francs France et 6 francs étranger, et dont le numéro coûte 0 fr. 40 bureaux à SEDAN, 23, avenue Crussy. La Rédaction ardennaise » intéresse surtout nos lecteurs. Elle comprend dans le premier numéro les articles suivants Biographie de Jules Mazé La Rédaction, A mon Village J. Mazé, La Vie ardennaise Guy d'Ardenne. Les productions de la Rédaction française » et de la Rédaction étrangère », ainsi que les Varia » sont aussi dignes d'attention. II. Une impression sedanaise de Mathieu Hilaire. Le dernier catalogue de la librairie A. Glaudin Archives du bibliophile, n° 348 de la 9° série contient l'annonce de l'ouvrage suivant sous le n° 378. Impression de Sedan Explicatio controversiarum quae a nonnullis moventur de Henrici Borbonii regis in regnum Franciae constitutione a Tossano Bercheto lingonensi, e gallico in latinum conversus; Sedani, 1590, typis Matth. Hilarii in-8° cart, à la Brad. Prix 20 francs. Les impressions de Mathieu Hilaire, second imprimeur de Sedan, sont très rares. d'Arras, qu'il défendit valeureusement contre les forces espagnoles qui la vinrent assiéger en 1654. Ce service de la dernière importance fut un des principaux motifs, qui portèrent le Roi à l'honorer du bâton de maréchal de France, qu'il reçut au mois de juin 1658. Il fut ensuite lieutenant-général du pays d'Artois en 1661 et chevalier des ordres du roi, le 31 décembre de la même année. Il se démit du gouvernement de la ville d'Arras et du pays d'Artois pour celui do la province du Berry, après la mort du maréchal Clérembault, en 1665 et mourut en sa maison de Montdejeu, sur la fin du mois de mars 1671. Sa femme, Madeleine de Roure de Forceville, fille du seigneur de Basancourt, gouverneur de Doullens, mourut sans enfant en 1673. » — Ses armes étaient de sable, au chef cousu d'azur chargé de 4 épées d'argent, les gardes d'or. Nous avons déjà dit que Schulemberg fit très mauvais ménage avec sa femme. II avait pour maîtresse en 1665 une demoiselle de Souastre ; cf. DEPPING, Correspondance administrative sous Louis XIV, t. Il, p. 155 et 158. — 15 — m. Manuscrit d'une histoire d'Ivois-Carignan. Dans le Catalogue des livres anciens de la librairie Henri Leclerc, à Paris, 219, rue Saint-Honoré, du mois d'octobre 1900, nous remarquons l'article suivant, qu'il importe peut-être de signaler. Le prix de vente n'en est pas indiqué. L. G. 1055. ANNALES ECCLESIASTIQUES et civiles des ville, chatellenie et prévoté D'ivois, dit Carignan en Luxembourg françois, enrichies de notes dans lesquelles outre des éclaircissemens nécessaires et curieux on trouve la notice de plusieurs villes et autres lieux des environs qui ont rapport à l'histoire d'ivois, auxquelles est joint dans un mémoire à part le nobiliaire de cette ville et de sa dépendance. Manuscrit in-4 d'environ 600 pages, mar. rouge, larges dent. à petits fers. doublé de tabis, tr. dor. anc. rel. Manuscrit de dédicace aux armes du DUC DE PENTHIÈVRE. Superbe reliure avec larges dentelles à petits fers parmi lesquels des fleurs de lis et le lion de Luxembourg. Conservation parfaite. COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Quelques vieux arbres de la contrée Marne, Aisne, Ardennes, par Henri JADART. — Reims, H. Matot, 1900, in-8°, 78 pp. extr. de l' Matot-Braine, 1900 ; tir. à 75 exempl.. Admirateur sincère de la nature, désireux de faire connaître et protéger les merveilles botaniques de la contrée, M. H. J. a publié dans l' Matot-Braine, puis dans un tirage à part plus complet la description de près de 150 vieux arbres des trois départements voisins. Nous ne pouvons que remercier notre érudit collaborateur de cet opuscule intéressant, et qu'engager nos lecteurs à augmenter par leurs communications à l'auteur ou à notre Revue la liste, pas encore close, des géants de nos villages. P. C. Département de la Marne. - Répertoire archéologique de l'arrondissement de Reims, publié sous les auspices de l'Académie de Reims. — 10e fasc. Canton de Beine, par Ch. GIVELET, H. JADART et L. DEMAISON. — Reims, F. Michaud, 1900. Commencé en 1892, terminé seulement celte année, orné de planches et de plans, le Répertoire archéologique du Canton de Beine contient quelques noms ardennais de personnes famille d'EscannevelIe et de lieux Ardennes, pp. 31, 49, Arnicourt, Sorbon, p. 355, n. 1 et non p. 354, n. 2, comme dit la table; Bertoncourt, p. 227 n. 2; Merlan, Mézières, p. 257, Mont-Saint-Remy, Rethel, p. 239, 355 n. 1, Sedan, p. 93 n. 3, Vaux-Montreuil. — 16 — Inventaire-Sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, rédigé par M. L. DEMAISON, Archiviste. — Marne. Archives ecclésiastiques.—Série 6. Clergé Séculier. Tome I. — Reims, H. Matot, 1900, in-4°, xv— 380 pp. L'érudit archiviste de la ville de Reims, M. L. Demaison, est à la tête d'un dépôt considérable formé, non seulement des Archives de la Ville, mais surtout d'une partie des Archives départementales de la Marne transportée hors du chef-lieu. Le t. Ier de l'Inventaire, qui vient de paraître, comprend le dépouillement du fonds de l'Archevêché de Reims. Si, comme le remarque M. D. lui-même p. I, les archives de ce siège sont des plus pauvres pour le moyen âge et au regard de l'histoire politique, en revanche, pour les XVIIe et XVIIIe siècles, elles présentent un intérêt très grand, principalement au point de vue local. En ce qui touche la partie la plus grande d'ailleurs de notre département qui relevait de l'Archevêché de Reims, les renseignements sont d'une extrême abondance. Ils sont même trop abondants pour que je songe à indiquer —en ce compte-rendu fatalement réduit — autre chose que les sources les plus productives. D'abord une série de pièces concernant la châtellenie d'Attigny, dépendance de l'Archevêché ; puis dans la division Spirituel, des documents sur les Protestants à Braux ; dans les Provisions et insinuations ecclésiastiques, une masse de notes sur les prêtres de notre contrée et quantité de sceaux. Enfin et surtout la source, par excellence, est la série des procès-verbaux de visites des paroisses, depuis le milieu du XVe siècle, et des réponses aux divers questionnaires de l'Archevêque. Les détails historiques, archéologiques, économiques en sortent nombreux et précis accompagnés des renseignements les plus précieux sur le clergé, l'instruction très développée au XVIIIe siècle, le protestantisme avant et après la Révocation de l'Edit de Nantes. Ajoutons encore que les Cartulaires aussi contiennent des actes qui ne sont pas à négliger. Grâce au soin minutieux, au souci du détail que M. D. a mis dans son travail souvent ingrat d'archiviste, les historiens locaux sont renseignés d'une façon suffisante pour que ceux qui sont empêchés d'aller à Reims puissent néanmoins travailler sans se déranger. Mais nous espérons que les auteurs de monographies n'hésiteront pas à faire leur possible pour se procurer la substance des documents rémois, de façon à améliorer leurs oeuvres et à les rendre plus parfaites que la plupart des histoires locales précédentes. P. COLLINET. ERRATA du t. VII P. 52, 1. 21 FAITO lis. FATO P. 52, 1. 24 INDIVI lis. INVIDI P. 55, 1. 1 rélable lis. retable. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. ÉTUDES CAMPANAIRES I. — Inscription de la cloche de Liart 1. f JE SUIS BÉNITE PAR Mre MICHEL BOURGEOIS CURÉ DE LIARE NOMMÉE MICHELLE MARIE FRANÇOISE PAR LUI ET PAR MARIE FRANÇOISE BOURGEOIS SA SOEUR. PRÉSENS Mre JEAN DUPIN NOTAIRE ROYAL JEAN CONSÉ, JACQUE LOISON, THOMAT BAUDOUIN MAIRE CLAUDE SÉNÉCHAL LIEUTENANT DE MAIRE JEAN BAPTISCE BONNAIRE, JEAN BAPTISCE LOUETTE UA MOIS DAOUST 1767. CLAUDE GUILLEMIN MA FAIT LAN 1767. Le mot UA est une faute pour AU. Le fondeur Claude Guillemin appartenait sans doute à la même famille que Pierre Guillemin, dont il est question plus loin. II. — Cloches de l'abbaye de Bonnefontaine. On connaît deux cloches provenant de l'abbaye de Bonnefontaine, canton de Rumigny. L'une d'elles se trouve au Mout-Saint-Jean canton d'Aubenton et l'autre à Blanchefosse canton de Rumigny. CLOCHE DE BONNEFONTAINE, A MONT-SAINT-JEAN. Voici l'inscription que j'ai relevée jadis sur celle qui se trouve au Mont-Saint-Jeau ; elle est en caractères gothiques d'une lecture difficile. ANNE SUIS ET FACTE IN AN. 1559, N. LES RELIGIEULX ET BIEN FAICTEURS DE BONNE FONTAINE. JESU DOMINE SALVOS FAC SERVOS TUOS. CONSONA MELLIFLUAS NUNC PROFER IN AERA VOCES. FRATRUM PERPETUUS SIS BONIFONTIS HONOR. ANNA VOCOR RESONANS UT PRONI CANTIBUS ATQUE MENTE DEUM EXORENT ABSIT UT INDE MALUM. 1 Relevée en juillet 1895. — Publiée dans Rev. de Champagne et de Brie, 24e année, 1899, p. 854. REV. D'ARD. ET D'ARG. T. VIII, n° 2. — 18 - On peut traduire ainsi Seigneur Jésus protège tes serviteurs. Lance maintenant les sons harmonieux dans l'air sonore ; sois l'éternel honneur des frères de Bonnefontaine. Je m'appelle Aune, résonnant afin qu'agenouillés ils prient Dieu avec leurs chants et leurs coeurs pour que le mal s'éloigne de ces lieux 1. » CLOCHE DE BONNEFONTAINE, A BLANCHEFOSSE. M. JEHAN DE COUCY, ABBÉ DE N. D. DE BONNEFONTAINE DOYEN ET CHANOINE DE ROZOY f FRÈRE JACQUES LE CENSIER, PRIEUR AUDIT AN 1569, MA FAIT FAIRE ... Jean de Goucy, mourut en 1584 après avoir été doyen du chapitre de Rozoy pendant 34 ans. III. — Le fondeur Pierre Guillemin. En 1744, Pierre Guillemin, fondeur lorrain, originaire de Brevanne-sous-Choiseuil, proche Chaumont-en-Bassigny 2, fondit trois cloches pour Rumigny; elles existent encore ; nous avons publié l'inscription de l'une d'elles dans le Bulletin de la Société archéologique de Vervins " La Thièrache», t. XVII, année 18953. Elles portent la marque du fondeur Pierre Guillemin, qui consiste en une petite clochette en relief avec le nom autour et au-dessous Pierre Guillemin nous a fait nos 3 ». Sur la cloche, en face de chaque point cardinal, ou voit les armes du prince de Condé qui sont De France au bâton de gueules, péri en bandes ». On voit encore une Vierge mère avec sceptre à la main droite et Enfant Jésus de la main gauche façade ouest ; à l'est, Crucifixion avec la Vierge agenouillée et entourant le pied de la croix de ses bras et regardant le ciel. A Besmont canton d'Aubenton Aisne, l'unique cloche datant de la même année 1744 porte, dans un écusson PIERRE GUILLEMAIN 4. C'est une autre façon d'écrire son nom. 1 Publiée dans La Thièrache », par Riomet, t. XIII, année 1889. 2 C'est M. Jos. Berthelé, le savant archiviste de l'Hérault, qui nous a donné le lieu d'origine de Pierre Guillemin. 3 Voy. aussi l'art, de Ch. Mathieu, dans Rev. d'Ard. et d'Arg., t. V, pp. 83-90. 41 Publiée dans La Thièrache », t. XVII, année 1895. - 19 - IV. — Notes complémentaires sur les cloches de Rumigny de Lamirault de Cerny, leur parrain, et Suzanne de Lancry, leur marraine. Jean-Baptiste de Lamirault deuxième du nom de Cerny, qui nomma les trois cloches de Rumigny en 1744, naquit au château d'Etréaupont le 26 août 1707; il était fils de Jean-Baptiste de Lamirault, chevalier de Lalande, gouverneur d'Aubenton, seigneur d'Etréaupont, etc., et de Anne-Louise de Préseau, il se maria au château de Pronleroy 1 eu 1737 avec ElisabethSuzanne de Lancry 2 ; le contrat a été passé aussi au château de Pronleroy devant François Le Clerc, notaire à Cuignières-enBeauvoisis, le 25 avril 1736. Elisabeth-Suzanne de Lancry était fille de Louis de Lancry, seigneur de Pronleroy, et d'Elisabeth Le Serrurier. Jean-Bapliste de Lamirault de Cerny, mourut dans son château d'Etréaupont le 3 août 1781, et fut inhumé le 5 dans la chapelle de ses ancêtres située du costé de l'Evangile du maître-autel » de l'église d'Etréaupont. Sur sa pierre tombale, burinée à la Révolution, on lisaif Ci gist Messire Lamirault, seigneur d'Estréaupont, Froidestrez, Cerny, gouverneur d'Aubenton, commandeur de l'ordre de St Lazare, décédé le 3 aoust 1781, âgé de 73 ans, onze mois, 27 jours. Bon père, tendre époux, seigneur généreux Soutien de l'innocent, appui du malheureux De la religion observateur fidèle Il fut pour ses vassaux l'édifiant modèle D'une constante piété Son corps repose icy, que son âme immortelle Jouisse au sein de la divinité Pour prix de ses vertus d'une gloire éternelle. Cette épitaphe, ainsi que la suivante, fut composée, dit-on, par Josias Lamirault de Noircourt, son fils, décédé curé de Bosmont Aisne, le 4 décembre 1809. 1 Oise, arrondissement de Clermont. 2 Les cloches portent Lancery, faute du fondeur. — 20 — Elisabeth-Suzanne de Lancry mourut à Laon, le 17 mars 1785 ; elle fut inhumée aux côtés de son mari le 19 du même mois. On lisait sur sa pierre tombale Ci-gît Dame Elisabeth-Susanne de Lancry, âgée de soixante neuf ans, douairière de feu Messire J. B. Lamirault, commandeur de l'ordre de St Lazare, seigneur d'Etréaupont, Cerny et autres lieux, ladite dame décédée à Laon le 17 mars et inhumée dans sa chapelle dudit Etréauponl le 19 mars 1785. De son sexe l'honneur — Femme pieuse et sage Elle fut des erreurs sans tache — Un esprit bienfaisant De l'amour maternel le plus pur sentiment Des plus rares vertus son nom a esté l'image Vous pauvres de vos pleurs — Arrosez cette terre La mort en vous l'arrachant vous ravit votre mère. Elisabeth-Suzanne de Lancry fut marraine de la grosse cloche d'Etréaupont, le 18 août 1782, avec son fils Lamirault de Noircourt, comme parrain. L'acte de baptême inédit, tiré des registres paroissiaux d'Etréaupont, est ainsi conçu L'an mil sept cent quatre-vingt-deux, le dimanche dix-huitième jour du mois d'aoust, à l'issue de la messe paroissiale de cette église, par moy prestre, curé de cette paroisse, ont été béniles la grosse et la moyenne cloche de celte église, avec les cérémonies d'usage et prescrites par les règlements du diocèse, et notre mère la sainte église ; la communauté représentée par ses principaux habitants, duement convoqués et priée de désigner les personnes qu'ils avaient choisies pour désigner sous l'invocation desquels saints ou saintes ils désiraient que les deux susdites cloches fussent bénites, le sr Jean-Pierre Potel, un des dits principaux habitants et parlant au nom de ladite communauté, à haute et intelligible voix, et en présence d'ycelle, a dit que les désirs des dits habitants étaient que la grosse cloche fut nommée par Messire Lamirault de Noircourt, seigneur dudit Estréaupont, ancien capitaine du régiment de Condé. chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis, et dame Elisabeth-Suzanne de Lancry, veuve de Messire Lamirault de Cerny, seigneur dudit Estré au pont et autres lieux, commandeur de l'ordre de St Lazare, qui ont imposé a ladite cloche le nom de Jeanne-Elisabeth la deuxième - 21 — cloche, aux désirs et à la prière des dits habitans, a été nommée Charlotte-Thérèze, par Messire Charles de Lancry 1, seigneur de Rimberlieu, lieutenant du Roy, de Compiègne, chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis, et dame Charlotte-MarieThéreze de Lancry 2, femme de Mre Lamirault de Noircourt 3, seig. d'Estré au pont et autres lieux, qui tous ont signé avec moy le présent acte les jours, mois et an susdits. Signé LAMIRAULT DE NOIRCOURT. — DESFOSSEZ. — LANCRY. — LANCRY DE NOIRCOURT. — LANCRY DE RIMBERLIEU. — CLARIS, curé d'Estré au pont, chanoine de Rozoy-sur-Serre, seigneur de Bussy-les-Pierrepont, chapelain de Sissonne. Dans l'église d'Etréaupont, sur un panneau de bois noir, dans la chapelle de la Vierge, on lit A la mémoire De Messire DE LADIMIRAULT DE NOIRCOURT, dernier seigneur d'Estréaupont, décédé en exil à Creveld Allemagne, en avril 1793, âgé de 55 ans; De Charlotte-Marie-Thérèse DE LANCRY DE RIMBERLIEU, son épouse, décédée à Compiègne, le 16 février 1836, âgée de 84 ans ; Et de très pieuse et très charitable dame MarieThérèse-Suzanne DE LADMIRAULT DE NOIRCOURT, leur fille, bienfaitrice de celte église, décédée comtesse douairière de Bréda, le 23 octobre 1855, au château de PlessisBrion, dans sa 76me année. de Lamirault et Josias, son frère, furent les derniers seigneurs de Noircourt.—Les Lamirault, originaires de Touraine, s'établirent dans la Thiérache, par l'acquisition qu'ils firent de la terre d'Etréaupont au marquis Victor-Amédée de Choiseul, en 1698. La famille de Lamirault de Cerny n'est pas éteinte ; l'arrière1 l'arrière1 de Lancry, seigneur de Rimberlieu, était lieutenant pour le roi des ville et château de Compiègne. 2 Marie-Charlotte-Thérèze de Lancry était la fille du précédent, et de Marie-Suzanne des Fossés, née à Compiègne, le 8 décembre 1751, et morte le 16 février 1836, âgée de 84 ans, à Compiègne 3 Jean-Baptiste de Lamirault de Noircourt, troisième de nom, était fils de Jean-Baptiste de Lamirault, deuxième de nom, et de Elisabeth-Suzanne de Lancry; il naquit au château de Parpe-en-Thiérache, dépendance de La Capelle, le 6 octobre 1738; son contrat do mariage fut reçu le 10 février 1779, par un notaire de Paris. Il émigra en 1791, fit les campagnes de 1792-1793, et mourut à Crefeld Prusse, en avril 1793, âgé de 55 ans. - 22 — petit-fils de Jean-Baptiste, le comte Charles Raimond de Lamirault, conservateur des forêts en retraite, habite à LaySaint-Christophe LaySaint-Christophe ; il a plusieurs filles dont deux sont religieuses, et deux fils ; l'aîné, Charles, est capitaine aide de camp du général de Longuemar; le second, André, est capitaine de l'état major à Rennes. Les armes des Lamirault sont coupé de gueules et d'or à la rose de gueules; — celles des de Lancry sont d'or à trois ancres de sable posées deux et un. RIOMET, Membre de Sociétés savantes, instituteur à Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois Aisne. LE LOYALISME DES SEDANAIS ET LEUR HOSPITALITÉ DE 1638 A 1680 SUITE. Tout comme Fabert, La Bourlie doit s'occuper d'amener plus ou moins habilement la conversion des calvinistes sedanais au catholicisme. C'est ce que prouve la lettre suivante 1, adressée à Colbert le 21 septembre 1662 et que nous croyons devoir reproduire, à cause de son intérêt Depuis mon arrivée en cette ville, je mis mon principal soin à examiner avec le père Adam 2 l'effet qu'on se peut promettre, de la réunion ou conversion générale de ce peuple à l'Eglise romaine. Mais je trouve, Monsieur, beaucoup de douceur et de respect, sans aucune disposition présente à cet ouvrage. Les officiers du Conseil Souverain, qui sont les principaux de cette ville, étaient prévenus de crainte d'être pressés et minutent déjà leur sortie de la ville. Ce qui, sans doute, porteroit grand préjudice au bien du service du roi ; à quoi je remédie en remettant leurs esprits par les assurances de la bonté du roi et [de son] affection particulière pour celte ville. 1 Cf. DEPPING, ouvr. cité, t. IV, 305. 2 Sur le rôle assez important et surtout bruyant que ce personnage a joué, on peut consulter P. BAYLE, Dict. critique, 1740, t. I, p. 75-79 ; l'abbé BOULLIOT, Biographie Ardennaise, t. 1, p. 3-10 ; J. BOURELLY, Le Maréchal de Fabert, t. II, p. 265 et suiv. — 23 — Je ne doute pas que dans quelque temps nous n'attirions quelques-uns des plus notables et que ce progrès ne soit suivi de beaucoup d'autres parmi le peuple. Mais il faut un peu de temps et que cet avantage nous vienne de celui que recevront les officiers, qui craignent une suppression entière 1, si vous trouvez bon, ainsi que vous m'avez fait l'honneur de me témoigner, qu'ils demeurent simples conseillers et qu'il plaise au roi de les souffrir. A quoi je les ai portés à consentir, mettant dans leurs provisions que c'est en considération de leurs services et sans que celle grâce puisse tirer à conséquence pour l'avenir. Quand à M. d'Ozanne 2. que je laisse sur la liste sans y toucher, comme il a toujours été le second du corps, je ne peux lui trouver place. Vous verrez, Monsieur, ce qu'il plaira au roi de lui accorder. Il se fait justice et renonce à pouvoir jamais être le premier. En vérité, il a beaucoup de mérite et de capacité et il a toujours été très zélé pour le service du roi. De plus, il a beaucoup de disposition à se convertir et la perte me semble grande, s'il sortoit de la ville. Il a désiré de vous aller dire ses raisons lui-même, et je ne puis lui refuser. Pour celui c'est-à-dire pour l'office que je laisse en blanc, je l'espère remplir d'un fort honnête homme converti, qui se dispose, et, si cela manquoit, il le sera d'un catholique. Voilà, Monsieur, l'état présent, je vous rendrai compte exact, dans la suite, de tout ce qui se passera et, en toutes occasions, mes respects, comme étant très passionnément, etc. » Pendant sa première année de comptes, en 1663-1664, le receveur Jean Chevalier règle peu de dépenses extraordinaires 168 livres 15 sols pour nonpareilles fournies par l'apothicaire Paul Didier et 461 livres 1 sol pour les vins de présent. Parmi les visiteurs figure le Révérend Père Général des Capucins et le présent, qui consistait en vin, pain, viande et pâtisserie, lui fut offert par aumône ». 1 Il s'agit ici du remplacement de l'ancien Conseil souverain par un présidial ayant un ressort très étendu, puisqu'il comprit 15 bailliages ou prévôtés, et qui fut installé le 18 décembre 1662. Cf. J. BOUREIXY, ouvr. cité, t. II, p. 292-295, 318-323 et 358. 2 Sur Daniel d'Ozanne f 1676 à 70 ans, lieutenant-général du bailliage et siège présidial de Sedan et sa famille, cf. entr'autres E. MICHEL, Biographie du parlement de Metz, p. 395 et suiv. ; J. VILLETTE, Un duel à Sedan en 1629, p. 7 et les Bulletins du Musée de Sedan, t. I, p, 154. — 24 — Notons toutefois une dépense nouvelle, qui reviendra désormais chaque année au compte de la ville le marguillier de la paroisse Saint-Laurent, Hermand Ulric, reçoit la somme de 60 livres pour payer les frais, qui ont été faits lors de la Fête-Dieu et à l'octave de celle fête. Les curés des terres souveraines prétendaient faire entrer leur vin en franchise, mais la ville refusa de leur accorder ce privilège ; elle sollicita et obtint du Conseil d'Etat un arrêt, qui les soumit au droit commun. Le sieur de Saynelle, avocat au Conseil, que la ville avait chargé de défendre ses intérêts en celte circonstance, reçut pour ses honoraires la somme de 227 livres 3 sols 6 deniers. Ajoutons cependant que dans cette somme figurent également les honoraires du sieur Landragin l'aîné 1, avocat à Mazarini 2, qui avait plaidé pour la ville contre les fermiers. Pendant la seconde année, en 1664-1665, la dépense des nonpareilles monte seulement à 43 livres 7 sols et celle des vins de présent à 184 livres 19 sols. Les nonpareilles sont offertes au sieur Thomas Renart de Fuchsamberg 3, nommé grand-maître des eaux-et-forêts à Sedan, — au nouvel intendant de Metz, Jean-Paul de Choisy 4, — au Réverend Père Général des Jésuites. 1 Sur cet avocat et sa famille, cf. ALBERT BAUDON, Tablettes généalogiques rethéloises La famille Landragin, 1897, 10 p. Extrait de la Revue historique ardennaise, 1897. 2 Les lettres patentes, données en décembre 1663 pour la nouvelle érection en duchépairie des terres de Rethel et de Rozoy sous le nom de Mazarini, en faveur d'Aimand-Charles de la Porte-Mazarini, ont été publiées par le P. ANSELME, t. IV, p. 627 et suiv... Voulons et nous plaît, dit Louis XIV, que led. duché de Rethelois et Rozoy, porte désormais le nom de Mazarini, au lieu de celui de Rethelois et Rozoy et même que la ville de Rethel, gui est la capitale dudit duché, soit seulement appelée de Mazarini, sans que ledit duché-pairie et lad. ville puissent prendre à l'avenir d'autres noms, ni d'autres armes que le nom et les armes de Mazarini, demeurans les susdits noms et armes de Rethel et Rethelois éteints et supprimés ; et seront lesd. noms et armes de Mazarini insérés à l'avenir dans tous les actes de juridiction, contrats, conventions et autres quelconques, de quelque nature qu'ils puissent être, publics ou particuliers, à peine d'amende contre les contrevenans... » Voici les armes des Mazarini d'azur à un faisceau d'or, lié d'argent, du milieu duquel s'élève une hache d'armes, à une fasce de gueula sur le faisceau, chargée de 3 étoiles d'or. 3 Cf. A. BALDON, La cloche de l'église de Doux Ardennes ; notes généalogiques sur la famille Renart de Fuchsamberg, 1896, p. 3. Extrait de l'Annuaire MatotBrame. — Thomas-Adolphe Renart de Fuschamherg, 1605 y 18 déc. 1692 à Rethel conseiller du roi, etc., était seigneur de Vadimont et de Rubigny, quand il acquit de Marie de Coucy, duchesse d'Havre, la terre et haute justice de Vrigne-aux-Bois, Saint-Basle et Tendrecourt ; il acheta en outre, vers 1662, le château du Faucon, près Doncherv. Sa femme Marie Robillard, lui donna six enfants, dont l'aîné obtint, par lettres patentes du 26 sept. 1666, l'érection en comté du fief de Montcy-Notre-Dame. 4 Jean-Paul de Choisy, chevalier, seigneur de Balleroy et de Beaumont, conseiller d'honneur au parlement de Melz, lut intendant de la justice, police et finances en la généralité de Metz, Luxembourg et frontières de Champagne, Lorraine et Barrois, de 1662 à 1673. Cf. E. MICHEL, Histoire du parlement de Meta, 1845, p. 536. — 25 — — et au comte de Soissons, Eugène-Marie de Savoie 1, gouverneur de la Champagne depuis le 25 juin 1660 2, et en faveur de qui Louis XIV venait d'ériger en duché, sous le nom de Carignan, la prévôté d'ivois el ses dépendances 3. Mais la dépense extraordinaire la plus considérable, que fait alors la ville, est occasionnée par l'affaire du sieur Cadeau. Ce fabricant avait obtenu, en 1646, pour lui et ses deux associés, le privilège exclusif d'établir à Sedan, pendant vingt ans, une manufacture royale de draps, façon d'Espagne et de Hollande 4 et, grâce à celte protection, grâce aussi à ses efforts intelligents et à ceux de ses employés 5, sa manufacture du Dijonval avait rapidement prospéré. Plusieurs fabricants de Sedan avaient cherché à suivre son exemple ; mais, afin de pouvoir fabriquer des draps de la même façon, ils avaient dû lui payer une redevance plus ou moins considérable, suivant le nombre de métiers qu'ils employaient. 1 Eugène-Marie de Savoie, 1633 f 1673, comte de Soissons, colonel-général des Suisses, etc., fils de Thomas-François de Savoie, prince de Carignan, grand-maître de France, et de Marie de Bourbon, était par conséquent le neveu du comte de Soissons, qui fut tué à la bataille de la Marfée. Il épousa, le 20 février 1657, Olympe Mancini f 1708, fille de MichelLaurent Mancini, baron romain et d'Hiéronime Mancini. Sur celte dernière, voir AMÉDÉE RENÉE, Les Nieces de Mazarin. 1856, p. 161-234. On trouvera l'article des deux époux dans la notice Carignan, au t. VII des Ecrits inédits de Saint-Simon, p. 268-284. On a également le portrait du comte de Soissons, composé en 1664, dans les Archives curieuses, 2e série, t. Vlll, p. 401. Chef de la cabale, dite des Eveillés, en 1657 A. CHÉRUEL, Ministère de Mazarin, t. III, p. 46, il se distingua dans l'armée de Turenne, particulièrement à la journée des Dunes, reçut le gouvernement de Bourbonnais en février 1659, celui de Champagne en 1660 et, sans avoir eu d'autre grade que celui de colonel, fut créé lieutenant-général en 1672. — C'était un assez honnête homme et surtout un bon mari, au dire de MADAME DE MOTTEVILLE, Mémoires, t. IV, p. 81, mais il était de ces gens, qui font de la prose sans le savoir. Lettres de Madame de Sevigné, lettre du 12 juin 1080, t. VI, p 449. Il mourut, le 7 juin 1673, à Umra. en Westphalie et son corps fut rapporté dans le mausolée de sa famille, à la Chartreuse de Gaillon. Sa femme, la noire Olympe », passa pour l'avoir empoisonné. Cf. les Archives de la Bastille, t. IV, p. 70 et TH. JUNG, la Vérité sur le masque de Fer, les empoisonneurs, 1893, p. 289. 2 Ses diverses entrées à Reims ont été racontées par CH. LORIQUET. Un gouverneur de province au XVIIe siecle. 3 Par lettres datées de Fontainebleau en mai 1661, Louis XIV donna la ville et prévôté d'ivois à Eugène-Marie de Savoie, comte de Soissons et à ses hoirs et ayans cause pour toujours et l'année suivante, au mois de juillet, il érigea en duché, sous le nom de Carignan, ladite ville et prévôté avec ses appartenances et dépendances, savoir les paroisses et lieux d'Osnes, Escombres, Sachy, Messincourt, Matton, Clémency, Givercy et Chamouilly dit les Deux-Villes, Tremblois, Williers, Mogues, Charbeaux. Puilly, Margny, Herbeuval, Signy, Montlibert, Bièvre, la Ferté, Margut. Fromy, Linay, Blagny, Sailly, Vaux, Euilly, Tétaigne, Villy, Sapogne, Tassigny, Auflance. Pouru-aux-Bois. Malandry, Lombut ; et, pour le sauvement, Chauvancy-Saint-Hubert et Brévilly. Cf. le P. ANSELME, t. V, p. 674 et suiv. 4 Les lettres patentes données à Fontainebleau en juillet 1646, sont analysées dans le Dictionnaire universelle de Commerce, etc., de JACQUES SAVARY, 1742, in-fol., t. II, col. 1192. 5 Nous faisons surtout allusion à Abraham Chardron. Cf. notre notice sur les protestants de Sedan au XVIIIe siecle, 1896, p. 15. Extrait du Bull, de la Société de l'histoire du Protestantisme français ; juillet 1896. — 26 - A leur instigation, le corps de ville envoie des députés à la Cour, afin d'empêcher le renouvellement du monopole de Cadeau et aussi afin de conserver les anciens privilèges commerciaux de la ville, continuellement menacés par les agents des fermes. La ville finit en effet par gagner son procès ; mais il lui en coûte. Dans le compte de 1662-1663, le président Morel 1 et le premier échevin, Husson David, reçoivent la somme de 1,328 livres 6 sols, monnaie de France, faisant 1,506 livres en monnaie de Sedan, — notons ce précieux renseignement — pour la dépense qu'ils ont faite à Paris, pendant trois mois et huit jours, avec deux valets et un cheval. En 1664-1665, le receveur paie à Messieurs Jean Jacquesson 2, lieutenant-particulier au bailliage et siège présidial, et Husson David, procureur syndic, la somme de 498 livres 8 sols, pour les indemniser des frais d'un voyage fait à Paris pour le même motif. En outre, il donne à Rose Tisserand, la veuve d'Agrand Pailla, maître du coche de Sedan à Paris, la somme de 148 livres 13 sols, tant pour les places et le port des hardes des deux députés que pour de l'argent qu'elle leur avait avancé au nom de la ville. Enfin, le Corps de ville célèbre son triomphe par un festin, qu'il offre à l'intendant Renart, venu de la part du roi pour assurer le rétablissement de la liberté de la manufacture des draps, façon de Hollande ; coût 189 livres, qui sont payées à Nicolas Delogne. Cette lutte, très vive, engagée par les fabricants de Sedan, puis par le Corps de ville contre le privilégié Cadeau, est exposée dans un document de l'époque, des plus intéressants et que nous allons reproduire, malgré son étendue 3, parce que les historiens de Sedan semblent l'avoir ignoré. Il s'agit du rapport adressé par le comte de La Bourlie à Colbert, le 4 décembre 1664, et de plu1 plu1 avait été nommé, le 25 septembre 1659, à la charge de bailli, président au Conseil souverain de Sedan, en remplacement de Daniel de Guillon, sieur de Réal, décédé. Cf. J. BOURELLY, Le Maréchal de Fabert, t. II, p. 335 et suiv. 2 Jean Jacquesson, d'origine mouzonnaise, devint lieutenant-particulier, puis, vers 1678, lieutenant-général au bailliage et siège présidial de Sedan ; il mourut dans l'exercice de ses fonctions, le 19 septembre 1691, à l'âge de 63 ans. 3 Nous croyons en effet avec Bayle qu'il est bon, en de certains sujets, de faire le copiste, pour l'utilité de ceux qui, sans sortir de leur place, sont bien aises de s'éclaicir et devoir les orignaux des preuves. Cl. le Dict. critique, art. Carneade, rem. B., 1740, t. II, p. 59. — Cf. G. DEPPING, Corresp. administrative sous le regne de Louis XIV, 1850-1853, in-4°, t. III, p. 696 et suiv. — 27 — sieurs autres lettres écrites par le même au même jusqu'au 10 décembre de l'année suivante. Le 14 décembre 1664. Depuis que j'ai reçu votre lettre, j'ai fait appelé les échevins et le syndic de celte ville, pour être informé par eux de l'état auquel sont les manufactures de drap, façons de Hollande et d'Espagne, tant du sieur Cadeau que des bourgeois de la ville, qui sont dans ce commerce et les ai menés ensuite avec moi chez le sieur Cadeau faire la visite et l'examen, conformément à votre intention et à vos ordres. Il s'est trouvé chez lui sept métiers travaillans, deux en drap de Hollande et le reste en droguet et des tondeurs, cardeurs, peigneurs à proportion, avec quelques femmes qui épluchent la laine. Et, m'informant du nombre d'ouvriers qui ont travaillé par le passé, on m'a répondu que la plupart travaillent à la ville, parce qu'ils n'avoient là de besogne qu'une partie de l'année. Je me suis fait ramener ensuite à ceux de la ville et j'ai trouvé sept bourgeois, ayant chacun trois métiers de la même qualité des autres, lesquels m'ont dit payer cinquante-cinq écus par an pour chacun métier au sieur Cadeau, à cause de son privilège 1, et qu'ils soutenoient leur travail avec grande peine sous cette contribution, mais que, le privilège finissant à la Saint-Jean 1666, ils aiment mieux souffrir cela, sous cette espérance, que de quitter la ville pour aller ailleurs. Il est certain que le roi peut qualifier la manufacture de Sedan des plus belles de son royaume. Les échevins m'ont fait venir parler douze des principaux et plus accommodés habitans, qui sont tous prêts à dresser des métiers, dès qu'ils en auront la liberté et ont fait apprendre leurs enfans en Hollande pour cet effet, commençant à établir leur commerce de laines pour travailler, dès que le privilège sera expiré ; et vous pouvez être persuadé, Monsieur, que, si le roi veut anéantir les draps étrangers par des impôts ou autres moyens, Sedan se rendra capable d'en fournir plus que vous ne sauriez penser et tous les habitans, qui ont des commodités, sont tous disposés de s'adonner à cet ouvrage. m'avez fait l'honneur de m'écrire, avec une douleur extrême et 1 Le fabricant Cadeau, dans une lettre du 21 juillet, se plaint beaucoup des difficultés qu'à opposées le lieutenant-général à l'exécution du privilège qu'il avait obtenu. Mais par une autre lettre du 7 septembre, il annonce que, grâce à la protection de Colbert, justice lui a été rendue et qu'il donnera tous ses soins à l'augmentation de sa fabrique, afin de la rendre plus célèbre et plus florissante que jamais. » Note de G. Depping. — 28 — Il y a, outre cela, dans la ville ou les Souverainetés, soixante métiers de serges, qui sont très bonnes et d'un très bon débit, et dont les ouvriers sont capables de mieux faire, quand ils voudront s'y employer. La mode des droguets a fait cesser le grand débit des draps, façon de Hollande et d'Espagne. Mais, bien qu'ils n'y gagnent pas plus et qu'ils en fassent une très grande quantilt, ils désirent passionnément de refaire des draps, à quoi ils prennent bien plus de plaisir. Je suis prié par les échevins et gens de la police de vous faire connoître, dans cette occasion, les notables préjudices, que la communauté à reçus de la longueur de ce privilège, pour plusieurs charges qu'elle en a souffertes et surtout de l'exclusion des ouvriers, qui avoient déjà apporté ici ce bel ouvrage et de ceux qui, à leur exemple, s'y vouloient appliquer. Je ne manquerai de visiter souvent les uns et les autres, conformément à votre désir, et leur donner tout le soutien, qui dépendra de moi ; de quoi je vous avertirai exactement » 1. Le 13 août 1665. Il nous arrive tous les jours des drapiers. Il me fut hier apporté une lettre du drapier de Leiden, duquel il vous a été parlé de ma part, qui témoigne quelque peine à se départir de Sedan. Mais je crois qu'il se résoudra à aller où il vous plaira, attiré par les avantages que son ami de Paris lui écrit qu'il vous plait lui faire. C'est un homme fort estimé en ces quartiers ici » Le 10 décembre. Le procès-verbal de M. Renart vous aura sans doute justifié que les marchands et drapiers de celte ville ne sont ni coupables, ni mal intentionnés. Ils ont ouï la lecture de la lettre, que vous 1 Le 20 mai 1665, Renart, maire ? de Sedan, écrit à Colbert que toute la ville a reçu avec joie la nouvelle de la liberté, accordée aux sedanais, de fabriquer des draps, façon de Hollande. Volumes Verts C. En septembre 1668, Jacquesson se plaint du désordre, qui règne dans l'industrie manufacturière de Sedan Ce peuple d'ici, qui ne subsiste que par les manufactures, qui est industrieux et ardent au profit, se porte, avec une passion inconsidérée, en l'endroit où il y a apparence de gain et s'y applique, sans garder aucune mesure. Quand le poinl coupé va bien, chacun s'érige en maître et maîtresse de points ; quand la draperie a cours, tout le monde se fait drapier et chacun ainsi prétend avoir droit de prendre part à l'avantage qui se présente. Il arrive de là que l'on se prend les ouvriers les uns des autres ; on leur donne le double du juste salaire ; on les rend insolens et ivrognes et l'on a mille peines à les contenir et à les faire travailler. Les personnes, qui se sont appliquées à un métier où il n'y a point d'intelligence, font faire de méchantes manufactures. Il s'en fait à trop grande quantité. Quand la vente se ralentit, des gens, qui ont fait travailler sans avoir de quoi fournir des avances, sont obligés de vendre à perte et ils se ruinent et ruinent avec eux les anciens maîtres et la réputation de la manufacture, v Ibid. — Note de G. Depping. - 29 — vous supplient très humblement par moi de leur conserver un peu de bonté contre leurs ennemis et envieux. S'il vous plait de prendre la peine d'envoyer les statuts et règlemens, que vous désirez être observés, je les ferai suivre si exactement que j'espère qu'en [aucun] lieu du royaume ils ne le pourront être davantage » 1. Ces quelques passages de la correspondance du comte de La Bourlie nous font pénétrer au vif du colbertisme, avec son système de réglementation à outrance. D'autre part, elles dérangent assurément toutes nos idées reçues ; tant nous avons peine à comprendre qu'un gouverneur, personnage essentiellement militaire, ait à s'occuper de la fabrication des draps et de la conversion des hétérodoxes. V Dans le compte de l'année 1665-1666, nous trouvons encore un écho des luttes commerciales de la ville de Sedan. Il ne s'agit plus celte fois de savoir si le privilège du sieur Cadeau 2 sera ou ne sera pas prorogé, mais des transactions avec la principauté de Liège. Le comptable Jean Benoist paie à l'échevin Pasquay Bonivert la somme de 164 livres 4 sols 3 deniers pour les voyages qu'il a fait en diverses fois à Liège, au cours desquels il a sollicité Monsieur le prince de Liège et son Conseil de mettre bas l'impôt du soixantième, qui frappait les marchandises entrantes et restantes dudit Liège pour venir à Sedan, d'établir le nouveau chemin de Sedan à Liège, et d'en ouvrir un autre qui passerait par Dinant, sans toucher aux terres du roi d'Espagne. Les négociations du sieur Pasquay, ou plutôt Pasquier Bonivert, sont d'ailleurs couronnées par le succès et nous savons que les routes en question donnèrent lieu à un commerce important, pendant le dix-septième et le dix-huitième siècle 3. 1 Les statuts en question, rédigés le 24 août 1666, approuvés par un arrêt du Conseil d'Etat du 16 septembre suivant, furent homologués au parlement de Metz, le 7 janvier 1667. 2 Si le sieur Cadeau n'est plus privilégié, il reste encore le fournisseur du roi. 11 lui vend en effet, à deux reprises, le 30 juin 1665 et le 20 avril 1666, onze aunes de drap gris, fabrique de Sedan, à raison de 20 livres l'aune. Cf. les Comptes des bâtiments du roi, publiés par J. Guiffrey, t. I, p. 63 et 105. 3 Cf. HENRI LONCHAY, la Principauté de Liège, la France et les Pays-Bas au XVIIe et au XVIIIe siecles, Bruxelles, 1890, pp. 148-153, où la question est bien posée et les sources belges indiquées. Cf. aussi JOSEPH DARIS, Histoire du diocese et de la principauté de Liege au XVIIe siecle, Liège, 1877, t. I, p. 109 et suiv. Pour les sources françaises, cf. surtout les Archives communales de Sedan. CC, 12; DD, 16, 17, 61 ; FF, 11 ; et les Archives départ, des Ardennes, C, dont l'Inventaire analytique a été publié par E. Sénemaud. — A l'aide de tous ces documents, il serait facile de composer une étude économique des plus intéressantes. - 30 — La reine-mère Anne d'Autriche meurt le 20 janvier 1666 et ta ville témoigne officiellement sa douleur par un service funèbre dont le luminaire, cierges et torches, fut livré, moyennant 52 livres, par Jean Maget, maître cirier. Un service anniversaire fut célébré l'année suivante et, la cérémonie ayant moins d'importance, le cirier Jean Maget ne fournit celte fois que pour 21 livres de cire blanche. Mentionnons également les nonpareilles offertes à Madame l'intendante de Caumartin 1 et payées 29 livres 15 sols au sieur du Cloux, apothicaire, ainsi que les bouteilles de vin qui furent présentées, lors de leur arrivée, au jeune marquis de Fabert 2, à M. de Longueval, parent de la comtesse de La Bourlie, enfin aux sieurs de Choisy et de Caumartin, le premier intendant à Melz, le second à Châlons, et qui coûtèrent 318 livres 14 sols 6 deniers. Marie Le Chinq, la veuve du marchand poudrier David Regnier, fournit, au cours des deux années 1665-1667, pour 101 livres 5 sols de poudre, que l'on emploie à des salves d'artillerie, pour honorer l'entrée des visiteurs et que l'on tire aussi lors du feu de joie de la Saint-Jean. Le comptable paie encore à Isaac Harmet, maître arquebusier, la somme de 92 livres 15 sols pour une paire de pistolets enrichis, envoyés à M. Parel, commis de M. de Lionne 3 à Paris, en reconnaissance d'un arrêt du roi qu'il a fait expédier, portant que les comptes continueraient à être rendus par devant Messieurs du Conseil de police. Sera continué. Stéphen LEROY. 1 Louis-François Lefèvre de Caumartin, fils unique de Louis Lefèvre de C. et de sa seconde femme, Madeleine de Choisy, né le 16 juillet 1624, fut conseiller au parlement en 1064, puis maître des requêtes ; le roi lui confia les sceaux des grands jours, tenus en Auvergne en 1666. Il fut ensuite intendant de Champagne du 15 novembre 1666 à 1672, conseiller d'Etat de semestre en mars 1672 et conseiller ordinaire en janvier 1685; il mourut d'apoplexie, le 3 mars 1687. Cf. le P. ANSELME, t. VI, p. 545. Sa première femme, Marie-Urbaine de Sainte-Marthe, mariée le 10 novembre 1650, morte le 15 janvier 1654, lui donna un fils, Louis-Urbain Lefèvre, marquis de Saint-Ange f 1720. Sa seconde femme, Catherine-Françoise de Verthamon, fille de François de Verthamon, conseiller d'Etat, mariée le 22 février 1664, morte le 28 octobre 1722, il lui donna neuf enfants, quatre fils et cinq filles.—Comme sa soeur, Madame de Guitaut, elle avait une étrange tête, au dire de Madame de Sévigné, dans sa lettre du 12 octobre 1677 à Madame de Grignon. 2 Le jeune marquis Louis de Fabert fut installé, le 9 septembre 1665, comme grand bailli de Sedan; les provisions sont datées du 10 janvier. Cf. J. BOURELLY, ouvr. cit., t. II, p. 359. 3 Les principautés de Sedan et Raucourt, depuis leur réunion à la couronne, ressortissaient au département du secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, qui était alors le fameux Hugues de Lyonne, marquis de Berny, etc. - 31 — VARIÉTÉS I. — Relevé des dates de construction dans l'Eglise de Mézières. La première date marquant l'année de la construction est la date bien connue de 1499 1. Sur les voûtes latérales du côté à droite, attenant au parvis, on lit les dates 1520, 1522, 1524, 1526, 1530 et 1534. Au côté gauche, au Nord, celles de 1536, 1538 et 1544. A la voûte du choeur, année 1506. A la nef, se lisent les dates de 1552, 1565, 1566, 1612 et 1615 ; ce sont là sans doute des dates de réfection. Il semble résulter de ces dates que la partie de l'église inaugurée en 1499, est le pourtour extérieur. Ensuite on s'est occupé du choeur en 1506 ; puis, du côté droit de 1520 à 1534 ; ensuite, du côté gauche de 1536 à 1544 ; enfin de la nef de 1552 à 1615. A. SÉCHERET. II. — Inscriptions d'un étudiant fumacien à la Faculté de Droit de Douai, en 1755. En dépouillant les documents de la Bibliothèque de Douai pour un travail récemment paru 2, j'ai relevé sur les deux seuls cahiers d'inscriptions provenant de l'ancienne Faculté de Droit de cette ville et parvenus à notre connaissance, les deux notes suivantes Ego Petrus Nicolaus Mathy fumacensis laïcus habitans aedes domini Buffet sancti Amati beneficialis continuo inscriptiones atque meas lectiones juris nempe canonici sub consultissimo domino Dehault, et digestorum sub clarissimo domino Bosquet, 27a januarii 1755 3. Ego etc.. laïcus diocesis Leodiensis habitans aedes domini Gosselin in supremâ duacensi curiâ adcocati in plateâ vulgo Clovis continuo etc., die 29a Aprilis 1755 4. P. COLLINET. 1 Cf. Rev. d'Ardenne et d'Argonne, t. II, p. 48. 2 L'ancienne Faculté de Droit de Douai 1562-1793, Lille, 1900, in-8°. 3 Bibl. comm. de Douai, MS. 1406 n° 1, fol. 6v. — Traduction Moi Pierre-Nicolas Mathy, de Fumay, laïc, habitant la maison de M. Buffet, bénéficiai de St-Amé, je continue mes inscriptions et mes cours, c'est-à-dire celui de droit canon sous le très savant M. Dehault et celui du digeste sous le très illustre M. Bosquet, 27 janvier 1755 ». 4 Bibl. comm. de Douai, MS. 1406 n° 2, fol. 7r. — Traduction Moi, etc., laïc, du diocèse de Liège, habitant la maison de M. Gosselin, avocat au Parlement de Douai, sur la place Clovis, je continue etc., 29 avril 1755. " - 32 — BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE Mémoires du duc de Rovigo pour servir à l'histoire de l'empereur Napoléon, édition nouvelle par Désiré LACROIX t. I. - Paris, Garnier frères, 1900, in-18, 563 pp. 3 fr. 50. [Savary, duc de Rovigo, né à Marcq, le 26 avril 1774]. Collection de Documents rares ou inédits concernant l'histoire de Sedan. — Fasc. 11 à 19 Révocation de l'êdit de Nantes ; Comptabilité et Recensement 1685-1700 [par Aug. PHILIPPOTEAUX]. — Sedan, imp. E. Laroche, in-4°, 147 pp. 4 fr. 50. [On peut se procurer la collection complète de ces Documents chez MM. Jourdan et Genin, libraires à Sedan]. Un Quatorze Juillet dans la vallée de la Semoy par Henri JADART.— Broch. in 8°, 20 pp. extr. de la Rev. d'Ardenne et d'Argonne, Sedan, E. Laroche, 1900. Ville de Rethel. — Distribution des Prix du 15 août 1900 sous la présidence de M. Ternaux-Compans, député des Ardennes. — Rapport sur le Prix Boucher de Perthes, par le Dr V. MEUGY. — Broch. in-8° de 20 pp. ; Rethel, Vve Ch. Kienné, 1900. [Quelques noies historiques sur Boucher de Perthes et sur quelques notabilités rethéloises contemporaines]. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. POÈTES ARDENNAIS ARTHUR RIMBAUD VI Rôle d'Arthur Rimbaud en Afrique. Nous avons raconté, en deux précédents articles1, les principaux événements qui avaient marqué la dernière période de la vie d'Arthur Rimbaud. Nous y avons exposé simplement les faits tels qu'ils nous étaient connus, d'après les sources les plus authentiques. Parmi les multiples aventures de cette existence inquiète de sensationnel, nous avons relevé chez Rimbaud une préoccupation continue qui paraît être le principal mobile de ses actes c'est le souci constant de gagner sa vie, au service d'autrui d'abord, puis à son propre compte ; c'est la lutte acharnée pour l'acquisition d'une fortune qui lui assurât l'indépendance matérielle et morale On ne saurait trop insister sur ce point essentiel que nous nous sommes efforcés de mettre en évidence. Maintenant, est-ce à dire que l'unique but visé par Rimbaud durant cette période ait été la conquête de l'argent? Nous ne le croyons aucunement, et d'ailleurs tout ce que nous savons de son caractère vient à rencontre d'une telle hypothèse. Il avait l'âme trop haute pour tout sacrifier aux intérêts mercantiles, l'esprit trop affiné pour s'asservir à jamais aux mesquineries déprimantes du négoce. Capable de s'assujettir résolument aux plus rebutantes besognes afin de réaliser son rêve de liberté, il ne voyait dans l'argent qu'un moyen et non une fin. Pendant les accalmies de son existence tourmentée, au milieu des courts répits que lui laissaient les tracas de ses entreprises commerciales, de plus nobles ambitions durent maintes fois le hanter, de grandioses conceptions germèrent peut-être en son cerveau. Un certain nombre de faits épars, quelques indications tirées de lettres et de récits révèlent chez lui toute une série de préoccupations étrangères à son activité de trafiquant. Mais la rareté des documents, l'imprécision ou le peu de sûreté des renseignements ne nous permettent guère d'être fixés sur la signification des projets et la portée des actes du poète. 1 Revue d'Ardenne et d'Argonne, t. VI, pp. 121-135 et 151-158. REV. D'ARD. ET D'ARG. T. IX, n°s 3 et 4. — 34 — C'est pourtant avec ces données vagues qu'on a forgé récemment, de toutes pièces, un Rimbaud imprévu ; sur un fragile fondement de preuves inconsistantes on a tenté d'échafauder l'idéale construction d'un Rimbaud plus qu'héroïque, plus que demi-dieu, d'un être au-dessus de l'humanité. Himbaud n'est plus seulement géographe, explorateur, homme d'Etat ; il devient le prophète, l'apôtre, le civilisateur de lointains pays réputés barbares. L'auteur de cette théorie magnifiante est son propre beau-frère, M. Paterne Berrichon, qui, depuis deux ans, par ses articles et ses livres, s'efforce de la faire triompher. Nous allons, aussi clairement et impartialement que possible, exposer les arguments et les déductions de M. Berrichon. La vie d'Arthur Rimbaud, explique-t-il, fut logique et admirable d'un bout à l'autre, d'une surhumanité lumineuse et forte, remplie d'aventures et chavirante » comme celle de Verlaine. Rimbaud voulut connaître le mal et le bien, aspirer à la perfection, à une totalité d'humanité ; et cela, naturellement, instinctivement, sans fausse honte ni fausse modestie. C'est en quoi son existence est divine; c'est par quoi il réalise le type du surhomme qu'a imaginé le philosophe allemand Nietzsche. A lire les oeuvres de ces deux génies, on est frappé de telles ressemblances qu'on a presque la sensation d'une paternité de Rimbaud sur Nietzsche, qu'une influence génératrice du poète ardennais sur les idées du penseur allemand ne semblerait pas une chose si impossible. Rimbaud, d'ailleurs, réunissait les diverses qualités physiques et morales qu'il fallait pour l'incarnation du surhomme. Nature saine et robuste, il avait le tempérament de fer, la volonté tenace et indomptable qui le rendirent apte à résister à toutes les épreuves physiques qu'il dut endurer. En outre, les dons intellectuels les plus rares devaient lui assurer la victoire dans l'âpre bataille. Parce qu'esprit supérieur, il savait se plier à toutes les conditions sociales, descendre à tous les métiers, se pencher sur les humanités inférieures, se mettre à leur portée, se faire comprendre d'elles, qu'il s'adressât à sa famille dans ses lettres, à de grossiers intellects orientaux ou à des âmes rudimentaires de nègres et d'Abyssins. Dans son cerveau puissamment organisé, émanation de l'essence divine, tout était inclus, toutes les idées bouillonnaient ; un esprit d'une telle élévation ne pouvait rien prendre, mais donnait tou- — 35 — jours. Il dut rêver et prévoir une société nouvelle, une religion nouvelle. Il eut constamment des préoccupations mystiques ; mais son mysticisme fut d'une autre envergure que le mysticisme catholique dont la rénovation totale le hanta certainement. On peut affirmer qu'avant d'aller exercer son action dans une région déterminée, il se sentait de toutes les religions, de tous les pays ; une synthèse cosmogonique siégeait dans son for intérieur ». Enfin, un dernier caractère imprime à Rimbaud l'empreinte définitive de la surhumanité c'est qu'après avoir été le poète, il voulut devenir le savant et l'homme d'action supérieurs ». Après avoir découvert spontanément et formulé son idéal, il partit pour l'agir », pour tenter de le réaliser ; par ce fait même, n'est-il pas supérieur à Nietzsche? Il est établi qu'à égalité de valeur respective un poète passe toujours un philosophe », et que, s'il est grand d'établir la doctrine du surhomme, il est encore plus grand d'avoir tâché d'être ce surhomme ». — Poète, Rimbaud le fut d'abord et avant tout, c'est-à-dire vates, prophète et dieu, être doué d'une merveilleuse puissance de vision et de création. Dans sa vie comme dans ses oeuvres, il dédaignait le passé, ne s'arrêtait pas au présent, ne voyait que le futur. Tout ce qui était à venir, inconnu, caché, en un mot divin, il le prévit, le devina, l'annonça, et cela depuis sa prime adolescence jusqu'à sa mort. N'est-ce pas là la marque de l'esprit d'élite, du génie prophétique et créateur? — Puis il voulut utiliser sa force créatrice, faire de la poésie vécue et agie ; et dès lors, en prévision de l'oeuvre future, il arma son intellectualité de tous les instruments nécessaires. En dépit des obstacles accumulés sur sa route, il voulait tout voir, tout savoir, tout apprendre ; il s'assimila les idiomes orientaux après les langues occidentales, étudia les arts et les sciences, se familiarisa avec les connaissances pratiques de l'ingénieur, absorba jusqu'aux plus arides traités techniques, comme s'il désirait pénétrer dans leurs plus infimes détails tous les mécanismes du futur édifice social. Sa vie d'aventures l'avait mené dans la région éthiopienne qui offrait un vaste champ à son activité d'explorateur, de colonisateur, et, pour tout dire, à son apostolat de surhomme. Instruit par l'expérience, il s'occupa certes d'amasser un pécule libérateur » ; mais on ne peut croire qu'il se soit borné à n'être qu'un simple marchand et un explorateur ordinaire. S'il établit une factorerie - 36 — au Harar, à la marge du désert, ce ne fut peut-être qu'un trompel'oeil destiné à masquer le véritable rôle qu'il devait jouer. Il est hors de doute que l'Abyssinie, pays neuf et mal connu, avec son mélange de races coptes et nègres, avec ses éléments chrétiens, son organisation politique et sociale particulière, dut l'intéresser singulièrement, mais non modifier les conceptions d'un esprit en qui toutes les idées étaient encloses. C'est Rimbaud, au contraire, qui marqua sur cette contrée la forte empreinte de son génie. L'influence du poète, on la sent décisive à travers tous les événements qui se sont déroulés en Ethiopie depuis l'année 1888. Par ses conseils, ses négociations, ses fournitures d'armes, il fut contre le négus Jean l'auxiliaire du roi Ménélick, et contribua pour sa part à lui assurer l'empire éthiopien ; il fut auprès du nouveau négus le représentant discret de la cause française, l'instigateur de sa politique à l'égard des Italiens, le préparateur des victoires de 1896, qui anéantirent les armées de cette nation mégalomane. Mais le rôle politique de Rimbaud semble de peu d'importance auprès de l'impulsion civilisatrice qu'il sut imprimer à l'Abyssinie. Hautement apprécié par le roi des rois, par ses principaux ministres, le ras Makonnen, l'ingénieur Ilg, dont il était l'ami, le confident et le conseiller, Rimbaud détenait une puissance occulte, mais d'autant plus efficace et qui lui servit pour transformer et rénover l'âme abyssine. Sa mystérieuse influence d'apôtre s'irradiait autour de lui en bienfaits de toutes sortes. Il était d'une bonté inépuisable, donnant toujours, remettant les dettes, avançant pour les insolvables ; au cours de ses expéditions, souvent il s'arrêtait pour porter lui-même, sous quelque tente, en quelque hutte, le bien-être et la civilisation, l'amour aussi de la liberté! » Les indigènes le chérissaient comme un être divin » ; leurs chefs le considéraient avec le plus profond respect ; seul parmi les Européens, il ne fut jamais l'objet de leur malveillance, et ses caravanes traversaient indemnes les tribus pillardes les plus redoutées. Les Abyssins de marque ressentaient devant sa personne une instinctive admiration. L'évêque catholique des Gallas, Mgr Taurin Cahagne, le regardait comme son protecteur; les Européens, devinant sa haute intelligence et son rôle secret, s'inclinaient avec déférence devant cet homme qui, dans les villes, à Entotto, Adoua, Harar, symbolisait la justice ». Par toute la contrée enfin, les deux syllabes de son nom Rimbaud ! ne résonnaient plus — 37 — sans provoquer aussitôt un respect ému et solennel, comme religieux ». Et, aujourd'hui que l'homme mortel a disparu, ce nom s'est transmis aux générations nouvelles, comme celui d'un être miraculeux et légendaire. Ainsi l'évolution politique, la transformation morale et mentale de l'Abyssinie, en ces dernières années, sont l'oeuvre d'Arthur Rimbaud. Ménélick, ce prétendu barbare, ce soi-disant roi nègre, qui maintenant donne des leçons de dignité et de générosité aux plats gouvernants d'Europe, Ménélick est peut-être la plus belle création de son cerveau, haute et pure comme le génie de Rimbaud lui-même. Et l'oeuvre n'est pas près de périr, malgré les efforts des partis adverses de pieux disciples, Makonnen, Ilg, gardiens de la tradition rimbaldienne, répandent l'enseignement du maître et protègent la moisson civilisatrice dont Rimbaud, passant surhumain », avait jeté les semences fécondes le long des routes éthiopiennes. Quand on examine les résultats acquis par cette façon de coloniser, on ne peut s'empêcher de les comparer à ceux qu'obtint un autre colonisateur, le commandant Marchand. La supériorité de l'initiative individuelle, de l'action isolée et libre, y éclate étrangement sur l'action politique et belliqueuse de l'officier qui, soutenu par une troupe en armes, travaille aux gages et pour le compte » d'un gouvernement. L'expédition de Marchand, missionnaire inconscient de maladroites convoitises patriotiques », eut un résultat nul, sinon funeste » ; l'oeuvre du solitaire pacifique, après avoir renouvelé l'âme d'une nation, ne cesse de fructifier là-bas, en Abyssinie. L'un, il est vrai, acquit par ses exploits une gloire suspecte; l'autre mourut incompris, méconnu de ses compatriotes, mais vivant, dans la mémoire d'humbles peuplades, d'une vie surhumaine. Et M. Berrichon ne s'arrête pas là dans ses hypothèses. Quand Rimbaud revint en France en 1891, il lui semble inadmissible que le poète n'ait eu que de vulgaires ambitions, des désirs banalement jouisseurs et bourgeois. Quelles pensées pouvaient agiter cette tête d'ange en exil ? Celui qui avait, prophète natif, empereur occulte, dieu évident, assuré, en noblesse, les destinées éthiques de peuples encore dans la bestialité », celui-là devait se sentir de taille à régénérer l'humanité. Logique jusqu'au bout dans le développe- — 38 — ment de sa personnalité, homme d'action toujours, il devait vouloir se jeter dans la mêlée, utiliser sa force de création, réaliser ses concepts, c'est-à-dire créer cette littérature qu'il avait devinée, cette langue visant tous les sens, traduisant ses conceptions de dieu, établir la religion, la société nouvelles dont il avait étudié tous les organismes dans la lointaine Ethiopie. 11 revenait pour confier à l'étonnement de ceux que plus rien n'étonne les beautés neuves et les synthèses définitives de son tout-puissant esprit ». Et quand la mort vint le ravir dans la plénitude de ses forces intellectuelles et morales, qui sait s'il n'allait pas, nouveau Christ, bouleverser une société caduque, faite d'erreurs et de mensonges, et sur les débris du vieux monde reconstruire l'édifice qu'il avait rêvé ? Telle est la séduisante théorie que M. Berrichon a élaborée à propos de son beau-frère, Arthur Rimbaud elle aboutit à faire de celui-ci un dieu, c'est-à-dire un être doué d'une puissance surhumaine de création et capable de changer la face de la terre. Nous avons groupé en un faisceau les éléments disparates de cette thèse glorificatrice, et il n'est pas difficile de s'apercevoir que les hypothèses aventurées, la spécieuse interprétation de certains faits, un enthousiasme outrancier, quelque orgueil familial aussi, y tiennent plus de place que l'amour de la vérité et la critique raisonnée des événements. Le Rimbaud qui nous est présenté n'est plus qu'un être fictif, et l'histoire de sa vie devient un prétexte à des variations sur des idées chères à leur auteur. Le résultat de cette étrange doctrine a été la formation d'une nouvelle légende qui s'est accréditée récemment dans le public littéraire de la France et de l'étranger. La presse moutonnière a enregistré ce second avatar avec l'inconscience qu'elle mettait jadis à déverser son mépris sur le poète maudit ». Et maintenant, avant de passer à une étude plus approfondie, nous tenons à faire cette déclaration nous aussi, nous sommes plus respectueux que quiconque de la mémoire d'Arthur Rimbaud, et nous l'avons prouvé. Nous avons marqué, en son temps, l'admiration qu'il convenait au génie précoce, au poète novateur. Nous avons suivi avec une sympathie émue les péripéties de son existence à travers le monde. Nous avons été émerveillés de son endurance, de son énergie morale, de son activité infatigable, de sa soif insatiable de connaissances. Nous avons payé un juste - 39 - tribut d'hommages au Français, au voyageur qui, l'un des premiers, en ouvrant des débouchés commerciaux, donna l'exemple à ses compatriotes, au coeur généreux qui fit le bien simplement, selon sa mesure, dans les pays où ses goûts aventureux l'entraînèrent. Mais nous avons, avant tout, le souci de faire oeuvre de vérité ; nous tâchons à la découvrir au milieu de faits confus, de récits douteux et contradictoires ; nous essayons de dégager le caractère d'une vie complexe et déconcertante, sans avoir la sotte vanité de croire que nous y avons pleinement réussi. Nous nous gardons de considérer les événements à travers notre optique personnelle, de vouloir les faire entrer de force dans un système préconçu, pour démontrer après coup la triomphante logique d'une existence logique facile, qui s'étaye sur des phrases à effet ou de ronflantes périodes ! C'est pourquoi nous ne pensons pas qu'il faille diviniser Rimbaud à plaisir ; c'est pourquoi nous préférons voir en lui l'homme plutôt que le surhomme. L'histoire de Rimbaud au point de vue strictement humain nous semble bien autrement attachante et vraie ; sa mémoire n'en a que plus de titres à notre respectueuse sympathie, et sa figure ne nous apparaît pas diminuée parce qu'il lui manque l'auréole divine. Est-il rien de plus humainement émouvant que la dernière phase de son existence, heurtée, douloureuse, remplie de durs labeurs et de cruels déboires, où, à des périodes d'exaltation et d'activité fiévreuse, succèdent des crises de désespoir et de farouche misanthropie? Sa correspondance, où nous ne cherchons pas à découvrir entre les lignes ce qui ne s'y trouve pas, nous fournit les plus suggestifs aveux de son humanité souffrante elle est pleine de confidences amères, de plaintes navrantes sur sa destinée misérable qui le condamne à vivre sans famille, au milieu de nègres stupides, dans le plus atroce isolement du coeur et de l'esprit. Un fatal ennui le ronge sans trêve, et c'est en vain qu'il tente de le chasser par la lassitude physique, par l'engourdissement moral, par les préoccupations mercantiles. Contradiction bien humaine l'Occident qu'il avait fui par dégoût et par amour des aventures, l'Occident le hante; il a le regret nostalgique de l'Europe aux anciens parapets », et à peine a-t-il touché le rivage natal qu'il brûle de retourner aux lieux d'où il est venu. Un drame intime et poignant se joue à toute heure dans cette âme tourmentée, dans ce coeur inassouvi ; et nous nous sentons remués par la pitié et l'admiration, parce que nous avons devant nous un homme, c'est-à- - 40 — dire un être à la fois puissant et faible, avec tous ses contrastes, ses grandeurs et ses misères. Tel nous apparaît Rimbaud dans son humaine réalité sa personne y gagne un intérêt et une signification qu'il nous est impossible d'accorder à l'être abstrait, à l'entité métaphysique qu'on veut nous imposer sous la brumeuse dénomination de surhomme 1. Ce préambule, long mais indispensable, nous amène à l'étude des différents personnages dont Rimbaud a revêtu les rôles pendant ses divers séjours en Afrique. Nous l'avons montré précédemment comme agent zélé et négociant d'une activité infatigable. Nous n'insisterons pas davantage sur ses opérations commerciales qui n'étaient, à ses yeux, qu'un moyen d'assurer sa vie matérielle d'abord, et, plus tard, la libre disposition de son intelligence. Mais, au cours de cette existence, nous avons constaté des faits d'un autre ordre, appartenant aux domaines géographique, scientifique, politique, et qu'il importe d'analyser d'une façon plus détaillée. Le rôle géographique de Rimbaud est le premier que nous tenterons d'élucider. En sa qualité de commerçant, Rimbaud eut mainte occasion de visiter des contrées africaines peu ou mal connues des Européens, et l'on peut se demander s'il eut l'intention d'explorer méthodiquement, scientifiquement, les routes que les exigences de son négoce l'obligeaient à suivre. Nous répondrons hardiment par l'affirmative ; oui, Rimbaud eut le désir et le goût de faire oeuvre savante, de contribuer pour sa part à l'avancement de la science géogra phique. Il était d'ailleurs mieux préparé que personne à remplir brillamment le rôle d'explorateur sa vie d'aventures l'avait merveilleusement aguerri et trempé pour ce métier dont les conditions premières sont l'endurance physique, la force de volonté, l'aptitude à se tirer d'affaire dans les passes difficiles. Il possédait en outre les plus précieuses qualités intellectuelles dont l'absence regrettable se remarque trop souvent chez d'intrépides globe-trotters une culture générale et largement humaine, de vastes lectures, un esprit encyclopédique, qu'attestent ses demandes répétées de livres et d'instruments, une curiosité insatiable, un don d'observation 1 Nous avons tout lieu de croire que M. Berrichon n'a pas compris la théorie du surhomme exposée par Nietzsche et n'en a pas soupçonné la complexité. On peut consulter sur cette question H. Lichtenberger La philosophie de Nietzche Paris 1899, et un article du même auteur La littérature nietzschéenne Revue encyclopédique, n° du 6 janvier 1900. — 41 - qui voulait toucher le fond de toute chose, une prodigieuse faculté d'assimilation, sans oublier la connaissance des langues orientales. Il nous reste à montrer comment cet homme, si bien organisé pour faire une profitable besogne, a évolué dans le milieu géographique que nous allons décrire. Les régions africaines où Rimbaud fit des séjours prolongés depuis 1880 jusqu'à sa mort s'étendent de la mer Rouge et du golfe d'Aden jusqu'aux rebords du gigantesque massif éthiopien longtemps mal connues, elles ne commencent à livrer leurs secrets que depuis quelques années à peine. Afin d'apprécier et remettre au point le rôle géographique de Rimbaud voyageur et trafiquant, il est, croyons-nous, utile et curieux d'exposer sommairement les efforts tentés par les négociants et les savants pour relier aux ports érythréens la mystérieuse Harar et l'âpre Choa. La tâche fut de tout temps malaisée des rivages inhospitaliers, un climat meurtrier, des déserts pierreux à l'est, des steppes herbeuses à l'ouest, les tribus pillardes des Danakils, l'antagonisme et les luttes continuelles des Somâlis pasteurs et des Gallas agriculteurs, le fanatisme religieux, ont été et sont encore les obstacles qui s'opposent à la pénétration rapide de ces contrées. Néanmoins, les tentatives remontent fort loin dans l'antiquité. Les Egyptiens, les Phéniciens, les Grecs fréquentaient les escales côtières et nouaient des relations commerciales avec l'intérieur. Les Arabes y vinrent de bonne heure et y implantèrent l'islamisme sous leur domination, Harar devint l'étape principale, le grand marché de l'Afrique orientale, en même temps qu'un foyer intellectuel ; grâce aux descriptions de leurs traitants, les cartographes du moyen âge purent dessiner avec quelque netteté les contours de la péninsule somâli. — A partir du XVe siècle, des rapports suivis s'établissent entre les Européens et l'Abyssinie chrétienne sous le négus Zara Jacob, on y trouve fixés des négociants et des artistes italiens ; ce négus envoie même une ambassade au concile de Florence. En 1490, le Portugais Pedro de Covilham visite la cour du négus Alexandre. En 1513, l'Arménien Matthaeus va solliciter, au nom du négus David III, l'aide du roi de Portugal contre les musulmans de l'Adel une flotte portugaise paraît dans la mer Rouge en 1520; Rodriguez de Lima, P. Francisco Alvarez et Joâo Bermudez se rendent en Ethiopie, où Alvarez séjourne six années ; en 1535, Bermudez est délégué pour demander de nou- — 42 — veau secours au Portugal et vient à Bologne implorer le pape et Charles-Quint contre l'Islam ; son ambassade est favorablement accueillie et, en 1541, Cristoforo da Gama, frère du vice-roi des Indes, arrivait avec des troupes dans les montagnes abyssines. L'influence occidentale alla si loin que missionnaires et jésuites s'efforcèrent à l'envi de catholiciser le pays au début du XVIIe siècle ; mais la population fut aussi inaccessible à ces tentatives qu'à la propagande musulmane et resta fidèle au rite copte ; les jésuites furent chassés sous le négus Basilidas. Les rapports des voyageurs et des jésuites portugais présentent un grand intérêt géographique et constituent la source à peu près unique de tous les travaux publiés par les compilateurs et les cartographes depuis Mercator jusqu'à Guillaume de l'Isle et d'Anville. Les explorations, à partir du XVIIIe siècle, deviennent plus fréquentes et se multiplient pendant la période contemporaine ; mais la plupart des voyageurs, attirés par l'énormité alpestre du massif éthiopien, se contentèrent de parcourir l'Abyssinie en s'occupant fort peu, en somme, des annexes du royaume des négus vers le sud et le sud-est. Charles Poncet 1698-1700, puis James Bruce 1768-1773, n'apprennent rien de nouveau sur ces pays pendant leurs voyages en Abyssinie. L'Anglais Henri Salt 1809-1810 donne, au contraire, beaucoup de renseignements précis sur le Harar et le Somâl. De 1820 à 1850, une foule de savants et de missionnaires parcourent le massif abyssin, mais ils n'en rapportent que de maigres nouvelles sur l'Adel et le Harar. Pourtant les Français Combes et Tamisier 1835-1837, et Antoine d'Abbadie 1840-1841, méritent une mention spéciale par l'intérêt qu'ils portent à cette frontière sud-est sans l'avoir visitée, ils tâchent d'en donner une notion exacte et montrent par des itinéraires que l'accès en était possible. Le premier voyageur qui foula le sol de l'Adel fut le Français Dufey, envoyé en Abyssinie par Ferd. de Lesseps, alors consul général de France en Egypte. Dufey alla de Gondar à Tadjourah par le Choa et vint mourir en Arabie 1839. La même année, deux missionnaires allemands, Krapf et Isenberg, se rendaient de Tadjourah à Ankober par l'Adel et le pays des Gallas, sans avoir vu Harar. En 1839 également, le chimiste Hochet d'Héricourt visitait le Choa et gagnait la confiance du roi qui le chargea d'une mission politique auprès de Louis-Philippe ; il parcourut à plusieurs — 43 — reprises le pays d'Adel, mais lui non plus ne put pénétrer dans Harar. En 1840-41, l'Anglais Beke fit, de la mer Rouge au Choa, un voyage plus politique que scientifique. En 1841, William Cornwallis Harris s'efforçait, à son tour, de nouer des relations entre l'Angleterre et le Choa grâce aux savants de sa suite, l'expédition eut pour la science d'importants résultats ; le rapport consacre un chapitre à la Principauté de Harar, sur laquelle les notions se précisent de plus en plus. Au même moment, un autre Anglais, Charles Johnston, se rendait pour son propre compte de Tadjourah au Choa pas plus que ses devanciers, il ne put entrer à Harar. Harar, célèbre et mystérieuse, excitait étrangement les convoitises des Anglais, qui trouvaient le Choa trop éloigné et trop soumis à l'influence française. En 1854, une nouvelle expédition, sous le commandement de Richard Burton, fut confiée à des officiers de l'armée des Indes. L'audacieuse entreprise, à la fois politique, scientifique et commerciale, eut une fin tragique les explorateurs furent tués ou mortellement blessés. Seul, Burton put se rendre, par des chemins inconnus, de Zeilah à Harar, où il resta dix jours et parvint à regagner Berberah et l'Arabie février 1855 il est le premier Européen qui ait vu la Tombouctou de l'Afrique orientale. Après cet échec désastreux, vingt ans s'écoulèrent sans tentative de pénétration. En 1874-75, l'Allemand Haggenmacher, parti de Berberah, explora le Somâl et les pays à l'est de Harar, principalement aux points de vue ethnographique et historique ; il s'efforça en vain de pénétrer dans l'Ogadine. L'année 1875 marqua une étape importante le général égyptien Raouf-Pacha conquit la ville de Harar et incorpora la principauté à l'empire égyptien. Cette expédition militaire eut des résultats considérables pour la science les officiers de l'état-major de RaoufPacha, notamment Muhammed-Muchtâr, étudièrent la géographie et l'ethnographie du pays, firent le relevé des territoires et des tribus somâlis. En même temps, l'autorité khédiviale cherchait à s'implanter durablement dans la région et à s'étendre jusqu'au cap Guardafui et dans l'Afrique équatoriale le colonel Charles-J. Graves poussa une reconnaissance vers ce promontoire et décrivit le pays des Somâlis Midjertines. Les Italiens ont aussi leur part dans l'exploration de ces contrées. Déjà, aux XIVe et XVe siècles, ils avaient remonté la vallée du Nil et parcouru les avant-chaînes abyssines pour y faire du négoce ; au XIXe, ils reprennent le fil interrompu et songent à lier des relations mercantiles avec le Choa. La récente acquisition de la baie d'Assab était le premier pas dans cette voie. En 1876-77, la Società geografica italiana » envoyait Antinori, Chiarini, Cecchi et Martini, qui atteignirent le Choa après maintes aventures par le pays des Somâlis Issas. Le capitaine Cecchi prolongea ses voyages jusqu'en 1881, gagna Harar par un itinéraire tout nouveau, resta à grand'peine quatre jours dans la capitale musulmane et revint à marches forcées jusqu'à Zeilah fin décembre 1881. En 1879, un commerçant italien, Giulietti, s'était rendu de Zeilah à Harar par une route non encore suivie, celle du col de Guildessa il mourut prématurément à Assab en 1881. De ce côté, les Italiens redoublaient d'efforts le comte Antonelli, qui précédemment avait accompagné Cecchi dans son voyage d'Ouoroff à Harar, déployait une activité incessante, parcourait tout le pays et signait des traités avec les tribus danakils et haoussas. Au même moment, les Français, qui tiennent à avoir leur part du gâteau, collaborent à l'oeuvre commune d'exploration. Si l'on néglige le voyage douteux qu'aurait accompli le négociant Pinchard 1, le premier Français qui visita Harar fut M. A. Bardey, l'un des chefs de l'importante maison de commerce Mazeran, Viannay et Bardey, dont le siège était Aden. M. Bardey, qui voulait étudier sur les lieux mômes la situation économique du grand marché galla et les conditions d'un trafic possible, se trouvait à Harar en août 1880. La ville était sûre grâce à la garnison égyptienne, mais la zone protégée ne s'étendait guère au-delà des murs de la cité le Français qui vint après lui, par ordre de date, Lucereau septembre 1880, fut tué un mois plus tard à Warabelli, situé à six lieues de Harar. M. Bardey n'en décida pas moins la création d'une agence de retour à Aden, il offrit à l'un de ses employés, Arthur Rimbaud, d'aller seconder le représentant qu'il avait laissé là-bas. Rimbaud, avide d'inconnu, coeur intrépide, esprit aventureux, rompu aux fatigues des voyages et surtout dégoûté d'Aden, saisit avec joie cette occasion de voir des pays neufs et d'acquérir au plus vite, s'il le pouvait, en un poste périlleux, la fortune nécessaire à l'indépendance qu'il rêvait 2. 1 En 1879, d'après le journal égyptien Le Phare d'Alexandrie », Pinchard aurait été par Zeilah, Harar et le fleuve Haouache jusque chez les Gallas Aroussis, dont le chef l'aurait Lien reçu. 2 Cf. Revue d'Ardennc et d'Argonne, n° de mai 1899, pp. 127 et 131, où nous avons raconté ces événements. — 45 — Arrivé à Harar en décembre 1880, pour n'en repartir qu'en décembre 1881, Rimbaud est le troisième Français qui ait visité la capitale mystérieuse et le premier qui l'ait habitée aussi longtemps. Pendant cette première année de séjour, la correspondance du poète nous donne de brefs renseignements sur ses expéditions commerciales, sur les louables efforts qu'il fit, avec des ressources médiocres et des instruments très insuffisants, pour lever des plans photographiques ou étudier l'histoire naturelle des régions parcourues. A différentes reprises, il écrit qu'il organise et dirige des caravanes à travers des contrées mal connues, qu'il va chasser l'éléphant du côté des Grands Lacs, et notamment qu'il va partir pour, un pays totalement inexploré ; puis il ne souffle plus mot de cette entreprise. M. Bardey, son patron, a rendu pleine justice à la courageuse initiative de son agent qui, en cette circonstance, se montra négociant avisé et véritable explorateur 1 Arthur Rimbaud se rendit le premier de Harar à Bubassa, grand plateau qui commence à environ 50 kilomètres au sud de Harar. Il y créa des marchés... » Il fallait alors une certaine audace pour s'aventurer hors de la contrée immédiatement protégée par l'armée égyptienne Les Egyptiens », continue M. Bardey, ne sortaient que par colonnes de deux à trois mille hommes. Du fait même de cette occupation militaire, une zone extrêmement dangereuse entourait la région, et il y avait quelque mérite à en sortir... Je donnerai une idée de la mauvaise réputation de ces régions, en ce temps-là, par le récit suivant Pour remplacer Rimbaud malade, j'allais à mon tour à Bubassa. Sottiro et des Gallas de la tribu des Nollehs m'accompagnaient. Le gouverneur de Harar par intérim en remplacement de Nadi Pacha, dans sa sollicitude pour nos existences, refusa de nous laisser partir, disant aux Nollehs Le prix de votre voyage sera votre sang ». Sur l'affirmation des Nollehs Gallas que, si nous y allions, ils nous suivraient, nous partîmes quand même, et rien de fâcheux ne nous arriva. » Quand Rimbaud fut de retour à Aden, il eut l'idée de composer, à l'aide de ses notes, un ouvrage sur le Harar et les pays gallas ce travail, orné de cartes et de gravures, devait être soumis à la Société de Géographie de Paris, qui, espérait-il, lui enverrait des 1 Compte-rendu des séances de la Société de Géographie ; Paris, 1892, séance du 22 janvier 1892 lettre de M. Alfred Bardey, datée d'Aden, 24 octobre 1891, et concernant la vie et la mort d'Arthur Rimbaud. — 46 — fonds pour d'autres voyages. Dans son ardeur scientifique, il chargeait sa famille et son ami Delahaye de lui acheter divers instruments de précision pour dresser des cartes exactes, une collection minéralogique de 300 échantillons et quantité de livres spéciaux indispensables au voyageur qui veut faire oeuvre de savant 1 ; lui-même commandait directement un appareil photographique tout ceci prouve du moins son zèle et son désir d'être plus qu'un trafiquant. Mais, hélas ! malgré ses pressantes réclamations, livres et instruments tardaient terriblement à venir; il ne les eut guère qu'un an après en avoir ordonné l'acquisition. Quel fut le sort de cet ouvrage sur le Harar que Rimbaud comptait encore, en mars 1883, pouvoir présenter à la Société de Géographie? Le travail fut-il mené à bonne fin, selon la ferme intention de l'auteur ? Le manuscrit a-t-il été détruit ? Il est impossible de répondre à ces questions, et nous devons nous résigner à ne connaître, de toute une année de voyages et d'observations, qu'un fait tout nu la découverte et l'exploration du plateau de Bubassa. Pendant que M. Bardey et Rimbaud déployaient dans ces parages leur activité commerciale, des missionnaires y pénétraient à leur tour. Le vaillant évêque P. Taurin Cahagne, contraint de quitter l'Abyssinie, établissait provisoirement son siège à Harar, et, tout en catéchisant les indigènes, s'efforçait d'avoir par eux des détails sur l'histoire de leur contrée 1881 2. Son coadjuteur, le capucin P. L. Lasserre, faisait également, en 1882, le voyage de Zeilah à Farré. —Vers le même temps, le baron allemand Johann von Müller suivait l'itinéraire de Giulietti et visitait Harar dont il fait un sombre tableau 3. Von Müller était accompagné du pasteur suédois P. Swenson, qui venait étudier les conditions favorables à l'établissement d'une mission Scandinave. De leur côté, les Italiens ne restaient pas inactifs et ne se contentaient pas d'Assab et de la route du Choa. De remuants Milanais 4, voyant l'importance économique de l'antique métropole, aux portes de la grande péninsule somâli et à l'entrée de l'Afrique intérieure, fondaient à leur tour un comptoir à Harar. 1 Nous avons été les premiers à publier cette curieuse lettre à Delahaye dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, n° de mai 1899, pp. 129-130. 2 Mgr Taurin Cahagne a décrit son voyage à travers le pays galla dans les Missions catholiques », tome XIII 1881, et tome XlV 1882; il fit route, d'Aden à Harar, en compagnie de M. Bardey. 3 Il séjourna à Harar du 24 mars au 4 avril 1882. 4 La Società d'esplorazione commerciale in Africa, ayant à sa tête le capitaine Manfred Caniperio. — 47 — Ils projetaient l'invasion commerciale du nord-est de l'Afrique par trois voies la première partait de Tadjourah, Zeilah ou Berberah vers le Choa par l'Haouache et Harar; la deuxième se dirigeait de Massaouah vers le Tigré ; la dernière devait partir de Khartoum. En attendant, Pietro Sacconi, leur agent, rendait des services à la science en s'imposant la tâche d'explorer les régions frontières sud-est, sud et ouest, qu'aucun Européen n'avait encore foulées. Dans un premier voyage, au printemps de 1883, il parcourut le territoire des Gallas Abodas et cette contrée où Lucereau voulait précédemment passer pour se rendre chez les Gallas Ittous le but principal de l'expédition était de s'assurer si les troupes de Ménélick ne s'approchaient pas de Harar, comme le bruit en courait. Mais Sacconi visait surtout l'exploration du pays où n'avait pu pénétrer l'Allemand Haggenmacher et qu'il appelle paradiso dei Somali », c'est-à-dire l'Ogaden ou Ogadine. Le 9 juillet 1883, Sacconi se mettait en route avec une petite caravane et arrivait jusqu'à la vallée de Souloul, à huit jours de marche seulement du Wabi, le grand fleuve de cette contrée réputée très riche ; mais l'imprudent était tué près de Kora Nagott. Dédaigneux des avis des chefs somâlis, il avait eu trop de hâte à vouloir planter le drapeau italien sur les rives du mystérieux Wabi. Une pareille initiative anime le négoce français, qui s'applique à utiliser la récente acquisition d'Obock comme base d'opération vers les pays d'Adel, de Harar et du Choa. De vastes plans commerciaux sont projetés. Denis de Rivoyre fonde la Société des Factoreries françaises du Golfe Persique et de l'Afrique orientale ». Soleillet et Brémond s'efforcent de détourner vers Obock une partie du trafic choan 1882-83 ; enfin, quittant son poste d'Aden où il se morfondait depuis quinze mois dans une énervante expectative, et décidé à vaincre la fortune rebelle, Rimbaud vient reprendre sa place dans la mêlée commerciale avril 1883. Ce deuxième séjour, dont la durée fut d'une année entière, semble avoir été profitable aux intérêts du poète, qui put amasser un pécule d'une quarantaine de mille francs il ne fut pas moins utile à la science géographique. Les lettres de cette période ne mentionnent, même brièvement, aucune expédition et ne signalent guère d'autre travail que les photographies prises à l'aide du précieux appareil acheté à Lyon. Heureusement, grâce à M. Bardey, l'activité voyageuse de son agent a été sauvée de l'oubli. Diverses — 48 — communications adressées par ce négociant à la Société de Géographie de Paris nous apprennent que Rimbaud dirigea les expéditions du Somâl et du pays galla et prit l'initiative d'une exploration en Ogadine, vers le fleuve Wabi, où Sacconi venait de trouver la mort. Un autre agent de la maison Bardey, le Grec Sottiro, chargé de cette mission, fut fait prisonnier et ne dut son salut qu'à sa connaissance du Coran et aussi aux démarches d'un ogaz ou grand chef envoyé de Harar par Rimbaud 1. Celui-ci, à l'aide de ses renseignements personnels et des notes de Sottiro, rédigea un mémoire d'une extrême précision, où il décrit, en style clair et concis, le pays, les habitants et les chemins qui mènent vers le Wabi 2. Rimbaud eut le mérite de fournir le premier des notions exactes sur une région inconnue son rapport ne passa pas inaperçu et eut du retentissement jusqu'à l'étranger. Le Dr Paulitschke, explorateur et géographe autrichien, en appréciait le haut intérêt en ces termes Les relations commerciales de maisons françaises établies à Harar ont permis récemment de rassembler quelques documents importants sur la mystérieuse Ogadine. Le Français Arthur Rimbaud a fait un rapport adressé à la Société de Géographie de Paris... Le mémoire est, malgré sa sécheresse, d'une grande valeur, car il se fonde sur les déclarations d'un témoin oculaire et décrit une contrée nouvelle dans ses traits les plus généraux 3 ». Curieuse coïncidence ! Le nom de Rimbaud, en cette année 1884, était révélé à deux mondes singulièrement différents M. Bardey faisait connaître l'explorateur dans les milieux géographiques, Verlaine magnifiait le poète maudit dans son entourage littéraire. Sans entente préalable, mais guidés par une commune pensée d'amitié, tous deux se rencontraient pour livrer au public ces productions d'un même cerveau le méthodique et précis Rapport sur l'Ogadine et le tumultueux Bateau Ivre. A suivre. Jean BOURGUIGNON et Charles HOUIN. 1 Compte-rendu des séances de la Société de Géographie, 1883 séance du 7 décembre ; — 1892 séance du 22 janvier. 2 Ce rapport a été publié dans Compte-rendu des séances de la Société de Géographie, 1884 séance du 1er février, pp. 99-103, el reproduit dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, n° de mai 1899, pp. 132-135. 3 Dr Philippe Paulitschke Die geographische Erforschung der Adâl-Laender und Harâr's in Ost-Afrika Leipzig, 1884, gr. in-8°, p. 85. — C'est par le récit d'Arthur Rimbaud que Paulitschke clôt la série des voyageurs qui ont visité ou décrit les pays somâlis et gallas au XIXe siècle. - 49 — LE LOYALISME DES SEDANAIS ET LEUR HOSPITALITÉ DE 1638 A 1680 SUITE. La guerre de Dévolution exerce un contre-coup fâcheux sur les finances de la ville, à cause des nombreuses sommes d'argent que celle-ci doit avancer pour le service des étapes el qu'on ne lui rembourse pas facilement. Mais c'est là une question trop éloignée de notre sujet. Relevons toutefois dans le compte de 1667-1668 plusieurs dépenses occasionnées par cette guerre. Le duc de Luxembourg, à la tête d'un corps de troupes, vient camper à Saint-Menges 1. La ville le fait complimenter et lui offre en présent, à lui et au comte de Chamilly 2, placé sous ses ordres, des jambons de Mayence, des langues de boeuf 3 et six douzaines de bouteilles de vin ; coût 108 livres 2 sols. Ainsi encouragé, Luxembourg vient visiter la ville, qui le reçoit au bruit des canonnades et lui offre de nouveau du vin. Mais il n'est pas le seul à expérimenter l'hospitalité sedanaise M. de Colbert 4, ambassadeur extraordinaire pour la paix [d'Aix-la-Chapelle], les ambassadeurs du duc de Brandebourg — le receveur Husson David ignorait sans doute que le Brandebourg formait un margraviat — l'intendant Renart, le fils du premier président Lamoignon 5, et Monsieur Jacques, l'un des inté1 inté1 se conformait ainsi a l'ordre donné par Louvois, le 14 avril 1668 Quant à l'armée de Mgr le Prince, le corps qui doit aller sur la rivière de Sarre demeurera sous la charge de M. d'Espense et M. le duc de Luxembourg ira prendre le commandement de celui de M. de Chamilly et s'avancera sur la rivière de Semoy et l'y fera vivre aux dépens des Espagnols ». De là lé duc de Luxembourg va faire dans le Limbourg, le Luxembourg et la Gueldre, une course qui rapportera plus de 500,000 livres; il eut 2,000 écus pour sa part. Cf. C. ROUSSET, Histoire de Louvois, 1862, in-8°, t. I, p. 147. 2 Hérard II Bouton, comte de Chamilly, fils de Nicolas Bouton, premier comte de Chamilly et de Marie de Cirey, fut d'abord page du duc d'Enghien et suivit dès lors la fortune de ce prince; il fut confirmé, en 1660, dans la charge de maréchal de camp. Son frère cadet, Noël Bouton, dit le marquis de Chamilly, reçut le bâton de maréchal en 1703. Cf. le P. ANSELME, t. VII, p. 647. 3 La langue de boeuf salée se conserve plus d'une année et elle est fort recherchée par les buveurs. D'habitude, on la met sur le gril et on la mange avec des clous de girofle ». Cf. BRUYERIN-CHAMPIER, De re cibariâ, 1560, in-8°, p. 668. 4 Charles Colbert, marquis de Croissy 1629 f 1696, second fils de Nicolas Colbert, seigneur de Vandières, et de Marie Pussort, d'abord intendant en Alsace, fut chargé de nombreuses missions diplomatiques. Ce fut lui qui négocia le traité d'Aix-la-Chapelle, signé le 2 mai 1668. Cf. H. VAST, Les grands traités du regne de Louis XIV, 1898, t. II, p. 14-22. 5 Ce doit être Chrétien-François de Lamoignon, fils aîné de Guillaume de L., premier président au parlement de Paris, et de Madeleine Potier d'Ocquerre, qui fut avocat général, puis président à mortier au parlement de Paris, — ou son frère cadet, Nicolas de Lamoignon, seigneur de Bâville, le fameux intendant du Languedoc. - 50 — ressés 1 aux cinq grosses fermes, sont également accueillis à leur arrivée par des bouteilles de vin, dont la dépense totale s'élève à 214 livres 18 sols. L'intendant Renart reçoit des nonpareilles de différentes sortes, payées 45 livres au sieur Paul Didier. Quant à Monsieur Jacques, dont la ville tient à gagner la bienveillance pour la conservation de ses privilèges, on lui donne en outre une paire de pistolets et un fusil enrichis, qui coûtent 261 livres 10 sols, munis de leurs fourreaux. En dehors du service des étapes qu'elle doit provisoirement assurer à ses frais, la ville est responsable du dégât des troupes. C'est ainsi qu'elle paie à Samuel Gibou, Jacques Bernard, Jean Godefroy, Marie Breuille, Toussaint Halma et à Elisabeth Tassot la somme de 110 livres pour le dédommagement de leurs prés, qui ont été fauchés pour la nourriture des chevaux des Mousquetaires du roi 2, à leur retour de Hollande. C'est également aux municipalités, et non à l'Etat, qu'incombe le soin d'entretenir les ponts et chaussées. Le roi frappe d'une cotisation de 3,000 livres les souverainetés de Sedan et Raucourt pour la réparation du pont sur la rivière de Bar et le rétablissement des chemins à travers les bois du Mont-Dieu. Les fonctions des membres du Conseil de la police deviennent de plus en plus absorbantes. Ils s'en tiennent compte à eux-mêmes et s'attribuent gracieusement des provisions de bois, afin de pouvoir au moins se chauffer aux frais de la ville. Thomas Missel, qui a 50 livres de gages annuels comme forestier des bois d'usages, reçoit en effet 265 livres pour la façon de 21,200 fagots, à raison de 12 livres 10 sols le mille, qui sont distribués à Messieurs du Conseil de la police et aux autres personnes privilégiées. Mais ce n'est pas tout ; en dehors des fagots, il y 1 Les fermes générales comprenaient l'exploitation, par baux renouvelés tous les six ans, des impositions indirectes, qu'on appelait les droits du roi et qui étaient perçues sur l'entrée, la sortie, la circulation des marchandises et sur le commerce des boissons autrement dit les cinq grosses fermes, les aides et entrées, sur les gabelles ou le commerce du sel, sur le monopole du tabac, les domaines, etc. Le conseil des finances en faisait l'adjudication aux enchères à un prête-nom, qui endossait les responsabilités et désignait les expéditions. L'autorité et les gros profits étaient laissés aux financiers, qui avançaient au roi des fonds très considérables et qui dirigeaient toutes les opérations. Ces financiers, quarante rois plébéiens qui tiennent à bail l'Empire et qui en rendent quelque chose au monarque », suivant le mut de Voltaire dans la Vision de Babouc, prenaient officiellement le nom d'intéressé dans les affaires générales du roi. Cf. pour plus de détails l'Encyclopédie méthodique, Finances, 1785, t. II, p. 117-127. 2 La première compagnie des Mousquetaires avait alors pour capitaine-lieutenant, depuis le 25 janvier 1667, Charles de Batz-Castelmore, comte d'Artagnan, le héros du fameux roman d'Alexandre Dumas et qui fut tué le 5 juin 1673, au siège de Maestricht. Cf. le général SUSANE, Histoire de la cavalerie française, 1874, t. I, p. 228-233. — 51 — a aussi les bûches payé audit Thomas Misset la somme de 340 livres 12 sols, pour avoir fait couper 524 cordes de bois, à raison de 13 sols la corde, qui ont été distribuées à Messieurs du Conseil de la police et aux privilégiés, et aussi pour le chauffage des corps de garde de la ville et des faubourgs. Le compte 1668-1669 comprend plusieurs dépenses occasionnées par la contagion et qui sont tout à fait en dehors de notre sujet. Mentionnons celles qui furent faites pour placer des horloges au-dessus des deux portes principales de la ville payé au sieur Philippe de Laplace, la somme de 953 livres 10 sols pour l'achat de deux cloches pour lesd. deux horloges. Mais quels services peut rendre une horloge publique, qui n'aurait pas de sonnerie pour appeler les heures? En conséquence, le receveur compte à Claude Gautier et à Henri Guiot, fondeurs de cloches, la somme de 172 livres 3 sols, lui payant ainsi la façon de six appeaux pour les deux horloges, en même temps que les métaux qu'ils avaient fournis pour iceux. Le 30 octobre 1668, Sedan voit passer le bizarre époux de la belle Hortense Mancini 1, Armand-Charles de la Porte, duc de Rethelois, de la Meilleraye et de Mayenne, pair de France, prince de Château-Porcien, comte de la Fère et de Marie, grand-bailli de Haguenau, gouverneur d'Alsace et de Brisach, chevalier des ordres du roi, lieutenant-général de ses armées et grand-maître de l'artillerie. C'était là un personnage très considérable. Aussi tira-t-on le canon en son honneur et Jean Desroche fournit pour 141. 10 sols de poudre à cette occasion. Ce n'est pas d'ailleurs le seul visiteur de marque qui vienne à Sedan au cours de celte année. Le receveur Jean Roujoux paie en effet la somme de 312 1 17 s. pour le vin, le jambon et les dragées, qui sont offertes à Monsieur le prince et à Madame la 1 Hortense Mancini, née à Rome le 6 juin 1646, morte à Chelsey le 2 août 1699, huitième enfant de Michel-Laurent Mancini, baron romain, et d'Hiéronime Mazarini, épousa le 28 février 1661 Armand-Charles de la Porte de la Meilleraye, f 1713, âgé de 82 ans. Son oncle maternel, le cardinal Mazarin, l'institua, avec son mari, ses héritiers et légataires universels, à la charge de porter le nom et les armes pleines de Mazarin, et de substitution graduelle et perpétuelle ; ce qui fut confirmé par les testament et codicille, que fit Mazarin les 6 et 7 mars, autorisés par lettres patentes vérifiées en parlement le 5 août 1661. Cf. le P. ANSELME, t. IV, p. 463 et t. V, p. 625-626 ; A. RENÉE, les Nièces de Matarin, p. 291-348, etc. Elle donna quatre enfants à son mari un fils, Paul-Jules de la Porte-Mazarini, et trois filles. - 52 - princesse de Tarente 1, à Monsieur de Givry, lieutenant de roi à Mouzon et premier échevin de Melz 2, à Messieurs Morel et Benoisl, intéressés aux cinq grosses fermes de France, et pour des présents de même nature envoyés à Monsieur et à Madame de Fuchsamberg, à leur château du Faucon, en reconnaissance des services que le grand-maître des eaux-et-forêts a rendus à la ville pour recouvrement des deniers des étapes. Pendant la seconde année de son exercice, en 1669-1670, Jean Roujoux n'a que deux dépenses extraordinaires à payer 1° au sieur Paul Didier, 70 1. 17 s. 6 d. pour dragées par lui fournies à la ville et présentées nous ne savons à qui ; 2° au cirier Jean Maget, 56 1. pour le luminaire fourni au service funèbre de défunt Monsieur le marquis de Fabert, gouverneur en survivance de Sedan. On sait que ce jeune homme—il n'avait alors que dix-huit ans — fut tué à Candie, le 25 juin 1669, à la tête du régiment de Lorraine, qu'il commandait. Nommé coadjuteur de l'archevêque de Reims, Charles-Maurice Le Tellier 3 visita son diocèse. Son entrée à Sedan donna lieu à diverses dépenses, qui figurent dans le compte de l'année 1670-1671. Le receveur Nicolas Richard paie 525 liv. au sieur Jean Roujoux, qui a livré les fournitures nécessaires au dais archié1 archié1 de la Trémoïlle, prince de Tarente et de Talmont, etc. 1620 •- 1672, général de la cavalerie des Etats de Hollande et gouverneur de Bois-le-Duc, converti au catholicisme le 3 septembre 1670, était le fils aîné de Henry de la Tr., duc de Thouars, etc. 1599 f 1674 et de la sedanaise Marie de la Tour. Il avait épousé, le 1er mai 1648, Amélie de Hesse, fille de Guillaume V, landgrave de Hesse-Cassel et d'Amélie-Elisabeth de HanauMünzenberg, qui mourut huguenote en 1693, à l'âge de 68 ans. Cf. notre Notice armoriale et genéalogique sur la maison de Bouillon-La Tour, 1896, p. 45-46. La bonne Tarente, comme l'appelle sa voisine, Mme de Sévigné, avait une sensibilité exagérée et ne se portait jamais mieux qu'en voyage. Elle avait une façon spéciale de faire le thé et elle en prenait douze tasses tous les jours. Elle était alliée à toutes les maisons royales de l'Europe et il faudrait que toute l'Europe se portât bien, pour qu'elle ne fût pas sujette à perdre ses parents ». Cf. les Lettres de Madame de Sévigné, 1862, t. VII, p. 28, 298 et 299. 2 E. HENRY lui a consacré une notice dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, t. IV, 1897, p. 171. 3 Le P. ANSELME, t. II, p. 92, lui a consacré une notice très détaillée. Ses armes étaient d'azur, à 3 lézards d'argent, au chef cousu de gueules, chargé de 3 étoiles d'or. Nommé coadjuteur de l'archevêque en 1668, il fit son entrée à Reims, le 12 avril 1669, où il fut reçu au bruit des canons et où le vin lui fut présenté dans six brocs. Cf. M. POINSIGNON, Histoire générale de la Champagne, t. III, p. 103. Il semble toutefois que le nouvel archevêque était peu soucieux des réceptions solennelles. Le 5 juin 1673, il écrit en effet à M. de Termes, pour lui annoncer son arrivée à Sedan. Comme j'ai déjà essuyé une fois, lui dit-il, le cérémonial de l'entrée d'un archevêque dans votre ville, je vous prie de dire au sieur curé et aux habitans que je n'en veux absolument aucune ». Cf. JULES DE VROIL, Etude sur Charles-Maurice Le Tellier, dans la Revue de Champagne et de Brie, avril 1879, p. 279. — 53 - piscopal. Puis, comme les laquais du prélat réclament le dais, qui est devenu la propriété de leur maison, il faut leur donner la somme de 88 1. 16 s. pour faire taire leurs prétentions. De plus, il faut payer 20 1. au sieur Brandon, qui a peint les armoiries de l'auguste visiteur, et 66 1. 5 s. pour le prix d'une caque de vin en bouteilles et la dépense des hommes et des chevaux, envoyés exprès à Reims pour la ramener. Ce ne sont pas d'ailleurs les seules dépenses de cette nature que la ville doit régler au bout de cette année. Elle présente pour 133 1. de dragées et de confitures sèches 5 à l'intendante de Choisy, pour 111 1. de vin au maréchal de Créquy 6 et autres visiteurs, enfin pour 332 1. 8 s. de dragées et d'armes à des personnes de qualité, demeurées anonymes, en reconnaissance de divers services rendus. Autres dépenses curieuses 1 le receveur paie 80 1. 9 s. pour la garde de 2,400 vaches qui, venues de la Lorraine, ont passé par Sedan pour se rendre à l'armée de Flandre. Il faut remettre des casaques aux quatre valets de ville, Hiblot, la Montagne, le Prince et le Suisse ; le sieur Roujoux fournit pour 1201. les étoffes et autres marchandises nécessaires, et Thierry Loriot demande 1 Nos grands pères connaissaient un très grand nombre d'espèces différentes de confitures. Cf. le Parfaict Confiturier, qui enseigne à bien faire toutes sortes de confitures, tant seiches que liquides, de compostes, de fruicts, de sallades, de dragées, breuvages délicieux et autres délicatesses de bouche [par LAVARENNE], 1667, in-8°. 2 François de Créquy, marquis de Marines f 1687, 4e fils de Charles de Créquy, duc de Lesdiguières, et d'Anne de Beauvoir du Roure, connu d'abord sous le nom de marquis de Créquy, reçut, le bâton de maréchal en 1668. Le roi lui donna, en 1677, le gouvernement de Lorraine et Barrois et le commandement général en Luxembourg, comté de Chiny, Metz et pays Messin. Cf. le P. ANSELME, t. IV, p. 294 et t. VII, p. 592. Au mois d'août 1670, le maréchal de Créquy fut chargé d'occuper le duché de Lorraine, dont la soumission fut achevée par la capitulation de Longwy, le 24 octobre. En outre il fit, pendant trois hivers consécutifs, un service de police sur toute la frontière du Nord-Est. Cf. C. ROUSSET, Histoire de Louvois, t. I, p. 298-301 et t. II, p. 145. 3 Les deux articles, qui suivent, nous donnent quelques renseignements sur les tracasseries que les Sedanais eurent à supporter, à cette époque, de la part du bureau des traites foraines. Item, la somme de 1,170 1. que le comptable [Nicolas Richard] a payée aux sieurs Adam et Roujoux, pour les frais et dépens d'un voyage par eux fait en la ville de Paris, en conséquence de la permission de Monseigneur l'intendant de Choisy et du résultat de la police pour tâcher d'obtenir de Sa Majesté la liberté d'allouer en cette ville les monnoies étrangères... » Dit le comptable que, lesd. sieurs Adam et Roujoux, élans retournés en cette ville sans avoir obtenu lad. liberté et les habitans de cette ville étans extrêmement vexés par les commis au bureau des traites foraines, qui faisoient payer les droits de toutes sortes de détail d'entrée et sortie, lorsqu'ils excédoient 15 sols, mais même prétendoient faire payer les droits des revenus desd. habitans, lorsqu'ils seraient tirés au-delà de deux lieues de cette ville, ledit comptable aurait, en vertu de la même permission de Monseigneur l'Intendant, été député par le Conseil de police, assemblé le 5e jour d'oct. 1670 ; ensuite duquel il se serait transporté en la ville de Paris, où il aurait séjourné 71 jours, pendant lesquels il n'auroit véritablement pu rien obtenir pour lesd. monnoies étrangères, mais il aurait fait un traité très avantageux pour la ville avec Messieurs les Intéressés, le 18e nov. 1670, comme il appert par led. traité ; les frais et dépens duquel voyage ont été arrêtés, avec les déboursements par lui faits, à la somme de 607 livres... » — 54 — 25 1. pour la façon ; enfin, le fourbisseur Jean Paly livre quatre épées pour la somme de 22 1. 10 sols. Les dépenses extraordinaires sont nombreuses au compte de 1671-1672. Ce sont d'abord 748 1. 7 s. 9 d. pour les vins de présent, dragées, massepains 1, confitures et autres choses présentées à tous les grands et autres personnes de condition, qui ont passé par la ville. La ville doit plaider contre les sieurs de la Ménardière et Adam, qui sont, le premier, lieutenant-général et, le second, procureur au bailliage et siège présidial ; elle gagne son procès, mais après trois voyages faits à la Cour par le conseiller-bibliothécaire du Fresne et qui ne lui coûtent pas moins de 1,511 livres. L'archevêque de Reims, le cardinal Antoine Barberini 2, meurt le 3 août 1671 ; en conséquence, payé la somme de 86 1, tant à Maget, qui a fourni les cierges et les torches au service funèbre, célébré pour le repos de son âme, qu'au sieur Brandon, qui a peint les armoiries 3, employées audit service. Le service des accouchements était, paraît-il, quelque peu négligé. Afin de faire cesser cette anomalie, la ville assure des gages annuels de 18 1. à la matrone Béatrix Protin. Parmi les dépenses extraordinaires, il convient de mentionner celles qui sont occasionnées par le passage de l'armée de Monseigneur le Prince. On sait que les troupes françaises qui allaient envahir la Hollande, furent d'abord partagées en deux armées le corps de Turenne, rassemblé à Charleroy, suivit la Sambre, puis la rive gauche de la Meuse ; le corps de Condé, rassemblé à Sedan, suivit la rive droite de ce fleuve et traversa l'Ardenne jusque vers la ville de Liège 4. Le camp de Condé fut établi à la Chapelle, entre Sedan et Bouillon ci, 60 1. à Jean Lepage et à ses ouvriers, qui ont travaillé à l'amendement du chemin de Bouillon. De plus, on paie cette année 826 1. 8 s. 6 d. 1 On avait encore l'habitude de parfumer les liqueurs et les pâtisseries. Ainsi les massepains étaient toujours musqués, de même que les confitures. Cf. le Parfaict Confiturier, etc., p. 127 2 Antoine Barberini, troisième fils de Charles Barberini, duc de Monterotundo, et de Constance Magalotti, neveu du pape Urbain VIII, était évêque de Poitiers depuis le 16 août 1652, lorsqu'il fut nommé, le 27 juin 1657, à l'archevêché de Reims, dont il ne prit possession personnelle que le 22 décembre 1667, l'ayant prise par procureur le 4 octobre précédent et en ayant prêté serment le 2 décembre de la même année. Il mourut dans son château de Nemi, à six lieues de Rome, le 3 août 1671, en sa soixante-quatrième année. Cf. le P. ANSELME, t. II, p. 91. On trouvera une biographie plus détaillée du cardinal A. Barberini, avec un fragment de généalogie de la maison de Barberini dans le P. ANSELME, t. VI11, p. 291, au chapitre des grands aumôniers de France. 3 Qui étaient d'azur, à 3 abeilles d'or. 4 Cf. C. ROUSSET, Histoire de Louvois, t. I, p. 354 et 522 ; le duc D'AUMALE, Histoire des princes de Condé, t. VII, p. 315 et suiv. - 55 - au forestier des bois d'usages, Thomas Misset, soit 130 1. de plus que d'ordinaire ; car il a fallu chauffer Monseigneur et sa suite. On lui donne en outre 93 1. 2 s. 6 d. parce qu'il a fait couper et charrier les fourches et autres bois nécessaires pour construire des baraques aux soldats de l'armée, de peur qu'ils n'aient songé à couper les arbres et à commettre d'autres désordres. Mais cette sage précaution fut malheureusement inutile ; car l'armée commit dans les bois de Sedan de nombreuses déprédations, que le grand-maître des eaux-et-forêls, Renart de Fuchsamberg, constata dans son procès-verbal du 20 mai 1. Si jusqu'alors la région de Sedan formait une intendance particulière, sous le nom de frontière de Champagne », la ville n'avait pas à loger l'intendant. Désormais ce fonctionnaire va demeurer au château et la ville dépense, pour assurer son logement, la somme de 2,614 1. 17 s., répartie en douze articles. Il convient en effet de réparer les âtres des cheminées, de mettre des carreaux aux fenêtres, de blanchir les murailles et d'y tendre des tapisseries de bergame ou de haute lisse ; de fournir de châlits avec des paillasses rembourrées de crin, des draps et des couvertures, le linge et les serviettes, enfin des chaises recouvertes en peau de roussi, sans compter les menus ustensiles. La grosse dépense fut naturellement pour l'achat des tapisseries qui avaient été livrées par le sieur Cottin 2. 1 Cf. JULES VILLETTE, Passage de l'armée de Condé à la Chapelle en 1672, dans les Bulletins du Musée de Sedan, t. I, p. 153 et suiv. — Le compte de l'année 1672-73 comprend aussi d'autres dépenses pour le même objet payé à Jean Evrard et Nicolas Maréchal, demeurant à Bouillon, 61 livres 5 sols, pour avoir travaillé au chemin qui descend à Bouillon et à celui qui est au-delà, par ordre de M. de Termes, pour y faire descendre le canon et les équipages de l'armée; — payé 101 1. aux communautés de Noyers, Thelonne, Bazeilles, Givonne et Wadelincourt, pour de la paille fournie aux troupes du roi, qui étaient campées dans la prairie de Sedan, lorsque mondit seigneur le Prince alla en Hollande. 2 Au reste voici le texte des articles en question Item, la somme de 23 1. qu'il le comptable a payée tant à Genin, maçon, qui a travaillé aux âtres des cheminées de l'appartement de Monseigr l'Intendant au château, qu'à Marnoy, qui a blanchi ; Item, la s. de 1651. qu'il a payée tant à Richard, menuisier, qui a fait les chaises, chalits et autres ouvrages de menuiserie aud. appartement qu'à Simon Walfrang, qui a fourni les clous nécessaires ; Item, la s. de 125 1. payée aux ouvriers vitriers qui ont travaillé tant aux fenêtres dud. appartement qu'ailleurs ; Item, la s. de 943 1. 11 s., qu'il a payée au sieur Cottin pour le prix des tapisseries, tant de bergame que de haute lice, qui sont aud. appartement ; Item, la s. de 77 1. 10 s., qu'il a payée tant à Mlle Conart qu'à Marie Pigeay, pour toiles crues employées aux chaises et paillasses dudit appartement ; Item, la s. de 146 1. 10 s., qu'il a payée à plusieurs marchands, tant pour crin que laine, employés aux chaises et matelas dud. appart.; Item, la s. de 396 1. 5 s., qu'il a payée au sieur Roujoux, marchand, pour avoir fourni les étoffes nécessaires pour les lits, tapis et chaises dud. appart.; Item, payé à Jean Chevillette et Boulande, maîtres tapissiers en cette ville, la s. de 285 1., 15 s., pour avoir fourni les couvertes pour lesd. lits et autres choses ; Item, payé la s. de 146 I., qu'il a payée à Pierre Tauxier, me tapissier, tant pour avoir - 56 - VI Au cours des années suivantes, les dépenses extraordinaires, nécessitées par les travaux des fortifications et le service des étapes, sont telles que la ville ne peut payer la plus grande partie des renies qu'elle a créées. Parmi celles qui sont couchées en renseigné, figure naturellement l'année de rente due à l'Académie de la R. P. R. Cependant l'octroi des vins s'élève pendant l'exercice 1672-1673 à la somme de 7,897 1. 15 s. pour l'entrée ou le passage de 2,153 pièces de vin de Champagne, déduction faite de la 25°, et de 399 pièces de Beaune ; l'octroi des eaux-de-vie s'élève à 4,283 1., portant sur 245 pièces, jauge d'Orléans. Le receveur Hilaire Roujoux paie 429 1. pour les vins de présent, dragées, massepains et autres choses présentées à tous les grands et aux autres personnes de considération, qui ont passé par la ville. Il paie en outre 520 1. pour les récompenses, gratifications et présents offerts aux personnes de qualité, dont la ville a eu besoin de se ménager l'assistance et la protection. Le sieur Moyse Guérin fournit, moyennant 22 1., un tableau représentant le roi et la reine et que l'on place dans la chambre de M. le Major 1. Enfin la ville doit assurer en partie à ses frais le service des courriers, adressés au prince de Condé et au sieur des Carrières, l'agent français à Liège 2 ; ci, 549 1. 18 sols. Pendant la seconde année du compte d'Hilaire Roujoux, en 1673-1674, les revenus de la ville, suivant son expression, ont été tellement consommés qu'il a été impossible de payer aucunes rentes. Les présents, faits aux visiteurs de marque, s'élèvent à 1,387 1. 13 s. D'autres présents, pour la somme de 1,242 1., sont accommodé et tendu les tapisseries que [pour] plusieurs autres ouvrages par lui faits aud. appartement ; Item, payé à Jean Desroches la s. de 48 1. 4 s., pour des peaux de roussi, qu'il a fournis pour couvrir les chaises dud. appart.; Item, la s. de 483 1. 7 s., qu'il a payée tant au sieur Cottin qu'à d'autres particuliers, poulie prix des draps, serviettes et autres linges nécessaires pour mondit seigneur l'Intendant ; Item, la s. de 32 1. 5 s., qu'il a payée à Miget, à Jean Lejeune pour mêmes ustensiles fournis aud. appartement. 1 Plaçons ici en note l'article suivant, emprunté aux Comptes des bâtiments du roi, publiés par J. Guiffrey, t. 1, p. 543 Payé le 31 octobre 1672 au sieur Silvestre, pour cinq planches qu'il a gravées, représentant l'une la vue du palais des Thuilleries, une autre le plan du jardin, et les trois autres la ville de Sedan, à 500 1. chacune planche..., 2,500 1. » — Il s'agit du n° 2,268 de la Chalcographie du Louvre. 2 On trouvera des renseignements sur le rôle actif, joué par ce personnage dans HENRI LONCHAY, La principauté de Liege, la France et les Pays-Bas au XVIIe et au XVIIIe siècles, 1890, p. 101, et ID., La Rivalité de la France et de l'Espagne aux Pays-Bas 1635-1700. étude d'histoire diplomatique et militaire, 1896, p. 269. Cf. aussi JOSEPH DARIS, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège pendant le XVII' siècle, 1877, t. II, p. 58, 71, 74. - 57 — offerts aux personnes de qualité, qui ont servi la ville au fait du passage fréquent des troupes de Sa Majesté et dont elle a été libérée pour partie. A deux reprises différentes les sieurs Péron et Richard vont à Metz présenter les hommages de la ville au nouvel intendant, Poncet de la Rivière et lui recommander ses intérêts pour le remboursement des étapes et de la subvention ; coût 515 1. La ville dépense en outre 518 1. 9 s. 3 d. pour refaire ses affûts de canons. Il lui faut aussi se préserver des courses des ennemis; car la frontière française est souvent violée. En conséquence, payé pour les présents donnés à M. le prince de Chimay et pour la voiture du vin envoyé aud. seigneur prince, pour tacher d'avoir sa faveur pour la conservation des villages de ce gouvernement, à [cause de] rétablissement des contributions que les ennemis demandoient et de leurs menaces, la somme de 599 1., suivant le résultat [du Conseil] de la police, en cette somme non compris la dépense du sr Billot, qui a fait plusieurs voyages à cet effet à Luxembourg », L'article suivant du compte est aussi fort explicite à cet égard Dit encore ledit comptable qu'il a fait recepte de la somme de 440 1., à laquelle se trouve monter la ferme de la gabelle des bières des villages de la souveraineté de Sedan, outrée à François d'Illy, suivant l'adjudication du 29 juillet 1673. Néanmoins la vérité est que, quelques diligences et poursuites qu'il ait pu faire contre ledit François d'Illy, il lui a été impossible d'en toucher que 7 1., se défendant de la non-jouissance de lad. ferme par la cause de la guerre qui a obligé, dans le cours de cette année, les habitans de chacun des villages de s'enfuir et de se retirer dans les villes, ajoutant même que, la meilleure partie des villages n'ayant point été en contribution durant lad. année, lesd. habitans auroient été contraints de les quitter et abandonner et de prendre parti dans les troupes de Sa Majesté ; en sorte que ledit comptable, voyant qu'il ne pouvoit pas avoir de raison dud. François d'Illy, il l'auroit fait exécuter en ses meubles et pris par exécution ses immeubles ; ci, 133 1. ». Envisagée sous cet aspect, la guerre de Hollande paraît moins triomphante 1. Sera continué. Stéphen LEROY. 1 Cf. aussi M. POINSIGNON, Histoire de la Champagne et de Brie, t. III, p. 123. — 58 — CHRONIQUE I. Un uniforme de polytechnicien ardennais à l'Exposition universelle de 1900. Les Ardennais qui oui visité l'Exposition centennale de peinture au Grand Palais des Champs-Elysées ont pu y admirer un portrait de Méhul par le baron Gros 1; mais il en est peu, je pense, sauf les fureteurs, qui, en parcourant les salles de l'Exposition rétrospective des Armées de terre et de mer, aient remarqué dans son recoin une pancarte portant cette inscription Habit et bonnet de police de TOUSSAINT, né à Mézières le 6 thermidor an IV, élève de l'Ecole Polytechnique, promotion de 1814, mort en 1858 Directeur de la Cristallerie de Baccarat. 2 Le regard s'arrête sur le modeste uniforme, d'un bleu sombre fané par le temps, et l'esprit évoque cette promotion polytechnicienne de 1814, dont l'histoire, glorieuse et tourmentée, est intimement mêlée à la chute du Premier Empire et aux troubles de la Première Restauration. La description de ce costume, qui fut porté par un enfant des Ardennes 3, intéressera certainement nos lecteurs et remettra en mémoire le nom d'un homme qui, malgré son passage dans une haute école et le poste élevé auquel il parvint, semble aujourd'hui totalement inconnu de ses compatriotes. L'habit et le bonnet de police de Toussaint se trouvaient à l'Exposition rétrospective des Armées de terre et de mer, rue des Nations, dans une salle voisine de celle où étaient exposés les uniformes russes et allemands; la vitrine contenant les deux objets portait le numéro 26 et était placée dans un angle, du côté opposé au quai de la Seine. L'habit est en drap d'un bleu sombre, presque noir, avec des 1 Ce portrait vient d'être offert au Musée Carnavalet par son propriétaire, M. Chassériau. 2 Légère inexactitude Toussaint était, au moment de sa mort, Administrateur de la Cristallerie. 3 M. G. Pinet, à la page 487 de son Histoire de l'Ecole Polytechnique Paris, Baudry et Cie, 1887, gr. in-8°, donne un état numérique des élèves admis à l'Ecole Polytechnique depuis sa fondation en 1794 jusqu'en 1883. — Le département des Ardennes a fourni 35 élèves pour les années 1794-1804 et 139 élèves pour les années 1805-1883; ce qui fait un total de 174 élèves pour une période de 89 ans soit une proportion de 5, 437 par 10000 habitants. Les Ardennes occupent le neuvième rang et viennent après la Seine, la Moselle, la Côte-d'or, la Meurthe, la Meuse, le Doubs, le Bas-Rhin et le Jura. - 59 - retroussis de même couleur bordés d'un mince liseré rouge et garnis d'une rangée de sept boutons métalliques dorés. Les manches se terminent par un parement de velours brunâtre, à liseré rouge, avec trois boutons dorés. Les deux basques de l'habit, à pans coupés, sont recouvertes chacune en parlie par deux retroussis écarlates de forme triangulaire; à l'extrémité de chacun des retroussis est brodé un lys en soie rouge, aux tons aujourd'hui très effacés, ce qui fait quatre lys pour les deux basques. Chaque lys est cerclé de noir. Les basques ont en outre chacune trois boutons semblables à ceux des retroussis du collet et des manches, mais de dimension plus grande. Tous les boutons, ronds et métalliques, sont ornés de trois minuscules fleurs de lys que surmonte une couronne royale; ils portent ces mots en petites capitales ÉCOLE ROYALE POLYTECHNIQUE. Le bonnet de police 1 est, comme l'habit, en drap bleu sombre; il est passementé et comme filigrané d'une foule de dessins et d'attributs militaires dont la teinte jaune tranche sur le fond bleu. Tous ces ornements semblent comme imprimés sur l'étoffe et non brodés après coup. Les principaux attributs sont des tambours, des haches plantées au milieu de faisceaux antiques; ils constituent des sortes de cartouches, sur l'un desquels j'ai pu lire cette devise en écriture courante Pour la Patrie Les Sciences Et la Gloire. L'absence du pantalon et de la veste rend cette description incomplète, mais les deux pièces qui nous restent sont des reliques d'autant plus intéressantes que l'uniforme de la Première Restauration n'eut qu'une durée éphémère par suite des événements de 1815. Le costume des polytechniciens subit d'ailleurs de fréquentes modifications. Les deux principaux modèles d'uniformes furent celui de la promotion de 1804, qui se porta sans grands changements pendant le Premier Empire, et celui de la promotion de 1823, qui s'est transmis jusqu'à nos jours sans autre remaniement que la suppression des attributs royaux ou impériaux. Une description 1 Une étiquette indiquait que ce bonnet de police appartenait au peintre Détaille. Le bonnet était suspendu de telle façon qu'il était difficile d'en bien voir tous les détails. - 60 - sommaire de ces deux types 1 fournira de curieux points de comparaison avec l'uniforme intermédiaire et transitoire qu'a revêtu Toussaint. La grande tenue de l'uniforme de 1804 comportait un habit bleu national à la française, avec collet montant en drap écarlate et revers blancs; les pattes et parements étaient noirs, les contreépaulettes bleues, les boutons dorés, les retroussis en drap écarlate et de forme triangulaire. Le costume comprenait en outre une veste en drap blanc très fin, une culotte de môme couleur, des guêtres de toile blanche, enfin un chapeau à trois cornes bordé de galon noir et de ganse jaune et orné de deux palmettes en soie bleue el de la cocarde nationale. — La petite tenue se composait d'un surtout en drap bleu avec parements noirs, d'une veste de même étoffe et de guêtres d'estamette noire, d'une redingote croisée de drap bleu, d'un bonnet de police à liseré écarlate et à gland jaune, de la giberne et du havresac. La promotion de 1823 inaugura l'uniforme devenu depuis si populaire, c'est-à-dire l'habit à un seul rang de boutons, à revers rouges avec les parements et le col de velours noir, les boutons de l'artillerie et du génie et le chapeau à deux cornes porté en bataille. — Sous Louis XVIII, le bout des basques de l'habit était orné de deux grenades et de deux fleurs de lys dorées ; aux extrémités du collet de velours noir, étaient brodées en or deux branches de laurier qui embrassaient une fleur de lys; au lieu d'épaulettes, deux cordons ou tresses d'or. C'était l'habit de grande tenue. Sur la couture du pantalon, correspondaient deux bandes rouges séparées par un cordon de même couleur. — La petite tenue était de même forme, mais toute en bleu, sans la moindre couleur rouge. CHARLES HOUIN. II. Les objets d'art religieux appartenant aux églises des Ardennes à l'Exposition rétrospective de l'art français 1900. Le Petit-Palais des Champs-Elysées, qui était, sans conteste, l'attrait principal, ou, tout au moins, le plus artistique de l'Exposition universelle de 1900, renfermait quelques objets d'art religieux appartenant aux églises des Ardennes, et classés comme monuments historiques. En première ligne, la croix de 1 L'excellente Histoire de l'Ecole Polytechnique par M. G. Pinet renseigne amplement sur ce sujet; mais le livre est muet sur l'uniforme de 1814. II est fort probable que l'habit de Toussaint appartenait à sa grande tenue; le bonnet de police, naturellement, était un accessoire de la petite tenue. - 61 - Blanchefosse, provenant de l'abbaye de Bonnefontaine, aux beaux nielles et filigranes » qu'un compte-rendu très autorisé du Journal Officiel 1 cite parmi les plus remarquables. Avec elle, le Bras-Reliquarie de Mairy, et les Reliquaires de l'église de Murtin sont, à peu près, les seuls restes de l'art médiéval dans nos pauvres églises. Ils ont passé inaperçus à côté des merveilles, si riches en leur barbarie, de Conques et autres trésors. P. COLLINET. III. Une nouvelle médaille de bornage de l'arpenteur Jacotin. La Revue d'Ardenne et d'Argonne2 avait décrit, en 1896, une de ces médailles dont l'arpenteur Jacotin, de Condé-lez-Vouziers, se servait comme de témoins de bornage. M. H. D., en réponse à une question posée dans l'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux 3, donne la description d'une médaille absolument semblable et qui fait partie de sa collection. Elle a 35 millimètres de diamètre et 1 millimètre et demi environ d'épaisseur. Sur l'une de ses faces, elle porte BORNE PLANTÉE PAR JACOTIN 1788 Sur l'autre, se trouve une sorte de boussole ou étoile de huit rayons surmontée d'une fleur de lys avec cette légende sur le pourtour ARPENTEVR, ROYAL A CONDÉ-LES-VOUZIER Deux autres médailles semblables existent dans la collection Flamanville du musée municipal de Charleville. Toutes ces médailles de bornage ont été certainement coulées dans le même moule. Elles sont fondues en plomb et d'un modèle identique. La date seule variait le changement était obtenu en variant d'anuée en année, dans le moule, la matrice du dernier chiffre du millésime qui était mobile 4. CHARLES HOUIN 1 N° du 18 oct. 1900 p. 3,847.— Mais Blanchefosse n'a jamais été du département de la Marne, quoiqu'en disait l'étiquette du Petit-Palais et qu'en dise l'écrivain du Journal Officiel. 2 Rev. d'Ardenne et d'Argonne, tome IV, p. 215. 3 Interméduire des Chercheurs et des Curieux, n° du 1 avril 1900. 4 Le numismate qui dans l'Intermédiaire cache son nom sous les initiales de H. D., cite la Revue d'Ardenne et d'Argonne. Serait-il ardennais? Dans ce cas, la Revue serait heureuse de recevoir des articles sur les pièces curieuses de sa collection. - 62 - COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Voyage en France, par ARDOUIN-DUMAZET. — 21me série HauteChampagne, Basse-Lorraine Aube, Haute-Marne, Meuse, parties des Ardennes, de la Côte-d'Or, de la Marne, de Seine-et-Marne et des Vosges, avec vingt-sept cartes ou croquis, — 22e série Plateau Lorrain et Vosges Meurthe-et-Moselle, Vosges, parties de la Meuse, de la Haute-Marne et de la Haute-Saône, avec vingt-sept cartes ou croquis. — Paris-Nancy, Berger-Levrault et Cie, 1900 ; 2 vol. in-12. 415 et 423 pp. 3 fr. 50 chaque volume. M. Ardouin-Dumazet, poursuivant sa tâche avec un zèle infatigable, vient d'ajouter coup sur coup deux nouvelles séries à son remarquable Voyage en France. On en goûtera, comme dans les séries précédentes, le charme pittoresque et varié, la fraîcheur des impressions, la sûreté des informations les plus diverses sur les pays qu'il a traversés on se sent en face d'un homme qui a vu réellement les régions décrites et qui sait les faire voir. Le don d'observation aiguë, l'amour des paysages de France, la parfaite sincérité de l'auteur, font que, souvent, dans les contrées les plus rebattues et les plus décrites, il sait trouver un aspect nouveau ou des recoins ignorés, que dans les cantons les plus dédaignés et les plus ternes, il sait découvrir une beauté insoupçonnée. Il y a lieu aussi de louer en lui le géographe qui a respecté les vieilles appellations des pays » français et montré leur importance dans la vie provinciale. Les deux nouveaux volumes n'offrent pas pour nos compatriotes, et cela se comprend, l'attrait de la 20me série où l'écrivain nous avait promenés dans le Rethélois, le Porcien, la Thiérache, et au sein même de l'Ardenne. Mais, outre l'intérêt général que nous devons attacher à l'étude des contrées voisines de la nôtre, il se trouve que la lecture de ces deux livres nous vaut encore une ample récolte de renseignements et de notions utiles pour la connaissance des pays ardennais et argonnais. La 21me série surtout est particulièrement intéressante à cet égard. A l'occasion du champ de bataille de Valmy, l'auteur dépeint une partie de la Champagne pouilleuse qui appartient à notre département, parcourt le Dormois, les vallées de la Py, de l'Alin, de l'Aisne, d'Attigny à Vouziers; peut-être est-il un peu bref sur cette dernière. Puis il consacre deux chapitres pleins de vie et de couleur à l'Argonne, à ses forêts, à ses défilés ; il a des pages fraîches et charmantes sur les vallées de la Bar, de l'Aire, de la Biesme, sur les bourgades pittoresques, Grandpré, Apremont, Varennes,Clermont, les Islettes. Enfin de précis détails sur le Verdunois et les Côtes de Meuse nous font connaître deux régions qui sont intimement liées à la constitution géographique de notre département. Dans la 22me série, spécialement consacrée à l'étude du Plateau Lorrain et des Vosges, quelques glanes s'offrent çà et là, qu'il faut se garder de mépriser. Le premier chapitre, par ses notes sur les vallées de la Meuse entre Dun et Mouzon, de la Chiers entre Montmédy et Carignan, sur le champ de bataille de Beaumont, sur St-Walfroy et Avioth, nous renseigne sur ce pays curieux, partagé entre plusieurs départements et qu'on a dénommé le Luxembourg français. Charles HOUIN. — 63 — Mémoires du duc de Rovigo, pour servir à l'histoire de l'empereur Napoléon. — Edition nouvelle, refondue et annotée par Désiré LACROIX. Paris, Garnier frères, 1900 tome 1er, in-18 de VII-X-563 pp. Savary, duc de Rovigo, naquit à Marcq canton de Grandpré, arr. de Vouziers le vingt-six avril 1774, et à ce titre une réimpression de ses Mémoires ne peut qu'intéresser les Ardennais. Il en avait publié lui-même en 1828 une première édition en huit volumes in-18, chez Bossange à Paris. Une seconde édition parut en 1829, également en huit volumes in-18, mais avec des notes explicatives pour répondre au déchaînement de lettres, protestations, brochures et pamphlets émanant de ceux que le duc de Rovigo avait mécontentés ou mal appréciés dans leurs actes. C'est cette seconde édition que M. Désiré LACROIX, ancien attaché à la Commission de la correspondance de Napoléon 1er, réimprime aujourd'hui en cinq volumes, dans la Bibliothèque de Mémoires historiques et militaires sur la Révolution, le Consulat et l'Empire », en y ajoutant des annotations personnelles et une notice sur le général Savary. Il est à remarquer que Savary ne donne aucun détail sur sa famille ni sur les années de son enfance passées dans la province natale de 1774 à 1783, date à laquelle il fut admis comme élève du roi au collège de St-Louis à Metz. Il consacre trois lignes à son père. Ponce Savary, cet honnête major du château de Sedan, et court aussitôt aux évènements de la Révolution. Cette lacune est regrettable pour les Ardennais le duc de Rovigo pensait sans doute qu'il avait trop de choses mémorables à raconter pour s'arrêter à ces détails qui, à côté de la valeur intrinsèque des Mémoires, auraient vivement intéressé tous ses compatriotes 1. Charles HOUIN. Le Second Empire, deux décembre 1851 — quatre septembre 1870, sous la direction de M. Armand Dayot, d'après des peintures, gravures, photographies, sculptures, dessins, médailles, autographes, objets du temps. — Paris, Ernest Flammarion, 1900 ; vol. in-4° oblong de 348 pp. Prix 15 francs, broché. Cet ouvrage remarquable est une reconstitution par l'image de la vie et des événements du Second Empire. Il intéresse les Ardennais par la reproduction de diverses épisodes de la bataille de Sedan. Voici la liste des gravures Portrait du général Margueritte, d'après une photographie faite à Alger en 1868, — Le général Margueritte à Floing, d'après le tableau de M. Eugène Titeux. — Les troupes françaises se réfugiant dans Sedan par la porte des fortifications, d'après une gravure allemande collection du Musée Carnavalet. — Charge de cavalerie française à Floing, d'après un tableau de Frantz Adam à la National-Gallerie de Berlin. — Charge de la cavalerie française a Floing, d'après le tableau de Henri Lang à la National-Gallerie de Berlin. — Le général Reille apportant au roi Guillaume la lettre de capitulation de l'Empereur Napoléon III, d'après un tableau de Werner au Musée de l'Arsenal, à Berlin. C. H. 1 On trouve des renseignements sur Ponce Savary et sur ses autres enfants dans La Jeunesse de Napoléon de M. Arthur Chuquet et dans la Revue historique ardennaise de 1899. Mais ce sont documents secs, des états de service, des curricula vitae, plutôt qu'une reconstitution vivante d'une famille militaire au XVIIIe siècle. — 64 — BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE Géographie pittoresque et monumentale de la France, par Charles BROSSARD, Paris, E. Flammarion, 1901. [Le tome III La France de l'Est, inaugure sa publication par deux livraisons 81-82 consacrées au département des Ardennes. Les pages, qu'on désirerait encore plus précises, renferment de nombreuses illustrations en noir et en couleurs. — Les liv. 83 et 84, qui viennent de paraître aussi, contiennent la description du département de la Marne.— Prix de chaque fascicule in-8° Jésus 60 centimes]. Catalogue raisonné et descriptif des Plantes vasculaires du département des Ardennes, par A. CALLAY, ancien pharmacien au Chesne. — Préface de E. BOURQUELOT. — Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences, publié' sous les auspices de la Société d'histoire naturelle des Ardennes, orné du portrait de l'auteur, précédé d'une Description orographique et géologique avec carte géologique coloriée et d'une Etude de géographie botanique, par F. BESTEL. — Charleville, Edouard Jolly, 1900 ; 1 vol. in-8° de XXIII-455 pp. Prix 6 francs pour les souscripteurs. Mémoires du comte Gaspard de Chavagnac 1638-1669. — Edition originale de 1699, revue, corrigée et annotée par JEAN DE VILLEURS. — Paris, E. Flammarion, s. d. [1900] ; 1 vol. in-18, XV-468 pp. [Beaucoup de passages concernent les La Tour et les Bouillon, FrédéricMaurice, Godefroy-Maurice et surtout Turenne]. Les Maréchaux de l'Empire, par GÉRARD DE BEAUREGARD. — Tours, Alfred Marne et fils, 1900 ; un vol. in-4° de 327 pp. avec illustrations. — Prix 9 francs. [On y trouve, aux pp. 255-267, une biographie du maréchal Macdonald, duc de Tarente, avec le portrait du maréchal et une gravure]. PÉRIODIQUES Almanach-Annuaire de la Marne, de l'Aisne et des Ardennes, édité à Reims par H. Matot, 1901, 43e année 1 franc. [H. Jadart, Quelques vieux arbres de la contrée Marne, Aisne, Ardennes, pp. 120-157 4 grav.. 1. — L. Bossu. Un Mariage dans la Chevalerie Lorraine en 1711, pp. 164-1682. — Dr Beugnies, Les Grottes, du Nichel, à Givet, pp. 177-182 5 grav.. — Dom A. Noël, Notice générale sur le Canton de Monthermé suite, pp. 183-211. — G. Piesvaux [de Chaumont-Porcien], Nos Pommiers, Au Pressoir de chez nous poésies, pp. 212-213 2 grav..—Dr Séjournet, Les Ardoisières des Ardennes suite et fin, pp. 273-286. — J. Poirier, La Défense de Bazeilles en 1870 31 août et 1er septembre, pp. 323-340 4 grav., une carte. — Al. Baudon. Les Réquisitions de guerre à Rethel en 1525 et en 1543, pp. 341-359]. 1 Cf. Rev. d'Ardenne et d'Argonne, t. VIII, p. 15. 2 Cf. Ibid., t. VII, p. 242. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. ESSAI SUR LA FAMILLE DE SALNOVE L'aventure héroï-comique, relative à l'enlèvement et au mariage de la marquise de Bourbonne, et que le sottisier G. Tallemant des Réaux 1 a narrée d'une façon si piquante, nous avait suggéré l'idée d'établir la généalogie de la famille de Salnove 2. Mais par suite des difficultés rebutantes éprouvées pour réunir les matériaux indispensables à l'édifice, nous avons dû abandonner ce beau projet, en utilisant seulement les pièces qui se sont offertes à nos yeux. Impuissant à grouper le tout sous l'égide de l'auteur principal, nous avons rappelé séparément chaque branche ou seigneurie, avec sa descendance propre. Puissent ces premières données servir de jalons à d'autres collègues plus heureux, dont le succès récompensera les efforts infructueux de notre bonne volonté! CHAPITRE PREMIER. Guillaume de Salnove épousa Jeanne Bachelier 3, fille de Thomas Bachelier, et d'Agnès, dame de Montigny et de la Croix en Soissonnais 4, près Château-Thierry. Pierre de Salnove, leur fils, est probablement le même que Pierre de Salnove, homme d'armes dans la compagnie du maréchal de la Marck, en 1334. Il fut marié en premières noces à N... Bachelier, et en secondes noces à Nicole de Gernicourt, fille de Pierre, sieur de Gernicourt 5, et de Villers-Hélon 6, et d'Antoinette de Chastillon 7. 1 Les Historiettes, 3e édition, tome VI, pages 39 et suiv., sur l'enlèvement de Mlle de Salnove. — Voir aussi, dans la Revue de Champagne, tome XV, 8e année, 1883, page 250 Acte de plainte formée devant le Prévôt de Mézières, et deux pièces relatives au commencement d'instruction contre M. de Saint-Etienne. 2 Salnove en Genévois Palé d'argent et de gueules de 6 pièces, à la bande d'or, brochant sur le tout. 3 Bachelier seigneurs de Montigny et de Montmajon, maintenus en 1667 sur production remontant à 1540 d'argent, au chevron d'azur, accompagné de 3 molettes de gueules. 4 La Croix, canton de Neuilly-Saint-Front, arrondissement de Château-Thierry Aisne. 5 Gernicourt, canton de Neufchâtel-sur-Aisne, arrondissement de Laon. 6 Villers-Hélon, canton de Villers-Cotterêts, arrondissement de Soissons. 7 Chastillon il s'agit ici de la puissante famille des seigneurs de Châtillon-sur-Marne, dont nous avons eu l'occasion de parler dans un précédent travail. Cf. Le cartulaire du Prieuré de Longueau, traduit et annoté par Paul Pellot, in-8°, Arcis-sur-Aube. Imp. Léon Frémont, 1895. REV. D'ABD. ET D'ARG. T. IX, n° 5. — 66 — Du premier lit est provenu Claude de Salnove, auteur des seigneurs de Cuisles. Du second lit sont issus quatre enfants, savoir 1. lsabeau de Salnove, femme de Jean de Milly 1. 2. Marguerite de Salnove, qui s'allia avec Jean de Bucancourt. 3. Jacques de Salnove, qui suit. 4. Antoine de Salnove, seigneur de Gernicourt, marié à une demoiselle de La Logne. de qui il laissa Nicole de Salnove, mariée d'abord avec Charles de Miremont 2, seigneur de Quatre-Champs 3, et ensuite à Jean de Bezannes 4, seigneur de Prouvais S. Du premier mariage Jean de Miremont, seigneur de Quatre-Champs, époux de Claude Herbin. Ester de Miremont, femme de Henri de Bezannes, seigneur de Guignicourt 6. De la seconde union Françoise de Bezannes. épouse de Valentin de Salnove, seigneur de Sapigneul 7. CHAPITRE II. Seigneurs de Cuisles et de Courdemange. I. De Claude de Salnove descend Luc de Salnove, écuyer, seigneur de Cuisles 81, y demeurant, de Livry 9, et de Louvercy 10. Il est nommé dans un acte passé devant Clouet et Frontigny, notaires à Châtillon-sur-Marne, le 5 avril 1601, au sujet d'un traité consenti entre lui et damlle Madge1 Madge1 en 1155, Philippe de Milly, sire de Naplouse, Henri de Milly et Guy de Milly, dit le Français, ses frères, sont témoins de donations faites au Saint-Sépulcre. Cf. Croisés de France, par le vicomte O. de Poli, dans l'annuaire du Conseil héraldique de France pour 1895. 2 Miremont d'azur, au pal d'argent, frettè de sable, et accosté de deux fers de lance d'argent. 3 Quatre-Champs, canton et arrondissement de Vouziers Ardennes. 4 Bezannes ce lignage remonte à Philippe de Bezannes, bourgeois de Reims, mort en 1392, armes d'azur, semé de besants d'or, au lion d'argent, brochant sur le tout. 5 Prouvais, canton de Neufchàtel-sur-Aisne. 6 Guignicourt, même canton. 7 Sapigneul, commune de Cormicy, canton de Bourgogne Marne. 8 Cuistes, canton de Châtillon-sur-Marne. 9 Livry, canton de Suippes Marne. 10 Louvercy, même canton. - 67 - laine du Pont 1, veuve de Claude Briffault 2, écuyer, seigneur de Long-voisin 3, et fils de feu Jehan Briffault, seigneur du même lieu, vivant en 1544. Luc de Salnove mourut le 8 décembre 1602, et fut inhumé dans l'église de Cuisles, ainsi que l'atteste l'inscription suivante que nous devons à la gracieuse communication de notre érudit collègue et ami, M. l'abbé Chevallier, curé de Montbret, membre du Conseil héraldique de France. 1 Du Pont à cette famille appartient René du Pont, écuyer, seigneur du Chesne et de Vaulx, vivant en 1590, qui avait épousé Claude de Staldoste, veuve de Paris de Guérin, écuyer, sieur du Fond de Bonru, paroisse de Champvoisy. 2 En 1618, vivait Judith de Briffault, épouse de Nicolas de Liège, écuyer, demeurant aussi à Longvoisin, et soeur de Marie de Briffault, demeurant à Paris. 3 Longvoisin, aujourd'hui ferme sur le terroir de Ventelay, canton de Fismes Marne. Louis de Salnove, son fils, écuyer, seigneur de Cuisles et de Ville-en-Tardenois 1 en partie, épousa Marie Chevalier. Il assiste, le vingt-quatre juin 1596, au contrat de mariage d'Alexandre de Chartongne, écuyer, seigneur d'Arsonville, dont nous aurons l'occasion de parler plus tard. Il demeurait au château seigneurial de Cuisles, le 18 janvier 1615, date à laquelle, en vertu d'un contrat dressé par Clouet, notaire à Châtillon, Nicolas et Charles le Petit 2, écuyers, seigneurs de la Noue, et damlle Anne le Petit, héritiers de Gilles de Bièvres 3, écuyer, seigneur de la Court, de Jacques et d'Olivier de Bièvres, enfant et petit-enfant dudit Gilles, font une transaction avec les héritiers de défunte Mlle Jehanne de Salnove, femme de Gilles de Bièvres, qui étaient 1° Louis de Salnove, 2° Marie de Bussy 4, épouse d'Antoine de Monspoix 5, écuyer, seigneur d'Ogny 6 en partie, vicomte de Chouilly, 3° Pierre de Salnove 7, écuyer, seigneur de Villeneuve, demeurant à Jonquery 8, 4° Claude de Salnove, écuyer, seigneur de Grigny 9, 5° et Mlle Suzanne de Bussy, femme d'isaac de Villette, écuyer, seigneur d'Ogny en partie. Mme de Bièvre, née de Salnove, Guillemette, Pierre et Claude de Salnove, sont, à n'en pas douter, les frères et soeurs de Louis de Salnove. II. Claude de Salnove, seigneur de Cuisles et de Ville-en-Tardenois, épousa Pérette Goujon de Thuisy 10, morte avant 1635, fille de Regnault de Goujon, seigneur de Thuisy 11, de Vraux 12, et de 1 Ville-en-Tardenois, chef-lieu de canton Marne. 2 Cf., Paul Pellot. Notice sur les Petit de Richebourg, in-8°, 26 p., Arcis-sur-Aube, imp. Léon Frémont 1891. 3 Bièvres seigneur de Veslud, alliés aux familles Duhoux, de Minette, le Roy de Longueville, des Laires, Cauchon, de Beaurepaire, d'Aulnoy. En 1666, David de Bièvres a prouvé une noblesse de six races depuis 1487 ; armes d'argent, à 3 fasces de gueules. 4 Marie de Bussy et Suzanne de Bussy, dont il va être parlé étaient filles de Guillemette de Salnove, mariée à Jean de Bussy, écuyer, seigneur d'Ogny-en-Tardenois, fils de Jean de Bussy et de Jehanne de Miremont. 5 Monspoix nom allié aux familles de Saulx, de Gretz et des Collines. En 1598, Aliénor de Monspoix, fille de Jacques, seigneur de Chouilly, épousa François des Collines, seigneur d'Allemant les Soissons. 6 Ogny, aujourd'hui Aougny, canton de Ville-en-Tardenois Marne. 7 Pierre de Salnove épousa Pierette Dupuis décédée à Jonquery, le 29 novembre 1635, mère de Claude de Salnove, baptisé audit lieu, le 6 août 1617. 8 Jonquery, canton de Châtillon-sur-Marne. 9 Grigny, hameau dépendant de Passy-Grigny Marne. 10 Goujon de Thuisy famille remontant à Erard de Thuisy, chevalier, seigneur du lieu, sénéchal de Reims en 1171 d'azur, au chevron d'or, accompagné de 3 losanges de même. 11 Thuisy, canton do Verzy Marne. 12 Vraux, canton de Châlons-sur-Marne. — 69 - Lusches, sénéchal héréditaire de Reims; et de Marie de Braux1, dame de la Groix-en-Champagne. Il eut de cette union Louis de Salnove, chevalier, seigneur de Cuisles, vivant en 1645, et Claude de Salnove, dame de Cuisles et du Bricot, la fameuse héroïne dont nous avons rappelé les exploits burlesques en tête de cette notice. Nous savons qu'après son épopée, elle prit pour mari, non sans quelque répugnance, le débonnaire Charles de Livron, marquis de Bourbonne, seigneur de Torcenay. Celui-ci était fils de Charles de Livron, marquis de Bourbonne, chevalier des ordres du Roi, grand guidon, puis enseigne des gendarmes de la Reine Marie de Médicis, commandant un régiment d'infanterie au siège de Vérue, capitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances du Roi, gouverneur de Coiffy, de Montigny et de Montbéliard, maréchal des camps et armées de Sa Majesté, l'un de ses lieutenants généraux au gouvernement de Champagne, et de damlle Anne d'Anglure de Savigny. Après le décès de Claude de Salnove, son mari prit l'habit, et devint, en 1668, abbé d'Ambronay 2, siège qui avait appartenu à François de Livron, son frère 3. Le marquisat de Bourbonne lui échut par la succession de son autre frère, Nicolas de Livron, chevalier, conseiller du Roi en ses conseils, lieutenant général en Champagne, maître de camp et sous-lieutenant des gendarmes du Roi, tué à la bataille de Senef ; mais, criblé de dettes, il vendit ce domaine en 1680, à Charles Colbert de Terron, conseiller d'état, intendant supérieur de la Marine, pour la somme de 182,000 livres. Joseph Remy marquis de Livron, seul enfant issu du mariage de Claude de Salnove, naquit le 10 janvier 1653, et mourut à Cuisles le 4 janvier 1687, à l'âge de 34 ans. Son corps fut inhumé dans l'église de ce village le même jour. Divers actes le qualifient chevalier, page de la grande écurie du Roi, mestre de camp de cavalerie, seigneur de Cuisles, de Ville-en-Tardenois en partie, du Brigot, de Chesau et de Pernan. Il avait épousé Françoise Bénigne de Belloy 4, morte le 19 juillet 1 Braux de gueules, au dragon ailé d'or famille anoblie en février 1366, pour services militaires. 2 Ambronay, abbaye bénédictine de la congrégation de Saint-Maur, située dans le Bugey. 3 Cf. Les seigneurie et féauttez de Bourbonne par A. Lacordaire, dans la Revue de Champagne, t. Xll, p. 453 et suiv. 4 Belloy, famille originaire de Picardie, qui fournit ses preuves depuis 1378 d'argent, à 3 fasces de gueules. - 70 - 1694, femme en secondes noces de François Robert Ledieu 1, écuyer, seigneur de Villers-sous-Châtillon, avec lequel elle s'était remariée le 23 mai 1690, et il eut trois enfants de celte union 1° Charles de Livron, décédé à Cuisles le 11 octobre 1684, à l'âge de 4 ans. 2° Marie Almodie de Livron, née à Cuisles le 23 août 1684, baptisée le 5 septembre suivant, qui eut pour parrain haut et puissant seigneur, Mre Hercule de Belloy, chevalier, marquis de Montaiguillon, comte de Belloy, seigneur de Villenauxe, lieutenant-général du roi en la province de Brie, et pour marraine haute et puissante dame Marie-Jeanne de Rouville, épouse de haut et puissant seigneur Mre Marc-Antoine de Savigny, Saladin d'Anglure 2, comte d'Étoges, marquis de Belloy, tous deux représentés par h. et p. seigneur Mre Charles de Livron, abbé, seigneur d'Ambronay, et h. et p. dame Marie de Villemontée, veuve de h. et p. seigneur Mre Hercule de Belloy, chevalier, comte de Belloy, marquis de Montaiguillon, seigneur de Villenauxe, conseiller du Roi en ses conseils d'État, lieutenant général de Sa Majesté en la province de Brie, capitaine des gardes du corps de feu Monseigneur le duc d'Orléans. 3° Remy-Joseph de Livron, né à Cuisles, le 5 juin 1686, dont le parrain a été Mre Michel Larcher 3, chevalier, seigneur marquis d'Olizy 4, grand sénéchal de Vermandois. III. lsaac de Salnove, écuyer, seigneur de Courdemange 5, y demeurant, décédé avant 1611, épousa damlle Antoinette de Chartongne 6, fille d'Etienne de Chartongne, écuyer, seigneur d'Arsonville et de Marie de Lizaines, de laquelle il laissa deux enfants 7 1° Alexandre de Salnove, sieur de Courdemange, y demeurant en 1619, demeurant à Sablons 8 en 1621, marié par contrat du 1 Le Dieu d'azur, au chevron d'argent, accompagné de 3 glands d'or. 2 Anglure d'or, semé de grillets d'argent, soutenus de croissants de gueules. Oger II, seigneur d'Anglure, croisé, prit le premier le nom d'Anglure. 3 Larcher d'azur, au chevron d'or, accompagné en chef de 2 roses d'argent, et en pointe d'une croix patriarcale du même. 4 Olizy, canton de Châtillon-sur-Marne. — Cf. Notes chron. sur les seigneurs de Reuil et d'Olizy, par Paul Pellot. 5 Courdemange, ancien fief, situé à Baslieux sous Châtillon. 6 Cf. Paul Pellot. La famille de Chartongne, in-8, Arcis-sur-Aube, imp. Léon Frémont, 1885. 7 Il y aurait peut-être lieu de rattacher à la même branche Anne de Salnove, femme de Mre Pierre de Chartongne, écuyer, seigneur d'Arsonville, dont la fille, Juliette de Chartongne, fut, le 11 octobre 1676, marraine de Pierre, enfant d'Eustache Regnecourt, manouvrier à Dampleux. 8 Sablons, fief situé à Châtillon-sur-Marne. - 71 — 8 juillet 1618, avec Didière Petit, fille de Gérard Petit, écuyer, seigneur de la Noue, et de Marie le Dieu, demeurant à Sablons. 2° Elisabeth de Salnove, religieuse à l'abbaye d'Ormont 1, en 1611, ainsi que le constatent les deux titres dont voici la teneur 16 juillet 1611. Fleurot, notaire à Pismes. Humble dame Claude de Marie, dame abbesse de l'abbaye N. D. d'Ormont, dame Anne de Beauvais, prieure, dame Margte de Warigny, dame Margte Dorigny, dame Catherine Brillet, et dame Antoinette Petit, toutes religieuses professes de lad. abbaye, reconnaissent avoir reçu de damlle Antoinette Chartongne, Vve de Isaac de Salnove, écuyer, demt à Bailleux, la somme de 300 livres, pour l'entrée de dame Elisabeth de Salnove, sa fille, comme religieuse en lad. abbaye. Témoins vén. et discrète personne Me Jehan Gomont, prêtre docteur de sainte faculté de théologie et curé de Fismes, et Me Jehan Marchand, prêtre, curé de Magneux. Sans date. Fleurot, notaire à Fismes. En présence et pardevant moy François Fleurot, nottaire et tabellion royal au bailliage de Victry, dt à Fymes, et des tesmoins après nommez, vénérable et discrette personne Me Jehan Gomont, prêtre, docteur de saincte faculté de Téologie, doyen du doyenné de Fymes, et curé dud. lieu, a requis et interpellé dame Elizabeth de Sallenove, à présent novisse en l'abbaye nostre dame d'Ormont, comparante en personne, au parloir d'icelle abbaye, de déclarer si voluntairement, franchement et d'une pure et libéralle volunté, elle veult continuer ses voeux qu'elle a faict en icelle abbaye, et faire profession en icelle, suivant le désire et volunté des dames abbesse, relligieuses, prieur et couvent d'icelle abbaye, et de ses parents et amis, laquelle Elizabeth de Sallenove, comparante comme dessus, a faict responce que sans contraincte, ni force, et de sa pure volunté, elle veult continuer son voeu, et faire lad. profession en icelle abbaye, de laquelle interpellation et responce led. sieur Gomont et damlle Anthoinette de Chartoigne, veuve de lsaacq de Sallenove, vivant escuyer, demt. à Bailleux, sa mère, m'ont requis, et leur aye octroyé le présent acte, pour leur servir et valloir en temps et lieu ce que de raison faict en la présence de Loys de Chartoigne, escuyer, sieur de Vauselle, et Me Jehan Marchant, prêtre curé, dt à Magneux, tesmoings qui ont signez avec lad. dame Elizabeth de Sallenove, lesd. sieur Gomont et lad. damlle de Chartoigne. Élisabet DE SALNOVE. A. DE CHARTONGNE. J. GOMONT. J. MARCHANT. L. DE CHARTONGNE. FLEUROT. 1 Ormont, aujourd'hui ferme dépendant de Breuil-sur-Vesles, canton de Fismes Marne Abbaye de femmes de l'ordre de Cîteaux, fondée en 1234, transférée à Meaux en 1629. — 72 — CHAPITRE III. Seigneurs de Gernicourt. I. Jacques de Salnove, seigneur de Gernicourt, époux de Philiberte de Mer, dame de Perthes, en eut Philippe qui suit, Et Robert, qui a donné naissance à la branche de Perthes. II. Philippe de Salnove, vivant en 1557, écuyer, seigneur de Gernicourt 1, s'allia, en 1574, avec Marie de Montigny 2, fille de Benoit de Montigny, écuyer, seigneur de Cramoiselle 3, et de SaintEugène 4, et de Jeanne de Ravenel 5. Il en eut trois enfants qui partagèrent les successions de leurs père et mère, suivant acte dressé par Johin, notaire à Cormicy, le 25 mars 1622; I. Pierre de Salnove, écuyer, seigneur de Gernicourt, demeurant à Bouffignereux 6, marié avec Anne Goujon, fille d'André Goujon, seigneur de Bouzy 7, Coigny et Tours-sur-Marne 8, et de Nicole Noël 9, dame de la Panneterie. Françoise de Salnove, fille de Pierre, et d'Anne Goujon, s'allia avec Henri de Vallon 10, seigneur d'Augy 11 et de Couvrelles12. Elle mourut à Augy, le 20 avril 1693, et son mari décéda lui-même à Couvrelles, le 3 janvier 1668, laissant deux enfants 1° Barbe de Vallon, vivante en 1681. 2° Et Henri-François de Vallon, écuyer, seigneur de Couvrelles et d'Augy, lieutenant pour le Roi au gouvernement de Bouchain, mort à Couvrelles, le 1er août 1694. Pierre de Vallon, son fils vivait en 1696. 1 Gernicourt, canton de Neufchâtel-sur-Aisne. 2 Montigny d'azur, semé de fleurs de lys d'or, au lion naissant d'argent. 3 Cramoiselle, hameau, commune de Cramaille, canton d'Oulchy-le-Château. 4 Saint-Eugène, canton de Condé Aisne. 5 Ravenel de gueules, à six croissants d'or 2-2 et 2, chacun surmonté d'une étoile du même, et une 7e étoile en pointe. 6 Bouffignereux, canton de Neufchâtel-sur-Aisne. 7 Bouzy, canton d'Ay Marne. 8 Tours-sur-Marne, canton d'Ay Marne. 9 Noël d'azur, au chevron d'or, accompagné de deux molettes et un lion d'or. 10 Vallon d'argent, à la bande de sinople, chargée de trois pommes d'or. L'enquête de 1666 sur la noblesse de Soissons, dit que l'aïeul d'Henri de Vallon, fut anobli par lettres du mois de juin 1609, pour services rendus dans les armées. 11 Augy, canton de Braine Aisne. 12 Couvrelles, même canton. — 73 - II. Valérian de Salnove, qui suif ; III. Jean de Salnove, écuyer, seigneur de Gernicourt, époux d'Anne de Stainville, fille de Joachim, seigneur du Buret et de Marie de Rouvroy, qui le rendit père de Marie de Salnove, mariée, par contrat devant Frizon et Prudhomme, notaires à Cormicy, le 20 septembre 1632, à Claude de Maubeuge 1, seigneur de Sery 2, Semide 3, et Gernicourt en partie, fils de Jean, écuyer, et Anne le Danois 4. Le 9 octobre 1646, Claude de Maubeuge, rendit foi et hommage au comte de Roucy, pour les trois quarts de la moitié de la seigneurie de Gernicourt, à lui échus à cause de sa femme, parla succession de sa belle-mère, Anne de Stainville. III. Valérien de Salnove, écuyer, seigneur de Noirval 5, QuatreChamps 6, Gernicourt et Sapigneul 7, y demeurant, épousa Françoise de Miremont 8, fille de Charles de Miremont, seigneur de Quatre-Champs, et de Nicole de Salnove. De ce mariage est née Anne de Salnove, qui s'allia, par contrat du 2 juin 1647, devant Prudhomme, notaire à Cormicy, à Ferdinand de Hédouville 9, chevalier, seigneur de Merval 10, Sapigneul 11, Aguilcourt, lieutenant de la mestre de camp du régiment de chevau-légers de M. le comte de Bourlémont. IV. Marie de Salnove, vivant en 1697, veuve de Salomon du Belloy, seigneur de Soisy-aux-Bois, fait enregistrer à l'armorial de l'élection de Soissons les armes de son défunt mari, qui sont d'argent, à une bande fuselée de gueules, accompagnée de six fleurs de lys d'azur, 3 en chef, posées 2 et 1, et 3 en pointe, mises en bande. 1 Maubeuge vairé, d'or et de gueules. 2 Sery, canton de Novion-Porcien Ardennes. 3 Semide, canton de Machault Ardennes. 4 Danois d'azur, à la croix d'argent, fleurdelysèe d'or. 5 Noirval. canton du Chesne Ardennes. 6 Quatre-Champs, canton de Vouziers Ardennes. 7 Sapigneul, commune de Cormicy, canton de Bourgogne Marne. 8 Miremont d'azur, au pal d'argent, fretté de sable, et accosté de 2 fers de lance d'argent. 9 Hédouville Cf. Paul Pellot, Fragment généalogique et documents sur les familles de Creil et d'Augnoy. 10 Merval, canton de Braine Aisne. 11 Aguilcourt, canton de Neufchâtel-sur-Aisne. CHAPITRE IV. Seigneurs de Perthes. I. Robert de Salnove, écuyer, seigneur de Perthes 1, nous est connu par un acte de foi et hommage conservé aux archives du prince de Monaco. Grâce à l'exquise obligeance et aux savantes recherches de notre érudit compatriote, M. Henri Lacaille, archiviste paléographe, nous pouvons reproduire littéralement la teneur de cet instrument, dont il a gracieusement consenti à copier le texte en vue de ce travail De très haut et très puissant prince et princesse Mgr Louis duc de Nevers, etc., et Henriette de Clèves, etc... Robert de Sallenove, écuyer, seigneur de Perthes-lès-Relhel en partie la sixième, avoue à tenir en foi et hommage 1° La haute justice, moyenne et basse pour lad. 6e partie. 2° Par droit de cette sixième partie, un droit de vesture, soit 4 deniers parisis payés par tout acquéreur d'héritage, dans un délai de 40 jours après l'acquisition. 3° Droit d'exploité, d'amende et deffaults de justice, confis cations, biens vacans et amendes arbitraires pour le 6e. 4° Le 6e du droit de bourgeoisie, soit 2 muids d'avoine, 32 chapons ou 48 poules, au choix des bourgeois, et estimés en deniers 16 liv. tournois. " 5° 12 setiers d'avoine, pour 6e d'un droit payé par chaque laboureur ayant 2 ou 1 cheval, payable à la St Remy. 6° Autre droit payable à Noël, par chaque laboureur ayant 1 cheval, 12 den., soit pour le 6e, vingt sols estimés en deniers. " 7° Sur un autre droit analogue, 60 sols pour le 6e. 8° Droit de chasse et faire chasser en bois et garennes, dans toute l'étendue de la terre et sur tout le terroir; tendre plels. 9° Sa maison, corps et logis, couverte d'escaille, à 2 tourelles 1 Perthes, canton de Juniville Ardennes. 2 Louis de Conzagues, duc de Nevers et de Rethel, prince de Mantoue, pair de France, gouverneur de Champagne, était un des plus lettrés et des plus charitables grands seigneurs de la Gourdes derniers Valois. Son fils unique, Charles de Conzagues. né à Paris, le 16 mars 1580, est le fondateur de Charleville. Cf. Les portraits de Louis de Gonzagues, et de Christophe de Savigny, par Henri Jadart, dans la Revue hist. arde, année 1897, p. 191. 3 Henriette de Clèves signa, avec son mari, le 4 mars 1585, l'acte de fondation du couvent des Cordeliers de la Cassine Arch. du Palais de Monaco. Série T, 49. - 75 - aux extrémités, colombier, cour, grange, escaliers d'une conte nance totale d'environ 90 verges, à 22 pieds par verge. Fait le 26 janvier 1574. Signé R. DE SALLENOVE autogr. original parchemin C. 35. Parmi les descendants de Robert de Salnove, nés de son mariage avec Jeanne de Badingham, sa femme, demeurant à Oulchy-la-Ville en 1626, nous pouvons citer Remy qui suit Et Adrienne de Salnove, née vers 1590, mariée, par contrat passé devant Pauffin, notaire à Rethel, le 30 novembre 1618, avec Charles de Blond, écuyer, seigneur de la Tour, demeurant à Oulchy-la-Ville, fils de Nicolas de Blond, écuyer, seigneur de la Tour, et de Blanche de Vignoles. II. Remy de Salnove, écuyer, seigneur de Perthes, demeurant à Saint-Étienne-à-Arne en 1640, épousa damlle Anne Moët, née à Reims paroisse Saint-Pierre, le 16 juin 1592, fille de noble homme Philippe Moët, procureur du Roi au Présidial, écuyer, seigneur de Brouillet, et de Marie Cauchon 1. Il laissa trois enfants 1° Ponce de Salnove, écuyer, sieur de Perthes et de Courtagnon, demeurant à Juniville, mentionné, le 9 décembre 1648, dans un acte de constitution de rente envers noble homme Jacques de Métayer, officier du gobelet du Roi à Rethel 2. 2° Philippe de Salnove, marié, le 23 février 1637, avec Antoine de Villiers, écuyer, seigneur de Barbaise, fils d'Antoine de Villiers, écuyer, seigneur de Barbaise et Pouilly, homme d'armes des ordonnances du Roi, et de Marie du Pont 3. 3° Marie de Salnove, qui épousa, le 23 février 1637, Robert de Feret 4, écuyer, seigneur de Montlaurent 5, fils aîné de JeanJacques de Feret, écuyer, seigneur dudit lieu, et de Jeanne d'Y, dont Claude, Philippe et Jeanne Feret. 1 Cf. Les aïeuls maternels du Bienheureux de la Salle à Brouillet, par le vicomte E. du Pin de la Guérivière. Reims, Michaud. Imp. de l'Académie, 1897. 2 Voir La famille rethéloise de Métayer, par Paul Pellot, dans la Revue hist. arde, 6e livr., année 1895, p. 273. 3 Cf. Les anciens seigneurs du grand hameau de Romain, par Paul Pellot, en préparation. 4 Feret famille représentée au XVIe siècle, par Hubert Feret, chevalier de Saint-Jean-deJérusalem reçu, en 1555, commandeur de Haut-Avesnes en Artois. 5 Montlaurent, canton de Rethel Ardennes. - 76 - CHAPITRE V. Seigneuries diverses. Nous groupons dans ce dernier chapitre, un certain nombre de noms, qui, étrangers les uns aux autres, paraissent également n'avoir qu'une relation assez éloignée avec ceux qui ont fait l'objet des articles précédents. I. Jeanne de Salnove, mariée à Robert du Pont, seigneur de Vaulx et du Chesne, tous deux décédés avant 1592, laissant cinq enfants que nous citons dans la notice sur les anciens seigneurs du Grand Hameau de Romain. II. Simonne de Salnove, morte avant 1597, femme de Claude de Combret, seigneur en partie, du hameau de Romain. Cf. op. cit. III. Par acte d'Arlaut et Duchesne, notaires à Fismes, rédigé le 11 novembre 1656, Mre Claude de Beaurepaire 1, écuyer, seigneur de Coizard 2, en partie, y demeurant, tant comme mari de damlle Marguerite du Mangin, celle-ci héritière de Judith de Salnove, vivante épouse de Jean de Bièvres, écuyer, seigneur du Chesne, que comme cessionnaire de Gabriel du Puis, écuyer, seigneur d'Aulnizeux et de la Chapelle, époux de Claude de Bièvres, aussi héritière de la dite Salnove, transporte à Poncelet de la Croix, marchand à Fismes, une rente due par Pierre de Marsanne, écuyer, seigneur de Saint-Remy, demeurant à Lhuys, et damlle Esther de la Grange, sa femme. IV. Elisabeth de Salnove. morte à Filain 3 le premier février 1693, fut inhumée dans l'église de la paroisse. Mariée, en premières noces, avec Benjamin de Nuisement 4, seigneur et vicomte 1 Beaurepaire d'azur, à la bague chatonnèe d'or, à la bordure denchée du même émail. 2 Coizard-Joches, canton de Montmort Marne. 3 Filain, canton de Vailly Aisne. 4 Nuisement d'argent, au chevron de gueules, accompagné d'une laie, tétée par 3 marcassins de sable en pointe, au chef d'azur, chargé de trois glands d'or. En 1618, Adrien de Nuisement, écuyer, sieur de Grandchamp, y demeurant, donne son adhésion à l'émancipation de son frère, Louis de Nuisement, fils de défunt Nicolas de Nuisement, écuyer, sieur de Dommartin la Planchette. — 77 - d'Urcel 1, fils de Robert de Nuisement, écuyer, et de damlle Jeanne d'Harzillemont 2 ; elle épousa, en secondes noces, Guillaume du Clozel 3, écuyer, seigneur d'Odancourt 4, qui mourut lui-même à Filain, le 17 mai 1670, et fut enterré le dit jour dans l'église, en présence de Jean Pastoureau 5, écuyer, seigneur de Lambercy 6, et de Suzanne du Clozel, femme de ce dernier, ses neveu et nièce. Du premier lit sont nées deux filles Charlotte de Nuisement, décédée avant 1682, qui fut mariée en l'église d'Urcel, le 27 septembre 1673, avec Charles du Quennet7, écuyer, seigneur de Tannières, Et Anne de Nuisement, épouse de Simon de Bourgeois 8, écuyer, seigneur de Tannières, Branges 9, et Loupeigne 10, l'un des 200 chevau-légers de la garde du Roi, et de qui elle eut au moins six enfants 1° Marie-Madeleine de Bourgeois, baptisée à Urcel, le 24 juillet 1673. 2° Marie-Anne de Bourgeois, baptisée audit lieu, le 7 octobre suivant. 3° Louise-Anne de Bourgeois, baptisée au même lieu, le 13 octobre 1677. 4° Charles de Bourgeois, baptisé aussi à Urcel, le 24 décembre 1679. 5° Marguerite de Bourgeois, baptisée à Jouaignes, le 12 février 1681. 6° Et Henri de Bourgeois, baptisé à Tannières, le 4 octobre 1685. 1 Urcel, canton d'Anizy-le-Château Aisne. 2 Jeanne d'Harzillemont, fille de Pierre d'Harzillemont, écuyer, seigneur de Loupeigne, et de Louise d'Auquoy. 3 Guillaume du Clozel et César du Clozel, son frère, sieur de Watripont, ont été jugés nobles, lors de l'enquête de 1666, sur preuves remontant à 1425. — Armes d'argent, à la fasce de gueules, chargée de 3 coquilles d'or, et accompagnée de 2 têtes de more de sable, liées d'argent. 4 Odancourt, fief, commune de Camelin, canton de Coucy-le-Château Aisne. 5 Pastoureau d'azur, au chevron d'argent, accompagné de deux étoiles d'or en chef et d'une coquille de même en pointe. — Cette famille remonte à Jacques de Pastoureau, maire de Bourges, en 1550. 6 Lambercy, hameau, commune de Dagny-Lambercy, canton de Rozoy-sur-Serre Aisne. 7 Quennet d'or, à une hache d'armes de sable, accostée en chef de deux molettes d'éperon du même. — A la même époque, vivaient Jean du Quennet, écuyer, seigneur d'Huet, et Gédéon du Quennet, écuyer, seigneur de Terranne, qui, lors de l'enquête sur la noblesse du Soissonnais, en 1666, a produit des titres remontant à 1511. 8 Tannières, canton de Braine Aisne. 9 Bourgeois d'azur, à la fasce d'argent, accompagnée en chef d'un croissant et en pointe d'une rose du même. 10 Branges, canton d'Oulchy-le-Château Aisne. 11 Loupeigne, même canton. - 78 — De son deuxième mariage, Elisabeth de Salnove, eut également deux filles Marie-Anne du Clozel, Et Marie-Madeleine du Clozel, baptisée le 19 juin 1664, en l'église de Filain, où elle fut inhumée le 3 juin 1725, jour de son décès. Elle avait épousé, le 14 juillet 1693, Jean de Noue 1, écuyer, père de 1° Marie-Françoise de Noue. 2° Philippe de Noue. 3° Jean-Louis de Noue, baptisé à Sermoise, le 19 février 1705. 4° Et Henry de Noue, baptisé à Filain, le dernier jour du mois de septembre 1699. V. Marguerite de Salnove, décédée après 1644, eut de son union avec Nicolas de Fust 2, une fille qui suit Elisabeth de Fust 3, mariée avant 1680, avec Charles de Lignier, écuyer, sieur de la Couture Paquette, paroisse de Louâtre 4, y demeurant. Celui-ci comparaît, le 31 décembre 1681, dans un acte reçu par Arlaut et Grizollet, notaires à Fismes, en vertu duquel il reconnaît être détenteur d'une maison offerte en payement de cinquante livres de renie, créée par son beau-père envers Madeleine Roland 5, veuve de Charles Maillefer 6, demeurant à Reims. VI. Jeanne de Salnove, décédée à Jonquery 7, le 8 octobre 1677, épousa En premières noces Messire Antoine d'Anglas 8, écuyer, enterré à Jonquery, le 23 février 1669 ; 1 Noue échiquelé d'argent et d'azur, au chef de gueules. Cette famille, qui remonte au XIIIe siècle, compte dans ses membres deux chevaliers de Malte Edme, en 1540, et François, en 1660. 2 Fust seigneur du Fresne, élection de Soissons Parti, au 1 d'or, au coeur de gueules, au 2 coupé de gueules, en chef au lion d'argent lamp. arm. et cour, de d'or, en pointe un coeur d'or, famille d'origine belge, remontant à Jean de Fust, qui vivait en 1480. 3 Une autre Elisabeth de Fust, décédée à Merlieux Aisne, le 18 février 1670, veuve de Jacques du Quennet, écuyer, seigneur de Tannières, avait, deux enfants Charles du Quennet, écuyer, seigneur de Tannières, et Isabelle du Quennet, mariée, le 1er octobre 1670, avec François de Sacquespee, écuyer, seigneur du Quesnois. 4 Louàtre, canton de Villers-Cotterets Aisne. 5 Roland Cf. Paul Pellol. Note biographique sur Claude-Joseph Roland, curé de Sorcy, dans ja Revue historique ardennaise, livraison de janvier-février 1895. 6 Maillefer consulter sur cette famille les Mémoires de Jean Maillefer, publiés par M. Henri Jadart, dans les travaux de l'Académie de Reims. 7 Jonquery, canton de Châtillon-sur-Marne. 8 Anglas cette famille fait l'objet d'une notice séparée. - 79 - En deuxièmes noces Messire Roland-Thibault de Montigny 1, écuyer, seigneur d'Aubilly 2, décédé le 9 mai 1674, à l'âge de 50 ans, inhumé devant l'autel Notre-Dame de l'église de Jonquery ; En troisièmes noces le 30 juillet 1674, Mre Marc de Cosson 3, écuyer, seigneur d'Espilly 4, capitaine dans le régiment de Dampierre, remarié à Reims, le 29 février 1680, avec Charlotte Lévesque 5, fille de Rigobert Lévesque, écuyer, seigneur de Bobigny 6, et de Louise Pétré 7. Paul PELLOT. POÉSIE LA. MEUSE La Meuse ! admirons ce beau fleuve, Dont le lent et paisible cours, En mille sinueux détours, Sillonne les champs qu'il abreuve. Elle dorlotte Les gros bateaux Qui vont en flotte Parmi ses eaux. Depuis Nouzon jusqu'à Liége, Creusé dans ses ravins profonds, Son lit repose entre les monts Verdoyants ou couverts de neige. Les monts d'Ardenne Font un rideau De roche ancienne, A son berceau. 1 Montigny on dit que cette famille descend de Gaulard de Montigny, qui se distingua à la bataille de Bouvines, et obtint l'autorisation de porter un blason semé de fleurs de lys. 2 Aubilly, canton de Ville-en-Tardenois Marne. 3 Cosson famille maintenue par Larcher en 1699 ; elle remonte à Pierre Cosson, écuyer, sieur de Gaunay en 1480. 4 Espilly, écart de Chaumuzy, canton de Ville-en-Tardenois. 5 Lévesque famille représentée au XVIIIe siècle, par Jean-Jacques Lévesque, seigneur de Lisgarde, capitaine de cavalerie au régiment de Chartres, décédé à Wasigny, le 27 septembre 1710. 6 Bobigny, hameau de la commune de Leuze, canton d'Aubenton Aisne. 7 Pétré seigneurs de Sougland, Magny et de la Reinette, représentés en 1693, par Roger Pétré, écuyer, demeurant à Saint-Michel, et en 1730, par François Pétré, seigneur de Vincy, prévôt héréditaire du Laonnois. Elle vous reflète sans cesse Comme un miroir d'acier uni, Dames de Meuse au flanc bruni, Que son onde baigne et caresse. Votre stature Se réfléchit, Dans l'onde pure Qu'elle obscurcit. Elle voit des architectures, Ressemblant à de vieux châteaux Construits dans les temps féodaux, El des Bayards dans leurs armures. Elle regarde Les fils Aymon Montant la garde En leur donjon. Sur ses bords s'ouvrent des vallées, Où cascadent des ruisseaux nains, Dans la bruyère et les sapins. Par des barrages muselées, Ses eaux trop lisses N'ont pas de flux, Ni d'écrevisses Hélas ! non plus. Ses dieux ont perdu leur patrie; Ses bords plats sont canalisés, Et ses tritons laïcisés; Ils sont entrés dans l'industrie. Ses naïades Sont les Servais ; Ses dryades Sont d'osier frais. Elle se rit de vos barrages, Quand débordant en liberté, Elle voit son flot indompté Exercer partout des ravages. En ville, en plaine, C'est inondé; La cave pleine A débordé. — 81 — Entendez-vous ? la Meuse est prise ; On y peut passer c'est un pont. Puis, la débâcle c'est un mont De glace qui craque et se brise. Ces tas de glace, Ces brillants blocs Vont prendre place Contre les rocs. La Meuse est la force rêvée Que capte aujourd'hui le Progrès, Sous forme de chevaux discrets Par qui l'usine est activée. Elle turbine En se jouant D'une machine Comme d'un gant. Bénis-la, pêcheur à la ligne, Qui lui prends brochet ou goujon, Oui, mais n'y fais pas le plongeon; Elle te prendrait, la maligne ! Oh! ne le fie A l'eau qui dort Et sous la vie Cache la mort. Dr SÉJOURNET. Revin, novembre 1900. CHRONIQUE I. Résultats des fouilles faites dans les cimetières gaulois d'Aussonce et de la Neuville-en-Tourne-à-Fuy pendant l'année 1900. Si notre campagne de fouilles de l'année 1900 n'a pas été très fructueuse, elle a cependant donné un résultat de première importance. Résumons, comme nous le faisons chaque année, la série de nos découvertes. A la Côte des Braies AUSSONCE, une fosse déjà fouillée en partie a donné un fer de lance aux pieds du squelette 1er janvier. — Trois fosses renfermaient des débris de vases 8-15 avril. — Une autre fosse a mis au jour trois fers de lance ou de javelot, dont un très petit, un couteau, et un grand vase à dessins 24 août. — Trois fosses violées ont été réexplorées avec soin; deux d'entre — 82 - elles ont livré chacune un bracelet oublié. L'un de ces bracelets est creux 21 octobre. — Enfin, sur trois autres fosses fouillées déjà, l'une a fourni trois vases en bon état 31 octobre. Au Mont-Chauchet, un fer de lance et un vase ont été découverts 13 août. Au Mont-de-Fosse LA NEUVILLE-EN-TOURNE-A-FUY, trois fosses dont deux précédemment fouillées nous ont procuré trois vases et un fer de lance 23 février. La Tonnelle de Juniville a révélé un torque brisé de très grande dimension et deux bracelets. Enfin, c'est au Mont-de-Neuflize, dans une fosse manifestement violée, comme le montrent les taches vertes au poignet du squelette, que nous avons trouvé, avec un bracelet et une fibule en bronze, une bague en or, le premier objet en or de nos cimetières. Les autres objets précieux ont dû être déterrés par les violateurs anciens. L'or de notre bague est très pâle, renfermant beaucoup d'argent. La bague est à quatorze pans comme les rayons des roues de voiture; est-ce une simple coïncidence?. Elle est évidée à l'intérieur et portait deux filets, disparus en grande partie par l'usure. Son poids est de 3 gr. 2. Gustave LOGEART. II. Sur l'authenticité du diplôme de Guillaume, comte de Luxembourg, mentionnant le nom de Godefroid d'Orchimont, comte. Dans son ouvrage, Orchimont et ses fiefs, l'abbé Roland écrit, p. 36 Godefroid d'Orchimont est également cité, en 1122, parmi les témoins à la charte par laquelle Guillaume, comle de Luxembourg, confirme la fondation de l'abbaye de Munster. Dans ce diplôme, reproduit d'après une copie qui ne nous paraît pas offrir toutes les garanties d'authenticité, Godefroid est qualifié de comte d'Orchimont, comes de Ursimonte. A part une charte fausse de 1214, relative aux noces d'Ermesinde, c'est, à notre connaissance, le seul document officiel qui attribue le litre de comte à un seigneur d'Orchimont, et traduise Orchimont par Ursimons. » L'abbé Roland ne connaissait l'acte de fondation de l'abbaye de Munster que par la publication de Bertholet, Hist. du Duché de Luxembourg, t. III, preuves, p. XLVIII, qu'il cite à la note 2. Nous comprenons très bien que, réduit à cette seule source, il ait pu suspecter l'authenticité du diplôme. Mais aujourd'hui, il faut renoncer à la supposition de fabrication qui pesait sur le texte. L'abbé Jakob Grob vient, en effet, de publier dans une étude - 83 - intitulée Eustach von Wiltheims historische Werke 1, l'acte de fondation en question, d'après l'original reposant, à la suite d'un don, aux Archives de la section historique de l'Institut de Luxembourg. Le diplôme sur parchemin 42,5x60 cm. est scellé du sceau en placart du comte Guillaume 2. Il n'est pas daté; mais il se place à la fin de 1123, ou au commencement de 1124 3. Parmi les témoins, se lit le nom de GODEFRIDUS DE URSINI MONTE COMES4. Ainsi, la leçon comes de Ursimonte de Bertholet est manifestement erronée. Quant au titre de comes donné à Godefroid, il est aussi donné à deux autres témoins de la même charte Hermannus de salmes 5, comes, item Godefridus de asch 6, comes; mais, à raison de sa place après le nom complet du témoin, il paraît impliquer plutôt un titre personnel des seigneurs qui le portent, qu'évoquer l'idée de l'existence d'un comté ». Il en est autrement pour le donateur lui-même qui se qualifie Uuillelmus comes de Lucelemburch 7. Paul COLLINET. COMPTE-RENDU BIBLIOGRAPHIQUE Vie de Mgr Garot, prélat de la Maison de Sa Sainteté, ancien Archiprêtre de Rethel et de Charleville, par M. l'abbé J. GILLET.—Charleville, A. Anciaux, 1900; un vol. in-8°, VIII-446, pp. avec portrait. Prix 4fr. 50 Celte biographie est d'abord un pieux hommage rendu par l'auteur à son prédécesseur immédiat; c'est aussi une oeuvre d'édification où la vie et les vertus du défunt sont proposées comme exemple à tous les fidèles. Le récit est clairement ordonné, le style en est aisé et simple, et comme l'écrivain n'a pas abusé de cette phraséologie spéciale qui dépare tant d'ouvrages catholiques, la lecture du livre est en somme fort agréable. Elle est, de plus, instructive et intéressante, en beaucoup d'endroits en effet, l'abbé Garot parcourut une longue carrière sacerdotale, et l'auteur en a profité pour encadrer sa physionomie dans l'histoire du diocèse de Reims. La biographie abonde en souvenirs de l'époque révolutionnaire, en portraits de prélats et de curés, en détails curieux sur les paroisses de Dom-le-Mesnil, de Revin, de Fumay, de Rethel, de Charleville et sur le caractère de leurs habitants ; un chapitre entier est consacré à l'historique de l'église de Charleville; enfin on rencontre, çà et là, des aperçus sur les rapports de l'Eglise et de l'Etat, sur l'attitude des Gouvernements et des Municipalités successives envers le clergé ardennais. A ce point de vue, l'ouvrage de M. l'abbé Gillet sera toujours utile à consulter il nous présente une image sincère, sinon constamment exacte, de ce que fut la vie religieuse du département des Ardennes au cours du xixe siècle. Ch. HOUIN. 1 Ons Hémechl, n° du 1er août 1900 6e année, livr. 8, pp. 342 et suiv. 2 Reproduit hors-texte dans la Revue sus-dite. 3 Ons Hémecht, l. c, p. 345 n 1. 4Id., p. 351. 5 Hermann de Salm. 6 Godefroid d'Esch. 7 ld., p. 344. — 84 — BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE Scènes et Episodes de la Guerre 1870-1871, par le Commandant ROUSSET ; Paris, Ch. Tallandier, 1900; gr. in-8° illustré. [Un chapitre orné de plusieurs gravures et intitulé Beaumont-Sedan, contient d'intéressants épisodes relatifs aux journées des 30 août2 septembre 1870]. Les Ardoisiers ; la maladie des ardoisiers la Schistose ; hygiène et prophylaxie, par le Dr SÉJOURNET, de Revin. — Reims, Matot-Braine, 1900 1 fr. 50. La Philosophie de H. Taine, par G. BARZELLOTI, professeur d'histoire de la philosophie à l'Université de Rome. Traduit de l'italien, par A. DIETRICH. — Paris, F. ALCAN, 1900, gr. in-8° 7 fr. 50. PÉRIODIQUES Journ. Soc. Arch. Lorraine, 49e année, 1900. — J. Nicolas, Les Monuments funéraires de l'église de Saulmory Con de Dun, Meuse, pp. 29-32 et 70-71. —• J. Nicolas, Jean Joly, curé de Liny-devant-Dun, 1668-1705, pp. Nicolas, Nicolas Grandjean, curé de Doulcon, 1688-1697, pp. 135-138 [fut d'abord curé de Suzanne, au doyenné d'Attigny]. — L. Germain, Sur la sépulture de Jean V d'Allamont, seigneur de Malandry, défenseur de Montmédy en 1657, pp. 155-160. — Robinet do Cléry, La tombe d'une dame de Dun à Saulmory, pp. 173-178. — L. Germain, Observ. sur l'article précédent, pp. 178-180. Revue de Champagne et de Brie, 24e année 1899. — H. Jadart, Voyage de Jacobs d'Hailly, gentilhomme lillois, à Reims, dans la Champagne et les Ardennes en 1695 pp. 5-33. — N. Goffart, Glossaire du Mousonnais supplément suite et fin pp. 34-47.—H. Jadart, Souvenirs de collège 1857-1865 Causerie d'un ancien élève de Notre-Dame de Rethel à la réunion de ses camarades, à Paris, le 4 février 1899 pp. 81-104. — H. Jadart, Les anciens registres paroissiaux de SévignyWaleppe Ardennes 1608-1792 pp. 187-215; 326-343. — H. Jadart, Pierre tombale de Guillaume d'Averhout, seigneur de Lalobbe, de Liry et de Guincourt, dans le cimetière de cette dernière commune pp. 226-227. — B. Riomet, Etudes campanaires Documents relatifs aux cloches de Hannapes Ardennes et Armentières Aisne pp. 229-231. Inscription inédite de l'ancienne cloche de Liart Ardennes, prise en 1895 p. 854. — H. Jadart, La température à Pâques dans les dix dernières années du siècle 1890-1899 [à Villers-devant-Ie-Thour] pp. 359-361. — A. de Bathélemy, Les deux sièges de Ste-Ménehould 1652-1653 [d'après un MS. d'Hipp. Thibault, prêtre habitué en l'église paroissiale de Ste-M., né à Bar-les-Buzancy, mort à Ste-M. le 16 sept. 1674] pp. 417-452. — H. Jadart, L'église de St-Germaimnont pp. 641-672. — N. Goffart, Le livre de raison de Jean Tobie, maître d'école à Chaumont-St-Quentin, de 1725 à 1778 pp. 685-691 ; 756-800. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. LE FOLK-LORE DE GIVET EN 1829 Sous le titre de Quelques renseignemens sur les ruisseaux, sur les poissons, sur les oiseaux et sur le langage, idiome ou patois, de Givet et ses environs, fournis par M. Aimé Chapuis fils d'un négociant de Givet sous la date du 2 septembre 1829 », nous avons trouvé au Musée de Sedan de curieux détails sur les moeurs et les coutumes givetoises joints à des lettres 1 adressées à M. du Vivier, membre de la Légion d'honneur, doyen du Conseil de préfecture du département des Ardennes, etc., etc. » M. du Vivier, désirant sans doute entreprendre une étude sur Givet et ses environs, avait demande de nombreux renseignements à MM. Chapuis 2 et Massé, deux Givetois qui, pendant quatre ans, ont recueilli de précieux documents concernant l'hydrographie, l'ichthyologie, l'ornithologie et l'idiome de cette contrée. Mais nous laisserons entièrement de côté ces petites études pour transcrire in-extenso les notes sur les usages, coutumes, superstitions, préjugés, prédictions, proverbes et traditions ». Les coutumes ou les usages répandus dans ces communes n'ont peut-être rien de bien saillant ; la plupart doivent se retrouver dans toutes les contrées environnantes et ne peuvent pas, par conséquent, être mentionnées ici. Dire qu'il y a des fêtes patronales, que l'on danse à ces fêtes, qu'elles ont ordinairement lieu lorsque les travaux de la moisson sont finis, c'est trop généralement ainsi pour en parler. Il en est de même d'une infinité d'autres usages. Il y en a cependant qu'on peut regarder comme particuliers à cette petite contrée, lesquels semblent tirer leur origine de la nature des relations sociales à une certaine époque et s'être conservés par tradition. 1 Dans l'une de ces lettres signée de M. Chapuis, nous lisons le passage suivant qui nous a paru présenter quelque intérêt au point de vue numismatique. J'ai vu M. Longuet et lui ai fait les questions que vous m'adresse? dans votre dernière lettre. Il résulte de ses réponses que l'Antonin est d'un or fin, qu'il pèse environ un gros et 61 à 63 grains ; qu'il est d'une valeur intrinsèque de 28 francs et enfin qu'il a été trouvé à Couvin. Quant au nom du lieudit je ne le connais pas parce que je n'ai pas pu voir le paysan qui a trouvé la pièce... La pièce est depuis quelque temps à Paris où elle a été présentée au Directeur du Conservatoire qui a dit — à ce que prétend M. Longuet — n'en avoir qu'une semblable pour tout le Conservatoire. Malgré tout cela on m'assure ici qu'on n'avait encore offert que 60 francs de cette pièce qui, selon moi, vaudrait bien la peine d'être acquise par le Département pour la raison surtout que cet Antonin a fondé un temple sur le Mont-Olympe, près Charleville. » 2 Voici le seul renseignement que nous ayons trouvé dans ces lettres sur la famille Chapuis. — Il le frère de M. Chapuis auteur de notes sur les usages et les coutumes de Givet venait de se faire recevoir pharmacien de l'Ecole de Paris ; il s'est tué par trop d'étude. Chimiste instruit pour son âge, sa modestie l'a empêché de faire connaître à ses amis le fruit de ses travaux. Ils étaient déjà considérables ; j'en ai la preuve par les écrits qu'il a laissés 11 juillet 1831. REV. D'ARD. ET D'ARG. T. VIII, s° 6. - 86 - I.—FÊTES PATRONALES Par exemple, le lendemain de ces fêtes patronales dites dédicaces, dans beaucoup de villages, surtout ceux qui sont éloignés des villes, chaque famille donne un pain, un gâteau, une tarte ou quelqu'autre chose ; tous ces objets sont vendus à la porte de l'église et l'argent qu'on en retire employé à faire dire une messe, pour les trépassés, à laquelle tout le monde assiste. Ensuite on recommence à se livrer à la joie la plus bruyante. Les liens de famille, qui ont existé autrefois entre les premiers habitans du village, sont clairement attestés par un semblable usage. En voici quelques autres auxquels on ne sait quelle origine on leur pourrait donner et qui, sans doute, disparaîtront à mesure que les communications deviendront plus fréquentes. La Saint-Grégoire. — A la Saint-Grégoire, le 12 mars, les enfans et, autrefois même, les jeunes gens s'affublent de rubans, d'épaulettes, etc., et, armés de sabres de bois, vont de maison en maison, demander des oeufs en l'honneur de Saint-Grégoire. Cet usage, répandu dans presque tous les villages des environs, se pratique encore à Givet. La Saint-Panceau. — Le mardi gras, au soir, les pauvres vont à la porte des gens aisés demander l'aumône au nom de Saint-Panceau, en chantant une prière burlesque sur un air lent et plaintif. La Saint-Nicolas. — Depuis Revin, jusque bien avant dans la Belgique, en suivant le cours de la Meuse et dans les villages des environs, la Saint-Nicolas est la fête des enfans. La veille de ce jour, ils portent des corbeilles chez leurs parens ou chez leurs parrains et marraines et le lendemain, ils vont les chercher remplies, suivant la fortune ou la générosité de celui chez qui ils s'adressent, d'objets que, ailleurs, on donne aux enfans, à l'occasion des étrennes. Saint-Nicolas est censé avoir apporté cela. Le nouvel an. — Le jour du nouvel an est cependant fêté aussi dans quelques villages ; les enfans se présentent à la porte des maisons en criant en patois étrennes, étrennes, bon an, bonne année. Et on leur donne des gauffres. Le mercredi des cendres. — La plus ridicule de ces coutumes est sans doute celle qui se pratique le jour du mercredi — 87 — des cendres. Les jeunes garçons vont par les rues traînant après eux les débris de quelque grand animal mort et demandant de maison en maison. Cette bizarre et dégoûtante coutume commence à se passer. Le grand feu.— Les feux que, ailleurs, on fait à différentes époques notamment à la Saint-Jean, se font ici le premier dimanche de Carême. A Givet, autrefois, on allait en foule, ce jour-là, visiter une vaste caverne située près de la ville et connue sous le nom de Trou-de-Nichet. Nouvelle preuve peut-être que ces feux sont un reste du culte des druides. II. - COUTUMES Funérailles.—Il se pratique aux funérailles quelques usages qui doivent être particuliers aux contrées où, les communications étant rares, on a conservé quelque chose des rapports de famille. Quand une personne non mariée vient à mourir, deux jeunes filles ou deux jeunes hommes, les plus voisins de la maison mortuaire, s'habillent de deuil et vont quêter dans toutes les maisons où il y a des célibataires du même sexe que le mort, pour lui faire faire un service funèbre. Cette coutume, fondée sur des croyances religieuses et sur des liens de famille ou d'amitié, est généralement répandue dans le nord du département des Ardennes et dans tous les villages de l'Ardenne proprement dite. C'est un devoir dont on s'acquitte envers tout le monde, riches ou pauvres. Dans les campagnes, c'est assez généralement l'usage de donner un repas aux parens et aux amis le jour de l'enterrement d'un mort. La veille de Noël. — La veille de Noël, les jeunes gens vont demander des noix ou des noisettes aux jeunes filles du village qui, en les donnant, offrent aussi de l'eau-de-vie. Elles donnent plus de noix ou versent une plus grande rasade d'eaude-vie au jeune homme qu'elles préfèrent. Le lendemain, les jeunes hommes donnent un bal. La fête des fontaines. — La veille de la Pentecôte, et dans quelques villages, le premier samedi de mai, les jeunes filles nettoient les fontaines et le lendemain les jeunes hommes vont leur porter des fleurs et les inviter à un bal dont ils font les fraisB fraisB — Dans beaucoup de villages, quand on fait un baptême, au retour de l'église, on invite toutes les voisines à prendre du café et le parrain et la marraine donnent quelques petites pièces de monnaie à toutes les personnes présentes, grandes ou petites. A Givet, les enfans s'assemblent à la porte de l'église où le parrain leur jette des dragées ou de l'argent. Mariages. — 11 se fait, à l'occasion des mariages, différentes choses qui varient pour chaque commune. Voici ce qui a lieu le plus ordinairement dans la contrée nommée Ardenne. Quand une jeune personne est décidée à se marier, elle envoie faire part de ses fiançailles au maître jeune homme. Celui-ci assemble la jeunesse du village et ils vont le soir tirer un coup de pistolet ou un coup de fusil à la porte de la maison de la jeune demoiselle on les fait entrer et ils demandent ce qu'on est convenu d'appeler les droits de la jeunesse. Ce sont eux qui, en définitive, fixent la somme après avoir marchandé avec le futur époux et ordinairement elle est très forte relativement à la rareté du numéraire dans ces contrées où le commerce se fait souvent par échange, môme pour les plus petites choses. Ils énumèrent la beauté de la future épouse, tous ses agrémens, tous les avantages qu'elle peut apporter à son mari. Si on refuse de leur donner une somme qui les satisfasse, ils se retirent et font pour se venger toutes sortes d'avanies aux familles des deux fiancés. Le prix convenu et l'argent compté, on les fait boire et ils s'en vont. Cet argent servira à faire des réjouissances en l'honneur des époux. La veille du mariage, la jeune personne va, avec une soeur ou la plus proche parente non mariée du futur époux, inviter les jeunes filles à venir lui faire les honneurs. Elles y vont le lendemain, dès le lever du soleil. On leur donne à manger des pois et du riz que l'on a eu soin de préparer la veille. Cela se mange froid, en se tenant debout c'est le repas d'adieu de la jeune fille à ses compagnes. Quand il est fini, elle leur distribue des levrées. Ce sont des rubans ; puis elle leur donne de l'eau-de-vie et du pain blanc, ayant bien soin de donner la croûte aux plus vieilles, parce que cela doit les faire se marier dans l'année. On danse des rondes ; on se donne des fleurs, puis on pare la mariée. Enfin, toute la jeunesse des deux sexes conduit les époux à l'église. Quand ils sortent, on les reconduit et les jeunes hommes tirent des coups de fusil pour faire les honneurs. Ils leur laissent faire le repas de noces et reviennent vers la fin. Cette fois, c'est - 89 - pour demander les miches. Celui qui les demande est un jeune homme connu pour avoir adressé ses hommages à la jeune personne qui vient de se marier et pour avoir été, pour ainsi dire, supplanté par l'époux ; les autres lui mettent une hotte au dos, le font monter sur un âne, ou bien, le plus souvent sur un chariot qu'ils tirent tous ensemble ; ils arrivent ainsi à la demeure de la mariée, s'introduisent dans la chambre où se fait le festin, s'emparent de tous les mets qu'ils trouvent à leur convenance sur la table et les placent dans la hotte. Ils cherchent la mariée, qui a eu le soin de se cacher et s'ils la trouvent, ce qui arrive presque toujours, ils la font monter sur le chariot, l'emmènent dans un cabaret avec eux, en jetant de grands cris. Le pauvre époux est obligé, pour la ravoir, de payer à boire à tous ceux qui ont aidé à lui prendre sa femme. Enfin il la ramène. Alors une femme mariée, la plus proche parente de l'épouse va inviter toutes les femmes mariées à venir chercher des épingles pour emmailloter leurs enfants. Elles viennent ; on leur donne de l'eau-de-vie et du pain blanc ; après cela on remet à la plus vieille d'entre elles des épingles qu'elle distribue aux autres. Tout cela se termine par des danses qui durent toute la nuit. On voit que le plus beau jour de la vie n'est pas là plus qu'ailleurs exempt de tribulations. Bien plus, on n'arrive pas à ce jour sans difficultés. Généralement l'usage est de se faire la cour se parler, c'est l'expression consacrée par l'usage longtemps avant de se marier. Quand un jeune homme prétend à la main d'une jeune fille, il commence par la faire danser toutes les fois que l'occasion s'en présente, puis il se hasarde à se présenter à la maison de celle qu'il aime. S'il est accueilli, il le voit bientôt, car, comme une jeune personne bien élevée ne manque jamais de se mettre à ranger les meubles et à balayer quand quelque étranger est à la maison, afin de montrer que si elle est malpropre ou s'il y a du désordre, ce n'est pas faute de soin, il peut juger s'il est reçu avec plaisir. En effet, si la jeune fille balaie tout autour du jeune homme sans l'engager à se lever, c'est lui déclarer que sa visite est bien accueillie; s'il en est autrement, si elle lui dit de se lever pour qu'elle balaie à la place occupée par sa chaise, il doit se retirer et ne plus revenir tout est dit. Si en balayant tout autour de lui on l'invite à ne se point déranger, il reste coi. C'est une prise de possession. Il reste à savoir si le jeune homme est bien vu des parens. Il va le soir à la veillée; - 90 - s'il déplaît, le chef de famille déclare qu'il va se coucher et couvre le feu. Alors tout est fini pour le pauvre amant. Au cas où ses prétentions à la main de la jeune fille sont vues d'un bon oeil, le feu est entretenu jusqu'à ce que le jeune homme juge à propos de se retirer. Si par la suite il venait à déplaire, on couvrirait le feu et il devrait comprendre que désormais il doit cesser ses assiduités. Du culage. — Le culage en patois culache est un usage établi par la jeunesse dans plusieurs communes et consiste en un morceau de viande et un pain ou un gâteau que les mariés sont obligés de donner le jour des noces ; ordinairement le morceau de viande est un cul sic de veau avec la queue. Ensuite la jeunesse fait le tour du village en portant ce morceau de viande ainsi que le gâteau au bout d'une broche ou d'une épée en chantant des chansons bachiques, et, à la fin de chaque couplet, ils crient de toutes leurs forces culache ! culache ! puis ils vont faire cuire ce gigot dans une auberge. La jeunesse invite quelquefois, et môme le plus souvent, les demoiselles à venir partager leur festin et quand les morceaux sont bien découpés sur un plat, on le présente à celle que l'on croit ou que l'on suppose être la plus amoureuse de la compagnie. S'il peut s'y trouver une bonne dévote ou une bigote, c'est à elle que l'on donne la préférence et, comme l'honnêteté veut que l'on prenne le morceau offert, on a soin de lui présenter la queue. Usage de la bienvenue ou des mérites de la demoiselle. — La bienvenue est aussi un droit que s'attribue la jeunesse en diverses contrées. Il a lieu principalement quand un garçon étranger épouse une demoiselle du village ; alors on l'appelle les mérites de mademoiselle ». Dans quelques lieux, l'usage en pareil cas est que les jeunes gens aillent présenter un bouquet aux mariés, le jour des noces, avant que d'aller à l'église, et là, le marié leur fait cadeau de quelque argent pour la bienvenue. Dans d'autres localités au contraire, les jeunes gens vont attendre les mariés à la porte de l'église, avant la cérémonie et, soit qu'ils offrent un bouquet aux mariés ou qu'ils n'en offrent pas, suivant l'usage du pays, ils finissent par demander ce qu'ils appellent les droits de la jeunesse ou les mérites de mademoiselle. Le marié leur donne suivant sa générosité ou suivant ses moyens, mais quelque soit la somme donnée on a toujours soin de dire ce n'est pas là les mérites de mademoiselle, afin - 91 - d'obtenir encore davantage s'il est possible, quoique la libéralité aille quelquefois jusqu'à donner 25 ou 30 francs. Il n'y a pas longtemps qu'un jeune homme poussa la munificence jusqu'à donner 150 francs pour la bienvenue. Eh bien! quoique cette somme surpassât de beaucoup l'attente des demandeurs, encore lui a-t-on dit amphibologiquement ce n'est pas là suivant les mérites de mademoiselle. Quand on trouve que le marié a été un peu généreux et que la demoiselle est connue pour ne pas être douée de beaucoup de talent ou de mérites, comme aussi si elle n'est pas jolie, la calomnie villageoise sait fort bien dire en patois bai va, c'est pu qu'al ne vaut ! Proverbes. — Les proverbes n'offrent rien de particulier ce sont ceux qui sont généralement répandus en France qui se trouvent ici traduits en patois, ce qui leur donne un air d'étrangeté. Il en est un cependant qui mérite d'être cité ; d'un partage frauduleux on dit a c'est le partage Mongomeri; tout d'un côté, rien de l'autre ». III. - CONTE DES CHATS TENANT CONSEIL Lorsqu'on recueille les traditions populaires, on s'aperçoit qu'il y en a beaucoup qui se retrouvent partout et ne diffèrent que par les circonstances. Cependant voici un conte peu connu, sinon inédit les chats tenant conseil. Tous les chats des environs s'assemblèrent, dit-on, un jour ; et après avoir tenu conseil, ils partirent pour se rendre sur une montagne dite le tienne des martias, ce qui veut dire le mont des Marteaux. Comme ils passaient dans le village Givet pour se rendre au lieu de celte assemblée, les gens tout émerveillés d'un pareil spectacle causaient entre eux de cette étrange émigration, lorsqu'ils en virent venir un qui était resté en arrière parce qu'il boitait. En voilà un, dirent-ils, qui ne rattrapera pas les autres.— Sont-ils déjà bien loin ? », demanda le chat. Toutes les commères effrayées d'entendre parler un chat s'enfuirent dans leurs maisons et le raminagrobis boiteux continua sa route. On ne dit pas ce qu'ils firent sur la montagne. On ne voit aucun sens moral caché sous cette fable, à laquelle on ne saurait donner une origine. On trouve encore de vieilles personnes qui affirment que leur grand-père fut témoin oculaire du fait ; si l'on paraît douter, elles conviennent que ce pourrait bien être le père du grand-père, mais elles tiennent le fait pour vrai. - 92 - IV. —PÈLERINAGES Le plus célèbre des pèlerinages est celui de Notre-Dame de Walcourt, petite ville à six lieues de Givet, en Belgique ; on y va toute l'année pour toutes sortes de sujets, mais plus particulièrement à la Pentecôte ; d'autres disent à la Sainte-Trinité. Les paysans viennent de villages très éloignés et il n'est pas rare d'en voir, surtout des femmes, qui font une grande partie du chemin à reculons, ou nu-pieds ; d'autres en portant un fagot d'épines sur leurs épaules. Ce jour-là, on fait une grande procession et on promène Notre-Dame, qui est toute noire. On raconte que, le mauvais temps ayant une fois empêché de faire cette procession, la Vierge partit seule pendant la nuit et fit à pied la course accoutumée. Le lendemain on la trouva dans les branches d'un arbre. On vend des relations de ce miracle. Saint-Hubert. — Saint-Hubert est ici l'objet d'une grande vénération ; on prétend qu'il guérit la rage et l'on peut dire que cette croyance est encore très répandue. On fait assurer sic non seulement les gens mais aussi les animaux contre cette cruelle maladie, qui heureusement est fort rare dans ce pays. Fontaines consacrées. — Il ne manque pas de fontaines consacrées à des saints ou à des saintes, où l'on va puiser de l'eau qui guérit les croûtes laiteuses des enfans, la fièvre, etc. Mais généralement ces croyances s'effacent. Il en est de plus épurées... Souvent aux abords d'un village, ou près d'une maison isolée on voit une petite chapelle qui abrite une petite vierge entourée de fleurs, dont la fraîcheur dénote un culte assidu rendu à une douce croyance. Il n'est pas rare de voir des chapelles construites par des particuliers pour acquitter un voeu ; un tronc est auprès et la monnaie donnée en l'honneur du saint sous l'invocation duquel la chapelle est construite est pour celui qui l'a fait bâtir. V. — SORCIERS Il n'y a pas un village qui n'ait vingt histoires de sorts jetés sur les bestiaux et le village voisin possède presque toujours un homme qui sait y remédier et même faire voir l'image du sorcier dans un baquet d'eau ou dans un miroir. Il y a aussi des gens qui guérissent la fièvre par des paroles. Enfin on trouve ici presque toutes les superstitions répandues — 93 — en France ; les salières renversées, les glaces brisées sont des présages de malheur. Quand, au moment d'entreprendre quelque chose, on voit voler des corbeaux, il faut renoncer à son projet. Il en est de même si l'on rencontre une personne en habits de deuil, ou des porcs. Les pigeons et les moutons annoncent des événements heureux, etc. VI. - ÉLÉGIE PATOISE [Bien qu'ayant laissé de côté l'étude du patois de Givet, nous ne pouvons passer sous silence cette petite élégie burlesque trouvée parmi ces notes] Accoroz, vaijin Biètrumet, Vinoz vaici pou m' consolet D'j'ai pierdu mi galant Diame Qui d'jaimais d'jusqu'au fond di m' n'ame, Il a d' cheiu d'on ceriji Il est tout discoubouridchi. Si m' galant a sti toè C'a sti à cause da nosse curé I v'let qu'les d'jounes fiies Tairaient li d'chaule ou bin li squie Et qu' les d'joun' hommes montraint dissu Su l' ceriji bene attindu D'j'asté bin pu au faite qui li Di montet su les ceriji Mais les d'gins auraint polu dire Qui s'avaint véiiu mes d'jartires 1 l'y a montet pos' grand malheur Et c'est cèla qui m' crèfe li coeur. No d'vins no marii après-d'moin C'astait li souhait di ses parains No d'vins no marii à /' sourdine Di peu qui l' mont ni no badine Mais v'la bin un grand cand'jmaint 1 faut z'allet à s' t'intermaint l TRADUCTION Accourez, voisin Barthélemi — venez ici pour me consoler — j'ai perdu mon amant Guillaume — que j'aimais jusqu'au fond de mon âme — il est tombé d'un cerisier — il est tout disloqué. Si mon amant a été tué — c'est à cause de notre curé — il - 94 - voulait que les jeunes filles — tinssent l'échelle — et que les jeunes hommes montassent dessus—sur le cerisier bien entendu. J'étais bien plus au fait que lui — de monter sur les cerisiers — mais les gens auraient pu dire — qu'ils avaient vu mes jarretières — Il y a monté pour son grand malheur — et c'est ce qui me crève le coeur. Nous devions nous marier après-demain — c'était le voeu de ses parens — nous devions nous marier à la sourdine — de peur que l'on ne nous badine —mais voilà un bien grand changement — il faut aller à son enterrement ! Henry VOLNEY. LE LOYALISME DES SEDANAIS ET LEUR HOSPITALITÉ DE 1638 A 1680 SUITE. Le successeur d'Hilaire Roujoux, Daniel Péron 1, n'est pas plus heureux comme comptable. En 1674-1675, la cotisation de la ville pour les étapes est de 5,297 1. 8 s. 8 d. Cependant la ville avait été libérée en partie du passage des troupes, grâce à des présents habilement distribués et dont la dépense s'est élevée à 2,999 1. 6 d. 2. Il est vrai de dire que dans le nombre des donataires figure à deux reprises le maréchal François de Créquy 3, quand il était campé devant Mouzon pour empêcher le passage des ennemis, et la seconde fois quand il était campé à Sachy 4. Enfin les sieurs Desroche, Ferlin et Nizet fournissent 1 Dans plusieurs lettres de P. Bayle à M. Minutoli, il est fait mention d'un M. Péron, ministre chez M. Dauger, brigadier de cavalerie, chez qui il va prêcher tous les quinze jours, demeurant quant au reste ici à Sedan chez M. son père ». Cf. P. BAYLE, OEuvres diverses, 1737, t. IV, p. 568 et 601. Le ministre en question était Isaac Péron, fils de notre comptable ; ce dernier était maître brasseur au faubourg du Rivage. Cf. E. HENRY, Notes biographiques, 1896, p. 95. 2 On trouve, dans le compte de l'année 1677-78, l'article suivant, relatif au même objet payé à Jean Flamignon, boucher, demeurant à Bazeilles, tant pour lui que pour défunt Jean Magnon, boucher, demeurant à Balan, la somme de 61 1. 1 s., pour la quantité de 444 livres de viande fournies à un détachement du régiment de Languedoc, logé audit Balan, le 19e janvier 1674. — Le prix du kilog. de viande est donc de 0 fr. 28 centimes. 3 Le 17 août 1674, le ban et l'arrière-ban sont convoqués et placés sous les ordres du maréchal de Créquy. On sait que ces nobles se montrèrent insoumis, lâches et déserteurs ». On les renvoya par ordre du 22 nov. suivant. Cf. C. ROUSSET, Histoire de Louvois, t. H, p. 96-101. 4 Sachy Ardennes, arr. Sedan, cant. Carignan, a été pillé à de nombreuses reprises. Cf. le Dictionnaire historique des communes de l'arrondissement de Sedan, publié par A. HANNEDOUCHE, 1892, p. 438. — 95 - pour 398 1. 7 s. 6 d., les poudres et autres choses nécessaires pour faire sauter les mines et enlever les bancs du roc de la Cassine, pour tirer les canons à l'arrivée de M. le marquis de Rochefort 1, pour charger les canons du Palatinat 2 et aussi pour tirer les canons le jour du saint Sacrement. L'année suivante, 1675-1676, les présents, offerts par la ville à ses visiteurs de marque, coûtent 1,163 1. 7 s. Elle doit d'autre part fournir de la bière aux troupes venues de l'armée de Flandre pour faire le siège de Bouillon et qui campent dans la prairie de Torcy, savoir deux bataillons du régiment des Gardes, deux du régiment de Normandie, un du régiment de Vermandois et le sixième du régiment de la Couronne; ce qui coûte 433 1. 5 s., payés aux sieurs Hamal, Loriot, Sadier et Quantret, maîtres brasseurs 3. Enfin le comptable paie à l'échevin La Morlette la somme de 4,441 1. 10 s., montant de la taxe levée sur les arts et métiers et qui se décompose comme suit 4,063 1. 10 s., produit net de la taxe, — 378 1. avancées par La Morlette pour parfaire la somme de 4,4001. à laquelle la ville avait été taxée,—et s. pour l'argent léger ou faux, qui s'est trouvé dans les deniers perçus à cette occasion, ainsi que pour le transport des fonds à Charleville 4. Hilaire Roujoux reprend alors les fonctions de comptable. Le malheureux, pendant qu'il assistait au sermon le jour de la Purification, fut victime d'un vol avec effraction ; mais le voleur, effrayé sans doute par les nombreuses perquisitions faites le jour même, rapporta la somme volée, à l'exception toutefois de 492 1. 19 s. 6 d. Pour consoler le comptable, le corps de ville lui 1 Henri-Louis d'Aloigny, marquis de Rochefort et du Blanc en Berrv f 22 mai 1676, fils aîné de Louis d'Aloigny, marquis de Rochefort, chevalier des ordres et surintendant des bâtiments de France, et de Marie Habert, servit d'abord sous le prince de Condé, puis en Hongrie, rentra au service de Louis XIV en 1665 et devint successivement capitaine-lieutenant des gendarmes du Dauphin, brigadier de la gendarmerie, gouverneur de la ville d'Ath en 1667, maréchal de camp en 1668, lieutenant-général et capitaine d'une compagnie des gardes du corps en 1672, gouverneur do la Lorraine, du Barrois et des Trois-Evéchés en 1675 et maréchal de France, le 30 juillet de la même année. Le 10 mars 1676, il fut choisi pour commander en chef un corps d'armée sur la Meuse et la Moselle. Cf. le P. ANSELME, l. VIII, p. 614. Cette rapide fortune s'explique par ce fait que sa femme, Madeleine de Laval f 1729, était la confidente des amours de Louis XIV et la maîtresse de Louvois ; elle fut nommée, en 1674, dame du palais de la reine et, en 1680, dame d'atour de la Dauphine. 2 La Cassine est un faubourg do Sedan. Le Palatinat est un ouvrage qui protégeait le faubourg du Ménil et qui fut commencé lors du séjour du prince palatin Louis-Philippe à Sedan, en 1618. 3 Cf. notre étude sur les Sièges fameux de Bouillon, 1892, p. 35-43. 4 En effet 4,063 1. 10 s. + 378 1. font bien 4,44-1 1. 10 s. — 96 — alloue, à la pluralité des voix, la somme de 300 l., mais sans tirer à conséquence 1. Les présents, faits aux visiteurs de distinction, coûtent 1,137 1. 12 s. 6 d. La ville paie également 102 1. pour aider à la fourniture d'un détachement de l'armée de Flandre, qui se rend en Allemagne et pour lui enlever l'occasion de faire le dégât dans les villages du gouvernement. Cependant le maréchal de Turenne est tué à Salzbach 2, le 27 juillet 1675. Afin d'honorer la mémoire du plus illustre de ses enfants, la ville fait célébrer un service funèbre, dont les frais s'élèvent à la somme de 226 1. 10 s., payée au sieur Nicolas Gaillard, marguillier de la paroisse Saint-Laurent. Au commencement du compte 1677-1678, le receveur constate qu'il est dû à l'Académie de Messieurs de la R. P. R. six années de rente, qui font 4,554 1. 15 s. Il est vrai de dire que, si ces Messieurs ne sont plus payés, en revanche sur leur crédit on prélève désormais chaque année la somme de 209 1. 12 s., que l'on alloue généralement au prédicateur chargé de prêcher le carême et l'avent. L'année précédente, c'étaient les révérends pères jésuites de Sedan ; cette année, c'est le R. P. Paul Golefer, prédicateur de l'ordre de saint Dominique. Les temps sont proches, où Louis XIV révoquera l'Edit de Nantes. 1 Voici l'article en question, dont nous avons un peu rajeuni l'orthographe Dit le comptable que, la veille de la fête de la Purification dernière, ayant reçu des fermiers de la ville la somme de 1,650 1., il les aurait mis et enfermé sous la clef dans une armoire, qui est dans la chambre où il couche, destinée à la conservation des deniers de la ville, où il avoit sujet de les croire en toute sûreté ; néanmoins, le jour de lad. fête, étant allé au sermon et vêpres, il aurait été averti d'un désordre arrivé en sa maison et, à son retour, en présence de plusieurs personnes du voisinage, aurait trouvé les deux portes de lad. chambre ouvertes et forcées, la serrure de lad. armoire pareillement forcée et led. argent enlevé, à l'exception de quelques menues monnoies qui étoient restées dans un petit panier ; ce qui l'auroit obligé de faire des perquisitions exactes, non seulement dans la ville, mais dans la campagne, par des dragons et autres cavaliers, qu'il aurait envoyés en plusieurs endroits ; ce qui même lui aurait été de dépense assez considérable et, comme le coup éclata extrêmement, il est à présumer que celui qui avoit le vol, épouvanté des perquisitions que l'on faisoit, le rapporta, du moins la plus grande partie, qui fut trouvée par les assistans dans deux sacs, en deux différens endroits, environ neuf heures du soir, lesquels sur-le-champ furent ouverts et comptés avec ce qui étoit resté de monnoie dans ladite armoire et quelque autre, qui fut trouvée en divers endroits de la maison ; lequel calcul ayant été fait par l'un de Messieurs les échevins, en présence de plusieurs de Messieurs du Conseil de police, il se trouva que de lad. s. de 1,650 l., il en manquoit la s. de quatre cent nonante deux livres dix-neuf sols, six deniers ; et, comme c'est un vol avec fracture, sans négligence aucune de sa part, le comptable, qui n'est que gardien et dépositaire des deniers publics, il est juste de lui tenir compte de sa perte, pour quoi il couche ici en dépence, 492 l. 19 s. 6 d. ». — Cette dernière somme est iffée sur le compte et en marge il est écrit Alloué à la pluralité des voix la s. de 300 1., sans tirer à conséquence ». 2 On sait que Turenne naquit à Sedan, le 11 septembre 1611. Nous aurions volontiers reproduit en note son acte de baptême ; malheureusement le registre baptislaire pour cette année 1611 a disparu des Archives du tribunal de Sedan.—La dernière campagne de Turenne a été brillamment racontée par le duc D'AUMALE dans son Histoire des princes de Condé, 1896, t. VII, p. 611-629. - 97 - Il faut dire aussi que la ville assure une pension viagère au sieur Pierre-Louis de Castres, ci-devant écuyer de l'Académie [des Exercices], par un résultat de police du 27 juillet 1677. Et cette même année, le receveur déclare avoir payé au sieur Billot de Lamécourt, propriétaire de la maison où demeuraient auparavant les sieurs de Castres et de Chadirac, écuyers de l'Académie royale de la ville, la somme de 155 1. 14 s. pour plusieurs années de loyer qui lui étaient dues. Les vins de présent ne vont plus qu'à s. 4 d. Le Conseil de police profite de cette diminution des dépenses extraordinaires pour rhabiller les quatre valets de ville et le forestier; ci, pour les draps, façon et broderies des casaques, les bas et les baudriers, la somme de s. 6d., payée à Daniel Jolitemps, marchand, à Jean de Liège, tailleur d'habits, à Jean Loriot, maître boutonnier, et à Renaud Poutrain, brodeur 1. Le compte de l'année 1678-1679 se ressent également de la guerre. Le receveur François de Belval paie 492 1. 4 s., à Thomas 1 Nous croyons devoir reproduire en note ce passage d'une lettre adressée par P. Bayle à son ami M. Minutoli, le 29 août 1677 Nous avons vu toute cette frontière dans la consternation. Il y avoit longtemps que toute l'Europe étoit imbue des armements formidables de l'Empire. Les gazettes des ennemis publioient en toutes langues que l'armée du prince de Lorraine étoit de plus de soixante mille combattants, qu'ils avoient juré la perte de la France, qu'ils vouloient prendre des quartiers d'hiver aux portes de Paris et porter partout l'horreur et la désolation. Toutes ces menaces avoient produit une extrême crainte, de sorte que toutes les campagnes ont été abandonnées, bourgs, châteaux et villages. Chacun s'étoit sauvé dans les places fortes avec ses meubles. Enfin les ennemis arrivèrent à Mouzon, le 2 du courant et, n'y trouvant personne, firent passer quelques escadrons à gué et dresser des ponts. On s'imaginerait que toute leur armée passerait la Meuse ; mais ils n'ont eu garde. Ils ont. séjourné à Mouzon jusqu'au 14, s'étendant jusqu'à deux petites lieues de Sedan et ont beaucoup souffert, tant à cause des pluies qui rendoient le blé, assez vert de lui-même encore, mal propre à souffrir la meule, que parce que l'armée de M. de Créquy, les paysans et les partis de nos places en tuoient beaucoup ; ce qui fit faire défense de s'éloigner du camp. Enfin, ils sont retournés dans le Luxembourg, sans avoir rien entrepris, sans avoir même osé faire des courses en Champagne, quoiqu'ils eussent des gués et des ponts sur la Meuse, autant qu'ils en vouloient. Toutes les prouesses consistent à avoir brûlé quinze ou seize villages autour de Mouzon et de Carignan. Par bonheur pour eux, M. de Créquy, qui souhaitait passionnément qu'il passassent en Champagne et qui, pour les y engager, ne gardoit aucun poste de l'autre côté de la rivière, reçut ordre de la Cour de passer du côté de France, dont il enrageoit ; car il les attendoit au décamper et s'étoit posté si avantageusement qu'ils n'auroient su faire aucun mouvement, sans que notre armée fût tombée sur eux. Alors, voyant la rivière entr'eux et M. de Créquy, ils décampèrent tout à leur aise et nos paysans et" campagnards retournèrent chacun chez soi. Les menaces et les préparatifs du côté de Flandre n'ont pas été moindres ; cependant cela n'a abouti qu'à faire des lignes de circonvallation et à les abandonner aussitôt Avec tout cela, il faut faire justice aux généraux des Confédérés ils ne manquent ni de zèle, ni de prudence, ni de conduite. Le mal pour eux est de n'avoir pas des armées aussi fortes qu'ils les publient. Car, après tout, pourquoi s'étonner que le prince de Lorraine n'ait formé aucun siège, lui qui n'avoit qu'environ 40,000 hommes et qui se voyoit obsédé d'une armée de 35,000 hommes effectifs, les meilleures troupes du monde, sous les ordres de M. de Créquy, dont l'activité est extrême et qui ne leur a laissé faire aucune démarche impunément?... » Cf. P. BAYLE, OEuvres diverses, 1737, in-fol. t. IV, p. 572. - 98 - Missel et à d'autres, pour les voitures de perches et de piquets, l'achat de paille, bois, fagots, vin, sel et divers ustensiles fournis au camp de Torcy, qui se rédime de celle façon, par ordre du maréchal de Créquy, du soin de loger trois bataillons du régiment de Navarre, les régiments de Sainte-Maure, du Plessis et Ferron, cavalerie et six autres régiments de cavalerie. Il paie aussi la somme de 31 1. aux bateliers Jean Brincourt et la Coquette, pour avoir conduit à Mouzon et à Mézières deux bateaux chargés de soldats malades, qui appartenaient aux régiments de Sainte-Maure et du Maine. Mais les plénipotentiaires français ont signé la paix à Nimègue1, le 10 août avec la Hollande et le 17 septembre avec l'Espagne. Grandes réjouissances à Sedan, et par suite, nouvelles dépenses, payées sans doute de grand coeur 75 l., qui sont données aux tambours, trompettes, timbaliers, canonniers, valets de ville et aux soldats employés à la garde du feu de joie, fait le 23 octobre ; 73 1. 10 s., au sieur Desroche, marchand poudrier; 38 1. 5 s., aux portefaix qui ont manié et tiré les canons. En outre, 581 s. 6 d. sont dépensés pour les vins, dragées, confitures sèches et les armes présentés à Messieurs les maréchaux de Créquy et de Schônberg2, à M. de Strasbourg 3, Messieurs les intendants Robert et Hue de Miromesnil 4, et à quantité d'autres personnes de qualité. 1J II faut lire, dans HENRI VAST, Les grands traités du règne de Louis XIV, 1898, t. II, p. 53-61, le traité conclu avec les Etats-Généraux, — p. 79-99, le traité conclu avec le roi Charles H d'Espagne, — p. 100-110, le traité en latin, conclu avec l'empereur Léopold, le 5 février 1679. L'article xvm de ce dernier traité est relatif à la cession de la ville et préfecture de Longwy ; l'article XXVIII, à la cession du château et du duché de Bouillon. Nous le reproduisons Cum ab antiquo controversia sit de Castro et Ducalu Bullioncnsi inter Episcopum et principum Leodiensem et Duces ejus nominis, conventum est ut, Duce Bullionensi in eà, in quâ nunc est, possessione manenle, controversia illa amicabili via, vel per arbitras a parlions intra trimestre a ralihahità pace nominandos terminatur, viâ facti penitus exclusâ. » 2 Frédéric-Armand de Schonberg 1615-]-1690, d'une famille originaire du Palatinat, servit successivement en Suède, en Hollande, dès 1650, en France, où il fut fait maréchal de camp en 1652, et lieutenant-général en 1054, puis en Portugal de 1600 à 1668, où il reçut le titre de comte de Merlola pour ses brillants services. Rentré en France et naturalisé français en 1608, il reçut le hâlon de maréchal, le 30 juillet 1075, et commanda une armée dans les Pays-Bas. Il quitta la France, lors de la révocation de l'Edit de Nantes, passa en Portugal, puis au Brandebourg, et s'attacha finalement à Guillaume III d'Orange. — Il n'appartient pas à la famille de Henri et Charles de Schomberg, qui furent aussi maréchaux de France au xvne siècle. Cf. le P. ANSELME, t. VII, p. 609-610. 3 François-Egon de Furstenhcrg. évêque de Strabourg, du 19 janvier 1663 au 1er avril 1682. Ce prélat et son frère cadet. Guillaume de F., qui le remplaça a l'évêché de Strasbourg, étaient attachés à la politique de Louis XIV ; en sa qualité de grand prévôt de l'église de Cologne, il était premier ministre du prince-évêque de Liège, Maximilien-Henri de Bavière, qui avait aussi l'archevêché de Cologne, etc. Cf. JOSEPH DARIS, Hist. de la principauté et du diocèse de Liège, 1877, t. Il, p. 47, 113, 202, etc.; H. LONCHAY, La principauté de Liège, la France et les Pays-Bas, au XVIIe et au XVIIIe siècle, 1890, p. 113, 123. — Il passait pour aimer à bien boire. Cf. P. BAYLE, OEuvres diverses, t. IV, p. 601. 4 Robert était, l'intendant d'armée, préféré par Louvois. Cf. C. ROUSSET, ouvr. cité passim. — Th. Hue de Miromesnil, intendant de Châlons, de 1676 à 1689. - 99 - La Ville est en procès, à propos des coches, avec les fermiers des traites; elle tâche de se faire rembourser l'argent avancé pour les étapes. Par suite, nombreux voyages faits à Paris, à Metz, et même à Reims, pour prier l'archevêque d'accorder sa protection. La dépense, occasionnée par tous ces voyages, s'élève à 1,028 1. 16 sols. Mentionnons, en terminant, la dépense, devenue régulière, des 209 1. 12 s. 9 d., payés cette fois à Monsieur Ratoin, docteur de la Sorbonne et chanoine de l'église cathédrale de Soissons, qui a prêché Pavent et le carême, pour et en l'acquit de l'Académie de Messieurs de la R. P. R. Le dimanche 27 octobre 1680, lit-on dans les registres des délibérations de la Municipalité de Sedan 1, la Compagnie estimant qu'il lui est important de conserver la mémoire de ce qui s'est fait au passage du Roy dans cette ville au mois d'août dernier, il a été arrêté qu'il en sera fait sur ce registre un récit sommaire, lequel nous avons fait en conséquence dudit arrêté, ainsi qu'il en suit Avant l'arrivée de Sa Majesté en cette ville, la Compagnie députa deux du Corps pour aller à Charleville 2 voir M. le marquis de Croissy, secrétaire d'Etat du département, pour recevoir ses ordres en la manière de la réception. Le vingt août, Sa Majesté arriva en cette ville, environ les deux heures après midi. Plusieurs personnes de la première qualité et presque tous MM. les Secrétaires d'Etat étoient arrivés auparavant, et le corps de ville les avoit complimentés et leur avoit présenté le vin, à même qu'il avoit appris leur arrivée. Le même corps de ville attendoit le Roy à la porte et M. le comte de la Bourlie, gouverneur de cette ville, ayant présenté les clefs au Roy, présenta aussi Messieurs de Ville à Sa Majesté, qui avoient ordre de se trouver en cet endroit et de faire la révérence au Roy, sans aucun compliment. Le Présidial, selon l'ordre aussi qu'il avoit reçu, attendit Sa Majesté en haie dans son antichambre et, Sa Majesté passant, ils eurent l'honneur de lui faire la révérence. 1 Cf. aux Arch. munie, de Sedan, BB, 28, le 1er registre, qui va de 1674 à 1703, fol. 13. 2 Charleville est le plus beau pays du monde », écrit Madame do Sévigné à sa fille, le 6 juillet 1676. Cf. Les Lettres de Madame de Sévigné, 1862, t. IV, p. 516. — Son fils y trouve les délices de Capoue. "Aussi vient-il s'y faire soigner peu après, au mois d'octobre, d'un rhumatisme qu'il a sur la cuisse et sur la hanche. Cf. Les Lettres, t. V, p. 105. — 100 — Mais on leur avoit marqué expressément que Sa Majesté ne vouloit ni compliment, ni harangue, en sorte qu'après avoir eu l'honneur de saluer le Roy, ils se retirèrent, à la réserve du lieutenantgénéral, qui aborda M. 1, maître des cérémonies pour savoir de lui s'il ne restoit rien à faire à ces deux corps et si l'intention de Sa Majesté n'étoit pas qu'ils rendissent quelques devoirs à la Reine, à Monseigneur le Dauphin, à Madame la Dauphine et à quelques autres princes, ou officiers de la Maison du Roy; lequel lui répartit qu'il avoit ordre de Sa Majesté de faire entendre qu'aux lieux où Elle étoit, il n'y avoit d'honneurs à rendre qu'à Elle et que n'ayant rien désiré autre chose que ce que le corps de ville et le présidial avoient fait, tout étoit fini et il ne restoit rien à faire. Le Roy passa le jour suivant tout entier en cette ville et il en partit le vingt-deux, pour aller à Stenay à ses dépens 2. Le Corps de ville se rendit à son antichambre, pour avoir l'honneur de lui faire la révérence en partant. Mais, Monsieur le comte de la Bourlie les ayant introduits dans la chambre du Roy et les ayant présentés à Sa Majesté, Elle les reçut avec des démonstrations de bonté très particulières, leur ayant fait l'honneur de leur dire qu'Elle étoit très contente de leur conduite, qu'Elle leur donneroit des marques de son affection et qu'Elle mettroit cette place en état, qu'ils n'auroient plus rien à craindre ; ce qui leur causa une fort grande joie. » Le loyalisme des protestants sedanais envers Louis XIV allait être soumis à une dure épreuve. Nous arrivons en effet au moment où l'oeuvre de Henri IV devait être supprimée d'un trait de plume, où Louis XIV va chasser de la France des Français, qui avaient été, depuis l'édit d'Alais, les plus fidèles sujets de son père, qui avaient fourni à leur patrie des conseillers éminents, des industriels et 1 Il s'agit de Nicolas Sainctot, deuxième du nom, né vers 1632, pourvu le 18 janvier 1655 de la charge de maître des cérémonies, qu'avaient exercée son oncle et son père, et qu'il vendit en 1691. 2 Voici l'itinéraire suivi par Louis XIV au cours de ce voyage le 13 juillet 1680, il part de Saint-Germain et traverse la Picardie, l'Artois et la Flandre; le 13 août, il dîne au château de Merbes Hainaut, arr. ad. Thuin, de cant. et couche à Thuin; le 14, il dîne à Castillon prov. Namur, arr. ad. Philippeville, cant. Walcourt, et couche à Philippeville ; le 17, il dîne à Frasnes-lez-Couvin et couche à Bocroi ; le 18, il couche à Charleville; le 19, il couche à Mézières ; le 20, il dîne à Vrigne-aux-Bois et couche à Sedan ; le 22, il dîne à Amblimont et couche à Stenay ; le 23, il dîne à Montmédy et couche à Stenay ; le 24, il dîne à Buzancy et couche à Yoncq; le 25, il couche à Château-Porcien, le 26 à Liesse et le 30 à Versailles. Cf. les Pièces fugitives pour servir à l'histoire de France, publiées par le marquis D'AUBAIS, 1759, in-4°, t. I, p. 149. 101 - des commerçants d'élite, des officiers accomplis dans les armées de terre et de mer, et qui, suivant l'expression d'un historien peu suspect de partialité 1, apportaient l'élément austère dans le grand édifice de l'unité nationale. Les protestants des principautés de Sedan et de Raucourt pouvaient espérer que l'édit de Rueil 2, porté au mois de juin 1644, après leur réunion à la couronne, les protégerait contre le sort dont étaient menacés les autres protestants français. Par cet acte Louis XIV accordait à ses nouveaux sujets la continuation des mêmes droits, privilèges, prérogatives, avantages, libertés, exercices publics et particuliers de la R. P. R., collège, académie et écoles, dont ils ont joui jusqu'à présent, suivant les titres et déclarations 3, qui leur ont été accordés par les seigneurs de Sedan ». Les calvinistes sedanais jouissaient donc des mêmes garanties dont bénéficièrent les protestants d'Alsace, des capitulations spéciales qui plaçaient ces derniers sous la protection des traités de Westphalie. Mais Louis XIV ne se crut pas obligé par sa signature et il alla jusqu'au bout dans la voie, que lui traçaient à la fois sa propre dévotion, surexcitée par les fréquentes remontrances et doléances du clergé catholique 4, la politique violente qu'il poursuivait à ce moment contre la Cour de Rome et qui l'obligeait, croyait-il, à donner des gages certains de son orthodoxie 5, enfin et surtout cette tendance inconsciente à l'unité, qui animait depuis longtemps la politique intérieure du gouvernement royal et qui lui faisait voir des révoltés dans ceux de ses sujets, assez insoucieux de leurs devoirs monarchiques pour oser professer une autre religion que la sienne 6. On sait que la révocation de l'édit de Nantes constitue le dernier terme d'une série de mesures savamment graduées, pour réduire successivement les libertés accordées par la sage politique 1 Cf. le duc D'AUMALE, Histoire des princes de Condé, t. III, p. 224. 2 On le trouve imprimé à la suite des Ordonnances et coutumes de Sedan, 1717> in-4°. 3 Cf. l'Edit rendu en faveur des protestants de Sedan, par Frédéric-Maurice, duc de Bouillon, en 1636, dans l'Histoire de l'Edit de Nantes, par ELLE BENOIT, Delft, 1693, in-4», t. II, p. 582-584, et dans la Revue historique des Ardennes, d'ED. SÉNEMAUD, 1867, t. V, p. 54-55. 4 Cf. ROUSSET, Histoire de Louvois, t. III, p. 437, note 1 5 Cf. C DARESTE, Histoire de France, 1873, t. V. p. 545. 6 Cf. C. ROUSSET, ouvr. cité, t. III, p. 429-443 ; ALBERT SOREL, l'Europe et la Révolution, t. I, p. 190 et suiv., et son article sur la Révocation de l'Edit de Nantes, publié dans le Temps du 18 octobre 1885. — 102 — de Henri IV. Parmi ces mesures préparatoires 1, il faut surtout citer l'arrêt du Conseil d'Etat, qui supprima l'Académie sedanaise, le 9 juillet 1681. C'en fut fait pour toujours de cette fameuse compagnie, où avaient enseigné tour à tour, pour ne citer que les plus célèbres, la dynastie des Cappel, justement réputés pour leurs ouvrages en droit, en histoire, en langue hébraïque; Daniel Tilénus, esprit tolérant, qui fut persécuté à cause de ses opinions arminiennes; Pierre du Moulin, lutteur infatigable, qui batailla rudement pour le calvinisme intolérant jusqu'à la fin de sa longue existence; Samuel Néran, l'élève de Tilénus, qui célébra en vers latins l'Académie sedanaise, ainsi que son ami Artur Jonston; Abraham Rambour, controversiste honnête et homme d'affaires entendu; Samuel des Marets,théologien fécond et ardent, qui fut ensuite l'honneur de l'Université de Groningue ; Louis Le Blanc de Beaulieu, esprit modéré, qui aurait voulu supprimer ce qui départageait les protestants et les catholiques; puis, vers la fin, Pierre Jurieu, écrivain violent, d'une éloquence enflammée et dont les Lettres pastorales obtinrent après la Révocation un immense succès auprès des protestants de France, et, le plus grand de tous, ce Pierre Bayle, trop sceptique peut-être, mais d'une érudition profonde et d'une familiarité charmante, qui fut le premier champion de la tolérance et le père de la critique moderne 2. Assurément, c'était là une perte irréparable pour la principauté de Sedan et même pour le royaume de France. Car le départ forcé de ces savants laborieux, épris de culture sévère et de critiques fécondes, toujours respectueuses pour le pouvoir royal, si elles étaient passionnées à l'égard de leurs adversaires, allait fatalement développer l'hypocrisie et l'immoralité 3, dont la France eut tant à souffrir au XVIIIe siècle. 1 Cf. GERMAIN, Histoire de l'église de Nimes, 1842, t. II, p. 377, note 1 et, pour les mesures particulières au Sedanais, le pasteur F. PEYRAN, Histoire de l'ancienne principauté de Sedan, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, 1826, t. II, p. 224 et suiv., et l'abbé PREGNON, Histoire du pays de la ville de Sedan, 1850, t. H, p. 1-50. 2 Cf. CHARLES PEYRAN, Histoire de l'ancienne Académie réformée de Sedan, thèse de théologie, 1846, 59 p. P. DANIEL BOURCHENIN, Etude sur les Académies protestantes en France au XVIe et au XVIIe siècle. 1882, p. 112-125, 163-165, 174, 190, 200-202, 224-225, 228, 236, 249, 259-261, 271-272, 283-285, 287, 293-4, 300-308, 318-321, 330, 338, 355-357, 374, 377-380, 399, 428-434, 464-5, 470-1; E. HENRY, Notes biographiques sur les membres de l'Académie protestante, et les pasteurs de l'église réformée de Sedan, 1896; les Extraits de la chronique du père Norbert, concernant le collège de Sedan, dans la Revue hist. des Ardennes d'ED. SÉNEMAUD, t. V, p. 39-64 et 106-187; etc. 3 C'est ce qu'avait prévu VALBAN, dans son Addition au Mémoire sur le rappel des huguenots, écrite en 1692 la religion catholique n'en serait que plus négligée, s'il n'y avait plus de religionnaires. » Cf. C. ROUSSET, Histoire de Louvois, t. III, p. 511. - 103 — Lourdement frappée dans ses intérêts d'ordre intellectuel, la principauté de Sedan eut aussi beaucoup à souffrir dans ses intérêts matériels. La décadence générale des manufactures françaises à cette époque 1 ne suffit pas en effet pour expliquer les pertes énormes que subit, après 1685, l'industrie sedanaise et qui sont résumées dans le document suivant 2, présenté au conseil de la police, au plus tard en 1696 Des sept mille religionnaires, qui étoient les plus riches et principaux commerçants, à peine en reste-t-il quatorze cents. La seule manufacture des draps entretient ordinairement jusqu'à deux mille ouvriers hollandois ou flamands, outre les gens du pays. La cherté des denrées les en éloigne depuis les nouveaux droits, avec l'établissement desquels les vivres ne laissoient pas d'être considérablement plus chers à Sedan qu'à Charleville et autres villes voisines, à cause de la stérilité de son terroir. Outre la manufacture des draps, il y a encore celles des armes, qui est très considérable; celle du point coupé, qui ne l'est pas moins; celle des tanneurs; celle des chapeaux, qui a un grand débit dans les pays étrangers ; celle des faulx et autres ouvrages de fer, qu'on porte à Orléans, d'où le débit s'en fait par tout le royaume, et on en rapporte des eaux-de-vie et autres marchandises, qui passent par le nouveau chemin dans les pays étrangers le seul village de Givonne en faisoit, il y a dix ans, pour près de cent mille écus par an ; le commerce des dragées et confitures, qui était fort grand et qui cesse entièrement, à cause du nouvel impôt sur le sucre; celui d'orfèvrerie, qui y enlretenoit jusqu'à vingt-deux orfèvres il n'y en a que trois présentement. Il est encore à remarquer qu'il y avoit à Sedan un collège et une université de religionnaires, très considérables, qui y attiroient un grand nombre d'écoliers et de proposants; une académie à monter à cheval, où il venoit une grande quantité de gentilshommes étrangers pour apprendre la langue. Tous ces avantages, que Sedan avoit acquis par ses privilèges, étant venus tout d'un coup à cesser, ont causé son dépeuplement; en sorte que, si Sa Majesté n'a la bonté de la soutenir et de la protéger présentement, les ouvriers s'en retireront et porteront leur industrie et manufacture en Lorraine et autres pays voisins; 1 Comme paraît le croire M. POINSIGNON, Histoire de la Champagne et de la Brie, t. III, p. 197. 2 Cf. les Arch. municipales de Sedan, HH. 15. — 104 — en sorte que cette ville, qui étoit, il n'y a encore que peu d'années, des plus florissantes, sera bientôt changée en une misérable bourgade. Cependant on ose avancer que jamais peuple n'a plus mérité de son prince, par son zèle et sa fidélité dans des temps difficiles, que celui de Sedan. » Sera continué. Stéphen LEROY. VARIÉTÉS I. Biographie ardennaise Le Général d'ARTAIZE. D'ARTAIZE Louis-Alexandre, maréchal de camp, né le 14 novembre 1728, à Ballay, baptisé à Vandy, mort à Rethel le 12 avril 1799, était fils de Robert d'Artaize, chevalier, seigneur de Vaux-Morgny, la Maison Rouge, Herbigny et d'Alendhuy, et de Suzanne de Marcheville. Cadet au régiment royal d'artillerie le 10 mars 1744, il entra aussitôt en campagne avec l'armée du Rhin, fut blessé à la jambe gauche par un éclat de bombe à Fribourg en Brisgau ; il fit les campagnes d'Italie et de Flandre, reçut un coup de feu en 1747, et fut nommé sous-lieutenant dans les volontaires royaux le ler mai de la même année. Le 21 septembre 1748, d'Artaize fut mis en réforme. En 1750, il reprit du service dans les Gardes du corps du Roi, fut nommé lieutenant dans les volontaires royaux le Ier décembre 1756 et capitaine en second le 9 avril 1758, fit les campagnes de 1757 à 1762 en Allemagne, reçut la croix de Saint-Louis en 1763 et fit la campagne de Corse en 1766. En 1774 il reçut le titre de comte par plusieurs brevets de la Cour. Il passa capitaine-commandant de chasseurs au régiment du colonel général de dragons le 16 juillet 1776. Lieutenant-colonel, commandant du bataillon de garnison d'Armagnac le 10 mai 1778, il prit le commandement du bataillon de garnison de Limousin le 3 juin 1779. En 1789 il était grand bailli d'épée du duché de Rethelois. Admis à la retraite avec le grade de maréchal de camp le 1er mars 1791, un décret du 11 février 1793 lui accorda une pension de 3,000 livres. De son mariage avec Pauline de Monlendre, morte à Sault-les-Rethel le 1er juillet 1769, il eut Julie d'Artaize mariée en 1785 au baron Agis de Saint-Denis. D'un deuxième mariage avec Marie-Françoise de Rocquefeuille, — 105 — née à Sault-les-Rethel le 16 septembre 1739, veuve d'EtienneAlexandre Pillonchery d'Avenay, il eut 1° Alexandre-Louis-Charles; 2° Alexandre-Pierre-Charles-Suzanne, qui suit ; 3° Charles-Jules-Louis, né à Sault le 13 avril 1774, qui périt en 1797, capitaine d'artillerie au service de l'Angleterre. Alexandre-Pierre-Charles-Suzanne, comte d'Artaize, né à Saultles-Rethel le 11 avril 1771, émigra en 1790, devint aide de camp du général Esterhazy, fit la campagne de 1792 à l'armée des Princes ; capitaine de troupes légères au service du Portugal en I797, il rentra en France en 1809 et n'y trouva aucun débris de son ancienne fortune. Il épousa à Stenay le 7 juillet 1809, Fançoise-Antoinette Galland du Pigny, née à Bouillon le 17 mai 1779, morte à Paris le 2 décembre 1850, fille de Charles-Antoine Galland, né à Charleville, commissaire des guerres, mort à Stenay le 30 décembre 1805. Alexandre-Pierre-Charles-Suzanne, comte d'Artaize, fut le dernier de sa famille. Pour la généalogie de la famille d'Artaize, voir le Dictionnaire de la noblesse, par de Courcelles. Ernest HENRY. II. Acte de mariage du général Joubert à Grandpré 30 messidor an VII —18 juillet 1799. Entre tous les généraux morts pour la Patrie dans les guerres de la République, Joubert est un des plus brillants, un de ceux dont la brillante destinée fut trop tôt anéantie ; c'est aussi le seul — comme on pourra s'en assurer en feuilletant le volume de Jacques CHARAVAY Les généraux morts pour la patrie, 1794-1871, Première série 1792-1804 ; Paris, 1893, gr. in-8° — dont le nom est lié à l'histoire des Ardennes. C'est par son mariage qu'il appartient à nos annales. L'union qu'il contracta avec Mlle de Monlholon, dont la mère avait épousé en secondes noces le propriétaire du château de Grandpré, fut d'ailleurs éphémère. Elle fut célébrée le 30 messidor an VII-18 juillet 1799; et le 15 août, Joubert était tué à Novi ! 1 Henry JAILLIOT. Aujourd'hui décadi trente messidor an sept de la République française une et indivisible, à dix heures du matin, pardevant nous Paul Augustin Marie BRINCOURT, Président de l'administration municipale du canton de Grandpré, département des 1 Voy. sa notice biographique dans J. CHARAVAY, p. 73-75. La date de l'acte de mariage prouve que Joubert ne pouvait être rendu à Gênes vers le 15 juillet », mais peu après le 18. — 106 — Ardennes, chargé de la rédaction des actes de mariage, en exécution de la loi du treize fructidor an six, et accompagné du secrétaire de ladite administration, soussigné, sont comparus en la maison commune de ce lieu pour contracter mariage, d'une part, le citoyen Barthélémy-Catherine JOUBERT, Général en chef de l'armée d'Italie, âgé de trente ans, né à Pont de Vaux, département de l'Ain, fils majeur de Claude-Marie JOUBERT, homme de loi demeurant audit lieu, et de feue Françoise GIRAUD, sa mère, décédée au môme lieu. D'autre part, Félicité Françoise MONTHOLON, âgée de dix-neuf ans, née à Paris, demeurant à Grandpré, fille mineure de feu Mathieu MONTHOLON, décédé à Paris, et procédant présentement de l'autorité et consentement d'Angélique Aimée ROSTAING, sa mère, actuellement épouse du citoyen Charles Louis Gugnet SÉMONVILLE, propriétaire, demeurant à Grandpré, et autorisée à cet effet par ce dernier ; lesquels futurs conjoints, accompagnés du citoyen Louis Nicolas RAYOUL, chef de bataillon dans la vingt-deuxième demi-brigade d'infanterie légère, et aide de camp du futur, demeurant à Avallon, déparlement de l'Yonne, âgé de vingt-sept ans, et de Marc Antoine MATIS, propriétaire, demeurant à Grandpré, âgé de soixantequatre ans, tous deux amis du futur, de Jean Hyacinthe GOULET, propriétaire, demeurant à Olizy, âgé de trente ans, et de Louis Marie GUÉRIN, notaire public, demeurant à Grandpré, âgé de trente-neuf ans, tous deux amis de la future, témoins appelés par les parties ; lesquels BARTHÉLÉMY CATHERINE JOUBERT et FÉLICITÉ FRANÇOISE MONTHOLON nous ont dit qu'ils désiraient contracter mariage ensemble, à l'effet de quoi ils nous ont présenté et mis en main, 1° l'extrait de l'acte de naissance du citoyen BARTHÉLÉMY CATHERINE JOUBERT qui constate qu'il est né à Pont de Vaux, département de l'Ain, du légitime mariage de Claude Marie JOUBERT et de Françoise GIRAUD le quatorze avril mil sept cent soixante-neuf, 2° l'extrait de l'acte de naissance de la citoyenne FÉLICITÉ FRANÇOISE MONTHOLON qui constate qu'elle est née à Paris, paroisse St-Gervais, du légitime mariage de Mathieu MONTHOLON et d'Angélique Aimée ROSTAING, le dix-sept septembre mil sept cent quatre-vingt ; 3° les extraits des actes de publications de leur promesse de mariage, faites tant à Pont de Vaux qu'en cette commune les vingt et vingt-sept messidor présent mois, lès dix heures du matin, 4° et du consentement écrit de la citoyenne Angélique Aimée ROSTAING, mère de la future, à cause — 107 — de sa minorité, nous requérant de faire lecture desdites pièces, ce que nous avons fait à l'instant, en leur présence et celle des témoins ci-dessus désignés, après quoi lesdits BARTHÉLÉMY CATHERINE JOUBERT et FÉLICITÉ FRANÇOISE MONTHOLON ont déclaré l'un après l'autre à haute voix qu'ils se prenaient en mariage, ensuite nous, président susdit, avons prononcé au nom de la loi que BARTHÉLÉMY CATHERINE JOUBERT et FÉLICITÉ FRANÇOISE MONTHOLON étaient unis par le mariage. De tout quoi nous avons dressé le présent acte que nous avons signé avec les parties et les quatre témoins après lecture faite. Fait en la maison commune de Grandpré les jour, mois et an que dessus. » Suivent les Signatures COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Album d'art religieux. Givet Hagiographie franciscaine et dominicaine en sculptures sur bois. Charleville, A. Gelly, éditeur, s. d. [1900]; album illustré in-4° oblong non paginé. — Tiré à un très petit nombre d'exemplaires 6 fr. 50, par la poste 7 francs. M. A. Gelly, le photographe-éditeur bien connu, vient de faire paraître sur Givet religieux, un album que précède une notice du Dr Beugnies, président de Givet pittoresque ». On y trouve reproduites toutes les magnifiques sculptures sur bois qui décorent les églises Saint-Hilaire et Notre-Dame, et qui constituent comme une histoire hagiographique des deux ordres franciscain et dominicain. Les boiseries qui ornent le choeur de Saint-Hilaire proviennent de l'ancien couvent des Franciscains Récollets, et datent de l'époque de Louis XIV elles consistent en panneaux sculptés et en médaillons des saints de l'Ordre, qui alternent avec de grandes compositions religieuses, tirées de l'Ancien et du Nouveau Testament. — Les boiseries de l'église Notre-Dame sont de style Louis XV, mais on n'en connaît exactement ni l'origine, ni la date d'installation. Elles représentent, en médaillons aux teintes chaudes, les portraits de dix saints et saintes de l'Ordre des Dominicains, et les figures des quatre Evangélistes. Il y a en outre une photographie excellente du curieux autel jésuite de l'église. Toutes ces reproductions photographiques sont d'un fini remarquable et l'on ne saurait trop louer le souci artistique dont a fait preuve M. Gelly en cette occasion. Son album restera comme un des plus intéressants documents pour l'histoire de l'art religieux dans nos Ardennes. Nous lui souhaitons de continuer l'oeuvre si bien commencée par la reproduction d'autres richesses plus ou moins connues, les stalles sculptées de Revin et de Laval-Dieu, par exemple, pour ne citer que ces deux-là. Ch. HOUIN. — 108 — Les Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc pour l'année 1900 viennent de paraître. Ils contiennent liv-439 pages. Ce volume intéresse les Ardennes à plusieurs titres. Dans le compterendu des séances, une communication de M. Léon Germain p. xxv nous donne sur saint Walfroy les curieux détails que voici Entre Montmédy et Carignan existe un célèbre pèlerinage au tombeau de saint Walfroy. Le corps de ce saint, transporté à Ivoix en 969, a disparu dés le XIIe siècle, sans que l'on ait jamais su ce qu'il était devenu. M. L. Germain analyse un article, publié récemment dans les Analecla Bollandiana, par D. Germain Morin, le savant historien bénédictin belge, qui identifie avec saint Walfroy un saint Wulphy, honoré dans le Ponthieu et dont la légende parait autoriser ce rappro chement. D. Morin pense que le corps du saint aurait été enlevé d'Ivoix et emporté dans le Ponthieu par les troupes d'Eustache de Bologne, envoyées au secours de Godefroy de Bouillon, lors du siège de Stenay, par Thiery, évoque de Verdun, en 1086. Cette très curieuse étude permet donc de croire qu'il existe encore des reliques de saint Walfroy et tend à reconstituer une importante page posthume de l'histoire du célèbre stylite. » P. 62, nous trouvons une notice sur la famille du célèbre ingénieur Errard, mort — comme on sait — à Sedan, où il habitait presque constamment après le siège et la reddition de Jametz ; cette notice donne aussi la description de ses armes, et p. 150 des armes de la famille de Reims. Barbe de Reims était épouse de Jean Errard. A la p. 233, une étude de M. Léon Germain sur l'épitaphe de Thevenin Jacquesson, capitaine-enseigne des bourgeois de Dun en 1588. La famille Jacquesson habitait Mouzon au XVIIe siècle. Jean Jacquesson, lieutenantgénéral au bailliage de Sedan, était né à Mouzon. P. 290, des notes sur la famille Morel, de Vitry-le-François. — Le 26 mai 1643, Pierre de Morel, seigneur de Marsilly, fils de Philberl Morel, bourgeois de Vitry, et de Judith Leduchat, épouse, à Sedan, Marie de Moranvillé. Judith Leduchat était soeur d'Alexandre Leduchat, marié à Sedan, le 11 octobre 1601, à Marie de Gastines. E. II. Notice sur les derniers seigneurs de Sausseuil Ardennes, par Alb. BAUDON ; — Rethel, Beauvarlet, 1901, in-8 13 pages. Nous trouvons dans cette notice la note, sur François Des Robert, publiée par nous dans la Revue de juillet 1900. Parmi les alliances des seigneurs, mentionnons la famille d'Artaize ; un de ses membres est le général d'Artaize, dont on trouvera la biographie dans cette Revue, pp. 104-105. E. H. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. RECHERCHES STATISTIQUES SUR LA POPULATION DES ARDENNES AVANT LE XIXE SIÈCLE PREMIER ARTICLE Ce n'est qu'une coïncidence fortuite qui me fait commencer, au lendemain du dénombrement de 1901, la publication de notes provenant de sources diverses et concernant la population dans les Ardennes aux temps anciens. Peut-être cette coïncidence contribuera-t-elle cependant à donner quelque intérêt aux statistiques qui vont suivre et qui ont les caractères de toutes les statistiques, l'aridité toujours, l'erreur parfois. Néanmoins ces documents statistiques étaient utiles à réunir, et ils sont infiniment rares. Pour les villes, l'historien peut, par des moyens divers et avec une certitude approximative, fixer le chiffre de leurs habitants, sinon pour le moyen âge, au moins pour les trois derniers siècles de l'ancien régime. Quant aux bourgs et aux villages, il est presqu'impossible d'en connaître la population avant le XVIIIe siècle ; encore nos documents sont-ils incomplets pour celle époque. Je me bornerai donc à publier quelques articles sur la matière, en attendant qu'un hasard heureux me permette de les augmenter. I. — La population des communes ardennaises relevant du Luxembourg, de 1495 à 1566. Le tableau ci-contre présente, pour la prévôté d'Ivoix et quelques villages de la frontière actuelle de Belgique — tous relevant aux XVe et XVIe siècles du duché de Luxembourg voyez infrà note A, — le nombre des feux » ou mesnaiges contribuables et non exemps ». La source de ce tableau est l'ensemble des registres aux Comptes des aides de Luxembourg, conservés aux Arch. gén. du Royaume de Belgique à Bruxelles fonds de la Chambre des Comptes I. Les aides, votées par les trois Etats, étaient réparties par paroisses, hameaux ou 1 Nous n'avons utilisé que ceux qui donnaient des renseignements détaillés. Les registres du XVe siècle antérieurs à 1495 no contiennent rien sur les pays romans. Ceux du XVIe postérieurs au compte de 1566 sont dressés, soit par référence à ce dernier, soit par prévôtés et seigneuries. REV. D'ARD. ET D'ARG. T. VIII, n 7. _ _ __———.— "^^^^— . 1495 1504 1525 1528 1536 1540 1554 1566 Carignan 190 feux 146 63 43 55 120 a — {b 115 1/2 j ; Aufflance 20 17 20 0 13 33 — 38 1/2 i Bièvre i 6 9 1/2 5 1/2 9 13 c — 28 d BIagny 9 8 14 8 14 17 — 27 1/2 Blanchampagne [e 4 — — — — 23 f — 8 Chamouilly et Givercy Lesllem-Villcs. 9 6 8 12 111/2 10 1/2 — 35 Charbaux g 3 6 8 4 7 13 — 21 Chèvres h 3 — — — — - — 7 Escombres 4 8 12 8 7 10 — 18 Fromy 4 6 6 1/2 4 1/2 5 6 — 10 X Herbeuval 9 5 11 7 8 9 - 21 oi La Ferté 8 16 13 — 9 18 - 28 > Linay 14 17 19 1/2 10 12 29 — 23 I Lombul - 3 2 1/2 2 6 - 12 1/2 d' Malandry 5 13 6 3 10 22 1/2 — 18 é Margny 8 6 9 7 7 11 - 12 i ôé Margut j 8 1/2 21 11 9 11 32 1/2 — 31 vô Matton et Clémency 2 5 6 6 7 16 - 30 é Messincourt 4 14 inhabité ruiné inhabité inhabile — 7 r Mogues 5 5 7 3 5 13 1/2 — 29 1/2 P Osnes 5 5 9 9 9 23 - 35 1/2 • Pourru-aux-Bois 7 7 12 16 7 1/2 20 — 35 Puilly 6 11 8 6 1/2 13 15 — 28 1/2 , Sachy 7 12 9 9 10 50 — 37 1/2 Sailly 0 10 10 7 1/2 12 20 — 18 Sapogne 0 4 10 7 8 10 — 15 Signv et Montlibert 9 8 16 7 14 16 — 20 Tremblois - — 4 2 3 10 - 10 Villy 15 21 13 7 31 31 h - 25 Williers l — — — néant 3 5 — 8 unt Neufmanil 6 Ste d' himo Rumel et Gernelle 5 10 feux serfs 7 — — — 5Rom.+ 5Gern. 11 R. + 19 G. Orchi Vireux-Wallerand — 26 — — — — — 45 ie cv. [ Margut j — — 10 — — — — — ât Moiry.... - - 5 1/2 3 8 1/2 13 1/2 — 22 Ch han Pure — — 5 1/2 3 9 20 — 30 Cons-ln-Grandvillc _____ 12 16 20 La Francheville ______ 5 — Mohon et Faubourg de Mézières..— — — — — — 8 — Montcy-Notre-Dame — — — — — — 7 — — 111 — gagnages » au prorata du nombre des ménages. C'est ce qui nous permet de connaître la population de ces paroisses. Mais il faut observer que les chiffres marqués sont d'abord trop faibles, puisqu'ils omettent les ménages non contribuables et exempts dont nous ignorons la qualité et le total, ensuite imparfaits, car le feu » ou ménage » dissimule en soi un chiffre imprécis en moyenne on multiplie par 4. Malgré tout, les documents de Bruxelles sont précieux, nonseulement au point de vue particulier qui est pris ici en considération, mais encore comme indiquant les impôts demandés aux habitants de noire région, et comme contenant certains détails que nous avons mis en notes. Nous ne ferons pas ressortir plus longuement leur importance. La variation de la population mise en évidence par le tableau est déterminée par le fléau des guerres du XVIe siècle ; nous laissons au lecteur le soin d'en tirer toute la philosophie. SOURCES Le compte de 1495 Arch. Roy. Belg. ; Chamb. des Comptes 15906 est le compte d'une aide de 24 gros de Luxembourg et des restes d'une aide de 16 gros par feu accordée en l'an 1492. Cette dernière avait été jetée par les Etats pour l'entretenement de certain nombre de gens de guerre, pour la resistence qu'il convenoit lors faire aux entreprinses, forces et pilleries que faisoit journellement Robert de La Marcke, seigneur de Esdeng Sedan à rencontre dudit pays et sur les subjectz d'iceluy ». — Les localités dépendant de la seigneurie d'Orchimont sont mentionnées au f. 30v; celles de la prévôté d'Ivoix Carignan au f. 37. Le compte de 1504 même registre est celui de l'aide d'un demi-florin d'or sur chaque feu de franche condition et de 1/4 de florin d'or sur chaque feu de serve condition. Ce compte nous montre que, parmi les localités qui nous intéressent, seules Rumel et Gernelle étaient encore habitées par des serfs. — Sie d'Orchimont, f. 40 ; prévôté d'Ivoix, f. 48. Le compte de 1525 même registre est celui d'une aide de 16 patars monnaie de Luxembourg. — Sie d'Orchimont, f. 36; prévôté d'Ivoix, f. 43-44r ; sie de Chauvancy-le-Chàteau, f. 46. Le compte de 1528 même registre est celui d'une aide d'un florin d'or par ménage. — Prévôté d'Ivoix, f. 17r; sie de Chauvancy, f. 17v. — 112 — Le compte de 1536 même registre est celui d'une aide de deux florins Karolus. — Prévôté d'Ivoix, f. 43-44r; chàtie de Chauvancy, f. 46v—47r Le compte de 1540 ibid., 15907 est celui d'une aide de trois florins d'or de 28 patars. — Prévôté d'Ivoix, f. 28v-29 ; châlie de Chauvancy, f. 29v; Cons-la-Grandville, f. 30. Le compte de 1554 même registre est celui d'une aide d'un florin par feuage. — Sie d'Orchimont, f. 49r ; sie de Mohon et faubourgs de Mézières, f. 49v. — Aucun chiffre n'est donné pour les prévôtés de Montmédy, Chiny, Ivoix, Virton et Damvillers parce qu'elles sont occupées par les troupes françaises f. 62r'. Les villages de la sie d'Orchimont, Vireux-Walleraud, Mohon et Cons n'ont rien payé, car ils ont été brûlés par les ennemis lorsqu'ils vinrent devant Dinant f. 112. Le compte de 1566 même registre est d'un florin Philippe par feu. — Châlie de Chauvancy, f. 37v ; prévôté d'Ivoix, f. 37v-38 ; sie d'Orchimont, f. 41v; Cons, f. 42r; Vireux-Walleraud, f. 42v. NOTES A. — Les localités comprises aujourd'hui dans le dépt des Ardennes qui relevaient du Luxembourg à l'époque qui nous occupe étaient 1° celles de la prévôté d'Ivoix, en entier ; 2° trois communes de la sie d'Orchimont Neufmanil, Rumel et Gernelle, Vireux-Wallerand ; 3° deux dépendant de la châlellenie de Chauvancy-le-Château Moiry et Pure, plus Margut pour moitié. — Quelques autres communes se refusèrent longtemps ou toujours à donner aux receveurs la déclaration de leurs feux, en prétendant qu'elles ne relevaient pas du Luxembourg. C'était le cas pour Cons-les-Mézières Cons-la-Grandville, Mohon et La Francheville, Nouvion-sur-Meuse. Les comptes de 1504 f. 50v-51r, 1525 f. 36v, 1536 f. 29v mentionnent expressément le refus et désobéissance desdites communes. Le compte de 1540 f. 30 montre, au contraire, ceux de Cons venant à résipiscence après avoir refusé de faire la déclaration des feux disant que lesd. commissaires se debvoient contenter des dénombrements qui ont esté faitz et prins parcidevant, assavoir .V. menaiges », Jean Hoddel, maire, et Poncelet Poinca déclarent par serment que les habitants contribuables sont au nombre de douze feux. Eu 1554, Mohon, Monlcy-Nolre-Dame, La Franche- — 113 — ville et Cons se laissent inscrire. De ces villages, en 1566, Cons seul est mentionné. Nouvion n'y paraît jamais. — Enfin les trois villages dits ambedeux, Vaux, Tétaigne et Euilly, ne figurent pas davantage dans la recette des aides. Le compte de 1504 f. 51r contient la mention suivante Les villaiges assavoir Vaulx Tetlenge et Eully ayant en tout soixante neuf feuz ou mesnaiges eslans par indivis terres des prevoslées et chastellerie d'Ivoix duchié de Lux. et Mouson appartenant au Roy de France, esquelx lieux lesd. Mouson prétendent avoir haulteur et souveraineté a eulx seuls appartenir le droit des Regales et des aydes par leur empeschement combien que les habitans desd. villaiges eussent donné la déclaration par protestation aux commissaires les contrain dans à ce a esté le paiement ensemble la souveraineté mise en surceance par Mons. le Gouverneur et messrs du Conseil à la pourcieute et requeste formelles des gouverneur et officier dud. Mouson comme appert par le quayer des commissaires faisant le Rommant pays du duchié de Luxembourg pour ce icy. — Néant. » En 1525 f. 48r et 1566 f. 39r, même mention. a Le chiffre de 120 ménages ne correspond pas, d'après une mention expresse du compte, à la réalité à laquelle il est inférieur; il a été établi par composition avec les Etats de la ville d'Ivoix par mesure de faveur. — En cette année, le gagnage de Maugré est spécifié franc selon lettres de 1232 et 1420. b Ce chiffre se décompose en 100 feux pour la ville d'Ivoix, 7 1/2 de bourgeois d'Ivoix résidants à Pillonronsart, 4 à Wé, 1 au moulin de Longchamps appartenant au Roi, 2 à la censé de Way à Monsr d'Orval et 1 au gagnage de Maugré. — Les 1/2 feux représentent sans doute, ici comme partout, les ménages des veuves. c Dans ce nombre, figurent pour Bièvre, 10 ménages, pour les gagnages de la petite Bièvre, la Goberie et de Buxey, chacun un ménage. d Dans ce chiffre, il y a 23 ménages pour Bièvre, et 1 pour chacun des gagnages de la petite Bièvre, la Goberie, le Bessus, la Motte et Buxey. e Auj. ferme, cne de Sailly. f Nous rangeons sous le nom de Blanchampagne les gagneurs de l'abbé d'Orval à Orval, Blanchampagne, Chèvres et Linay que le compte ne détaille pas. — 114 — g Auj. cne de Puilly. [h Anct Cherves, cne de Margny. — Appelée à tort Chaisne au compte de 1566. i Dans les 12 ménages, il en est un pour la ferme du Halloy, près de Margny. j Margut étant indivis entre la prévôté d'Ivoix et la châlie de Chauvancy est porté sous les deux chapitres; souvent aussi sous le premier chapitre avec renvoi au second. k Le compte déclare que le village ayant été entièrement brûlé ne paiera que 16 florins d'or pour le premier terme. 7 Cette commune portée en 1528 comme ne payant rien probablement à cause d'une ruine totale est signalée comme nouvelle ville en 1536. Paul COLLINET. IMPRESSIONS D'HIVER EN ARDENNE Journal de route HIVER 1900-1901 BLAGNY, dimanche. Le village de Blagny était, il y a une quarantaine d'années, un village de cultivateurs. Mais une usine s'est récemment établie dans le pays, et les cultivateurs ont disparu. Aussi l'endroit est-il méconnaissable, dit-on. La population s'est faite ouvrière », et il s'y est mêlé des ouvriers venus un peu de partout. L'aspect s'est industrialisé; l'esprit aussi. Voici l'église qui domine la route, et les deux marronniers célèbres, qui ont trois fois cent ans et dont les racines se prolongent jusque sous la sacristie c'est tout ce que l'on peut dire de Blagny. Voici la route, la voie ferrée et la rivière. Ces trois accessoires familiers des paysages, par ici, s'en vont de compagnie, côte à côte, tournant aux mômes courbes, passant devant les mêmes villages aux toits bleus, disposés autour des grands cercles des vallées, au pied de leurs collines riantes, en face des mêmes prairies vertes. Lundi soir. Cette année, la nuit de Noël est triste ; la brume se résoud en impalpable pluie. La masse ronde des marronniers centenaires se - 115 — distingue tout de môme ; ils apparaissent énormes, plus noirs que la noirceur environnante, avec le caractère impressionnant que leur prête la nuit. La messe de minuit est, ici, sans charme et sans mystère. Les chantres, dans le choeur, poussent des cris perçants qu'écoute sans ferveur une assemblée de femmes vêtues avec les laissés-pourcompte des grands magasins du caricaturiste Huard. Seul demeure intact le charme de la sortie de l'église, parce que ces gens sont dans l'ombre, et que l'on n'aperçoit que les lanternes qui se balancent au ras du chemin, les lanternes qui dansent et s'éparpillent comme des feux-follets dans toutes les directions du village. CARIGNAN, mardi. Vu dans son ensemble, des hauteurs de Vaux devant-Mouzon, Carignan offre l'aspect d'un maigre groupement de toits bleus, effacé et sans silhouette, au fond de la prairie. C'est une tache imprécise qui n'ajoute rien au paysage et se contente de ne pas le gâter. Les anciennes chroniques m'avaient mis dans l'idée que la vieille Yvois devait être l'âme du paysage et, tout en grimpant la côte, des bribes de son histoire me traversaient l'esprit. Je songeais au temps où elle possédait, comme on sait, quatre Filles Tétaigne, Lombut, Auflance et Malandry, quatre villages coiffés de toits bleus, comme leur mère, et qui rêvent, comme elle, dans les prairies. Puis, par delà la Féodalité, au fond de l'Histoire d'Austrasie, je me représentais l'image barbare d'Hydulfe, qui fut comte d'Ardenne. De temps en temps, je me retournais, pensant apercevoir quelque chose qui m'évoquât un prestigieux passé. Mais, de partout, Carignan s'est refusé à être autre chose dans le paysage qu'un groupement imprécis et bleu, d'où rien ne saille, au fond des douces prairies. J'ai parcouru Carignan, cet après-midi. On y rencontre quelques rues empreintes du ridicule touchant des toutes petites villes. Au sud est venu se greffer un quartier noir où l'on voit, le soir, des ombres chinoises se mouvoir devant d'ardents brasiers, des usines qui trempent dans une rivière triste, la Chiers. La vieille Yvois n'est plus aujourd'hui qu'un morne chef-lieu de canton. Elle se repose de sa jeunesse mouvementée; elle sommeille - 116 — au fond de la vallée ; tout est pour le mieux, et Hydulfe a bien fait de mourir. Tout en marchant sur la route qui me ramène à Blagny, je réhabilite comme je puis la petite cité; je me dis que ce doit être charmant, ce pays de verdure et d'eau, à la belle saison ; mais j'ai fort à faire pour me l'imaginer dans ses vêtements d'été, car tout est bien funèbre, ce soir. Voici Blagny qui m'apparaît dans le crépuscule gris ; les fumées de la tôlerie se diffusent mollement dans la suie du ciel ; un train de marchandises passe, interminable, crachant du brouillard. Puis, voici le village, sombre déjà, et le paysage de verdure au bon soleil, que je m'efforçais de reconstituer, s'efface dans les rues sales et spongieuses, où les fumiers fument comme s'ils étaient, eux aussi, pleins de brouillard. MALANURY, mercredi. Malandry est un village de bûcherons, dans un trou, au bord d'un bois, de l'autre côté de la montagne. Il paraît que les Malandrins sont originaires de là, et, de ce fait, rejaillit une réputation un peu sombre sur les cent soixante-quinze paysans inoffensifs du pauvre village. Cela m'attirait, ces descendants des Malandrins ; mais je me suis mis en route assez tard, et les murs blancs de la ferme de Blanchampagne, en haut de la côte, commencent à s'effacer dans la poussière grise du crépuscule. De sorte qu'à mi-chemin, nous sommes surpris par l'entre-chien et loup, sur les hauteurs de Blanchampagne. J'en profite, afin de ne pas perdre mon temps, pour emmagasiner des impressions de nuit tombante. Les paysages se creusent sous nos pieds, la vallée se fige ; les premiers plans nous révèlent encore de vastes étendues d'un vert sombre et terne ; des mousses molles et spongieuses comme des fagnes, semées de mille pâquerettes grâce à la température incompréhensiblement douce ; des versants imprécis dont les courbes lointaines s'effacent peu à peu dans cette poussière grise de la nuit qui tombe et qui resserre maintenant ses molécules en pluie serrée et noire. Le ciel, incertain jusqu'à présent, vient de se couvrir, et dans les villages de la vallée, aucune petite lumière encore. Rien que les grandes ondulations vagues de l'horizon belge et, plus près, des profondeurs obscures.... — 117 - Ce paysage de néant est égayé par un clan de corbeaux qui déchirent l'air humide à grands croassements solitaires. Nous suivons le chemin qui contourne la montagne, à la corne du bois, et qui descend à Malandry. Mais, il est trop tard, la nuit est venue ; dans cette grande houle d'ombre, à mes pieds, il y a une longue tache plus noire que l'ombre, d'un noir opaque, aux contours rectilignes c'est tout ce que je vois du village.... Quelques lumières brillent maintenant au milieu de la tache noire ; puis voici que le chemin tourne et se met à dégringoler très vite ; j'entends une musique fraîche de ruisseau ; nous frôlons des maisons noires ; et presque aussitôt, les yeux encore pleins de nuit, nous pénétrons dans une pièce claire où flambe un bon feu de bois ; sur la table il y a une bouteille, des verres et, à côté, une tarte aux pommes. Nous sommes au presbytère de Malandry. Entre un verre de vin et une tranche de tarte, je me console de n'avoir pas vu Malandry en amenant la conversation sur le pays. Allons ! je n'aurai pas perdu ma journée, car voici que le curé me sert à point, dans un cadre exquis, de savoureux renseignements. Quelques légendes se sont blotties dans ce ravin, en dehors des routes, et n'ont guère dépassé le bois. J'apprends, entr'autres choses, que le patron du pays s'appelle saint Macaire. Ce saint Macaire possède, comme les cent soixantequinze bûcherons qu'il protège, le titre de bourgeois de Malandry. A ce titre, il a droit, comme chacun, à sa part de chauffe ». Aussi, chaque année on lui apporte son bois c'est le bois de saint Macaire. On le remise au clocher et l'on s'en sert pour chauffer la sacristie. La légende y trouve son compte, monsieur le curé aussi. J'ai vu saint Macaire dans son église, que je visite le soir même, à la lueur d'une veilleuse vilaine image en plâtre colorié qui le représente, tout petit et grassouillet, le menton orné du bouc cher aux chasseurs à pied. Pauvre saint Macaire ! j'aime mieux sa légende. La nuit, au dehors, est devenue très pure. Les douces étoiles piquent le noir azur, un fin croissant de lune éclaire un peu la terre et la longue rue large qui s'allonge au fond de son impasse sauvage.... Maintenant, — c'est le meilleur de ma promenade, peut-être, — le retour, la nuit, par les chemins plats qui tournent à travers les grandes prairies. - 118 — La caresse amollissante du vent nocturne ; le fin croissant qui nous suit, là-bas, au bord de la colline ; les flaques d'eau qui miroitent; le grondement d'un train qui passe tout éclairé, dans le fond de la vallée; le vaste ciel, qui tient toute la place dans le paysage plat, et qui fourmille d'étoiles.... Puis, une ligne d'arbres. Mon compagnon me raconte qu'on a planté ces arbres depuis les accidents », pour prévenir que la rivière est là. Elle déborde souvent à cet endroit et couvre la route. Au lieu de tourner à la bonne place, on va tout droit et on se noie; il n'y a pas longtemps, des jeunes gens revenaient ainsi de la fête, en voiture, un soir; ils chantaient.... La Chiers couvrait la route; le cheval n'a pas tourné à temps ; la nuit, on ne distingue pas bien une rivière d'une route il s'est noyé avec la voiture et ceux qu'il conduisait. Deux jeunes filles sont revenues à la surface, cependant ; elles se sont accrochées à un faisceau de bottes de paille et sont descendues quelque temps au fil de l'eau, en tournoyant. On les a vu passer, plus bas, devant Blagny; des ouvriers sont accourus, mais le courant était trop rapide, à ce qu'il paraît; elles sont passées en appelant à l'aide, puis la rivière les a entraînées plus loin, et elles ont disparu.... A ce moment, nous passons sous le rideau des arbres ; la voici, la paisible rivière qui mange les jeunes filles ; on l'aperçoit à peine; comme elle est tranquille, on ne l'entend pas.... Instinctivement, je prends l'autre côté de la route ; il me semble que j'ai le vertige.... WILLIERS ET LES BARAQUES DE CHAMELEU, mercredi. La masse broussailleuse de la forêt, toute proche maintenant, teint en violet sombre l'entonnoir des vallons ; les lignes décrivent des courbes plus courtes et dévalent dans de profondes fissures. Sur ces horizons obscurs qui s'enchevêtrent, les maisons de Williers s'alignent, en bande grisâtre, le long d'un promontoire, qui semble tenir tête à la houle violette, à la façon d'un navire sur la haute mer. Le village est bâti tout de travers sur l'épine dorsale d'un monstrueux poisson calcaire. Des fumiers noirs saignent leur purin doré devant les misérables maisons, le long d'une rue qui a l'air de tituber en montant dans le ciel, et qui finit en impasse, derrière l'église, au bord du vide. — 119 - C'est le véritable village forestier, noir et gris, fumé comme un jambon d'Ardenne, suspendu au bord de la Belgique violette. Derrière l'église dégringole un sentier étroit et mal commode, parmi d'abrupts escaliers de gazon, véritable ruisseau de pierres qui s'éboulent sous mes pas ; en un instant, j'ai gagné les fonds, et cependant ces quelques mètres m'ont transporté à cent lieues, tant la scène a changé. Je suis dans un vallon charmant et solitaire, où chantonnent des ruisseaux. C'est une nappe de verdure fraîche que baignent les bois broussailleux. Les clairs ruisseaux se séparent pour se rejoindre plus loin, formant de minuscules îlots ; un sentier rapide grimpe en face, le long des parois claires du bois de Watrinsart ; son lacet met une coulée pâle dans les teintes vineuses. Quatre maisons paisibles barrent l'entrée du vallon. Une petite fumée verticale, douce comme une haleine, s'envole au-dessus des toits bleus ; des planches s'alignent le long des murailles c'est la scierie de Chameleu ; à côté, il y a un petit étang dans lequel se réfléchit un grand sapin, mince et solitaire.... La situation de cette scierie l'a destinée à devenir une auberge, une de ces haltes de contrebandiers qu'on appelle Baraques » tout le long de la frontière, un de ces postes avancés qui sentent le tabac et le genêt, et où l'on bourre sa pipe avec du ThomasPhilippe avant de pénétrer sous les petits chênes de la grande forêt. Mais celle-ci me paraît peu fréquentée, au fond de son entonnoir sauvage. Il règne autour d'elle un silence impressionnant ; la nature n'a pas semblé s'émouvoir de ce dérisoire vestige d'humanité ; l'atmosphère du lieu s'harmonise avec l'entour ; elle enveloppe de la même douceur le bois, l'herbe, le ruisseau, et cet îlot de pierres, d'où s'échappe une petite fumée hésitante, transparente comme une haleine. Il flotte en outre, ici, quelque chose d'indéfinissable que n'expliquent ni le dessin, ni les nuances du paysage. Impression vive et presque angoissante malgré son charme et qui est intraduisible. L'âme voudrait se dilater et cependant se resserre...; c'est ce que l'on pourrait appeler l'oppression de la frontière. La Belgique commence ici ; de l'autre côté de ces arbres, la Semoys transparente coule dans les fissures du schiste, à travers le royaume bleu des ardoises ; puis c'est la Wallonie, la grande — 120 - lande semée de villages et de bruyères, pays des grands Belges taciturnes, qui fument la pipe et jouent de l'accordéon.... La nuit tombe vite, vers la Noël. Elle tombe humide et triste, maintenant que le ciel s'est couvert. Comme je quitte Williers, elle commence à jeter dans les paysages ses mille poignées de poussière grise. Tout se fige et se crispe, et les ravines se décolorent peu à peu avec les petites maisons du village, en ligne le long de la crête, avec les clôtures de leurs jardins qui descendent vers les fonds sauvages.... LINAY, jeudi. Les grandes pluies battantes fauchent la grand'route, la voie ferrée et la rivière, qui s'en vont toutes trois de compagnie, tournant aux mêmes courbes, le long de la vallée, au bord des prairies. Les rails délavés reluisent ; des flaques d'eau miroitent dans l'infinie verdure aux nuances ternes, qui va se fondre à l'horizon vers les teintes vineuses des collines noyées. Un sentier presque perpendiculaire, qui est aujourd'hui un torrent de boue jaune parmi l'herbe ruisselante, me conduit à l'église de Linay. Elle est venue se jucher, cette église, au fin bord d'un promontoire qui s'avance jusqu'au beau milieu du village. Elle n'offre rien de curieux par elle-même, mais sa situation isolée, à l'avant de sa roche calcaire, remplace tous les styles; et je goûte une agréable sensation de bienfaisante sécurité sous sa petite voûte solitaire qu'éclaire la lumière trop blanche du temps malade ! J'ai l'impression que le vide est autour de nous ; l'immense ciel gris, dirigeant la charge à la tête de ses armées liquides, assaille de toutes parts le frêle vaisseau de pierres ; celui-ci n'a pas l'air de s'en douter ; la pluie lave à flots ses ardoises, mais la vierge de plâtre, dans sa chapelle, conserve toute sa sérénité ; les mille fureurs du dehors viennent se briser aux angles de cette oasis ; c'est la paix, le calme absolu. Une vaste plate-forme herbue entoure cette église ; elle appelle tout de suite l'idée qu'un château a existé là. En effet, la partie de l'église qui forme la nef, et qui est fort ancienne, est un vestige de chapelle seigneuriale dépendant d'un château aujourd'hui détruit. Sur l'emplacement de l'ancien domaine des seigneurs de Linay, on ne voit plus, à présent, que des cailloux et de l'herbe. Le près- — 121 — bytère et quelques maisons échelonnées derrière l'église bordent la crête en regagnant le col de l'abrupte presqu'île. A mes pieds, le village misérable ruisselle de tous ses toits. Au large, c'est la prairie, la rivière, les collines au loin ; c'est la grande courbe luisante de la voie ferrée et la route qui s'en va vers Blagny, courbant le dos de ses grands arbres fauchés par la pluie battante.... LA PRAIRIE DE SEDAN, lundi. Les horizons voilés des collines de Meuse tremblent et se noient dans les fonds vagues des prairies. L'étendue plane des herbes mouillées s'en va dans de l'incertitude laiteuse, flotte et s'éteint dans les mousselines lointaines. Cependant, une ligne d'arbres se détache au milieu de cette indécision blanche, formes grises qui s'en vont le dos un peu courbé par le vent du sud ; on dirait de grands vieillards fantastiques, vieillards fantômes, en marche dans la direction de Balan ; mais, depuis des temps ils n'ont pas fait un pas. Je les connais bien, ces peupliers, et quoique ce soit, de l'endroit où je les contemple, le seul point de repère sur l'uniforme et incolore tapisserie, mon regard en ressaisit tout de suite la silhouette. Depuis mon enfance, ils sont au fond de mes yeux, les arbres familiers ; et, après des années d'absence, je les retrouve au même point de leur voyage, eux, l'allure toujours un peu cassée, et tout gris aujourd'hui, l'air perclus de rhumatismes dans leur manteau de brume.... Au fond de la vallée, au pied des collines, c'est, presque sans interruption, Bazeilles, Balan, Sedan et Torcy, ceinture lointaine de la grande prairie, cachée par la longue écharpe des brouillards. La Meuse, grossie des armées liquides de la Chiers, roule des eaux jaunes brouillées de lait, autour d'une île qui émerge, broussailleuse et sombre comme une éponge morne. Des vaguelettes viennent lécher le chemin de halage et rendent une petite musique solitaire que je suis seul à recueillir ; puis elles sont happées par le courant rapide qui les emportent dans les remous jaunes. Je suis à Pont-Maugis. Pont-Maugis!... Oh! l'horrible chose; oh! cette souillure dans — 122 — la prairie! cette suie inharmonique, cette saleté industrielle sur l'alme tapis ! Bon brouillard, efface un peu ces tristes briques; il te sera reconnaissant de cacher la honte que cette vilenie attache à son nom, Maugis, le prestigieux Enchanteur, le pauvre vieux marchand de légendes VAUX-DEVANT-MOUZON, mardi. Les villages perchés, qui saillent au ras des horizons, en haut des côtes, empruntent au vaste espace, aux altitudes, un charme particulier; ils appellent le regard; leur clocher a l'attirance du phare pour le terrien en quête d'impressions. Ainsi, du fond de la vallée apparaît Vaux-devant-Mouzon, avec la tour carrée de son église ; à califourchon sur la croupe d'un long cap qui va mourir au confluent des deux rivières de Chiers et de Meuse. Ce nom de Vaux déroute, il est vrai, et ne s'explique que par la faible dépression que forme la colline à son sommet et dans laquelle le village est bâti. Village pittoresque et malpropre, tout en pente, qui doit être fier des deux gros tilleuls dont sa petite mairie est précédée, mais dont le meilleur titre à la reconnaissance du voyageur réside dans l'incomparable vue que sa situation élevée offre aux regards. Du côté de Mouzon, malgré la descente rapide, la vue est sans cesse cachée par des ondulations qui forment premier plan ; et la vallée de la Meuse ne se découvre qu'aux portes mêmes de la petite ville. Au contraire, du côté de la Chiers, des prairies d'en bas au village de Vaux, la montée est régulière, douce, interminable, de sorte qu'en atteignant le sommet de la colline, un peu en avant du village, l'horizon, derrière nous, apparaît dans un recul prodigieux. C'est un paysage que la peinture ne saurait traduire et qui appartient à la pure poésie; car, seule, elle emplit l'âme dans cette vastitude et la caresse comme une musique. L'air vierge, l'air salubre, à pleins poumons, l'air libre ! 1 Une joie douce, presque sainte, vous enveloppe ; on se sent devenir tout petit, tout petit; on n'a pas plus d'importance que le 1 Eugène Beauchot. — 123 - brin d'herbe qui pousse à ses pieds, et la pensée semble s'épanouir étrangement à mesure que se réduit l'individualité. La sensation est exquise. La houle grandiose des terres boueuses descend vers les prairies ; elle a déjà vêtu son manteau d'ombre, car le soleil est bas. Mais il éclaire encore le cercle des horizons ; cela fait une lointaine couronne de lumière rousse au paysage qui s'éteint. Tout s'harmonise dans des nuances uniformes. Les villes et les villages s'aplatissent là-bas, au pied de la longue fresque, rigides, figés comme les collines et les bois. Et l'anéantissement, dans les lointains doux, de ces parcelles d'humanité, rassérène et réconforte sans que l'on sache pourquoi. Peut-être celte sensation est-elle due à la conviction que nous subissons une fois de plus, que l'antique mère Nature nous reprend quand elle le veut, que nous sommes vraiment pauvre chose pour qu'un peu de crépuscule escamote aussi dédaigneusement notre progrès et notre misérable industrie.... Georges DELEAU. CHRONIQUE La Société d'Etudes ardennaises au 39me Congrès des Sociétés savantes. Plusieurs communications ont été faites par des membres de la Société dans les sections d'histoire, de géographie et d'archéologie au 39° Congrès des Sociétés savantes, tenu à Nancy du 9 au 13 avril. Nous en donnons une brève analyse d'après le procès-verbal du Journal officiel. MM. L. DE SAERAN D'ALLARD, correspondant du ministère de l'Instruction publique et archiviste d'Alais, et P. PELLOT, archiviste de Rethel, ont présenté en collaboration une Notice épigraphique et généalogique sur la famille de Saint-Maurice ; cette famille du Soissonnais remonte à Eulrope de Saint-Maurice, né en 1605, brigadier des gendarmes du Roi, et a laissé son nom sur quelques pierres tombales de Goussancourt, jusqu'à ce qu'elle se fonde dans la famille des Champagne, seigneur de Morsains 1901, p. 2377. M. H. JADART a fourni son actif concours, si informé, aux trois sections précitées. — A la Section d'histoire, il a donné un important mémoire sur Les anciens registres paroissiaux dans les arrondissements de Reims et de Rethel J. off., p. 2411 ; il a signalé le grand intérêt de ces registres au double point de vue de l'histoire et de la biographie locales, même générales. — Dans la Section de géographie, M. JADART a lu une — 124 — notice sur la limite occidentale du département des Ardennes qui est encore l'ancienne ligne de démarcation des diocèses de Reims et de Laon, établie au cinquième siècle par saint Rémi ; les variations de cette limite n'ont porté que sur les territoires de Brienne anciennement au diocèse de Laon, Avaux-le-Châleau en entier du diocèse de Reims seulement depuis 1677 par échange avec Lor, du diocèse de Laon depuis celle date, Logny-les-Aubenton au diocèse de Reims jusqu'en 1790, La Neuville-aux-Joùles au diocèse de Laon jusqu'en 1790 p. 2419-2420. — Enfin, à la Section d'Archéologie, notre érudit compatriote a présenté une série de reproductions des sceaux-matrices conservés à la Bibliothèque de la Ville de Reims, dont il a la garde. Aucun n'intéresse les Ardennes J. off., p. 2445. M. P. COLLINET a communiqué à la Section d'histoire J. off., p. 2412 et reproduit à la Section de géographie J. off., p. 2420, une étude sur la Frontière d'Empire au moyen âge dans l'Argonne et l'Ardenne. Il s'est borné à fixer, d'après des textes plus ou moins concordants et pourtant d'une façon plus précise que ne l'a fait M. Longnon. quelques points de la frontière, sur les deux rives de la Meuse. Il a insisté notamment sur la situation territoriale de Beaumont-en-Argonne et de Donchery. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE PERIODIQUES Journal de la Société d'Archéologie lorraine, 49e année 1900 fin. — J. Nicolas, L'ancienne église et le cimetière d'Autre ville [Meuse ; on trouve, p. 218, la pierre tombale d'Aubrvy Thiébaut, curé de Pouilly, donateur de l'église d'Yoncq de Onco ]. — J. Nicolas. L'ancienne église de Cesse [la cloche, p. 230, a été bénite par Jacques Péchenart, curé de Cesse et de Luzy, natif de Mouzon]. Annales de la Société archéologique de Namur, t. XXIII, 2e livr. 1900. — Abbé Roland, Toponymie namuroise suite 1. Mémoires de la Société des Naturalistes et Archéologues du Nord de la Meuse, t. XI 1899. — Ces Mémoires, qui paraissent tardivement, sont divisés en deux parties {Sciences naturelles, Archéologie et Histoire. — La première comprend, avec les comptes-rendus des séances et, des excursions en particulier, celles de la Société à Carignan, à Mouzon, dans l'Argonne, etc., la fin avec supplément de la Flore de la Meuse, par C. Breton. — La partie archéologique renferme entre autres la in de l'étude de M. Houzelle, Des sépultures antiques pierres tombales des XVIIe et XVIIIe siècles, existant à Marville, Montmédy, etc.; La Campagne de Charles VI en 1388 contre le duché de Gueldre, par L. Schaudel [Philippe-le-Hardi traversa les Ardennes à l'aller et au retour, le roi passa aussi à Grandpré] ; et un intéressant récit d'une excursion de la Société à Mouzon par F. Houzelle, accompagné de quatre planches. 1 Un de nos collaborateurs rendra compte de cet important travail, lorsqu'il sera achevé N. d. Com.. d. Publ.. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. LE REGISTRE DES SÉPULTURES DE SERY 1628-1660. I. La maladie de l'estappe ». — II. La peste de 1636. III. Les guerres de la Fronde. Il n'est pas nécessaire de faire ressortir ici l'intérêt que peuvent présenter nos anciens registres paroissiaux. Très souvent, ces documents contiennent, dans leur rédaction brève et naïve, des faits inconnus sur les guerres, les épidémies, les fléaux, l'abondance ou la disette des moissons, etc. Il est donc utile de ne pas en négliger le moindre détail, et c'est dans cet esprit que nous avons copié à la mairie de Sery, en juin 1900, la partie la plus curieuse d'un ancien registre de sépultures de la paroisse, remontant au commencement du XVIIe siècle. Ce registre, qui va de 1628 à 1660 , nous renseigne sur les morts de la maladie de l'eslappe », épidémie qu'il nous serait peu facile de définir, sur la peste de 1636, et il nous fournit aussi les noms de plusieurs victimes des guerres de religion. Rédigé par le curé du lieu, celui-ci ne nous a point laissé son nom, et nous ne pouvons que reproduire la mention inscrite de sa main, en tète des actes mortuaires In nomine Domini. Amen Registre et mémoire des personnes mortes en la paroisse de Sery depuis le iour que ie l'ay eu a charge et à servir en qualité de curé très indigne. Le premier acte est du 14 décembre 1628 et relate la mort de Gisle le Masle ». Peu de mentions intéressantes dans la suite en Apvril 1629 », le 3, décès de Jean Molteau, greffier du lieu; en septembre de la même année, le 26, un de ses parents, Nicolas Molteau, bourgeois de Rethel, enteré » au cimetière. En 1632, le 23 janvier, décès de Françoise Pruvost, femme de Gisle le Maire, procureur ». Le 1er avril, Marçou le Grand, vefve » de feu Jehan Petit dict de la Cour ». REV. D'ARD. ET D'ARG. T. VIII, n° 8. - 126 — I. C'est alors qu'au mois d'octobre de la même année commence la série des personnes mortes de la maladie de l'eslappe Ensuyvent les morts de la maladie de l'estappe 3, Ledict Jean Midou, marit de Marie Flescheux. 5, Claude le Large, femme de Philbert Lallemand. 8, Jeanne Fortier, vefve de Didier Flescheux. 8, le mesme iour, Anne Antoine, femme de Jean Choisy. 9, Raulin Thiery. 15, Perine Pasques, vefve de Toussain Masson. 15 et le mesme iour, Anne Durand, femme de Robert Midou. 16, Hubert Antoine. 22, Jeanne Bourin, vefve de défunt Nicolas Pasques. 24, Marçon Roland, vieille fille. 27, Claude Couslier, mère de Jean Nepot. 31, Pierre Phlippot. NOVEMBRE 8, Simonne Coustier, ancienne tille. 11, Nicolas Choisy, cloutier, et le mesme iour 11, Elizabeth Collet, femme de Jacques Harsigny. 17, Jean Nivelet. 18, Pierre Huet. 20, Hubert du Saurois, boulangier. 21, Nicole Nemery, vefve de Nicolas Antoine. 26, Nicole Collet, femme de Jean de Laistre. 30, Jacqueline Springo, femme de Jean Pasques. DÉCEMBRE. 3, Jeanne Richart, femme de Mashin Pieron. 10, Antoine de Bruges, charlier 1. 25, Poncelet Charpentier. 1633 J A N V IER. 2, [en blanc], femme de Jacques Cailliet. 3, Raulin Boucher, laboureur de la censé du bois d'Aveau 2. 3, Anne Harsigny, vefve. 1 Charron. 2 La ferme du Bois d'Avaux se trouve au nord du terroir de Sery, à la lisière du bois de ce nom. — 127 — 7, Rogette le Masle, femme de Pierre Lambin. 10, Jeanne Antoine, femme de Pierre Nivelet. 30, Melot Pailla, vefve de défunt Robert. FEBVRIER. 5, Jean do Bay. 7, Isabeau Robin, femme de Nicolas Drouet. 10, Marguerite Choisy, vefve de Jean Petit, dict la saincte. 14, Marguerite Débonnaire, vefve de Jean Colery. 18, Perine Verrière, femme de Pierre Quentin. 21, Jeanne Colinet, vieille fille. 22, Iolaine de Lustin, femme de Jean Danelle. 26, Gerarde Collet, femme d'Henry Marchand labouveur. MARS. 5, Marguerite Petit, femme de Gérard Collet, dict Charlon. APVRIL. 8, Pierre Cousin. 22, Thomasse le Roy, tille de déf ' Jean le Roy. 25, Elizabeth Débonaire, femme de Regnault Bourgeois. 30, Jean Danelle. Au-dessous de ce mortuaire, le curé écrivit Semble avoir esté icy la fin de ce mal de l'estappe. Notons simplement, pour l'année 1635, un centenaire, Pierre Couslier 16 d'apvril. Pierre Coustier, aagé de cent treize ou quatorze ans. Nous allons de même donner la liste des personnes pestiférées ou mortes de peste » II. On sait les ravages faits à Rethel et dans la région par le terrible fléau ; non loin de Sery, à. Wasigny même, une pierre de l'abside de l'église relate ainsi le nombre des victimes qu'il faut peut être rapporter à cette contagion de 1636 CY EST LE NONBRE DES MOR PAR LA CONTAGION • C • ET XV TANT PETIT QVE GRAND- PRIEZ POVR EVX ET POR TOVS TRESPASSEZ f PAR MOY A GALIOT M DESCOLLE DE WASIGNY. - 128 — Le registre de Sery ne mentionne pas de pestiféré avant le 15 mai 1636; nous l'avons néanmoins copié depuis le mois de février de cette année FEBVRIER. 17, Jean de la Roche laisné. 25, iour de Set Mathias en bisexte fut morte Jablet Garnotelle, femme de Jean l'Alleman, maistre d'escolle du lieu. MARS. 5, Antoine Parent, enfant de 12 ans, frère des femmes de Jean Pellot et de Jean Choisy le jeune. 22, Jean Lantenois, laboureur censier de la Malmaison 1. APVRIL. 21, Jeanne de Bonaire, vefve de Jean Drouet. MAY. 15, Philbert L'Allemand, pestiféré, Hubert Bourgeois le mesme iour. 24, ElizabethPetit, vefve dud. defct Philbert L'Allemand,pestiférée. 31, Pierre le Grand dict de la Cour. JUIN. 1, pestiférée, Jeanne, fille de défunct Jean Barrier, aagée de moings de 24 ans. 20, Henry Springot. 29, pestiféré, Jean Cailliet. JUILLIET. 3, Marguerite Debonaire, vieille fille. 27, [en blanc], fils de Jean Durand. 30, Nicole, fille dud. Durand. 31, Nicole, fille dud. defet Jean Cailliet. Au-dessous de cet acte Le 13 mourut dame Antoinette de Villelongue I, femme de Monsr d'Hosignemont, non pestiférée. AOUST. 3, Claude Pellot. 15, pestiférés Guyot le Roy le mesme iour Sébastien Pasques et une sienne fille appellée.... 1 Ferme située à gauche de la route de Novion-Porcien à Sery, a la limite du terroir de cette dernière commune. 2 Famille de noblesse champenoise qui posséda de nombreuses localités dans nos Ardennes et iui est en ce moment l'objet d'un travail d'une consciencieuse érudition. — 129 — 21, la vefve de Jean Nivelel appellée 23, Nicole Choisy, vefve de defunct Claude Pellot, tous pestiférez. 31, Nicolas Forain. SEPTEMBRE. 17, Nicole Choisy, femme de Josse Danois Haulheville, fut enterée au cimetière de Sery. 19, Jeanne du Chemin, femme de Pierre Bernier. Pas de décès jusqu'en mars 1637; mais, au mois de mai de cette année, la peste fait une nouvelle apparition En seconde année cy commence la peste. MAY 1637. Nicolas Bonnet de Beaumont. JUIN. 3, Raulin, filz de defunct Gilles Quentin, non pestiféré. 24, Marie Marchant, femme de Pierre Bonnet, demeurant à Sery, non pestiférée. 29, de peste, Gobin l'Allemand. 30, Perrine Bonnet, femme de Jean Geoffroy dict Champagne. JUILLIET. 1, Jean Harsigny. 10, Elizabeth et Marguerite, filles de Raulin Colet et de Jeanne Fortier. 11, Claude Cordier, femme de defunct Gobin Lallemand. 21, Alphonse, filz de Jean Richart. 22, Jeanne Molteau, femme de Simon Constant. 24, Alizon le Masle, femme à Jean Richart, laboureur. 25, Gérard Justine, procureur d'office, non de contagion. 26, Raulin de Bonaire, bonnetier. 27, Claude Lallemand, femme de Massin Pierron. 28, Claude Colet, femme de Louys Maupin, non pestiférée. AOUST. 4, Nicole Pasques, fille de defunct Sébastien Pasques. 28, Jean le Masle. 30, Simon Constant, ioueur d'instrumens. — 130 — SEPTEMBRE. 1C, Poncelet, surnommé Lallemand bastard. 2b, Pierre, filz de Philbert Picardeau, non pestiféré. 27, Pierre Lorette, non pestiféré. 30, Jean Choisy, et Perrine Pasques, femme de Jean Potot. OCTOBRE. 1, Jean Molteau, ieune garçon, greffier. 2, Pierre, filz de défunct Jean Choisy. 3, Jean Coustier, vieil garçon, le mesme iour, Nicole Philippot, femme de Jean Picardeau. 6, Philbert Picardeau. 9, Jean Taine, laboureur, le mesme iour, Marguerite Debonaire, femme de Jean Perlier dict Margie. 15, Jean, filz de Claude Petit, le mesme iour, Marguerite, fille de defunct Didier Flescheux. 18, Jeanne, fille de Gobert Petit. 23, Jean, filz de Gérard de la Roche. 25, Jean Pasques. 27, Nicole, fille de Gérard Marguet. 28, Nicole Charpentier, femme de Christophe Thomas. 31, Jean, filz de Jean Cabaret. NOVEMBRE. 5, Pierre, fils, et Jeanne, fille de Jean Ogier. 8, Jean Ogier, leur père. 10, Jeanne Fortier, femme de Raulin Colet, non pestiférez. 13, Remiette, dame vefve de defunct Nicolas Picardeau. Au bas de ce dernier acte, on lit celte mention Pestiférez communiants jusque a ce iour 38 enfants en bas âge et 52 au moins. Le relevé des victimes de la contagion s'arrête ici. Les années suivantes, de 1038 à 1650, nous fournissent encore quelques notes intéressantes noms de familles nobles, titulaires de charges, états, etc. FEBVRIER 1638. 10, Gilles le Maire, praticien. — 131 — DÉCEMBRE. 14, Henri Marchant, mre chireugien. APVRIL 1640. 22, Jacques Harsigny, vigneron. SEPTEMBRE. 27, Jean Débonnaire, filz de Jean Débonnaire, chirurgien, aagé de 27 ou vingt huict ans. NOVEMBRE. 6, Jean le Maire, sergent du village. APVRIL 1042. 11, fut enterrée au cimetière de Sery Perine Laurent, femme de Pierre Vie, décédée au village d'Inaulmont 1. MAY 1644. 17, Gobert Richart, tailleur d'habits, mourut aux Caves. NOVEMBRE. 29, Jacque Martin, boucher en la censé de Beaumont 2. JANVIER 1645. 18, Gislelte le Roy, femme de Jean Monclin, procureur d'office. APVRIL 1646. 13, Monsr de Sorbon, filz de Monsr de Fontaine et de damoiselle Nicole de Villelongue, tué au retour de Rheims. JUIN. 8, Jean Thomas, pauvre homme insensé trouvé dans Mesmont 3. MARS 1647. 5, Damoiselle Nicole de Villelongue, femme de Monsr de Fontaine. JU1LLIET. 10, fut enterré au cimetière de l'église de Sery Raulin Colet, décédé à Rethel. SEPTEMBRE. XXIX, mourut Mre Pierre Vié, prestre habitué en l'église de Sery. OCTOBRE. 9, Alizon Baillif, fille aagée. 24, au bourg de Liesse, Pierre Lantenois, beau-frère de Jean Pastou, censier de la Malmaison. 1 Inaumont, canton de Château-Porcien. 2 Beaumont-en-Avioth, ferme sur la route de Mesmont à Sery. 3 Village dont le terroir confine à celui de Sery. — 132 — MAY 1649. 2, Messire Hugues de Raymond, seigr de Fontaine et de Sery, mourut à Rethel, enteré depuis icy en sa paroisse 1. III. Nous arrivons aux guerres de la Fronde, si néfastes pour nos populations rurales. Les sièges de Chàleau-Porcien et de Rethel sont ainsi relatés dans notre registre AOUST 1650. Le 13 de ce mois, l'armée de Turaine, suivie de celle d'Espagne, assiégèrent Cha[lea]u-Porcien et Rethel 2 ; pendant ce temps furent tuez et perduz Pierre Dupont l'aisnel, Jean Prévosteau et Thiébault Maupin. Voici les noms d'autres personnes victimes des ennemis APVRIL 1051. 22, Philbert le Clerc, garçon de Beaumont, tué par des Allemands. Au mois d'août de la même année XVII, Jean Perlier, mort à Rethel, blessé en chemin par des Allemands au mois de may dernier. Au mois d'octobre, on trouve, au bas d'un acte du 11 de ce mois, écrit de la main du curé Nombre depuis l'arrivée des Espagnolz IIIIxx quinze, en tous 3 cent IIIIxxXVI des grands et communiants. Notons encore une victime du siège de Rethel en 1652 NOVEMBRE. 2, Poncelet Cailliet, blessé à mort au siège de Rethel. Et enfin, au mois de mai 1653 1, Jean Midou et Jean Martin, tuez la veille dans Beaumont par des soldats. Ici s'arrêtent les actes relevés par nous sur le petit registre des mortuaires de la paroisse de Sery. Le dernier qui s'y trouve inscrit est du 10 novembre 1660 et, sauf quelques lacunes, la 1 Pour la famille de Rémond, consulter Paul PELLOT, dans les Travaux de l'Académie de Reims, 1888, généalogie avec complément au Nobiliaire de Caumartin. 2 Sur les sièges de Château-Porcien et de Rethel, Cf. H. JADART, Chronique de Jean Taté, 1890, p. 59 et suiv.; CARUEL, Essai sur Rethel, 1891, p. 258, etc. — 133 — liste des baptêmes, mariages et décès prend corps à partir du 10 avril 1668 1 pour ne plus s'interrompre qu'à la Révolution. Nous avons cru utile de donner ces extraits du plus ancien. Ils pourront sans doute intéresser quelques personnes. AL. BAUDON. LE LOYALISME DES SEDANAIS ET LEUR HOSPITALITÉ DE 1638 A 1680 SUITE. APPENDICE Dans notre étude précédente sur le Loyalisme des Sedanais et leur hospitalité de 1638 à 1680, nous avons été conduit à donner çà et là des renseignements sur la situation financière de la ville de Sedan et des villages, qui constituaient au dix-septième siècle les principautés de Sedan et de Raucourt. Afin de les compléter et de donner ainsi au lecteur une idée plus précise de quelquesunes des conditions économiques des Sedanais à cette époque, nous allons reproduire en appendice trois tableaux, parmi ceux qui furent dressés, d'après des documents authentiques, par ou pour les commissaires royaux en 1647 et en 1648. On trouvera des indications suffisantes sur le rôle de ces commissaires à la page 108 de notre Loyalisme et aux pages 55 et 133 de notre Notice sur la Maison de Bouillon-La Tour. Ajoutons simplement que les mesures de capacité usitées à Sedan pour les grains étaient le quartel, qui pesait 45 livres et mesurait 29 litres 25 ; le setier, qui valait 5 quartels, et le muid, qui valait 12 setiers. 1 Voici l'intitulé du registre de 1668 Registre baptistère du village de Sery en Portien le Xe apvril 1668 par Monsr Petitfils, prestre curez dudit Sery ». — Jacques Petitfils est le premier curé dont les archives locales donnent le nom. Il mourut le 5 novembre 1670 Et le cim[ui" me jour du mois de novembre mil six cens septante six, fust déceddez vénérable et scientifique personne Maistre Jacque Petitfils, prestre et curée dudict Sery, et a esté inhumez en l'église au pieds du maistre autel do Sery par Monsieur le doyen de Rethel, accompagné de plusieurs prestres et habittans dudict Sery, tesmoings, et dudict Eustache Lallenient, elereques ». TABLEAU DÉTAILLÉ DES REVENUS DU DOMAINE DE SEDAN, de 1638 à 1647 A. — Fermes en grains de la Souveraineté de Sedan. NOMS 1638 1639 1640 j 1641 1642 1643 1644 1645 1646 1647 Les terrages de Sedan 17m » 13m 9s 15m » p. u Maison 8m 4S 1,0701. ; 15™ » 13m » 13m » 11'" 6S ' Les ferrages de Balan 18 » 18 » 19 5S 1,300 1. 16 » ! 9001. 17 6 6 » 6 » 6 3 6 3 Une autre cense à Floing 1 6 1 6s 1 6 16 16 1 68 1 6S 1 6S 1 10 2e 1 10 2e Un moulin à Floing from. 6 3636464 6 464646 4 8» 4 [f moitié Une cense à Villers-Cernay 1 10 1 10 1 10 1 10 1 10 1 10 1 10 12 12 1 2» Un moulin aud. lieu fr. et seig.... 2 » 2 » 2 » 2 » 2 » 2 » 2 » 2 » 2 » 2 » Une cense à Daigny seig. et av.... 5 8 58 5 » 5 » 5 » 5 » 5 » 5 » 5 » 5 » Un moulin à Daigny 5 » 5 » 1,2591. » 4801. 3601. 2001. 1501. 701. 971. Une cense à Givonne 4 6 4 6 4m 6S 4 7 3m » 3 » 3m » 3m » 3m » 3m » Une autre cense aud. lieu » 31 2 7 2 7 2 7 2 T 2 7 2 7S 2 7S 2 » Ie 2 » lcj i Un moulin aud. lieu fr. et seig.... 6 1 6 1 6 1 4 » 4 » 4 » 4 » 4 » 4 » 4 » i Un moulin à Francheval par. grain. » 14 » 14 » 14 » 14 » 14 » 14 » 14 » 14 » 14s » 14 » C. — Prés dépendant du domaine de Sedan. r NOMS 1638 1639 1640 1641 1642 1643 1644 1645 1646 1647 Soixante-neuf arpents aux lieux de] Bélompré-quartier et la Buterne Levés pour cnes Bazeilles et Balan ! la maison Idem Id. Id. Id. Id. ! 4141. 3451. 4831. Quinze fauchées dans la prairie de; i Sedan \ Idem Id. Id. Id. Id. Id. ! 150 150 160 144 5 Onze fauchées dans la prairie des Angles cne Idem Id. Id. Id. Id. Id. I Compris avec Bélompré et la Bu terne. Cinquante arpents au lieu dit Meandru j cne Idem Id. Id. Id. Id. Id. 801. 4001. 3551. I 3671. i Les neufs prés de Douzy 4901. s. 3901. s. 4351. 4351. 4351. 4351. 435 435 435 435 Les prés de Vaussart commune de ! Douzy.... _ 2501. 2501. 250 250 250 250 250 250 250 250 Les huit fauchées do prés du Rullc cne Bazeilles 112 112 112 112 112 112 112 112 102 102 Les prés derrière Han cne de PouruSaint-Remy PouruSaint-Remy 40 30 30 35 15 13 151. 5E 13 13 Les prés de la Vieille Mairie 31 31 31 31 31 201. 10» 331. 33 33 Les prés Marinots cne 126 126 126 126 126 1261. 1261. 126 126 126 Les regains des prés de Douzv Néant Néant 73 73 73 73 73 73 62 62 Les regains des prés de Bazeilles... 1501. 1501. 210 210 210 155 155 155 155 155 Le pré de la Grève cnes Pouru-SaintRemy Pouru-SaintRemy Bazeilles 42 42 42 42 42 42 50 50 50 50 N. B. — Il y a 400 arpents de bois à vendre par an, de âge de 24 ans ou environ, au prix de 30 l. l'arpent, le fort portant le faible. — 137 - L'ORIGINE DES BOIS COMMUNAUX DE LA VILLE » DE septembre 1314. L'origine des biens communaux et, en particulier, des bois communaux est une question vivement débattue entre riens et sur laquelle la lumière ne sera faite que par la mise au jour grand nombre de textes. Le document que nous publions infrà a le mérite de nous renseigner d'une façon précise sur l'origine des droits qu'obtint la "ville » de Hargnies dans les bois qui l'entourent. Jean de Looz, seigneur d'Agimont et de Wallehan, de qui relevait la ville de Hargnies, était en conflit avec elle au sujet des aisances que ses habitants pouvaient prendre dans la forêt d'Ardenne. La forêt appartenait au seigneur; les habitants n'avaient là que des droits d'usage. Pour mettre fin au conflit, le seigneur abandonne aux bourgeois » et franc homme » 3, à toujours mais, permanablement » et en pleine jouissance 4 —ce qui constitue presque un droit de propriété 5 — une portion de la forêt seigneuriale. C'est un cantonnement dont la charte fixe les limites, en autorisant le bailli de Givet à planter des bornes autour de cette portion désormais devenue les bois communaux de Hargnies. La limite de ces bois communaux part d'une croix dressée à la jonction de la voie de Viruel » le vieux chemin de Hargnies à Vireux et de la voie de Giveit » le vieux chemin de Hargnies à Givet, à droite de la route actuelle. Vers l'W., elle va droit jusqu'à une ligne aboutissant au rier de grant fosse » le ruisseau de Grandfosse est un affluent de droite du Ri d'O, écrit sur les cartes et à tort Risdou, comme nous allons le dire ; le ruisseau de Grandfosse longe la lisière des bois de Vireux. Elle suit ce ruisseau jusqu'au rier d'O » c'est le grand ruisseau que les cartes appellent Risdou. Noire texte montre l'orthographe véritable de son nom qui est Ri d'O. En patois, on prononce rî d'Où », 1 Voy., sur ce point, l'excellent ouvrage que vient de publier H. SÉE Les classes rurales et le régime domanial en France au moyen âge. Paris, 1901, in-8° pp. 490 et suiv.. 2 Ce texte est pris sur une copie simple 2 feuillets papier xvie siècle — Arch. dep. du Nord, B. 526, n° 4963. Il n'a pas été signalé parmi les actes de Jean de Looz dans la Notice hist. sur la seigneurie d'Agimont-Givet, de l'abbé ROLAND, ni dans les Notes hist. sur Hargnies, du même parues dans Rev. hist. ard., II, pp. 158 et suiv. 3 Le bourgeois est l'homme libre ou franc qui jouit dos privilèges octroyés par une charte de franchises, par exemple de l'électoral et de l'éligibilité aux charges municipales. — Le franc homme est simplement le roturier, le vilain, tenancier d'une tenure libre, franc par opposition au serf, mais qui no bénéficie pas des privilèges municipaux. 4 Le texte dit por lors aisemens à faire et lors profis » ; les habitants peuvent faire leurs aisances et leurs profits. Ils peuvent emporter du bois pour brûler ou pour bâtir, et aliéner les coupes sauf le servage à payer au seigneur. 5 H. SEE, op. cit., pp. 513-514. - 138 - de là le nom fantaisiste donné par les géographes exotiques qui ont dressé les cartes de la région. La limite suit alors le Ri d'O aval » dans la partie appelée aujourd'hui Vallée des Prés » jusqu'au confluent du ruisseau de Javredongne, ruisseau qui sépare les bois de Vireux et de Hargnies, sur la rive gauche du Ri d'O.—Vois le N. et l'E., la limite part de la croix déjà nommée, revient en droite ligne au champ de Fol vilain » lieu dit inconnu à présent à Hargnies ; delà à la voie de Plainmont » c'est près de ce chemin qu'est situé le légendaire chesté de Plémont », dans les bois du Roi ; puis elle suit une goutelle petit ruisseau, à la lisière des anciens bois de Dinant, et, avec la goutelle, elle tombe en IIule grand ruisseau se réunissant à la Houille et formant aujourd'hui la frontière franco-belge.— Au S., la limile n'est pas donnée. Le seigneur, en abandonnant une portion de la forêt, se réserve cependant certains droits le servage, la paisson, lotîtes les justices c'est-à-dire la compétence et les profils en matière de haute et basse justice. Le droit de paisson est très connu. Le servage ne l'était pas, jusqu'à ce que nos recherches l'aient mis en lumière 1. — Enfin, dans les bois qui restent de son domaine plein, Jean de Looz concède à la ville » le droit de pâturage dans les bois âgés et pour les bêtes de loi » celles que la coutume autorise a conduire au bois. La concession du seigneur Hait donc, comme on le voit, importante. Paul COLLINET. COPIE A tous chiaus ki ches presens lettres verront et oront, Nos, Johans de Los, sires d'Agymont et de Wallechan, et Mahas, ma femme, dame de ches internes lies, salul et conoistre verileit. Comité chose soit à tos, comme destors et debas fut et avet esteil entre nos, d'unne par, et chias délle ville de Hargnis, d'atre par, si comme des aisemens de tOs nos bos et fores de Hargnis, Nos, par le conseilh de butines gens, nos sommes accordeis et asentis en teil manière ke por la remède de l'arme 2 mon très obier et ameit singneur et père, monsingneur Johan de Los et sir d'Agymonl jadis oui Deus assolie o et por les noslres, assi por bien, por pais et por accorde de nos et de chias de la vilhe de Hargnis. astons assentis et accordeis en teil manière ke lidis borjois et li franc homme de la vilhe de Hargnis tenront et auront a tos jors mais permanblement por iauz et por lors oirs, por lors aiseinens à faire et lors profis, les lies chi après deviseis Ch'est il Cf. Revue d'Ardenne et d'Argonne, t. VI. pp. 15 et suiv., 237 et suiv. — Nous donnerons prochainement un troisième article sur ce sujet, d'après la charte de Venins et quelques documents des archives communales de Mézières. 2 L'âme. 3 Que Dieu absolve. — 139 — à savoir délie crois la u li voie de Viruet li grande voie Ici départ delle voie de Giveit et val droit gus à lingne al rier de grant fosse et tot le rier do grant fosse gus à rier d'O et lot le rier d'O aval à rier de Javredongne; et de la desordite crois en revenant sus droit à lingne à champs cons dist fol vilain, cons dist la voie de plain mont, et del champ fol vilain droit à lingne, alle voie de plain mont, et delle voie de plain mont à unne gotelle ki est as bois chiaus de Dînant et contre val la gotelle alant droit en Hule. Et volons et otrions 1 ke los chis lies desornomeis soient deseivreis 2 el aboneis 3 entre nos et chiaus de la vilhe de Hargni. Et donnons plain pooir à noslre balhil et cheliu ki por nos i sierat de planter fins et bonnes et desoivres 4 en teil manière ke des lies desordis en avant enver la vilhe de Hargnis ki soit leurs, en teil manière ke deviseil est; saf le servaige et la paison s'ilh i esloit à avoir nostre droicture et totes justices à avoir. Et est à savoir ke tos li remanans de nos bos de chis lies desornomeis en la par dever Gyveit nos demorent à nos et à nos oirs franchement et sic teil manière ke chis delle vilhe de Hargni ni pulent mais riens clameir nen demandeir, saf chu que li vilhe de Hargni aront lor pasturage en bos agiés de totes bestes de loi. Et totes ces choses chi desordites et escrites, promettons nos et avons coneut loiament à tenir, en bonne foil, sens aleir encontre, par nos nen par nos oirs nen par atrui de par nos, etl en renonchons à totes choses ki nos poroient aidier et chiaus delle dite vilhe de Hargni grever, et les avons en coneul ke nos lor warandirons 5 en tos lies et encontre tos chias ki voront venir à jor et à droit 6; El de chu fermement à tenir obligons nos et le nostre, nos et nos oirs et nos successoirs. Et por chu ke che soit ferme chose et estable, en avons nos données à chias de nostre dovant dite vilhe de Hargni ches presens lettres saielleies de nos propres saias 7; et encor por plus grant *seurteit à avoir, avons nos depriet à nostre cher et ameit oncle, mon sangneur Jacques de Los, sangneur de Balastre 8 et chanoinne de Sainct Lambert à Liege et à nostre cher et ameit feable, monsangneur Johan, chastelain d'Yvuys 9 et chevalier, à nostre feable Jehaynot, son filh, et à nostre feable Ponchar, chastelain d'Agymont, et à nostre feable Franket de Hère 10, balhit de nostre terre de Gyveit, k'ilh voilhent mettre et pendre lors propres saias avoic les nostres; et nos, sires Jacquemes de Los desordis, Johans, chastallains d'Yvys, Jehannos, ses fis, Ponchars, chaslellain d'Agymonl et Franket de Hère, aile proiere et aie requeste de nostre chier sangneur et dames desordis, avons pendus nos saias à ches presens lettres avoic les lours en lesmoiguage de veriteit; lesqueles furent faictes et doneies l'an de grâce del incarnation nostre sangneur Jhesuchrist me ccc el quatorze, le mardi après la feste S1 Malhie l'aposlle et l'euwengelisle er mois de septembre 11. 1 Octroyons. 2 Mesurés. 3 Bornés. i Mesures. 5 Garantirons. 6 En justice. 7 Scellées de nos propres sceaux. H Près de Namur. 9 Ivois-Carignan. 10 Heer, près d'Agimont. M 24 septembre 1314. — 140 - COMPTE-RENDU BIBLIOGRAPHIQUE Le village et l'église de Renneville Ardennes, par H JADART avec la collaboration de J. CARLIEIR et G. MENU. — Arcis-sur-Aube, L. Frémont, 1901, 73 pp. gr. in-8°, planches extr. de la Rev. de Champ, et de Brie M. H. JADART ne se lasse pas de fournir son actif concours aux Revues de la région. Il vient encore de publier dans la Rev. de Champagne et de Brie une remarquable monographie d'un village et d'une église de la Thiérache. — Les premières pages de cet opuscule sont consacrées au village disparu de Senicourt, remplacé par le beau village de Renneville. Celui-ci fut créé de toutes pièces en 1205 ou 1206 n. st. par accord entre Roger de Rozoy et l'abbé de St-Martin de Laon. La charte de fondation est publiée en appendice d'après l'original des Arch. de l'Aisne. Nous ferons à son sujet à l'auteur deux observations l'expression de charte de commune qu'il lui donne pp. 5 et 7 est, impropre ; c'est exactement un pariage comme il y en a d'autres exemples dans les Ardennes pour les villes neuves. De plus, l'analyse de la charte aurait mérité d'être faite dans le corps de l'ouvrage et le texte eût gagné à être rapproché de ses voisins. L'histoire du village déjà tracée par MARTIN; Essai hist. sur Rozoysur-Serre est reprise avec de nouveaux détails, dont quelques-uns sont illustrés de pièces justificatives importantes. La majeure partie de la notice est consacrée à l'historique et à la description de l'église. Le portail et la nef sont du XIIIe siècle, contemporains de la fondation du village, la ITour et le chevet avec leurs appareils de forteresse sont du xvE et du XVIIe siècle. Nous n'insisterons pas sur l'importance de cette description qui est absolument complète et exactement minutieuse, comme le sont les autres descriptions d'églises de M. JADART. Il n'oublie ni les inscriptions des cloches, ni les graffites de l'extérieur et de l'intérieur. La monographie est accompagnée en appendice de documents inédits, d'extraits des registres paroissiaux, de la liste des lieuxdits, de recherches sur quelques vieux arbres, du relevé des inscriptions de croix, etc. —Plusieurs planches en phototypie éclairent les descriptions ; elles représentent l'église, la chapelle du Nord, la tourelle S'-Michel, le plan de l'église, le petit arbre et la vue générale de Renneville. Que l'auteur et ses collaborateurs dévoués reçoivent notre gratitude pour cette nouvelle étude qui leur fait grand honneur. P. COLLINET. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22 POÈTES ARDENNAIS ARTHUR RIMBAUD VII Rôle d'Arthur Rimbaud en Aîrique. Sa mort. Pendant trois années, du printemps de 1884 au début de 1887, l'activité exploratrice d'Arthur Rimbaud fui à peu près nulle. Occupé d'opérations purement commerciales ou rêvant d'entreprises lointaines, vers Zanzibar ou Madagascar et même vers l'Inde ou le Tonkin, le poète ardennais semble avoir complètement oublié le Harar et l'Ethiopie. Cependant, les voyages se multipliaient dans ces contrées au point qu'il serait trop long de les énumérer tous nous nous contenterons d'en signaler les principaux. De 1883 à 1885, Alphonse Aubry, ingénieur civil des mines, parcourait le Choa et les pays gallas avec le D' Hamon qui périt en roule. Le capitaine Longbois, venu à la cour de Ménélick de la pari du président de la République française, accompagnait au retour l'ingénieur Aubry. D'autres Français se livraient vers le même temps à des explorations commerciales ou désintéressées qu'il nous suffise de citer les noms de Paul Soleillet, de Jules Borelli, de Labatut, dont Rimbaud fut l'associé malheureux, d'Eloy Pino, représentant d'une maison de Marseille, de MM. Alfred Bardey, Brémond et Chefneux. Deux Italiens méritent également une mention particulière ce sont Ragazzi et Bricchetti-Robecchi, qui tous deux visitèrent Harar. Mais le voyage le plus fécond en résultais scientifiques fut, pour cette période, l'expédition entreprise par le Dr Dominik von Hardegger et le Dr Philipp Paulitschke. Les deux Autrichiens explorèrent les régions hararis, somàlis et gallas à tous les points de vue, et recueillirent les données les plus précieuses sur la topographie, l'ethnographie, la civilisation matérielle et intellectuelle de la corne orientale de l'Afrique 1. 1 Ce qu'avait tenté Rimbaud fut réalisé par Paulitschke dans son voyage en 1885-1886 Paulitschke avait pour lui une grande expérience de savant, des ressources financières considérables, les instruments les plus perfectionnés. Il a publié sur le Harar et le Somâl une série de livres admirables et richement documentés qui parurent à Leipzig de 1886 à 1896. Paulitschke est mort à Vienne le 15 décembre 1899. REV. D'ARD. ET D'ABC-. T. VIII, n° 9. — 142 — Rimbaud rentre en scène au printemps de l'année 1887 et se signale de nouveau à l'attention des géographes à l'occasion de son voyage au Choa. Celte expédition, organisée pour fournir une livraison de fusils au roi Ménélick, fut plutôt malencontreuse pour les intérêts du négociant 1, mais elle eut ce résultat profitable pour la science de faire connaître une route nouvelle, la meilleure et la plus courte pour accéder au Choa. Rimbaud, en compagnie de Jules Borelli 2, utilisa ce chemin direct et jusqu'alors inconnu, qui le conduisit d'Entollo à Harar par le pays des Ilous-Gallas son itinéraire complétait et corrigeait heureusement les itinéraires qu'avaient précédemment suivis le Français Aubry et l'Italien Ragazzi. — Le rapport du voyage de Rimbaud publié dans Le Bosphore égyptien nos des 25 et 27 avril 1887, donne une foule de renseignements destinés à détruire les espérances exagérées, excitées par quelques voyageurs, sur l'exploitation commerciale de ces territoires. C'est ainsi qu'il met en doute l'exploitation rémunératrice des dépôts de sel du lac Assal par l'établissement d'un chemin de fer à voie étroite, qui avait été projeté par quelques entrepreneurs français, et cela à cause des grandes difficultés du terrain. Il combat nettement la possibilité de la navigation sur le fleuve Ilaouache, même au moment des plus fortes crues, et contredit ainsi les données de Paul Soleillet et du capitaine Longbois. Il recommande aux futurs voyageurs la route de Zeilah au Choa par Harar et le pays des Itous ; cette route évite le territoire des Danakil toujours enclins au pillage et traverse des contrées plus fertiles. Il décrit le pays des Ilous-Gallas qui forme un haut plateau d'environ 2,500 mètres au-dessus du niveau de la mer on y trouve d'excellents pâturages et de vastes forêts, et la région peut se prêter à la colonisation européenne autant par sa fertilité que par la douceur de son climat. Le nouvel itinéraire d'Enlotlo à Harar, envoyé par Rimbaud à M. Bardey, fut communiqué par ce dernier à la Société de Géographie de Paris qui le publia dans ses Comptes-rendus 3. 1 Cf. Revue d'Ardenne et d'Argonne, t. VI, p. 152. 2 Il est curieux de noter l'appréciation de M. Jules Borelli sur son compagnon de voyage ... Noire compatriote a habité le Harar. Il sait l'arabe et parle l'amharina et l'oromo. Il est infatigable. Son aptitude pour les langues, une grande force de volonté et une patience à toute épreuve le classent parmi les voyageurs accomplis... » 3 Compte-rendu des séances de la Société de Géographie, Paris, 1887, séance du 4 novembre 1887 pp. 416-417. La 3Revue d'Ardenne et d'Argonne a reproduit cet itinéraire, tome VI, pp. 153-154. - 143 — Il fit aussi l'objet de notices élogieuses dans les principales revues géographiques qui signalèrent l'importance du service rendu par Arthur Rimbaud cilons, parmi ces revues, les Petermanns Mitteilungen 1, les Proceedings of the Royal Geographical +Society 2, le Bolletino délia Société geografica italiana 3. L'itinéraire qu'avaient relevé Rimbaud et Borelli fut désormais celui qu'utilisèrent la plupart des explorateurs qui leur succédèrent tel fut le cas d'un officier russe, M. Mashkow, qui, accompagné de sa femme, visita le Choa en 1891. A propos de ce voyage, M. Bardey s'exprime ainsi Quittant le Harar, ils suivirent celte roule des Ilous-Gallas et des Cherchers décrite brièvement, mais d'une façon si minutieuse et si pittoresque par Arthur Rimbaud... En octobre 1891, M. et Mme Mashkow arrivèrent à Anloto, capitale militaire du Choa et résidence de l'empereur Ménélik, qui chargea M. Mashkow d'un mission pour SaintPélersbourg. Au point de vue géographique, M. Mashkow n'apporte aucune connaissance nouvelle. Les routes qu'il a parcourues sont depuis quelques années bien connues » 4. Après sa désastreuse expédition des fusils. Rimbaud vint se reposer au Caire, où nous le voyons occupé à divers projets, notamment à celui de faire publier par la Société de Géographie de Paris la relation de son voyage en Abyssinie ; il sollicite en même temps des subsides pour faire des voyages d'exploration au compte de la Société 5. Mais rien n'aboulit l'ouvrage projeté ne vit pas le jour, et la mission demandée ne put lui être accordée. Cette tentative nous prouve que Rimbaud avait recueilli des noies et des souvenirs sur les pays qu'il avait traversés. D'ailleurs, ces notes furent-elles jamais rédigées? Et si elles le furent, que sont-elles devenues ? 6. En 1888, Rimbaud, enfin résolu à s'établir à son propre compte, 1 Dr A. Petermanns Mitteilungen, 33. Band, 1887, p. 370, bulletin mensuel de M. A. Wichmann. 2 6Proceedings of the Royal Geografical Society, janvier 1888, p. 39. 3 Bolletino délia Socielà geografica italiana, série III, volume I, janvier 1888, pp. 6-1-65. i Compte-rendu des séances de la Société de Géographie, Paris, 1892, séance du 4 novembre 1892, p. 408. 5 La mission rétribuée qu'il sollicitait avait pour but l'exploration des pays situés entre le Harar et les Grands Lacs. M. A. Bardey appuya de son mieux cette demande qui faute de fonds ne put être accordée. fi M. A. Bardey doute fort que Rimbaud ait jamais recueilli des notes scientifiquement précises sur les régions. Le poète ardennais en a peut-être eu l'intention comme l'indique ses lettres. Mais tout fait supposer qu'il n'a rien réalisé et que toute recherche dans cette voie serait infructueuse. — 144 — fonda une factorerie à Harar, où il séjourna jusqu'en avril 1891. Pendant ces trois années, son activité purement commerciale se dépensa en courses et en expéditions de toutes sortes, mais sans aucun résullat scientifique. Quelques indications vagues, éparses dans ses lettres, sont tout ce qui nous reste de celte période. Ces lettres, où il se souciait peu de donner à sa famille des renseignements géographiques dont elle n'avait que faire, sont, comme on l'a dit, d'un honnête garçon et même d'un bon fils... » Tel est le bilan géographique d'Arthur Rimbaud la découverte du plateau de Bubassa, le rapport sur l'Ogadine, le nouvel itinéraire d'Enlotto à Harar. Et encore ces résultats n'ont-ils clé connus que grâce à M. A. Bardey, qui les a sauvés de l'oubli. Ce bagage est un peu mince pour mériter à Rimbaud le litre de grand explorateur, mais il est suffisant pour qu'on puisse dire de lui avec son ancien patron, qu'il a été, en même temps qu'un homme utile et courageux, un des premiers pionniers au Harar ». Après avoir tenté de remettre au point le rôle géographique, il convient d'apprécier ce que M. Paterne Berrichon appelle l'influence politique d'Arthur Rimbaud et de réduire à néant les interprétations qui ont fait du poète ardennais une sorte de conseiller officieux présidant aux destinées de l'Ethiopie. El d'abord Rimbaud eut-il jamais des visées politiques ? Avec le caractère que nous lui connaissons, caractère d'individualiste intellectuel, de solitaire cérébral, il est fort probable que ce genre de préoccupations lui était devenu très indifférent et devait même exciter chez lui le plus profond mépris. S'il lui est arrivé parfois d'exprimer des opinions sur la politique coloniale, il ne l'a guère fait que par boutades de négociant tracassé. D'autre part, nos différentes sources d'information, documents personnels ou lettres communiquées par la famille, indications fournies par les personnes fixées en Abyssinie et au courant des questions africaines, enfin et principalement l'absence de faits positifs, tout nous autorise à penser que Rimbaud fut constamment réfractaire aux ambitions politiques. Rimbaud a forcément été en relations avec les autorités des pays où il a séjourné ; il ne s'agit bien entendu que des autorités abyssines. C'était normale! même indispensable. Il faut, de plus, — 145 — se représenter l'organisation du gouvernement et de la société dans la région éthiopienne, du moins il y a une quinzaine d'années. Les autorités, depuis le négus jusqu'au dernier ogaz, n'étaient alors que de vulgaires trafiquants, d'une loyauté souvent douteuse en matière commerciale, des chefs de bande cupides qui mêlaient leurs intérêts particuliers avec ceux de l'Etat. Le rôle politique que pouvaient jouer à ce moment-là les Européens en Abyssinie n'est pas du tout celui qu'on pourrait s'imaginer. Ils n'avaient guère que des relations commerciales avec les chefs abyssins, petits ou grands, et Rimbaud n'était pas plus favorisé que les autres. Le principal article d'importation consistait à fournir des fusils qui était la marchandise la plus rémunératrice 1. On pourra d'ailleurs se représenter facilement les moeurs et les habitudes des indigènes en lisant les récils des voyageurs qui ont parcouru ces contrées, en particulier ceux de M. Jules Borelli, le compagnon de Rimbaud en 1887 2. Ces considérations suffisent pour anéantir la légende d'un rôle politique joué par A. Rimbaud, rôle dont M. Berrichon voit le point de départ dans une livraison de fusils et dans la correspondance échangée avec le Ministère des colonies 3. 1 Nous nous en référons au témoignage significatif de M. Borelli Les armes sont le seul objet d'échange qui laisse aux commerçants européens un profit suffisant et certain. Qui voudrait s'acheminer vers ce pays au risque de sa vie, pour un gain problématique '? » JULES BORELLI Ethiopie Méridionale, Paris, 1890, gr. in-8°. 2 Voici quelques extraits du livre de M. Borelli, Ethiopie Méridionale Antoto, 27 juillet 1886. — Je me suis rendu au quartier européen, ainsi nommé parce qu'il est habité par quatre Européens. Trois d'entre eux sont au service du roi depuis dix années Ilg, ingénieur ; Zimmermann, mécanicien ; et Appenzeller, menuisier. Ils n'ont pas l'air satisfait. Le roi ne tient pas ses promesses... La mauvaise loi de Ménélick est proverbiale. » Fallé, 20 janvier 1887. — Un Français, M. Pino, me reçoit dans sa hutte. M. Pino est établi au Schoa depuis plusieurs années ; il reste auprès du ras Govanna. 11 a été victime de ses excès de confiance dans les Amhara et ne réussit pas à obtenir justice contre ceux qui l'ont trompé ou volé. » Ankober, mercredi 9 février 1887. — M. Rimbaud, négociant français, arrive de Toudjourrah avec sa caravane. Les ennuis ne lui ont pas été épargnés en route. Toujours le même programme mauvaise conduite, cupidité et trahison des hommes ; tracasseries et guet-apens des Adal ; privation d'eau, exploitation des chameliers. » Antoto, 14 mars 1887.—Le Balambaras Mékonen a été nommé Dedjazmateh et gouverneur C'est un des illustres abyssins qui m'a le plus exploité, sans me donner aucune dos choses nécessaires à la vie ou à l'accomplissement de mon voyage, la seule que je recherche, que je sollicite et que j'attende impatiemment. » Zeilah, 16 octobre 1888. — Croire que Ménélick ait pour la France plus d'attachement que pour l'Angleterre ou la Chine, c'est une pure illusion. Le Negouss est complètement rebelle aux sentiments d'amitié et de reconnaissance ; ses vues politiques ne dépassent pas l'horizon amhara. Il n'a pas de préférence et il l'a prouvé que pour celui qui lui offre le plus de présents en fusils ou en espèces. Encore le donateur devra-t-il surveiller de près l'exécution des promesses qui lui seront libéralement octroyées... » 3 Cf. Revue d'Ardenne el d'Argonne, t. VI, pp. 155-156, où nous avons élucidé cette question, en publiant toutes les pièces officielles. — 146 — Pour ceux qui garderaient encore un doute, nous croyons utile de citer les témoignages probants de deux hommes à qui leurs rapports avec Rimbaud, leur haute situation et leur influence permettent de porler un jugement autorisé l'un, M. Chefneux, consul général d'Ethiopie, nous a nettement affirmé que Rimbaud n'eut jamais de mission du gouvernement français et se borna, comme les autres Européens, à faire le commerce des armes. L'autre, M. A. Bardey, a bien voulu nous écrire une longue lettre dont ce passage nous semble caractéristique à reproduire ... Si on a prétendu que Rimbaud n'avait pas été étranger aux événements éthiopiens, qu'il avait préparé la lutte entre l'Abyssinie et l'Italie, qu'il avait exercé une influence considérable sur les chefs de ces contrées, qu'il avait été le conseiller écouté du Ras Makonen et de Ménélick lui-même, que tous ces personnages avaient pour lui une grande admiration, qu'il leur inspirait des projets de réformes sociales, etc., qu'il était l'agent officieux du gouvernement français qui l'aurait chargé, en quelque sorte, de fournir des armes aux Abyssins, ce on n'a jamais expliqué, que je sache, ce qui lui faisait émettre ces affirmations qui me paraissent bien être le produit de son imagination. Quant à moi, je ne sais absolument rien de tout cela, mais permettez-moi de vous présenter les observations suivantes Des publications militaires françaises et étrangères, notamment les Italiens en Afrique» du capitaine de l'Etat-major général Pellenc ont dévoilé tous les dessous du conflit Italo-Abyssin. La guerre ne vint pas de conseils, mais de la force d'événements imprévus. Elle eut lieu en 1895-96 et Rimbaud était mort en 1891. Le commerce d'importation des armes se fait largement au Choa depuis 25 ans et je ne vois pas du tout Rimbaud, insoumis militaire, agent officieux du gouvernement français pour des fournitures d'armes. Je ne connais du reste que son affaire de fusils avec Labatut, 2,000 je crois, et il est entré plus de 200,000 fusils et des canons au Choa en 20 ans. Il eut des difficultés avec Ménélick en 1886-87 à propos d'armes refusées. Il me paraît difficile qu'il ait pu en même temps être son conseiller. Du reste s'il est de notoriété publique que Ilg est depuis 1878 conseiller de Ménélick, je ne l'ai jamais entendu dire de Rimbaud. Au Harar, il est bien connu que Rimbaud eut de bonne — 147 - relations avec Makonen, rien ne fait croire qu'elles aient eu un but plus élevé que celles que tous les négociants européens sont obligés d'avoir en ces pays avec les chefs indigènes... » Enfin nous avons tenu à poursuivre notre enquête jusqu'auprès de personnalités abyssines et nous avons obtenu entre autres une réponse du Ras Makonen, qui fut en relations fréquentes avec Rimbaud. Cette réponse montre qu'il y eut évidemment de bons rapports entre le poète ardennais et le gouverneur de Harar. Mais elle n'indique en rien l'intimité qu'on s'est plu à imaginer et elle confirme définitivement nos conjectures sur l'absence d'un rôle politique quelconque. La dernière question qu'il reste à examiner est celle de l'influence civilisatrice que son trop enthousiaste beau-frère a bénévolement attribuée à Rimbaud. Aucun fait ne vient à l'appui de cette opinion. On chercherait en vain dans la correspondance publiée la moindre trace de semblables préoccupations. Les témoignages des gens du pays n'apportent non plus aucune preuve à cet égard. Rimbaud, qui était d'une grande bonté naturelle, a fait autour de lui le bien qu'il a pu. Mais il y a loin de ces faits isolés à une action civilisatrice, à la transformation morale de tout un peuple. Pour jouer ce rôle, il eût fallu un ascendant que Rimbaud ne posséda jamais. Il est curieux de noter à ce propos les excès d'imagination où s'est complu la fantaisie de M. Berrichon l;car on ne peut s'empêcher de 1 Voici quelques extraits de l'étude de M. Berrichon ... Instaurer dans ce pays barbare une société immédiatement au diapason du progrès européen en ce qu'il a de bon, société dont le développement devra donner au monde un exemple harmonieux des moeurs telle semble être une des dominantes préoccupationss du Rimbaud d'alors. Il traçait la voie, ouvrait le champ de gloire où les Ilg, les Mondon, plus tard, s'illustreront instruments des victoires et des conquêtes de Ménélick II. » ... Il agit de sorte que, après quelques mois d'allées et venues en ce pays d'agriculteurs et de pasteurs, il était déjà considéré comme une providence devant laquelle la haine de l'Européen, haine traditionnelle, devait s'abattre. Et c'est ainsi qu'il put, sans encourir de dangers, visiter des contrées qu'aucun oeil de blanc n'avait encore osé aller regarder... » ... De ses fatigues et de ses tracas, il se reposait, nous l'avons dit, en répandant parmi les indigènes le trésor de sa bonté. Sur sa mule fière d'un aussi précieux et amical cavalier, on le voyait parcourant, suivi ou non de quelque caravane porteuse d'ivoire et d'or quand ce n'était d'armes libératrices, les déserts somalis ou les fertilités de la chrétienne Ethiopie. A chaque instant, il s'arrêtait pour porter lui-même, sous quelque tente, en quelque hutte le bien-être et la civilisation, l'amour aussi de la liberté. Que d'esclaves il dut racheter, pour leur enseigner la dignité et la conscience.. ... Le ras Makonnen, le plus éminent d'entre eux, le plus intelligent, le plus noble, devint l'ami pieux de Rimbaud. Héroïque lui-même, ce vice-roi, conseiller principal du Négus, ne voyait plus, ne jurait plus que par notre civilisateur. Et c'est connu, et c'est proverbial dans — 148 — sourire, quand on connaît la réalité. Celte réalité nous apparaît dans les récits de voyage de M. Borelli 1 et dans ceux de la Mission Bonchamps 2. Du reste, le caractère d'Arthur Rimbaud était opposé à tout rôle religieux et social. Il eût été surpris lui-même si on l'avait traité de moralisateur, de rénovateur et de prophète. C'était au fond un sauvage et un misanthrope, si l'on en croit ceux qui l'ont beaucoup fréquenté en Abyssinie, comme MM. Chefneux et Teillard. Avec son abord parfois rude et d'une dureté de sceptique qui se lie difficilement, Rimbaud leur apparaissait comme un dégoûté vivant isolé dans un coin de pays perdu, et menant une véritable existence d'anachorète. Resté profondément mystique, il ne subissait plus comme aux années d'enfance le charme du catholicisme. L'Islam l'attirait de plus en plus et le Coran semblait devenu sa lecture favorite. Au surplus, même si Rimbaud avait eu les visées qu'on lui prête, il se serait heurté à des difficultés inouies. En effet, l'Abyssinie n'est pas le peuple barbare que beaucoup de gens se représentent. Elle a une civilisation fruste encore, si l'on veut, mais très ancienne. Depuis quinze siècles elle est fidèle à ses traditions, à sa religion que n'ont pu entamer les assauts de l'islamisme 3. En somme, Rimbaud fit sentir sa bonté, sa douceur, sa serviabilité, son dévouement, mais seulement dans le cercle restreint de son entourage, et son rôle civilisateur fut simplement celui de tous les autres Européens. Il contribua par le trafic à introduire quelques progrès matériels, sans amélioration morale toute la région, où les deux syllabes de ce nom Rimbaud ! ne résonnaient désormais plus sans provoquer aussitôt un respect ému et solennel, comme religieux.. ... On le vit bien parfois, enveloppé dans son burnous, sous le soleil chaleureux et devant la mer immense et maudite, se plonger, solitaire, dans une extase 'immobilité. Mais c'était à 'en point douter, pour 'assimiler quoique mystère créateur 'étranges beautés. Et de même que toujours, il explorait, en vue de grossir son savoir, déjà, on le sait, formidable. Ni rien, pour cela, ne lui était un obstacle ni la lâcheté des hyènes, ni la férocité des tigres, ni le fanatisme musulman des bédouins. 'ailleurs, il était protégé par son propre nimbe de générosité humble et, si 'on massacrait et pillait, en ce emps-là, les européens et leurs caravanes, lui ne fut jamais 'objet 'aucune malveillance, même de la part des tribus les plus redoutées, les plus réputées redoutables... 1 f. la note de la page 45, où 'on saisit sur le vif les singuliers agissements des byssins envers les uropéens, sans excepter imbaud. 2 Ces récits viennent 'être publiés cette année par M. Michel, le second de la Mission, à la librairie Pion. 3 Cet attachement au passé, où l'Abyssinie s'est comme cristallisée, nous venons de l'entendre particulièrement mis en relief par M Hugues Le Roux, chef de la Mission du Nil Bleu, la plus récente qui ait parcouru ces contrées. — 149 - d'aucune sorte. Car les Abyssins et les Gallas d'aujourd'hui ressemblent fort aux Abyssins et aux Gallas d'autrefois. Cet aperçu des différents rôles qu'a joués Rimbaud en Afrique, de 1880 à 1891, nous mène au terme de notre étude. Il ne nous reste plus qu'à signaler la maladie et la fin prématurée de celui dont l'existence avait été traversée de tant d'épreuves et d'aventures. Au commencement de 1891, dans la pleine prospérité de son commerce, Arthur Rimbaud se sentit atteint au genou droit d'une douleur arthritique, qu'il attribua aux fatigues physiques et au climat du pays. Le mal ne fit qu'empirer. A la fin de mars, il se décidait à regagner Aden ; ce fut un pénible voyage à travers les 300 kilomètres de déserts, qui séparent les monts du Harar du port de Zeilah. Sa correspondance 1 relaie les douloureux épisodes de ce retour, qui fut un véritable chemin de croix. Le médecin anglais d'Aden lui conseilla de se rendre au plus vite en Europe. Il prit le bateau des Messageries Maritimes qui le débarqua, le 22 mai, à Marseille. Sa jambe malade fut amputée quelques jours plus tard à l'hôpital de la Conception et après six semaines de soins il alla retrouver sa famille à Roche dans les Ardennes, pour y achever sa convalescence. Ce séjour à Roche fut de courte durée. Devant la persistance du mal qui le faisait atrocement souffrir, il fut repris du désir intense de revoirie soleil d'Afrique, dont il espérait la guérison. Au bout d'un mois, le 23 août, il repartait pour Marseille, avec l'intention de s'embarquer le plus tôt possible. Mais le mal impitoyable ne lui permit pas d'aller plus loin et il fut contraint de rentrer à ce même hôpital de la Conception, dont il ne devait plus sortir. Son agonie s'y prolongea pendant près de trois mois. Le 10 novembre 1891, à l'âge de trente-sept ans, il y rendait le dernier soupir. Son corps, ramené à Charleville, repose dans la terre natale, auprès de sa soeur Vitalie. Les derniers sentiments d'Arthur Rimbaud avaient été des sentiments de révolte et de désespoir. Dans une lettre qu'elle 1 Mlle Isabelle Rimbaud, après nous avoir communiqué ces lettres que nous avons été es premiers à connaître, les a réunies en volume. - 150 — nous adressait jadis 1, Mlle I. Rimbaud nous a cité les termes mêmes dans lesquels s'exprimait le poète mourant Moi qui n'ai jamais fait de mal à personne ! C'est une triste récompense de tant de travaux, de peines, de fatigues. Quel ennui, quelle tristesse, en pensant à tous mes anciens voyages, et comme j'étais actif il y a seulement cinq mois ! Où sont les courses à travers monts, les cavalcades, les promenades, les déserts, les rivières et les mers !... Adieu mariage, adieu famille, adieu avenir, ma vie est passée, je ne suis plus qu'un tronçon immobile... » Nous ne parlerons que pour mémoire de son retour à la religion catholique. Il nous est difficile d'y ajouter créance, et les dernières exclamations elles-mêmes de Rimbaud à l'agonie Allah Kérim ! Allah Kérim ! » semblent plutôt confirmer le penchant vers l'islamisme, que nous avons eu l'occasion de noter, sur le haut témoignage de M. Chefneux. Le premier qui ait songé à honorer la mémoire d'Arthur Rimbaud fut sou ancien ami, son glorieux compagnon littéraire, Paul Verlaine. Le destin et la mort du Poète Maudil » inspirèrent au Pauvre Lélian ces deux sonnets qui font revivre l'étrange figure de l'auteur des Illuminations A ARTHUR RIMBAUD Sur un croquis de lui par sa soeur. 2M mort, mort, mort ! mais mort du moins tel que tu veux, Fin nègre blanc, en sauvage splendidement Civilisé, civilisant négligemment... Ah, mort ! vivant plutôt en moi de mille feux D'admiration sainte et de souvenirs feux Mieux que tous les aspects vivants même comment Grandioses ! de mille feux brûlants vraiment De bonne foi dans l'amour chaste aux fiers aveux. Poète qui mourus comme tu le voulais, En dehors de ces Paris, Londres moins que laids, Je t'admire en ces traits naïfs de ce croquis Don précieux à l'ultime postérité Par une main dont l'art naïf nous est acquis, Rimbaud! pax lecum sit, Dominus sit cum te! 1 Le 27 septembre 1896. — 151 - A ARTHUR RIMBAUD. Mortel, ange et démon, autant dire Rimbaud, Tu mérites la prime place en ce mien livre, Bien que tel sot grimaud t'ait traité de ribaud Imberbe, et de monstre en herbe, et de potache ivre ; La prime place encore au temple de Mémoire, Tous les flots de l'encens, tous les accords du luth ! Ton nom resplendissant chantera dans la gloire, Parce que tu m'aimas ainsi qu'il le fallut. Les femmes te verront grand jeune homme très fort, Très beau d'une beauté paysanne et rusée Avec une attitude indolemment osée L'Histoire t'a sculpté triomphant de la mort, Poète tout puissant et vainqueur de la vie Tes pieds blancs posés sur les têtes de l'Envie. La gloire de Rimbaud, à la vérité, est toute récente, et il n'y a pas bien longtemps encore son nom n'était guère connu que des hommes qui ont débuté dans les lettres à la fin du second Empire. Dans cette Revue nous avons été les premiers à révéler la vie littéraire du poète et nous avons publié la biographie la plus complète de l'homme. D'autres ont contribué à faire connaître sa curieuse personnalité. Aussi, en dépit de légendes grossières et calomnieuses, on n'ignore plus maintenant son existence fantastique en dehors des conventions sociales, son extravagante destinée coupée d'aventures folles, d'excessifs malheurs, et rien ne s'oppose plus aujourd'hui à la glorification de l'homme et du poète dans un square de sa ville natale rendu célèbre par un de ses poèmes, s'élèvera bientôt le monument qui perpétuera par le bronze l'auteur du Bateau Ivre et le voyageur de l'Afrique orientale. Jean BOURGUIGNON et Charles HOUIN. Juin 1901. — A propos de notre précédent article, nous avons reçu de M. Alfred Bardey une lettre intéressante, qui précise certains faits et que nous tenons à reproduire, en exprimant à son auteur le témoignage de notre gratitude Lyon, 21 Mars 1901. MONSIEUR ET CHER COLLÈGUE, Je viens de recevoir le numéro de la Revue d'Ardenne et d'Argonne que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Je vous remercie bien vivement de cette aimable attention et vous en suis très reconnaissant. — 152 — En ce qui concerne Rimbaud explorateur, vous avez tout à fait remis les choses en place. M. Berrichon, dans son admiration pour son beau-frère, avait voulu en faire un dieu et sa théorie était quelque peu ahurissante pour ceux qui, comme moi, n'avaient vu dans Rimbaud qu'un homme très intelligent, courageux et bon, ce qui n'est pas ordinaire, mais n'a rien de divin. Je vous demande la permission de compléter quelques-unes de vos noies. Page 44. — Cecchi et Antonelli ne passèrent au Harar qu'à la fin de 1881 et ils habitèrent chez nous. Cecchi, plus tard consul général d'Italie, fut tué il y a quatre années, entre Moguedischou Magadoxo des caries, sur l'Océan Indien, rive sud du pays Somali, et Giledi, voisin de 80 kilomètres environ. — Pinchard fut un de nos agents au Harar. Ancien sous-officier de tirailleurs, je crois, ayant habité très longtemps l'Algérie et la Tunisie en dehors de son service militaire, il parlait l'arabe comme sa propre langue. Les Egyptiens ne voulaient pas le croire Français et le qualifiaient de Maugrabi Arabe de l'Afrique du Nord. Quand je l'engageai pour m'accompagner au Harar, il n'avait jamais pénétré dans l'intérieur du Somal ou de toute autre partie de l'Afrique orientale. Il venait de cesser de faire partie d'une sorte de Société de sauvetage qui s'était constituée pour racheter aux Somalis les épaves de divers vapeurs le Cachemyr », le Vortigiern », etc., échoués au cap Guardafui extrême pointe Est du Somal, et pour tenter d'avoir une concession de phares. Nous montâmes ensemble au Harar et à mon départ de cette ville, je l'y laissai comme directeur de notre agence. Il était très brave et circulait constamment en dehors de la zone de protection militaire. Le premier il parcourut les Guerrys et les Barteris, gallas de l'Est du Harar, et j'ai encore une lettre de Nadi-Pacha, gouverneur égyptien, me demandant de lui interdire ses dangereuses sorties. Mais il n'est jamais allé jusqu'en Aroussi-Galla. Il est du reste aussi inexact de dire qu'on peut aller par Zeilah, Harar et le fleuve Hawash en Aroussi-Galla que de dire qu'on peut aller par Marseille, Lyon et la Garonne dans la Champagne. Puis en 1879, Pinchard était constamment à Aden ou à Alloula près Guardafui. Il fut notre agent au Harar depuis mon départ de cette ville premiers jours d'octobre 1880, jusqu'à mon retour, mars 1881, époque à laquelle il dut partir pour l'Egypte pour raison de santé. Il a donc été le chef de Rimbaud depuis l'arrivée de celui-ci, décembre 1880, jusqu'à mon retour, mars 1881, où je repris la direction jusqu'en octobre suivant. Rimbaud ne fît ensuite l'intérim que pendant quarante jours, restant pendant ce temps dans la ville. Mon frère Pierre prit la direction en novembre 1881 et la conserva jusqu'en mai 1883. Ce n'est qu'à cette époque et après avoir passé seize mois à Aden que Rimbaud fut agent au Harar, et si j'insiste un peu sur ce sujet, c'est que M. Berrichon l'a cru le créateur de toutes choses dans notre maison de Harar, ce qui n'est pas juste pour ses chefs et ses collègues. Rimbaud, de retour à — 153 — Aden, a-t-il eu l'idée de composer à l'aide de ses notes, notes dont je ne lui ai jamais entendu parler, un ouvrage sur le Harar et les pays Gallas? Je l'ignore absolument et nous passions au moins huit heures par jour dans le même bureau. Avant sa mort, qui n'eut lieu qu'en novembre 1891, il aurait pu en dire quelque chose. En matière d'exploration, autre chose est d'avoir l'idée d'écrire et de le faire réellement. Quoiqu'il en soit, jusqu'en 1885, ses voyages ont été accomplis pour notre Société. Ils se bornent, à part les routes de Zeilah au Harar, à quinze jours de séjour à Boubassa et à quelques courses de deux à trois jours au plus dans la région avoisinant Harar. Ce qui était déjà très beau pour l'époque. Je ne puis dire très exactement ce qu'il a fait après 1885 comme voyages, mais il est avec M. Borelli, le premier Européen qui soit venu du Schoa au Harar, et quand il m'envoya l'itinéraire de cette route, je m'empressai de le communiquer, sous son nom, à la Société de Géographie, comme j'avais déjà fait pour son rapport sur l'Ogaden après le voyage de Sottiro et pour sa demande de mission aux lacs déjà découverts et marqués sur les cartes sous les noms de Rodolphe et Stéphanie. Encore merci de votre envoi et croyez-moi, Monsieur et cher Collègue, votre bien cordialement dévoué. — Alfred BARDEY. J. B. et Ch. H. 1. LE LOYALISME DES SEDANAIS ET LEUR HOSPITALITÉ DE 1638 A 1680 SUITE. APPEN DICE Nous continuons dans les pages suivantes la série des tableaux contenant les revenus de la Principauté de Sedan. Stéphen LEROY. 1 En terminant cette série d'articles sur la vie africaine d'Arthur Rimbaud, nous avons le devoir de remercier les personnes qui nous ont fourni à ce sujet des renseignements nombreux et variés le ras Makonnen, gouverneur de Harar ; M. Chefneux, consul général d'Ethiopie ; M. Teillard, secrétaire général de la Compagnie impériale des chemins de fer éthiopiens ; M. Arthur Maillet, secrétaire du Comité Dupleix ; M. Halévy, directeur à l'Ecole des Hautes Etudes, où il occupe la chaire de langue éthiopienne-himyarite et de langues touraniennes. D. — Fermes en deniers. NOMS 1638 1639 1640 1641 1642 1643 1644 1645 1646 1647 Les moulins de Sedan 8,6311. 9,8511. 12,8051. 12,1001. 11,2001. 8,2001. 6,8001. 5,2001. 5,0001. Non outré Le stellage de Sedan 3,647 3,647 2,720 1,156 1,120 1,090 1,700 1,700 1,700 9001. Les 4471., 391 chap., 252 poules... Idem Idem Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Les bourgeoisies de Sedan 651. 651. 651. 651. 651. 621. 621. 621. 501. 641. La grande gabelle des vins 1,200 1,200 1,225 1,225 1,225 Non outré Non outré Non outré 600 720 Les fours de Sedan 2,200 2,200 2,200 2,700 2,700 2,7001. 2,7001. 2,7001. 2,700 1,200 La pèche des rivières 150 160 160 160 160 160 175 175 175 150 Les Iods et ventes 2,400 2,400 2,200 2,200 2,200 2,200 3,610 3,610 3,610 2,700 Le cours de la rivière Non outré Non outré 300 300 300 400 400 400 300 300 La ferme de la Gruerie 1601. 1201. 120 110 110 110 110 120 120 120 Les bourgeoisies de Balan 3 3 3 3 3'10s 3'10s 3'10s 31 5* 3> 5S 31 5S Le four de Balan 116 100 100 100 1001. 1001. 1001. 851. 851. 851. Les bourgeoisies de Bazeilles 7'5S 71 5S 715S 715S 5'10s 5'10^ 510s 7 Le four de Bazeilles 3051. 3051. 3101. 3101. 3001. 3001. 3001. 1201. 1201. 165 Le passage de Bazeilles 460 460 460 250 250 250 250 250 250 605 Les bourgeoisies de Douzy 6 6 6 6 3 3 3 3 3 3 Le four de Douzy 150 170 170 160 330 330 330 120 120 120 Le travers du pont de Douzy Non outré 60 60 Néant Néant 6 24 15 10 10 Le stellage de Douzy Id. Non outré Non outré Non outré Non outré Non outré Non outré Non outré Non outré Non outré Les bourgeoisies de Pouru 4L 41. 31. 31. 31. 31. 3'10s 3'10s 3'10s 4'5S Le four de Pouru Non outré Non outré Non outré En ruine En ruine En ruine 215 215 ' 215 100 ! Les bourgeoisies de Rubécourt » 5S » 5S » 5S » 5S » 5S » 5S » os » 5S » 5S » 5S Les bourgeoisies d'Illy 4L 41. » 40s » 40s »40s » 45s » 55s »55s » 45s »45s Le four d'IIIy 80 ' 80 80 ' 70 70 70 101 101 101 95 Le ban du Flagnac 40 46 46 50 50 50 47 47 47 50 Les menues dîmes d'Illy 64 52 52 12 21'40s 21'10s 21'10s Rendu à l'église » » Les bourgeoisies de Fleigneux 4 3 5S 3 5S Non outré »40s » 40s »40s »40s »40s » 30s Le four de Fleigneux 90 90 90 751. 75 75 65 651. 551. 40 Les bourgeoisies de Floing » 30s » 50s » 50s » 40s » 40s » 40s » 40s » 40s » 40s » 55s Le four de Floing 600 500 500 500 500 500 530 530 530 » Les bourgeoisies de Saint-Menges.. 4 4 4 Non outré 3'10s 3>10s 5 5 5 5 Le four de Saint-Menges mn 100 100 601. I 90 90 160 150 150 90 ...... ô ô à à ô Le four de Francheval 4251. 3251. 3251. 210 350 350 350 170 170 170 Le stellage de Francheval Non outré Non outré » » » » » » » » Les bourgeoisies de Daigny 31. 31. 3 » 30s » 30s » 30s » 30s » 30s » 30s »30s Le four de Daigny 75 75 75 En ruine En ruine » » » » » Les bourgeoisies de Givonne 4 4 4'10s 4'10s 4'10s » 45s » 50s » 50s »50s 3 Le four de Givonne 156 156 1561. 531. 115 115 115 86 90 86 Le pré du Rulle 35 36 35 101 101 80 80 140 140 140 Les bourgeoisies de la Chapelle » 5S » 5S » 5S Non outré » Ss » 5S » 53 » 5S » 5S » 5S Le pré de Wahigny 36 40 43 431. 43 30 35' 103 42 42 42 Les joinssons de Glaire 175 175 175 Néant 150 150 150 130 130 130 Les amendes de Torcy et Glaire.... 20 20 20 131. 12 18 12 22 22 22 La mairie de Glaire 40 40 40 Non outré 40 40 40 22 22 22 Les sauvements de Muno 160 160 155 Néant 45 90 90 90 83 83 La fontaine de Flécha à Floing Néant 27'15s 27>155 27>15s 27'15s 27'158 27>15s 27il5s 27'15s 27'15s Les trois quarts du four de Dom 61. 61. 61. 61. 61. 61. En ruine » » » Les 4 sols pour banne Non outré 200 200 150 75 75 1201. 1201. 1201. 350 Le pré Voué près de Villers-sur-Bar. 1121. 112 112 112 112 112 112 112 90 90 La glandée des bois Néant » » » » 75 75 80 Néant » Le passage et baquettage de Glaire. 61. 6 6 6 6 6 6 6 61. 6 L'office de priseur-vendeur pour 1/2. 75 75 75 75 75 75 75 75 75 75 Le Chesnois et le Monty 300 300 300 300 300 300 300 300 300 300 La grange Rouvroy 42 42 42 42 42 42 42 42 42 42 Les surcens 215 215 215 215 215 215 215 215 215 215 La vente des bois 29,158 16s 34,6691. 11,8511. 14,0481. 1,4491. 8,4091. 4,165' 18s 28,134'19* 18,984114" 16,2191. E. — Sauvements des villages rapatis, où chaque habitant doit 2 quartels d'avoine. Bohan Néant » » » » 51e » » W'î° pr3ans » Membre » » » » D 21e » » » » Gernelle lm 8S » » » » » » 8! 1e 8S » Neufmanil » » » » lm lm lm » 3e lm lm » Sugny » » 4m 6S » 2m 7S 2m 7* 4m 4m 2S 4m 2S 3e » Rumel 9" 2e » 6S 2e » » » » 6S 68 63 Pussemange » » lm » lm lm 11" 2e 10s 2e llslc » Bagimont » » » » 3S 2e 7* 2e 8" 8a 2e 8S » Corbion pour pâturage » » » » » » » » 2m 2m RAUCOURT F. — Fermes en deniers. NOMS 1638 1639 1640 1641 1642 1643 1644 1645 1646 1647 Les bourgeoisies de Raucourt 1001. 1001. 1001. 721. 811. 811. 811. 631. 631. 631. Les amendes de Raucourt et Haraucourt Haraucourt 120 102 102 102 80 80 80 60 60 Les lods et ventes 300 300 300 300 300 300 300 300 305 305 Les 87 1. 10 s., 20 chap. et 4 poules. Idem Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Le vinage et travers Non outré 1001. 1001. Non outré 1001. 1001. 1001. 1001. 801. 80 La gabelle des vins 421. 42 36 361. 36 20 20 20 15 15 Le four de Raucourt 359 359 505 505 505 560 560 560 180 180 Le stellage de Raucourt Non outré Non outré » » » » » » » » 25s' Le four de Haraucourt 2001. 2001. 360 360 300 315 315 315 103 103 Les bourgeoisies 60 60 60 60 56 56 56 40 40 40 ' Les bourgeoisies de Bulson 30 30 30 22 26 26 26 27 17 17 Le four de Bulson 86 85 92 92 92 90 90 90 70 70 i Les amendes de Bulson 22 22 20 20 20 5 10 10 10 10 Les amendes de Noyers et Thelonne. 46 46 40 40 40 12 25 17 17 17 Le four de Noyers 115 115 110 110 110 83 83 83 100 100 Le four de Thelonne 136 136 181 181 181 181 203 203 150 101 Les bourgeoisies de Wadelincourt.. 12'10s 12'105 13 13 13 9 9 9 6 6 Les amendes de Wadelincourt 19 19 25 25 25 16 16 16 6 5 Le four de Wadelincourt 61 61 61 51 51 50 50 50 50 35 Le passage de Wadelincourl 80 80 80 80 80 80 80 80 80 Fermé pour la guerre Les faudes des bois de Raucourt » 20s »20s » » » 50s » 20s » 10s » 10s » 20s » 20s Les surcens de Raucourt 37 38 37 37 37 37 37 37 37 37 La vente des bois de Raucourt » » » » » » » » » » ' Les lavoirs à mine de Raucourt 20 20 20 20 20 20 20 20 50 50 RAUCOURT G. — Fermes en grains. NOMS 1638 1639 1640 1641 1642 1643 1644 1645 1646 1647 Les terrages de Raucourt 6m » 7ra 6S 8,n » 2001. 4m 26 4201. 7m » 10m 3S 8m 9S 10m » Les terrages de Haraucourt 7 9S 9 4 11 3S 210 7 » 780 8 9S 13 3 9 9 10 » Les terrages de Bulson 5 6 5 6 8 1 225 6 » 435 5 » 8 4 7 9 8 6S Les terrages de Noyers et Thelonne. 17 » 18 » 22 3 210 14 7 1,000 15 » 25 » 18 6 17 9 Les bourgeoisies desd. lieux » 37 » 38 » 38 34 » 38 160 1601. 1601. 1051. 1051. H. — Censés et moulins. Une censé à Raucourt 7m lls 7m 11s 6m 5S 6m 5S 6m 5E 6m 5S 6m 5S 6m 5S 6m 5S 6m 5S La censé de la Tuillerie 18181818181813131313 Le moulin de Raucourt 17 » 17 » 17 » 17 » 1,1501. 1,3001. 1,3001. 1,3001. 1,3001. 15 4 Une censé à Noyers et Thelonne 6 6 5 6 5 6 5 1 4m 6S 4m 6S 4m 6S 4m 6S 4m 6S 4 6 Une autre censé auxd. lieux » 5 » 5 » 5 » 5 » 5 5 » » 5 » 5 » 5 » 5 Les sauvements de Remilly Néant 15 avoine Non outré » » » 2 avoine Remis par le Roy. Le moulin de Brévilly » » » » » » » » » Ruiné par la guerre Le moulin de Wadelincourt 1m froment 1m froment 1 » 1 » 1 » 1 » 1 » 1 » 1 » 1 » Sera continué. — 158 — CAHIER DES DOLÉANCES D'YONCQ CAHIER des plaintes, doléances et remontrances que les soussignés, habitants de la paroisse d'Yoncq-lesMouzon, Baillage de Reims, ont l'honneur de présenter à lAssemblée générale dudit siège, en exécution des ordonnances du même siège et à eux signifiées 1. La découverte d'un déficit énorme en 1787 avait alarmé la nation, au point que, sans la confiance qu'elle avait au meilleur des Rois, elle se fût portée au désespoir. Mais il s'est hâté de la consoler et de concerter avec elle un moyen de faire oublier pour toujours les extrémités fâcheuses où s'étoit l'estat vu réduit par la faute, sans doute, de ministres déprédateurs ou ignorants. Aux jours orageux de la Ligue, Henri IV fil succéder les temps les plus heureux et les plus désirables ; Louis XVI, son digne émule, ce roi citoyen auquel l'histoire réserve une place distinguée, veut essuyer les larmes de ses sujets, veut consommer leur bonheur puissent nos voeux dater de la fin du dix-huitième siècle l'époque la plus brillante de la monarchie. Les habitants d'Yoncq, la plupart agriculteurs, tous très pauvres, osent, d'après l'invitation formelle que sa Majesté leur en fait, élever la voix pour lui offrir le témoignage de leur respectueuse reconnaissance, et pour verser dans son sein un aperçu des maux auxquels ils participent, et des remèdes que leur faible intellect y indique. Ils sont ses enfants, et, quoique hors de la portée immédiate de ses regards, ils niellent la plus grande confiance en sa justice et en sa bonté. Ils pensent donc que l'honneur de la nation exige que la dette de l'Etat soit reconnue et légitimée par elle. Ils offrent en conséquence tous les sacrifices possibles, heureux si la nature de leur sol, si l'inclémence trop ordinaire des saisons qui les a spécialement frappés en l'année dernière, si les travaux purement manuels de ceux qui ne sont pas attachés au labourage, leur permettaient de suivre dans les effets toute l'énergie de leurs sentiments. Mais pourquoi hésiteraient-ils [à demander] qu'il fût fait choix des impôts les moins onéreux, qu'il existât une loi 1 Arch. comm. de Yoncq. - 159 — commune aux trois ordres, sans aucune distinction ni privilège, et que la répartition n'eût doresnavant d'autre base que l'égalité la plus soignée et toujours relative aux facultés de chacun? Le Roi veut être juste, il l'approuve les deux premiers ordres qui sont les aînés des enfants sont trop idolâtres des honneurs, leur essentiel patrimoine, pour ne pas seconder les vues bienfaisantes du monarque, et, pour rejeter l'hommage de gratitude que le tiers état leur voue, en retour du patriotisme qui les aura animés. C'est par suite de cet espoir flatteur, que les habitants d'Yoncq supplient que le produit et l'emploi des impôts soit connu de tous ; que la levée de ceux que les circonstances actuelles auront nécessités, ait pour terme l'anéantissement de toutes ces mêmes circonstances ; que le manouvrier, l'artisan indigent cesse d'être grêvé de la taille d'industrie, impôt odieux et qu'en raison de l'étendue de ses besoins, il pourroit presque appeler l'impôt du sang ; enfin que les corvées soient supportées par les trois ordres, puisque tous trois profilent également du bon état des routes. Si, à ce dernier égard, les soussignés doutaient un seul instant de la propension des deux premiers ordres, ils leur offriroient l'exemple de la généreuse noblesse de Béaru, qui, dès le 27 janvier 1787, est venue pour un sixième au secours du tiers-état de sa province. En passant des maux aux abus qui en font tant naître, les habitants d'Yoncq s'unissent à la voix générale de la Nation, pour demander un nouveau tarif, clair et précis, en matière de traités et le reculement des barrières à l'extrême frontière. Il pourra résulter de cette dernière opération la chute de quelques privilèges particuliers. Mais les Français sont tous frères ; en seroit-il qui, fermant les yeux aux avantages de l'ensemble, et qui, préférant une routine servile et inéclairée, dont eux-mêmes éprouvent souvent les inconvénients par les entraves sans nombre que l'esprit d'intérêt leur suscite, — on dit plus, que la position des provinces limitrophes a exigée — redoutassent comme un malheur un expédient qui d'une grande monarchie fait enfin une grande famille, qui fait cesser tout motif de jalousie et d'animosité, pour réunir les coeurs vers un centre commun le bien général de la patrie ? les progrès de la raison, les lumières du siècle, ne permettent pas de craindre qu'ils méconnaissent ainsi les intentions pures du gouvernement. En effet, ses perceptions sont constantes s'il leur donne une autre forme, ce sont — 160 — les sujets seuls qui en recueilleront les fruits. Pour quoi prendre l'alarme, où, loin de découvrir la moindre empreinte du génie fiscal, on ne voit que des efforts vers le mieux possible ? L'illustre Montesquieu a dit que l'honneur étoit le mobile des monarchies ; eh bien ! que cette belle passion règne dans toute sa force qu'il n'y ait de choc dans les idées que par émulation pour le bien, et que rien ne coûte pour y parvenir. Il faut ici nommer un impôt que le premier des Valois s'est vu contraint d'établir pour repousser efficacement du trône le redoutable Edouard qui voulait l'en faire descendre, cet impôt qui n'a au-dessus de lui que ceux inventés par la tyrannie de Chilpéric, la gabelle, en un mot. Elle est jugée, née dans des occurrences désastreuses ; c'est à l'approche du bonheur que noire père va prononcer son complet anéantissement en face de la nation ; il voudra que la vente du sel soit volontaire et au poids ; il en fixera le prix de manière à éteindre de province à province le funeste impôt qui désole tant de familles et qui remplit les prisons et les galères de tant de malheureuses victimes appelées par l'immensité de leurs voisins, et par la facilité de pourvoir à leurs besoins de subsisler. Qu'ils sortent des fers, ces infortunés ! qu'ils peignent aux privilégiés leurs maux si ceux-ci n'en sont pas émus, s'ils refusent de coopérer à l'amélioration de leur sort, ils abdiquent leur famille l'amour de la patrie est éteint chez eux pour toujours. Quant aux aydes et aux subdivisions infinies de ce droit, on ne peut que gémir et souhaiter que tout soit ramené à une perception unique par la vente et revente des vins, outre que ce procédé serait recommandable par sa simplicité, c'est qu'il rentrerait dans le voeu de la suppression de toute exemption particulière, et que le peuple n'auroit plus à redouter une armée de surveillants ingénieux à lui trouver des torts sur une matière dont on ne peut vraiement connoître les ramifications qu'après une élude particulière. Il est encore une autre charge créée par les malheurs de la guerre de 1756, c'est la marque des cuirs, droit destructif de l'industrie nationale et des manufactures en ce genre, dont l'étranger profite en enlevant les matières premières, et qui, s'il faut un impôt qui le représente, s'il en faut même un qui le double, pourroit si aisément être remplacé sur des objets de luxe, tels que les livrées, les équipages, les glaces, les étoffes d'or et d'argent, les modes, les aliments, tous objets que l'opulence peut se procurer avec un petit surcroît de prix, sauf à en souffrir, - 161 — et sauf que le peuple ait à se plaindre de payer une taxe ruineuse pour sa propre chaussure, à quoi ajoutant un droit de timbre sur les brevets provisoires et autres actes détaillés au tarif de la déclaration du 4 août 1787, les affaires de commerce, quittances et actes sous seings privés exceptés, il en résulterait une indemnité abondante de la suppression d'un droit universellement abhorré. Ce même pauvre et la Société en général ont à se plaindre du tarif du 29 septembre 1722 pour le contrôle des actes ; il est composé de 97 articles de perception qui sont aujourd'hui surchargés de plus de 10,000 décisions, en sorte que c'est une lâche continuelle entre le redevable ou celui qui rédige ses conventions, et les commis y préposés à la levée de cet impôt, tandis qu'en lui donnant une marche nouvelle claire on poserait un point fixe pour tous, la date des actes seroit facilement assurée, et l'on n'aurait plus à haïr des gens qui auraient substitués la loi à l'arbitraire. Les habitants d'Yoncq ont beaucoup à se féliciter de la manière dont jusqu'à présent la justice leur a été administrée tant au Parlement de Paris qu'au Bailliage de Reims. Ils ne peuvent cependant s'empêcher de relever les inconvénients qu'ils éprouvent de se trouver à une aussi grande distance, ils sont à cinquante-deux lieues de Paris, ils sont à dix-huit lieues de Reims, tandis que seulement une lieue les sépare de Mouzon, tandis qu'il n'y a que vingt lieues de chez eux à Metz; que la justice soit donc rapprochée des justiciables ; qu'on crée des Bailliages avec ressort d'environ deux cents paroisses, et ce, sans s'arrêter à la diversité des coutumes, qui elles-mêmes, à quelques exceptions indispensables près, devront être fondues en un seul Code ; qu'on forme des Prévôtés de vingt et trente paroisses dont les appels se porteront aux dits Bailliages qui pourront moyennant cinq juges ou gradués, juger en dernier ressort jusqu'à l'ancien taux des Présidiaux en matière civile seulement ; que chaque province ait sa cour souveraine, sauf les droits de la pairie ; que nulle part on ne puisse faire les fonctions de juge, sans avoir exercé préalablement la profession d'avocat, pendant six ans pour les Cours, cinq ans pour les Présidiaux, quatre ans pour les Bailliages et cinq ans pour les Prévôtés. Et alors les peuples seront assurés d'être constamment bien jugés, autant au moins que les bornes de l'esprit humain pourront le permettre ; alors ils ne seront plus à la merci d'une foule de patriciens qu'ils voient habituellement — 162 — jouer le rôle de juges, de procureurs, de greffiers, d'huissiers même, toujours aux dépens des malheureux qui tôt ou tard succombent à leurs rapacités. D'ailleurs les campagnes sont inondées de Notaires, d'Huissiers, dont le dernier soin a été de se rendre capables des fonctions sérieuses qui leur sont confiées. Ils traitent d'un office, ils sont reçus au loin en un siège qui ne les connoit ni ne les connoîtra peut-être jamais. Ce sont autant de nouveaux colons qui vont se répandre partout où le lucre les appelle. Beaucoup s'enrichissent et comment? la réponse à cette question comporterait trop de détails humiliants. Il faut que leur nombre soit réduit, il faut qu'ils soient continuellement surveillés par une puissance coercitive, il faut que la considération dont ils peuvent jouir dans l'esprit des clients, ils la doivent, non à leur pouvoir et à l'habitude d'aucuns d'eux de faire du mal, mais à leur intégrité et à leurs talents. L'année 1771, celte époque de tant d'Edils bursaux, a reproduit les huissiers-priseurs sous une forme plus vexatoire que jamais. Toutes les provinces sollicitent leur suppression ; elles acquittoient paisiblement le droit, ils sont devenus propriétaires la confiance étoit libre. On sent qu'à moins d'une utilité marquée, qui en ce chef est démentie par l'expérience, c'est un système erroné de laisser subsister un privilège aussi exclusif que l'est celui de ces huissiers. L'article 13 du litre 31 de l'ordonnance de 1607 avait ordonné une taxe de dépens dans toutes les Cours, sièges et juridictions du Royaume; mais celte loi est presque restée sans exécution au grand détriment des clients. La plupart des taxes sont fondées ou sur un usage dont l'origine est inconnue, ou sur des règlements trop anciens, trop généraux pour avoir toujours une application équitable au cas actuel. C'est donc le moment de former un nouveau règlement des frais de justice et dépens, qui soit relatif à chaque Bailliage, à la localité sans quoi l'arbitraire ne fera qu'étendre de plus en plus son empire sur ces sortes de perceptions. La nation a lu avec le plus vif intérêt l'arrêt du 22 octobre 1788 pour la nouvelle formation des Etats du Dauphiné ; elle a félicité les habitants de cette province d'avoir à vivre sous un régime aussi bien conçu. Le Roi est supplié d'étendre ce bienfait sur le reste de sa domination, et notamment sur la Champagne. Partout il a de bons sujets, partout il est chéri, partout donc — 163 - on s'empressera de seconder ses vues d'ordre, et de lui prouver par leurs succès, que la couronne civique est la plus belle qui puisse orner la tête d'un roi. Fait, rédigé, et signé audit Yoncq ce 8 mars 1789. Suivent 33 signatures N. MIQUET; HODEZ ; Louis PORTIER; J. PERCHERON; Jean PARPAITE; PERCHERON ; A. BOURGAIN ; P. GILBERT ; Antoine AIMABLE; C. FOURILLE ; Ch. VERNEL ; TRUBERT; Joannès LAMBERT ; BAUVALET; B. BOURGAIN ; J. VERNEL ; FERRÉ ; BONNEFOY ; B. POURSAIN ; Jean GARDEUR ; J. CAHART ; Daniel PARPAITE ; V. POURSAIN ; CHAVEL ; Antoine BOURGAIN; L. LASSALLE ; Louis PARPAITE; Jean-A. PARPAITE; N. PERCHERON; D. PERCHERON; Louis PERCHERON ; B. CHAMPEAUX ; DROUIN, [instituteur]. Communiqué par A. SÉCHERET. CHRONIQUE Le Dr LAPIERRE Lauréat de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Dans sa séance du vendredi 14 juin dernier, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a proclamé les résultais du Concours des Antiquités nationales qu'elle juge chaque année. Le rapporteur a fait ressortir que les travaux présentés étaient, pour l'année 1900, plus nombreux et plus méritants encore que les années précédentes. Parmi les ouvrages récompensés, celui de notre collaborateur, M. le Dr A. LAPIERRE, La Guerre de Cent ans dans l'Argonne et le Rethelois, obtient la cinquième mention honorable. Nous sommes très heureux d'adresser nos félicitations à l'historien de valeur qui a su exposer clairement, dans un travail assis sur des recherches multiples, la complication infinie des événements qui se déroulèrent en notre pays pendant cette période troublée. Les Compagnies savantes, même la plus haute d'entre toutes, se méprennent parfois sur le mérite des ouvrages qu'elles couronnent. Il arrive qu'en matière d'études locales — où leur incompétence est plus ou moins complète il ne peut d'ailleurs en être autrement — leurs jugements ne soient pas confirmés au tribunal supérieur de l'opinion des travailleurs compétents. En l'espèce, il nous est agréable de penser que la décision de la plus savante de nos Académies ne rencontrera que l'approbation des Ardennais, de même que tous, ils avaient déjà et unanimement — 164 — applaudi en 1893 au succès d'un autre lauréat de la même Académie, M. le Dr VINCENT, de Vouziers. Ajouterons-nous — quelqu'intéressée que peut paraître cette réflexion finale — que nous sommes personnellement fier de la distinction obtenue par M. le Dr LAPIERRE, en tant que secrétaire de la Revue où son étude a paru ? Les oeuvres de longue haleine, comme celle-là, auraient de la peine à sortir des cartons, si les Revues locales ne leur assuraient la publication. Une part de l'honneur revient donc légitimement à ceux qui, par leurs souscriptions, soutiennent notre oeuvre el nous permettent d'éditer des travaux sérieux. P. COLLINET. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE PÉRIODIQUES. Bull. hist. et litt. de la Société de l'hist. du protestantisme français, 49e année 1900.—H. Dannreuther, Sedan en 1626 et 1680, d'après des témoins oculaires p. 47-48 [d'après l'article de P. Collinet, Rev. d'Ard. et d'Arg., I. VII, p. 1 et suiv.] ; Un enlèvement de huguenotes en 1584 p. 221 [d'après l'article de J. Villette, même Rev., t. VII, p. 89 et suiv.]. —Guyot et H. Dannreuther, Les de Lambermont, p. 335, 500 et suiv. [famille protestante de Sedan]. Annales de la Société historique et archéologique de ChâteauThierry, 1899. — Dans le Catalogue du Musée et des objets déposés à l'Hôtel-de-Ville, établi par Fréd. Henriet, est signalée p. 268-269 une importante série d'estampes se rapportant à la famille de Bouillon, et à la p. 269 est mentionné un portrait de Fébronie-Mauricelte de la Tour. Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg, t. XXXV 1900. — Sibenaler, Les taques el plaques de foyer du Musée d'Arlon p. 3-35, 273 et suiv.. [Un certain nombre de ces laques existe dans les Ardennes, quelques-unes même en exemplaires fréquemment répétés]. — Abbé C. Hallet, De l'emploi de la cendre pour la fabrication de la poudre sous la Révolution française, dans l'ancien Duché de Bouillon p. 159-165. — Douret, Notice des ouvrages composés par les écrivains luxembourgeois, 7° supplément p. 167 et suiv. [importante bibliographie de l'oeuvre de PAUL VERLAINE, p. 222-237, dressée avec le concours de J. Bourguignon]. La réimpression de la fin du t. X confient une partie de l' Histoire des Comtes de Chiny, par le P. Goffinet. Sedan-Journal, 10 oct. 1900 H. Bourguignat, Chronique sedanaise, les Temples protestants [d'après l'article du même dans Rev. d'Ard. et d'Arg., III, pp. 216-218]. — 13 févr. 1901 H. Bourguignat, Un apprenti tisseur sedanais à la fin du XVIIe siècle [reproduction d'un article paru dans l' Matot-Braine, 1899]. L'Arc-en-Ciel juillet à décembre 1900, janvier-février 1901 Histoire d'un cerveau français Etude sur Arthur Rimbaud, par Ernest Delahaye. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. Jean-Louis MICQUEAU de Viel-St-Remy Professeur au Collège de Sedan PASTEUR A. GIVONNE & RAUCOURT A la fin du XVIe siècle. Une heureuse découverte nous permet d'augmenter d'un article la Biographie ardennaise. Ce n'est pas que l'abbé Boulliot ait ignoré l'existence de Micqueau ; mais il parle de lui incidemment, ne sachant pas plus qu'aucun des biographes qu'il était ardennais. Notre élude rendra aux Ardennes un de ses enfants et non de médiocre renommée, car il écrivit plusieurs ouvrages fort estimés en leur temps, et fit partie de la pléiade d'écrivains, d'origine ardennaise ou rémoise, qui se pressaient autour de leur bienfaiteur, le cardinal de Lorraine. Micqueau a, plus encore que d'autres, droit à une place au Panthéon ardennais, parce qu'il n'est pas seulement né chez nous, mais qu'il a vécu longtemps dans le pays de Sedan, et surtout parce que, seul des écrivains du XVIe siècle, il a laissé une oeuvre d'histoire locale, le récit du siège de Linchamps. Comme tout a été dit excellemment par Mgr Tourneur I sur l'oeuvre de notre auteur, nous nous contenterons de remettre au point les grandes lignes de son existence. I. — Sa vie. Tous les biographes de Micqueau et non Miqueau, car il signe Micqueau le font naître à Reims. Le mieux informé d'entre eux, Mgr y. Tourneur, tire ce renseignement des dires mêmes de notre personnage. Le Lycampaei Castri munitissimi obsidio, qu'il a réédité en 1855 2, est en effet signé de Johannes Lodoïcus Micquellus, RHEMUS Jean-Louis Micqueau, RÉMOIS ; un passage de cet opuscule nomme la ville de Reims sa vieille patrie veterem meam patriam 3. Mais à ces dires de Micqueau, nous pouvons opposer Micqueau lui-même dans la précieuse note autobiographique qu'il a laissée et qui n'a encore été utilisée par aucun biographe 4. 1 Voyez la brochure de Mgr Tourneur, citée à la note suivante. 2 Extrait des travaux de l'Académie de Reims sous le litre Le siège et la destruction du très fort château de Lin champs et du château de Lumes Ardennes, par MICQUEAU, de Reims, précédé d'une Introduction et traduit du latin par M. l'abbé V. Tourneur ; Reims, P. Remier, mai 1855, 100 pages in-8° avec une vue ancienne de Linchamps.—Voir l'article du même dans Les Ardennes illustrées, t. 111, p. 139. 3 Tourneur, op. cit., p. 5. 4 Dom Alb. Noël seul la signale de la Marne, etc., édité chez H. Matot, Reims, 1901, p. 201, n. 1, mais n'en tire pas les renseignements que nous donnons ici. REV. D'ARD. ET D'ARG. T. VIII, n° 10. — 166 — Cette note autobiographique se trouve, avec une autre dont nous nous servirons aussi, écrite dans le ms. 974 de la Bibliothèque Mazarine, à Paris 1. La première est au f. 121v du ms., à la fin du Speculum Christiani. La seconde, au f. 148v le dernier, après les Monita Beati Ysidori. Ajoutons,—ce que n'a pas fait l'auteur de la description de ce ms. 974 — que la signature J. MICQUEAU se lit eu haut et au revers du dernier plat. Il est donc très vraisemblable que ce ms. a appartenu à notre compatriote ; nous pouvons dire, notre compatriote, car la note commence ainsi ... Jean Micqueau, natif de Vieux St Rémi 2, diocèse de Reims ». Le nom de famille Miqueau » se rencontre dans les registres paroissiaux de Viel-St-Remy et de Saulce-aux-Bois 3. Si notre personnage se qualifie de Rhemus », c'est qu'il est du diocèse de Reims et qu'il a été élevé à Reims, comme nous allons le dire. L'autobiographie de Micqueau ne donne aucun renseignement antérieur à 1564. Mais ses oeuvres diverses ont fourni à Mgr Tourneur 4 les indications suivantes qui sont des plus sures et que nous allons reproduire d'après lui. Il lit ses éludes à Reims sous les auspices du cardinal Charles de Lorraine qui occupa le siège métropolitain de 1538 à 1574. Il quitta Reims pour professer au collège de Boncourt, à Paris, duquel il datait en 1554 son Lycampaei obsidio, et il passa de là à Orléans. Dans celte dernière ville il éditait en 1560 un livre en l'honneur de la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc, livre dédié au cardinal de Lorraine. A Orléans aussi, il s'occupait à instruire la jeunesse, iuventutis Aureliae moderator », maistre d'escole à Orléans », comme il se qualifie lui-même ; il était attaché au collège de Champagne. C'est peu après la publication de son ouvrage sur le siège d'Orléans que Micqueau embrassa la religion réformée 5. Car le 15 avril 1564 il achevait une brochure en réponse à un discours d'un de ses anciens amis restés dans le sein de l'Eglise romaine, t Ce ms. comprend 1. Liber qui vocatur Speculum Christiani ; 2. Sequitur Exposilio orationis dominice; 3. Monita Beati Ysidori. Voy. sa description dans le Catal. gén. des Manuscrits des Bibliothèques publiques de France ; Pans, Bibliothèque Mazarine, t. I, 1885, p. 471. 2 Auj. Viel-St-Remy, arr. Rethel, cant. Novion-Porcicn. 3 P. ex., le 6 mars 1653, mariage de Henry MIQUEAU de la paroisse de Saulce-aux-Hoys ; à la date du 19 novembre IK53, mariage de Charles MIQUEAU de la paroisse de Saulce-auxBois, avec Marson Vuachy, en présence de.... Henry MIQUEAU demeurant à Saulce-auxTournelles ; au 23 avril 1655, naissance de Marie-Benigne MIOUEAU, leur fille. Reg. des mariages de Saulce-aux-Bois et de Viel-St-Remy ; reg. des baptêmes de Viel-St-Remy, aux arch. comm. de ce dernier village. 4 Op. cit., pp. 13-14. — Ardennes illustrées, III, p. 139. 5 Nous ne pensons pas, avec Mgr Tourneur, que c'est sa qualité de protestant qui lui valut la direction du collège de Champagne. Est-il exact qu'il en ait été principal '? — 167 — Gentien Hervet, et il y marque qu'il s'est aliéné » de cette Eglise pour une raison qui n'est pas celle prétendue par Hervet. Il y a plus. La note autobiographique nous renseigne encore plus exactement. Elle va nous servir de guide, alors que les biographies sont incomplètes sur cette partie de sa carrière. Voici la note textuelle L'an mil Ve soixante et quatre, au mois de mars, Jean Micqueau natif de Vieux St Rémi diocèse de Reims, fust esleu au ministère du S'Evangile, par les ministres et consistoire de l'église d'Orléans, por aller prescher à Proissy en Tierache 1 près la Ville de Guise, la ou Il fust environ dix huict mois, mais n'y pouvant dresser forme d'église, fust contrainct s'en retourner audict Orléans, d'où Il fust renvoyé à l'Eglise de Dourdan 2, et après les seconds et troiziesmes troubles eu France pour le fait de la Religion 3, eust la charge de l'église d'Estampes et de Dourdan, qui furent lors faicte une seule, et recueillée au lieu de la Forest le Roy 4 en beausse. Finalement estant réfugié à Sedan après le massacre du jour St Berthelemi 5 et encores après, en l'an 1577, du temps des ligues, Il fust emploié au collège de la dicte Ville de Sedan lors nouvellement érigé 6 ou après avoir regenté quelques années, Il fust envoyé a Gyvonne 7 por y dresser Eglize laquelle ayant dressée et gouvernée par l'espace de près de deux ans, en fust, par la volonté de Ma dame et du consentement de la dicte Eglize, retiré et envoyé à Raulcourt 8 pour y résider et gouverner l'église dudict lieu, la ou il est encore à présent. Faict à Raulcourt ce premier Jour de Janvier 1584. — J. MICQUEAU ». Nous pouvons apporter, grâce à quelques renseignements d'à-côté, plus de précision encore dans ce cursus vitae. Venu à Sedan après la St Barthélémy, Micqueau y était encore en 1575 9 ; il est mentionné au colloque de celte ville 5 juin 1576 comme ministre à Etampes 10. Le passage de Micqueau à Givonne a laissé une trace dans les Registres des baptêmes de l'Eglise réformée de Sedan. Le 15 septembre 1580, fut baptisée Suzanne, 1 Proisy, Aisne, arr. Vervins, cant. Guise. 2 Seine-et-Oise, arr. Rambouillet, canton. 31 1567-1570. 4 Seine-et-Oise, arr. Rambouillet, cant. Dourdan. 5 24 août 1572. G En 1570. — Mgr Tourneur, Ard. ill., III, p. 131,.mentionne le lait. 7 Vers 1580-1581, par conséquent voy. la note suivante. 8 Par décision du consistoire de Sedan du 2 août 1582, selon Mgr Tourneur, Ard. ill., III, p. 131. 9 Aymon, Synodes, I, p. 305, II, p. 220. 10 Bull. hist. du protestantisme français, XXXIX 1890, p. 300, l'appelle à tort d'Estampes. - 168 - fille de maistre Jean Micqueau, ministre de la parolle de Dieu à Givonne ». Après 1584, date de la rédaction de la note ci-dessus, Micqueau resta à Raucourt, ainsi qu'en témoignent les mêmes registres qui mentionnent le baptême de ses enfants. Il mourut encore pasteur à Raucourt, avant le 12 septembre 1595, jour de la naissance de son fils Jacques posturne. Il ne fut pas ministre à Sedan en 1593, quoiqu'en aient dit les écrivains contemporains I. Ces écrivains ont été trompés par une apparence en voyant Micqueau exercer à Sedan les actes de son ministère baptêmes, prêches, mariages, tels qu'en font foi les registres cités, ils se sont imaginés qu'il était pasteur à Sedan. Aucun acte portant son prétendu titre de ministre de l'Eglise de Sedan n'a jusqu'ici été présenté. II. — Sa famille. Micqueau donne lui-même cette indication sur son premier mariage J'ay esté avec ma première femme neuf ans quatre mois Justement, car nous fusmes mariez le dixiesme Apvril 1567, et elle est morte le dixiesme Aoust 1576. A Sedan estant en couche de son dernier ils mort né, qui pouvoit avoir quelque six mois » 2. Nous ne pouvons connaître le nom de sa première femme, le registre des sépultures de 1576 n'existant plus. Il s'était remarié avant 1580 à Catherine de Rebais 3, dont il eut SUZANNE, baptisée à Sedan par Fornelet, le 15 septembre 1580 parrain Etienne Salle ; marraine Marguerite le Valengelier 4 ; MARIE, baptisée à Sedan par Pierre Fornelet, le 5 février 1587 parrain Michel Bonaut, seigneur de Presle ; marraine demoiselle Catherine de Chaseray 5. JACQUES, baptisé à Sedan, le 31 août 1589 parrain maistre Pierre Berger, conseillier de Mademoiselle 6 ; marraine demoiselle Jacqueline d'Angeni 7. 1 Tourneur, op. cit., p. 15, et, d'après lui [ Brincourt et E. Henry], Sedan Notes chronol., etc.. sur les professeurs, etc.. et les ministres protestants, Sedan, 1891, p. 40 ; E. Henry, Notes biographiques sur les membres de l'Académie protestante et les pasteurs de l'Eglise réformée de Sedan, Sedan, 1896, pp. 92-93 ; A. Sécheret, Etudes hist. sur Raucourt et Haraucourt, Sedan, 1896, p. 242. 2 Bibl. Mazarine, ms. 974, f. 148 3 Son nom est orthographié aussi de Ribes et de Raibais Rebais est un de cant. de Seine-et-Marne, arr. Coulommiers. 4 Reg. des baptêmes et mariages greffe du tribunal de Sedan de 1579 à 1588, f. 14v. 5 Ibid., f. 94r. G Charlotte de La Marck. 7 Registre des bapt. et mar. pour 1589, f. 23v. — 169 — Notre personnage se remaria en troisièmes noces à Catherine Servet ? dont il eut JUDITH, baptisée à Sedan le 17 décembre 1591 par Tenans parrain Jean d'Orte », seigneur de Falaise; marraine demoiselle Claude de Pouilly 1 ; morte à Sedan le 3 avril 1639 ; JACQUES, baptisé à Sedan le 12 septembre 1595 par Mançois parrain Thomas Juliar; marraine Denise Cousin 2. Ces notes sur sa famille obligent à attribuer à Micqueau les trois femmes dont il vient d'être question. Il nous est impossible de reconnaître avec certains auteurs 3 deux Micqueau ayant exercé le ministère dans la principauté des La Marck l'un Jean-Louis, et l'autre Jean son fils, mari de Catherine de Rebais, ce dernier seul ayant été pasteur à Givonne, Sedan ? et Raucourt. Avec Mgr Tourneur 4 et les actes de l'état civil protestant de Sedan, il faut admettre que Jean-Louis et Jean forment un seul personnage. La note autobiographique montre que le régent d'Orléans et le pasteur de Raucourt sont identiques. Qu'on ne nous objecte pas la différence des prénoms. Micqueau publiait ses livres sous ses deux prénoms, mais s'appelait couramment du premier seul d'entre eux, et la preuve est qu'il signe J. MICQUEAU 5. Il eut cependant de sa première ou de sa seconde femme un fils, Jean. Ce fils, ministre comme son père, exerça toujours loin de notre région. Il est mentionné comme pasteur de Touquin 6 en 1617, 1620, 1625, 1626, 1637. Il mourut en 1649, année où le synode de l'Ile de France accorda une pension de 50 livres à sa veuve 7. Paul COLLINET. 1 Registre des bapt. et mar. pour 1591, f. 18 v. 2 Registre des bapt. et mar. pour 1595, f. 10v. 3 L'abbé Boulliot, Notes manuscrites sur l'Académie protestante et les pasteurs de Sedan à la Bibl. commun, de Sedan et d'après lui [ Brincourt et Henry], loc. cit.; E. Henry, loc. cit. ; A. Sécheret, loc. cit. i Op. cit., p. 15. — L'auteur a changé d'opinion dans Ard. ill., III, p. 139. 5 Où M. Sécheret, op. cit., p. 242, a-t-il trouvé que Micqueau Jean-Louis avait été pasteur à Raucourt en 1559? Et M. Henry, op. cit., p. 92, qu'il avait été pasteur à Sedan en 1568 1668 est une faute d'impression ? 6 Seine-et-Marne, arr. Coulommiers, cant. Rozoy-en-Brie. — Remarquer le voisinage de Rebais et de Touquin. 7 Notes extraites des synodes, de Haag, France protestante, pièces justif., p. 315, 350 ; de Aymon, Synodes, t. I, 305, t. II, pp. 220, 419. Bibl. de la Société de l'hist. du protestantisme français à Paris.—Je remercie sincèrement M. le bibliothécaire de son empressement à me communiquer ces notes. — 170 — LE TEMPS DES GLAUDINETTES Si l'on réunit par la pensée les trois villages du CHESNE, de LAMETZ et de MARQUIGNY, on forme un triangle où se trouve, pour ainsi dire, enfermé un bois assez considérable, le bois de Longwé. La lisière de ce bois, vers l'Est, est couverte, de la fin de février à la fin de mars, de petites fleurs blanches qui forment un vaste tapis de près de deux kilomètres. Ce sont des nivéoles 1, que les gens du pays appellent des glaudineltes 2. Elles donnent lieu à une fêle, qui se célèbre tous les dimanches, tant que dure la floraison. Les filles et les garçons des trois villages s'en vont, bras dessus, bras dessous, faire la cueillette des nivéoles à l'endroit où elles s'épanouissent. De nombreux bouquets sont vite formés. Chacun coupe une forte baguette, dont l'extrémité présente plusieurs petites fourches sur lesquelles on piaule les bouquets liés et entourés d'une mousse d'espèce particulière. Les couples chargés de leurs bouquets reviennent en chantant et font le tour du village, précédés d'une clarinette quand ils ont pu se procurer un musicien. La fête se termine généralement par des danses sur la grande place des villages. Cette fêle aussi était jadis célébrée à GIVONNE. Là, chaque année, au retour du printemps, garçons et jeunes filles allaient ensemble cueillir les bouquets de glaudinettes dans un pré dit des Rules » et revenaient ensuite sur la place publique, où ils formaient une ronde en chantant les couplets suivants I. Mon père m'envoie à l'herbe, Glaudinctte, A l'herbe à la saison, Glaudinon; Je n'y trouvai pas d'herbe Glaudinette, J'y cueillis du cresson, Glaudinon. II. La fontaine était creuse, Glaudinette, Je suis tombée an fond, Glaudinon ; Par-là vinrent à passer, Glaudinette, Trois fort jolis garçons, Glaudinon. III. Que nous donnerez-vous, belle ? Glaudinette, Nous vous retirerons, Glaudinon. — Retirez-moi toujours, Glaudinette, Nous en déciderons, Glaudinon. » IV. Quand la belle fut dehors, Glaudinette, Elle commence une chanson, Glaudinon. " Ce n'est pas cela, la belle, Glaudinette, Que nous vous demandons, Glaudinon 1 La nivéole du printemps Leucoium vernum, du grec leucos blanc » est une plante herbacée de la famille des Amaryllidées, comme le perce-neige et les narcisses. 2 A Sedan, on appelle glaudineltes les narcisses jaunes Narcissus pseudo-narcissus cultivés dans les jardins. Glaudinette est la prononciation locale pour Glaudinette cpr. la prononciation reine-glaude. P. C. — 171 - v. C'est votre coeur volage, Glaudinette, Savoir si nous l'aurons, Glaudinon. — Mon coeur volage, dit-elle, Glaudinette, N'est pas pour ces garçons, Glaudinon, VI. C'est pour mon amant Pierre, Glaudinette, Là-bas dans ces vallons, Glaudinon, Qui endure pour moi, Glaudinette, La pluie et les grêtons, Glaudinon. » Une variante de cette chanson a été donnée dans l'Almanach illustré du Petit Ardennais, en 1889 page 71, sous le litre Glaudinon, Glaudinette. L'éditeur explique que le refrain pourrait rappeler l'exercice du droit de glandée » droit de ramasser des glands jadis en usage dans les forêts. Cette origine est inadmissible. Nous préférons voir, dans Glaudinon, Glaudinette, soit une erreur de transcription si le texte était manuscrit n facile à confondre avec u, soit une de ces déformations populaires comme il en est de nombreux exemples. Nous reproduisons cette chanson Mon père m'envoyé à l'herbe, Glandinette, A l'herbe à la saison, Glaudinon. Je vais à la fontaine, Glandinette, La fontain' de Mouzon, Glaudinon. Je n'y cueillis pas d'herbe, Glandinette, J'y cueillis du cresson, Glaudinon. La fontaine était haute, Glandinette, Tombée je suis au fond, Glaudinon. Par là vint à passer, Glandinette, Trois garçons de Mouzon, Glaudinon. Que donn'rez-vous, la belle ? Glandinette, Nous vous retirerons, Glaudinon. Votr' petit coeur volage ? Glandinette, Savoir si nous l'aurons, Glaudinon. — Mon petit coeur volage, Glandinette, N'est pas pour les garçons, Glaudinon. C'est pour mon amant Pierre, Glandinette, Qui est dans ces vallons, Glandinon. C'est pour moi qu'il endure, Glandinette, La pluie et les glaçons, Glandinon. » Mais à mon aide Pierre, Glandinette, Est arrivé d'un bond, Glandinon, M' sauva de la fontaine, Glandinette, Toujours nous nous aimerons, Glandinon. Jean BOURGUIGNON. — 172 — VARIANTES DE QUELQUES CHANSONS ARDENNAISES Des chansons que je donne ici, aucune n'est inédite. Toutes se trouvent dans le volume connu de A. Meyrac, Traditions, coutumes, légendes et contes des Ardennes Charleville, 1890. C'est donc seulement les leçons nouvelles qu'elles offrent qui constituent le petit intérêt de ces notes. La publication de toutes les variantes — même celles s'éloignant très peu du type connu — s'impose pour toutes les chansons ; car il est facile de constaler dans quel état fragmentaire, imprécis et souvent incompréhensible parviennent, par la voie de la tradition orale, les vieilles poésies populaires. Pour restaurer la version originale, on ne saurait négliger le plus minime élément d'information. Voilà pourquoi je réunis ces variantes, recueillies par moi à SEDAN et DOUZY. I. Adèle. Chaque vers se répète deux fois. Au pont du Nord, un bal y est donné, Adèl' demande à sa mèr' y aller. Oh ! non, ma fût, tu n'iras pas danser, " Monte à sa chambre et se mit à pleurer. S. Son frère arriv' Ma soeur, pourquoi pleurer? — Ma mèr' n' veut pas que j'aille voir danser. — Mettez vot' robe et vot' ceinture dorée. » Ell' mit sa robe et sa ceinture dorée. Ell' fait trois tours et la voilà noyée. 10. Hélas ! mon frèf, me laiss'rez-vous noyer? — Non, non, ma soeur, je vais vous retirer. » Les cloch's du Nord se mirent à sonner. La mèr' demand' pour qui qu'on a sonné. C'est pour vot' fille et votre fils aîné. » 15. Voilà le sort des enfants obstinés. Meyrac = M., p. 124. — V. 2 à sa mère d'y aller M. cette version existe aussi à Sedan et Douzy. — V. 3 Non, non, ma fille vous n'irez pas danser, M. même observation. — V. 5 Son frèr' lui demand' Que pleurez-vous, ma soeur? » M. Mais une rime en —er est nécessaire ; la version de Sedan est donc meilleure. — V. 6 Maman n'veut pas... M. —V. 8 manque dans M. — V. 9 Elle fit... tombée M.; noyée », qu'on prononce parfois niée, est préférable. —V. 12 ... se sont mises... M. — V. 13 pour qui a-ton sonné M.; la forme pour qui qu'on a » est seule populaire. — 173 — — V. 14 Variante C'est pour Adèl', votre fill' bien aimée à Douzy, on dit bien ainée ; les rimes en — né ont appelé cette finale sans aucun sens. — V. 15 Voilà, hélas ! les enfants désolés M. La version de Sedan la même qu'à Versailles est seule bonne ; c'est la morale de l'histoire. On chante d'ailleurs ... des enfants ostinés. II. Embrassons-nous. Meyrac, p. 124. —V. 4-5 à Sedan, on chante L'un est un capitaine, L'autre est officier du roi. III. La plus gentille. La plus gentille à mon gré Je vais vous la présenter. Je lui fis sauter barrière, Ram'nez vos moutons, bergère, Ram'nez, ram'nez, ram'nez donc Vos moutons à la maison. Gentill' pastourelle, Entrez dans ce rond Tout rond, Et voyez auquel Votre coeur est bon. C'est le fils à Guillaume Et la fille à Jean Raymond Sont deux amants comme On en voit rar'ment. O mes chers amis, Au milieu de nous Jurez d'être unis Et embrassez-vous. Meyrac, p. 125, donne cette ronde comme très populaire à St-Etienne-à-Arnes. — Le texte de Sedan est plus correct que celui communiqué à l'auteur. IV. La Marjolaine. I. LA RONDE. — Qu'est-ce qui passe ici si tard, Compagnons de la Marjolaine, Qu'est-ce qui passe ici si tard Sur le gué ? II. LE CHEVALIER. — C'est le chevalier du Roi etc.. m. LA RONDE. — Que d'mand'-t-il ce chevalier? etc.. IV. LE CHEVALIER. — Une fille à marier etc.. V. LA RONDE. — D' fill's à marier nous n'en avons pas etc.. — 174 — VI. LE CHEVALIER. — On m'a dit qu' vous en aviez etc.. VII. LA RONDE. — Ceux qui l'on dit en ont menti etc.. VIII. LE CHEVALIER. — Nenni, nenni, ils n'ont pas menti etc.. IX. LA RONDE. — Vous r'viendrez dimanche au soir etc.. x. LE CHEVALIER. — Bonjour, bonsoir, me v'là arrivé etc XI. LA RONDE. — Vous r'viendrez sur ces minuit etc.. XII. LE CHEVALIER. — Ces minuit-là sont bien passés etc.. XIII. LA RONDE. — Choisissez dans nos plus laid's etc.. XIV. LE CHEVALIER. — Pour des laid's, 'nous n'en coulons pas etc.. XV. LA RONDE. — Choisissez la plus bell' de la quantité etc.. XVI. LE CHEVALIER. — Une telle est à mon goût etc.. Notre texte est plus complet que celui de Meyrac, pp. 126-127, et que la chanson-type donnée par lui en note. Quelques vers sont trop longs; on précipite le débit pour rester dans la mesure. — Str. vu Variante Ceux qui l'ont dit s' sont bien trompés. — Str. VIII Variante Nenni, nenni, ils s' sont pas trompés. V. Où allez-vous ? Meyrac, p. 222. — A Douzy, on dit II. N'y allez pas, mon cher enfant bis Les Juifs y sont, vous trahiront etc.. m. Les Juifs y sont, vous trahiront, bis A la croix vous attacheront etc. IV. A la croix vous attacheront bis, Couronn's d'épin's vous metteront etc.. — 175 — VI. Tu as de belles filles. I. Tu as de belles filles, Gironflin, Gironfline ; Tu as de belles filles, L'amour m'y contraint. II. Elles sont belles et gentilles etc.. III. Veux-tu m'en donner une? etc.. IV. Pas seulement la queu' d'une etc.. v. Donne-moi ta plus laide etc.. VI. Tiens, tiens, voilà la plus laide etc.. VII. Tiens, tiens, elle est trop laide etc.. VIII. Viens, viens dans mon royaume etc.. IX. Quoi faire dans ton royaume? etc.. x. Cueillir la violette etc.. XI. Quoi faire la violette ? etc.. XII. Pour mettre dans ma bavette etc.. XIII. Quoi faire dans ta bavette? etc.. XIV. Pour embaumer mon coeur etc.. Meyrac, p. 230. — Notre texte recueilli à Sedan est plus complet que le sien. Le refrain se prononce L'amour m'y contrat, ce qui n'a pas de sens. P. COLLINET. — 176 — LE LOYALISME DES SEDANAIS ET LEUR HOSPITALITÉ DE 1638 A 1680 APPENDICE SUITE & FIN ESTAT EN GROS, PAR VILLAGE, DES REVENUS DU DOMAINE DE SEDAN du 1er Juillet au 30 Juin 1644. Sedan. Froment 9 setiers. Seigle 9 — Fermes en deniers 7,596 1. 18 s. Revenus du moulin, du stellage et de la gabelle des vins environ 13,000 1. Balan. Froment 1 muid. Seigle 1 — Avoine 2 — Fermes en deniers 1, Bazeille. Froment 9 muids. 3 quartels. Seigle 9 — 3 — Avoine 13 — 6 — Fermes en deniers 3,960 1. 14 sols. Douzy. Froment 3 muids, 2 setiers, 3 quartels. Seigle 3—2 — 3 — Avoine 1 — 1 — 1 — Fermes en deniers 2,841 1. 18 s. 4 d. sans comprendre les 50 faux du pré de Mendri. Pouru-Saint-Remy. Froment 8 setiers, 2 quartels. Seigle 8 — 2 — Avoine 1 muid, 5 — Fermes en deniers 1,272 1. 17 s. Illy. Froment 1 muid, 9 setiers. Seigle 1 — 9 — Avoine 3 — 6 — Fermes en deniers 1,249 1. 10 s. Fleigneux. Fermes en deniers .' 466 1. 19 s. — 177 — Floing. Froment 9 muids, 1 setier. Seigle 3 — 9 — Fermes en deniers 531 1. 15 s. Saint-Menge. Fermes en deniers 331 1. 10 s. Villers-Cernay. Froment 1 muid, 5 setiers, 2 quartels. Seigle 1 — 5 — 2 — Avoine 11 — Fermes en deniers ... 921 1. 3 s. Francheval. Froment 7 setiers. Seigle 7 — Fermes en deniers 3,125 1. 18 s. Daigny. Seigle 2 muids, 10 setiers. Avoine 2 — 6 — Fermes en deniers 579 1. 7 s. sans compter les moulins, qui peuvent monter à 600 L. Givonne. Froment 2 muids, 7 setiers, 2 quartels. Seigle 2 — 7 — 2 — Avoine 2 — 9 — Fermes en deniers 1,249 1. 12 s. La Chapelle. Fermes en deniers Rubécourt. Fermes en deniers Glaire, Torcy, etc. Fermes en deniers 460 1. 14 s. Raucourt. Froment 2 muids, 5 setiers, 1 quartel. Seigle 1 — 7 — 1 — Avoine 3 — 10 Fermes en deniers 2,958 1. Haraucourt. Fermes en deniers 1,206 1. Bulson. Fermes en deniers 566 1. Noyers et Thelonne. Froment 1 muid. 4 setiers. Seigle 1 — 1 — 2 quartels. Avoine 2 — 5 — 2 — Fermes en deniers 1,497 1. Wadelincourt. Froment sur le moulin 1 muid. Fermes en deniers 204 1. Toutes les fermes en deniers se montent à 45,336 1. 8 s. TABLEAU RÉCAPITULATIF DES REVE ANNÉES FROMENT SEIGLE ORGE 128 muids, 5 setiers, 2 quartels, 96 muids, 5 setiers, 3 quartels, 1 muid, 6 setiers, 3 qu 1630 1 écuelle, à 49 sols, 4 écuelles 1/2, à 36 sols, 7 écuelles, à 23 sol 15,1061. 18 sols. 8,335 s. s. 123 muids, 3 setiers, 2 quartels, 83 muids, 10 setiers, 11 écuelles, 12 muids, 1 setier, 2 qu 1631 1 écuelle, à 54 suis, à 38 sols, à 30 sols, 15,9781. 16 s. 6 d. 7,6-45 1. 6 s. 873 1. 123 muids, 6 setiers, 3 quartels, 91 muids, 9 setiers, 2 quartels, 1632 6 écuelles, à 40 sols, 4 écuelles, à 38 sols, 11,863 1. 6,168 s. 116 muids, 11 setiers, 3 quartels, 86 muids, 2 setiers, 2 quartels, 3 muids, I setier, 2 qu 1633 à 38 sols, 11 écuelles, à 27 sols, à 34 sols, 10,673 s. 5,587 1. 8 s. 9 d. 1801. 129 muids, 5 setiers, 3 quartels, 93 muids, 11 setiers, 2 quartels, 1634 7 écuelles, à 38 sols, 5 écuelles, à 39 sols, 13,674 1. 4 s. i d. 6,528 1. 16 s. 6 cl. 110 muids, 5 setiers, 2 quartels, 81 muids, 9 setiers, 1 quartel, 4 muids, 6 setiers 1635 11 écuelles, à 56 sols 6 d. 9 écuelles, à 39 sols, à 30 sols, 14,604 s. 7,655 1. 4 s. 3 d. 324 1. 110 muids, 6 setiers, 82 muids, 11 setiers, 1 écuelle, 3 muids, 1 setier, 2 qu 1636 à 45 sols 8 d. à 23 sols, à 34- sols, 11,934 1. 6,567 1. 172 s. 89 muids, 8 setiers, 5 écuelles, 69 muids, 2 quartels, 7 écuelles, 1637 à 56 sols, à 42 sols, 12,052 1. 7 s. 6 d. 6,960 s. 116 muids, 9 setiers, 2 quartels, 84 muids, 5 setiers, 8 écuelles, 1638 1 écuelle, à 55 sols, à 34 sols, 14, s. 7,4791. 1s. 3 d. 102 muids, 1 setier, 1 quartel, 88 muids, 6 setiers, 3 quartels, 1639 8 écuelles, à 55 sols, 6 écuelles, à 33 sols, 12,257 1. 3 s. 4 d. 7,014 1. 10 s. 6 d. 107 muids, 7 setiers, 1 quartel, 95 muids, 11 setiers, 1 quartel, 1640 8 écuelles, à 54 sols, 6 écuelles, à 33 sols, 13,944 1. 12 s. 6 d. 7,653 1. 14 s. 6 d. DOMAINE DE SEDAN, de 1 630 à 1651 AVOINE FERMES EN DENIERS VENTES DES BOIS TOTAL uids, 7 setiers, 3 quartels, écuelles, à 14 sols, 7,880 1. 9 s. 36,075 1. 8 s. 8 d. 28,134 I. 19 s. 95,119 1. 15 s. 8 d. uids, 1 setier, 1 quartel, cuelles, à 12 sols 6 d. ,213 1. 8 s. 9 d. 29,408 livres. 18,984 1. 14 s. 78,743 1. 5 s. 3 d. 0 muids, 3 quartels, à 11 sols 6 d,, ,245 1. 9 s. 6 d. 27,824 livres. 16,219 livres. 67,320 1. 7 s. 6 d. ids, 10 setiers, 2 quartels, écuelles, à 13 sols, 6,142 1. 18 s. 44,413 1. 2 s. 20,237 1. 4 s. 87,233 1. 19 s. 6 d. uids, 1 setier, 1 quartel, cuelles, à 12 sols 6 d. ,8131. 8 s. 6 d. 34,663 1. 1 s. 6 d. 26,292 s. 87, s. uids, 1 quartel, 3 écuelles, à 14 sols, ,418 1. 9 s. 6 d. 36,153 1. 14 s. 8,814 1. 4 s. 73,969 I. 19 s. 9 d. uids, 5 setiers, 1 quartel, à 12 sols 4 d., ,263 1. 2 s. 6 d. 27,821 1. 2 s. 1 d. 12,446 1. 17 s. 64,204 1. 11 s. 7 d. uids, 6 setiers, 3 quartels, cuelles, à 19 sols 6 d. ,298 1. 10 s. 6 d. 30, s. 26,1161. 1 s. 81,569 1. 6 s. 6 d. ids, 10 setiers, 8 écuelles, à 20 sols 6 d., , s. 4 d. 29,1141. 13 s. 4 d. 29, s. 88,943 1. 16 s. 3 d. ids, 10 setiers, 2 écuelles, à 18 sols 6 d., 8, s. 33,451 1. 9 s. 5 d. 30,917 s. 91,477 1. 15 s. 3 d. uids, 5 setiers, 1 quartel, à 22 sols 6 d., ,9811. 10 s. 6 d. 34,427 1. 6 s. 5 d. 34,669 1. 15 s. 101,8161. 16 s. 8 d. ANNÉES FROMENT SEIGLE ORGE 55 muids, 6 setiers, 2 quartels, 42 muids, 4 setiers, 2 quartels, 1641 2 écuelles, à 58 sols, 9 écuelles, à 43 sols, 7,598 1. 2 s. 4,374 1. 8 s. 8 d. 75 muids, 6 setiers, 56 muids, 4 setiers, 4 muids, 3 setiers, 1642 à 55 sols, à 40 sols, à 34 sols, 9,438 livres. 5,408 livres. 346 1. 16 s. 34 muids, 11 setiers, 25 muids, 2 setiers, 1 quartel, 1643 à 54 sols, à 40 sols, 4,525 1. 4 s. 2,418 livres. 1644 72 muids, 8 setiers, 2 quartels, 64 muids, 11 setiers, 3 quartels, pour les six 6 écuelles 1/2, à 25 sols, 4 écuelles 1/2, à 16 sols, derniers mois 4,363 1. 3 s. 6 d. 2,573 1. 9 s. 8 d. 90 muids, 4 setiers, 1 quartel, 80 muids, 5 setiers, 2 quartels, 1645 5 écuelles, à 25 sols, 3 écuelles, à 16 s. 6 d. 5,421 1. 15 s. 6 d. 3,1861. 7 s. Id. 94 muids, 4 setiers, 1 quartel, 85 muids, 9 setiers, 2 quartels, 1646 5 écuelles, à 25 sols, 9 écuelles, à 16 s. 8 d.. reprises déduites 5,421 1. 15 S. 6 d. 3,400 1. 17 S. 4 d. 103 muids, 10 setiers, 11 écuelles, 94 muids, 3 setiers, 2 quartels, 1647 à 29 s. 6 d. 9 écuelles, à 20 sols, reprises déduites 7,348 l. 13 s. 4,639 l. 18 s. 100 muids, 1 setier, 1 quartel, 93 muids, 3 quartels, 3 écuelles, 1648 5 écuelles, à 37 sols, à 27 sols, reprises déduites 8,810 1. 8 S. 4 d. 6,149 1. 11 S. 9 d. Froment vendu à apprécier Seigle vendu à apprécier 1649 80 muids, 3 setiers, 1 quartel, 64 muids, 6 setiers, 1 quartel, 10 muids, 10 setiers, 3 qu reprises déduites 11 écuelles, à 3 I. 6 s., 3 écuelles, à 45 et 52 sols, à 46 sols, 12,517 s. 7,866 1. 6 s. 4 d. 1,202 s. 87 muids, 2 setiers, 1 quartel, 71 muids, 9 setiers, 1/2 écuelle, 3 muids, 7 setiers, 2 qua 1650 2 écuelles, à 3 1. 13 s. à 57 sols, à 57 sols, reprises déduites 15,275 1. 17 s. 10,815 1. 10 s. 495 1. 18 s. 6 muids, 7 setiers, 2 quartels, 9 muids, 9 setiers, 2 quartels, 107 muids, 3 setiers, 1 qu 1651 à 3 1. 15 s., 6 écuelles, à 3 I., l écuelle, à 3 I., reprises déduites 1,193 1. 1,411 1. 5 S. 15,447 1. 5 S. AVOINE FERMES EN DENIERS VENTES DES BOIS TOTAL ids, 1 setier, 2 écuelles, à 24 sols 6d., 4,468 1. 18 s. 39,523 livres. 11,851 1. 19 s. 67,816 I. 15 s. 8 d. ids, 8 setiers, 2 quartels, à 19 sols, 4,7261. 8 s. 31,835 s. 1,448 livres. 53, s. ds, 9 setiers, 2 quartels, à 12 sols 6 d., 1,553 s. 48,018 livres. 8,409 livres. 64,923 s. ds, 3 setiers, 11 écuelles, à 10 sols 3 d., ,819 s. 5 d. 17,7081. 16 s. 8 d. 4,165 I. 18 s. 4 d. 32,630 1. 19 s. 7 d. ls, 10 setiers, 10 écuelles, à 10 sols 3 d. 8191. 1 s. 5 d. 17,7081. 16 s. 8 d. 4,165 1. 18 s. 4 d. 32,630 1. 19 s. 7 d. s, 10 setiers, 3 quartels, uelles, à 8 sols 6 d. '87 1. 15 s. 6 d. 20,828 I. 10 s. 1,045 1. 14 s. 34,634 I. 16 s. 5 d. ds, 6 setiers, 1 quartel, Ventes extraord. uelles, à 8 sols 6 d., par ordre de S. M. Non compris les bois 2131. 6 s. 6 d. 20, s. 53,1661.. 34, s. ds, 9 setiers, 1 quartel, Vente extraord. Non compris la vente elles, à 7 sols 6 d., pour 28,8451. extraord. 381. 2 s. 6 d. 23,644 1. 11 s. 8,295 1. 12 s. 49,838 1. 6 s. s, 3 setiers, 2 écuelles, à 14 sols, 14 1. 2 s. 4 d. Non compris muids de vieilles avoines les vieilles avoines a 8 sols 6 d., 8,160 L. 27,767 livres. 1,581 1. 14 s. 55,849 I. 8 s. s, 5 setiers, 2 quartels, uelles, à 18 s. 6 d., 251. 15 s. 2 d. 28,440 1. 4 s. 2 1. 15 s. 60,559 1. 19 s. 9 d. muids, 1 quartel, Compris 2,8921. des à 19 sols quints d'Angecourt ,564 1. 3 s. 33,519 I. 9 s. 6 d. 1,857 1. 14 s. 58,992 1. 16 s. 6 d. - 182 — CHRONIQUE I. Ardennais lauréats de l'Académie de Reims. L'Académie de Reims a, dans sa séance du 18 juillet, décerné les prix et médailles dont elle dispose. Il est à remarquer que dans la section d'histoire et philologie, les trois seuls lauréats sont des Ardennais. 1. — Une médaille d'or est décernée à M. l'abbé Joseph PECHENART, professeur au petit séminaire de Reims, pour son Etude sur le patois de Braux. 2. — Une médaille d'argent de 1re classe à M. WASLET, professeur au lycée de Laon, pour sa Monographie de Hierges. 3. — Une médaille d'argent à M. Henri JONVAL, instituteur à Charleville, pour son étude sur La Famille de Fuchsamberg. II. Trouvaille numismatique à Sedan. Pendant les travaux de construction de l'égout de la rue des Francs-Bourgeois à Sedan, on a mis au jour une vingtaine de pièces de monnaie et plusieurs boulons d'uniformes du Premier Empire. L'une des pièces en question est à l'effigie de Louis XIV et porte le millésime de 1654. COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, rédigé par M. Paul LAURENT, archiviste. — ARDENNES. — Tome V. — Série H supplément Archives hospitalières. — Charleville, Anciaux, 1901, in-4°, VIII, 195 pages. Cet inventaire contient l'analyse des titres des hospices de Charleville, Château-Porcien, Donchery, Mouzon, Rethel et Sedan. Le fonds de l'hospice de Mézières avait été publié par M. Laurent en 1891. Les pièces qu'on trouve dans ce tome V sont de dates différentes, entre le XIIIe et le XIXe siècle, selon l'ancienneté de l'institution charitable dont il s'agit. Les hospices de Château-Porcien, Mouzon et Rethel sont du XIIIe siècle. Celui de Donchery existait au xiv 8 siècle. Celui de Sedan se rattache aux hôpitaux du XVIe siècle. Celui de Charleville est de 1634. — En plus de l'intérêt qu'offrent les documents pour l'histoire de chaque établissement ou pour celle des établissements rattachés à ceux-là, comme Attigny, Le Chesne, etc., on peut en tirer mille rensei- — 183 - gnements pour des recherches historiques pour l'instruction, en particulier et biographiques. Citons, par exemple, l'importance du fonds de Mouzon pour reconstituer la liste des seigneurs de Givodeau. — La table très détaillée, due à M. l'employé Semer, facilite les recherches.— Quelques observations sur cette table. Pourquoi n'avoir pas fondu certains articles en un seul? Ainsi, pour l'enseignement, il faut chercher à Collège, Ecoles, Enseignement, Etablissement, Instruction, Maîtres Maîtresses d'école, Professeurs, Régents. — Aspremont n'est pas Apremont au canton de Grandpré, mais Apremont-la-Forêt Meuse, arr. Commercy, cant. t'-Mihiel. — Les mentions relatives à Guillaume de Mirbrich ou Mirbrick doivent être cherchées à Merbrich. Pourquoi pas un article Mirbrich ? E. H. Fédération archéologique et historique de Belgique sous le haut patronage de S. M. le Roi. — Compte-rendu des travaux du quatorzième Congrès tenu à Arlon, du 30 juillet au 2 août 1899, sous la direction de l'Institut archéologique du Luxembourg par JULES VANNÉRUS, secrétaire général du Congrès. — Arlon, V. Poncin, 1900, gr. in-8°, 173264 — 4 pp. avec un portrait. Ce volume vient seulement d'être distribué aux membres du Congrès Il est divisé en deux parties. La première Documents préparatoires » renferme les documents officiels, les questionnaires et des articles comme les Taques du musée d'Arlon, par Sibenaler article reproduit dans les Annales de l'Inst. arch. du Lux., les Musées d'Arlon, par V. Birnbaum, des notices sur Arlon, St-Hubert, Orval, le GrandDuché. — La deuxième partie paginée à part comprend les comptesrendus des trois sections préhistoire, histoire, archéologie. Aucun des travaux présentés n'intéresse directement le département français des Ardennes ; car les questions que mes collègues et moi avions fait mettre au programme 1 n'ont pas reçu de réponses. Cependant sur la Condition des populations rurales du Luxembourg au moyen-âge, MM. Matthieu, Loes et Groeb ont traité l'histoire de l'enseignement aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles pp. 128 et suiv.. Ce n'est pas tout à fait la réponse que j'attendais, le moyen-âge finissant vers 1450. — Sur l'lmprimerie à Bouillon, M. Cumont a remis deux notes concernant l'imprimeur Rousseau en 1763 pp. 147-148. Dans les notices présentées et qui regardent la Belgique ou le GrandDuché, il y a cependant à prendre quelques renseignements. La communication de M. de Raadt, Archives luxembourgeoises inconnues déposées à Arnhem Hollande, met au jour des quittances en allemand de plusieurs chevaliers, Renier de Balderingen et Arnould de Sierck, 1 Rev. d'Ardenne et d'Argonne, t. VI, p. 137-138. - 184 — ayant pris part avec le comte de Saint-Paul aux sièges de Virton et de La Ferté-sur-Chiers 1394 p. 72.— Les différentes études de M. l'abbé Roland attirent particulièrement l'attention. La première identifie deux noms de lieux Meduanto et Menerica sur la voie romaine de Reims à Cologne pp. 63 et suiv.. Une autre traite de certains noms de lieux rappelant les bois sacrés gaulois Nismes, au canton de Couvin ou germains Hérock, comm. de Ciergnon et Hierges, au canton de Givet. Hierges s'explique par un radical harg variante de HARUGA bois sacré » avec la désinence de latinisation ia pp. 77-84. La notice suivante remet au point les conclusions du célèbre mémoire de Piot sur les Pagi de la Belgique spécialement sur le Pagus arduennensis pp. 85 et suiv.. La dernière est un travail qui cherche à préciser la situation des tribus belges du temps de César, les Eburons, les Aduatiques, es Condruses, les Segniens, les Pémanes et les Cérèses p. 101 et suiv.. P. C. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE PERIODIQUES. Annales de géographie Paris, A. Colin n° 50, 15 mars 1901 Une excursion géographique dans l'Ardenne, par Paul Léon 4 gravures. — N° 51, 15 mai La Thiérache, par E. Chantriot. Bull, de la Société des Naturalistes et Archéologues du nord de la Meuse Montmédy, t. XII, ler semestre 1900. — La partie des SCIENCES NATURELLES rend compte des excursions entre autres à SaintWalfroy, et contient quelques articles dont le principal est le pommier et ses ennemis par le frère Apollinaire-Marie. — L'ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE LOCALE renferme notamment la Ligue sur les bords de la Meuse extrait de l'histoire militaire de Dun par Robinet de Cléry avec 4 facsimilés de gravures anciennes [consacré presqu'entièrement au rôle joué en 1591 par Henri de La Tour à Stenay et Dun] 1 pp. 1-24; Philippe-Auguste et Frédéric-Barberousse à Vaux-les-Mouzon 2 par le même pp. 25-26 ; Notice historique sur Saint-Walfroy et son pèlerinage par F. Houzelle pp. 36-55. 1 P. 1, lire Charlotte et non Christine de La Marck. — Sedan n'était pas une place du duché de Bouillon ; l'auteur ne s'est pas rendu compte de la valeur du titre de duc de Bouillon». — P. 21, lire Wauthier et non Wathrier de Dun. 2 Le nom de Carignan, au XIIe siècle, était Yvog ; M. Cartellieri écrivant en allemand l'appelle Ipsch, qui est la transcription germanique de Epoissus. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. Iconographie d'Arthur RIMBAUD 1 Arthur Rimbaud fit une trop courte apparition dans la vie littéraire de son temps pour laisser de nombreuses traces de son passage dans le monde des peintres et des dessinateurs. Comme oeuvres originales, on ne peut guère citer qu'un tableau de Fantin-Latour et quelques croquis de Forain, alors tout jeune et complètement inconnu. Aussi la bibliographie iconographique de Rimbaud serait-elle très maigre, si nous ne possédions de lui un certain nombre de portraits croqués par deux amis d'enfance et de jeunesse, E. Delahaye et P. Verlaine, et par F. Régamey qui le connut à Londres. Ces dessins, malgré leur manque de prétention artistique, n'eu sont que plus précieux ils constituent des documents qui fixent pour nous un geste, une attitude, une aventure du poète carolopolitain. Verlaine avait trouvé en Cazals l'iconographe idéal, grâce à qui la physionomie particulière du Pauvre Lélian en ses expressions diverses reste à jamais gravée dans notre esprit il eût fallu à Rimbaud un Cazals qui, pour notre curiosité sympathique, aurait noté d'un crayon alerte et familier les épisodes d'une vie errante. MM. Ad. van Bever et P. Léautaud dans leur volume Poètes d'aujourd'hui Paris, Mercure de France, 1900, ont donné, page 286, un essai de nomenclature iconographique d'Arthur Rimbaud. Nous nous sommes efforcé de combler les lacunes de cette nomenclature incomplète et nous y avons ajouté quelques remarques. LISTE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS Paterne Berrichon. Sept dessins qui représentent Rimbaud à différentes époques de sa vie et dont aucun, d'ailleurs, n'a été fait d'après nature. Ils appartiennent à MM. Jean Bourguignon, E. Delahaye, Deman, Edmond Picard, etc., etc., et n'ont qu'une valeur documentaire médiocre. L'un de ces dessins donne la tête d'Arthur Rimbaud enfant, 1 Cette étude documentée sur l'lconographie d'Arthur Rimbaud est un chapitre inédit du volume que vont faire paraître MM. Jean Bourguignon et Charles Houin sur l'auteur du Bateau Ivre. REV. D'ARD. ET D'ARG. T. VIII, n° 11. — 186 — en 1805. Il a été publié dans la Revue blanche, n° du 1er septembre 1897, page 387, et reproduit, réduit de moitié, à la page 35 de la Vie de Jean-Arthur Rimbaud par Paterne Berrichon Paris, Mercure de France, 1897. Un autre représente Rimbaud à dix-sept ans, d'après une photographie de Carjat. Ce portrait a été publié eu phototypie hors texte dans l'étude de Jean Bourguignon et Charles Houin sur Rimbaud parue dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, n° de janvier-février 1897. On en trouve une réduction la tète seulement dans la Vie de Jean-Arthur Rimbaud, page 75. Un troisième dessin figure le masque de Rimbaud vers l'âge de trente ans tète de profil, expressive, émaciée, avec moustaches. Il a été publié dans la Vie de Jean-Arthur Rimbaud, page 177. M. Berrichon a de plus exécuté en 1900 un Buste en plâtre qui fut exposé à La Plume et représente Rimbaud à dix-sept ans. La Plume, n° du 15 novembre 1900, page 688, en a donné une reproduction en gravure. Ce buste servit de modèle pour le Buste en bronze qui s'érige aujourd'hui au sommet d'une stèle dans le Square de la Gare à Charleville. Le monument, dont le socle est l'oeuvre de M. Petitfils, architecte, fut inauguré le 21 juillet 1901. — La Revue blanche, n° du 15 janvier 190I, a publié une médiocre gravure de ce monument. L'Illustration, n° du 27 juillet 1901, en a donné une petite reproduction. Enfin un mauvais dessin du buste a paru dans l' Echo de Paris, n° du 18 juillet 1901. Le cliché de l' Illustration a été reproduit dans le Sagittaire, n° d'août 1901, et dans le présent n° de la Revue d'Ardenne et d'Argonne, page 201. Etienne Carjat. On doit à Carjat deux photographies de Rimbaud, faites en octobre et en décembre 1871. Elles représentent le poète à l'âge de dix-sept ans. Un exemplaire appartient à Mme Dufour-Rimbaud ; un autre exemplaire, avec signature d'A. Rimbaud, se trouve chez Mme Vve L. Vanier. MM. E. Delahaye et Gabriel Cromer ont tiré diverses épreuves de ces photographies. La deuxième des photographies de Carjat servit au portrait de Rimbaud, par X... [Blanchel], lequel parut d'abord dans Lutèce en 1883, puis dans la première édition des Poètes maudits eu 1884. — 187 — Ernest Delahaye. Ami commun de Rimbaud et de Verlaine et, comme ce dernier, aimant à semer ses lettres d'amusants croquis, M. Delahaye nous a laissé plusieurs dessins d'un grand intérêt documentaire. Malheureusement très peu d'entre eux nous sont tombés sous les yeux'; la plupart sont disséminés dans la correspondance que M. Delahaye échangeait avec Verlaine et où Rimbaud figura à maintes reprises. Cette correspondance a été donnée en communication à M. Laurent Tailhade qui la détient encore actuellement. Voici les quatre dessins dont nous avons pu voir les originaux. Croquis fait en 1873, représentant Rimbaud à l'âge de dix-sept ans visage de profil, imberbe, cheveux longs mal peignés retombant sur le cou, bouche amère et triste. L'original appartient à M. de Mornan. La Revue blanche, n° du 15 août 1896, page 173, en a donné une reproduction médiocre ; la Revue d'Ardenne et d'Argonne, n° de janvier-février 1897, page 71, l'a reproduit également. — Cazals possède un autre original au crayon, qui diffère quelque peu du dessin paru dans la Revue blanche. Croquis de Delahaye, d'après un dessin de Germain Nouveau, fait dans l'été de 1876. Ce curieux dessin, où figurent Rimbaud, Verlaine, Nouveau et Delahaye, accompagnait une lettre de Delahaye à Verlaine il fait allusion à l'un des brusques départs du poète ardennais vers des régions inconnues », c'est-à-dire vers l'Orient. L'original appartient à Cazals. On en trouve une reproduction réduite dans La Plume, n° de février 1896. Deux croquis de Delahaye, réunis sur la même feuille Rimbaud rencontre Verlaine en paysan à Juniville Ardennes. Ils datent du temps où le Pauvre Lélian faisait sa tentative d'existence rustique. Entre les mains de Mme Vanier. H. Fantin-Latour. Fantin-Latour est l'auteur d'un tableau intitulé Coin de table et datant de 1872. Cette toile, qui fut longtemps cachée jalousement dans une galerie de Manchester, est depuis 1898 la propriété d'Emile Blémont ; elle figura à l'Exposition centennale de 1900 et fut justement remarquée. En effet, ce tableau, outre sa valeur artistique, constitue un précieux document d'histoire littéraire ; on y voit les portraits de Verlaine, Rimbaud, Léon Valade, Ernest — 188 - d'Hervilly, Camille Pelletan, assis autour d'une table, et au-dessus d'eux, se tenant debout, Elzéar Bonnier, E. Blémont et Jean Aicard. Le poète Albert Mérat devait également avoir son portrait dans Coin de table, aux côtés de Pelletan ; mais il ne put venir au dernier moment chez Fantin-Latour, et l'artiste le remplaça par le pot de fleurs qui ferme le tableau à la droite du spectateur 1. Consulter, sur celle toile, le Mercure de France, nos de janvier 1898 et de juillet 1900. La Plume, n° du 1er janvier 1899, page 25, a donné une reproduction du Coin de table. Une autre reproduction accompagne en hors-texte un article de M. Léon Bocquet sur Emile Blémont, paru dans la revue Le Beffroi, n° de septembre-octobre 1900. Une troisième reproduction a paru dans Le Sagittaire, n° d'août 1901, consacré spécialement à l'inauguration du Monument Arlhur Rimbaud. Du tableau, le graveur Lerat fit une eau-forte dont un exemplaire appartient à Mme Vanier; l'eau-forte est reproduite en photolypie hors texte dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, n° de janvier-février 1897. En tète de l'édition des OEuvres de Jean-Arthur Rimbaud Paris, 1898, Mercure de France, figure le portrait de Rimbaud seul, extrait de la toile de Fantin-Latour c'est une reproduction à l'eau-forte par Rajou et en photogravure retouchée par l'artiste. Enfin, M. E. Delahaye a tiré des épreuves photographiques de la partie gauche du tableau qui représente Verlaine, Rimbaud et Valade. Forain. Divers croquis d'après nature, 1872. L'un d'eux, actuellement entre les mains de M. Raoul Gineste, avait été pris au café. Que sont devenus les autres? Il serait intéressant de le savoir pour l'histoire iconographique d'Arthur Rimbaud. Luque. Dessin fait pour la deuxième édition des Poètes Maudits », en tête de l'étude de Paul Verlaine, 1888 médaillon de Rimbaud encerclé dans une lyre. — Ce dessin est reproduit dans la Revue 1 Relevons à ce propos une erreur de MM. van Bever el Léautaud, dans la 1re édition de leur recueil Poètes d'aujourd'hui », où il est dit, page 371, que Mérat et Carjat figurent dans le tableau. - 189 - encyclopédique, n° 1 de 1892 dessin réduit, et dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, n° de janvier-février 1897, page 57. Portrait-charge en couleurs dans les Hommes d'aujourd'hui », n° 318, Paris, Vanier. Dans cette caricature, allusion au Sonnet des Voyelles, Rimbaud, habillé en bébé et entouré de pots de couleurs, s'amuse à colorier les voyelles de l'alphabet. Luque s'est inspiré d'une photographie de Carjat et du dessin des Poètes Maudits » 1re édition] pour reproduire les traits du poète ardennais. — Cette charge célèbre se trouve, réduite et sans couleurs, dans la Revue encyclopédique, n° 1 de 1892. Arthur Rimbaud. Il existe quatre photographies de Rimbaud faites par Rimbaud lui-même au Harar, en 1883 ; elles appartiennent à M. P. Berrichon. Rappelons à cette occasion que Rimbaud a griffonné quelques dessins. Quatre d'entre eux ont été publiés par la Revue blanche, n° du 1er septembre 1897, page 374, et n° du 1er octobre 1897, pages 48, 52 et 55. Ce sont des caricatures qui datent de 1869 environ. — Cazals possède l'original d'un autre croquis de Rimbaud fait à Londres en 1873 le dessin représente un jeune cocher londonien. Isabelle Rimbaud. Croquis de Rimbaud en costume oriental, à 36 ans; le poète, déjà amputé, tient une harpe abyssine. Appartient à Mme Vanier. Arthur Rimbaud mourant, dessin fait par la soeur du poète en 1891 masque de souffrance, joues émaciées, nez long et aminci, yeux à peine entr'ouverts, fine moustache, front large et dégagé. La Revue blanche l'a reproduit dans son n° de septembre 1897, page 385. Félix Régamey. Deux dessins faits à Londres en 1872. Le premier représente Rimbaud assis sur une chaise, affalé et sommeillant, donnant la sensation d'un homme éreinté de fatigue. Rimbaud est coiffé d'un haut-de-forme qui cache les yeux ; on ne voit de la tête que le bout du nez, la bouche, le menton et le bas des joues. La main droite couvre la main gauche qui lient une sorte de sac ou musette. L'autre représente Verlaine et Rimbaud à Londres. Tous deux — 190 — semblent aller par les rues, dépenaillés et l'air minable. Rimbaud déambule, coiffé d'une sorte de petit galurin rond, le bras droit ballant, le bras gauche relevé avec une pipe aux doigts ; figure imberbe. Verlaine, coiffé d'un chapeau misérable, serrant des paperasses dans sa main et sous son bras gauche, la main droite relevée et tenant une canne et un cigare, se retourne et regarde Rimbaud. Dans le fond, à gauche de Verlaine, une silhouette de policeman. Ces deux dessins ont été publiés par F. Régamey dans son ouvrage Verlaine dessinateur Paris, Floury, 1896, le premier, page 23, en planche hors texte, le second, page 25, dans le texte. Une mauvaise reproduction en a été donnée dans Le Journal, n° du 21 juillet 1901, pour illustrer un article de M. Max Reynaud. Ce dernier en a profité pour insérer sur Rimbaud quelques inexactitudes et notamment, au début, pour faire dire au poète Albert Mérat des choses qui ont été écrites par Verlaine même. N'est-ce pas vraiment le cas de s'écrier O reportage, que d'erreurs on commet en ton nom ! Félix Vallotton. Dessin qui accompagne l'étude de Stéphane Mallarmé sur Rimbaud, parue dans une revue de Chicago, The Chap-Book, n° du 15 mai 1896, page 9. — Vallotton s'est évidemment servi du dessin où Delahaye représente Rimbaud à 17 ans; mais il a modifié la physionomie. La figure est plutôt gaie, la bouche n'a plus de pli amer, les cheveux sont mieux peignés ; un col régulier et une cravate donnent un air correct à Rimbaud. Masque d'Arthur Rimbaud, précédant la courte étude de Remy de Gourmont sur le poète dans le Livre des Masques, portraits symbolistes Paris, Mercure de France, 1896, page 161.—Vallotton s'est visiblement inspiré du portrait de Rimbaud paru dans la première édition des Poètes Maudits, c'est-à-dire d'une photographie de Carjat. Paul Verlaine. Dessinateur primesautier, peu soucieux de la facture, Verlaine a laissé de nombreux dessins épars dans sa correspondance ou ailleurs, et dont M. F. Régamey a su dégager le charme simple et naïf, les qualités de bonhomie et souvent de force incisive. Verlaine savait dessiner d'instinct et d'une façon originale. Ses — 191 - croquis sur Rimbaud doivent être en assez grand nombre. Nous ne connaissons que les suivants. Dessin, fait de mémoire, représentant Arthur Rimbaud en juin 1872. Se trouve dans les Poésies complètes d'Arthur Rimbaud Paris, Vanier, 1895. Reproduit dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, n° de janvier-février 1897, page 63, et dans le livre de Ch. Donos Verlaine intime Paris, Vanier, 1898, page 82. Croquis représentant Rimbaud en chapeau haut-de-forme, avec un verre devant lui. Ecrit sur le côté Comment se fit la Saison en enfer, Londres, 72-73 ». Dessin inédit qui appartient à Mme Vanier. Croquis placé en tête des Poésies complètes d'Arthur Rimbaud Paris, Vanier, 1895. L'original, au crayon, appartient à Cazals. — Il a été reproduit dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, n° de janvier-février 1897, page 66. Dessin qui représente Rimbaud lapant de ses mains énormes sur un piano et effrayant sa mère et son propriétaire. Comme épigraphe La musique adoucit les moeurs. » Publié par la Reçue blanche, n° du 15 avril 1897, page 454. Dessin qui représente Rimbaud partant pour Vienne, en hautde-forme, hautde-forme, fumante à la main droite, et s'écriant M... à la Daromphe ! J' fous le camp à Wien » ! — Comme épigraphe Les voyages forment la Jûnesse ». — Publié par la Revue blanche, n° du 15 avril 1897, page 456. Charles HOUIN. RECHERCHES STATISTIQUES SUR LA POPULATION DES ARDENNES AVANT LE XIXE SIÈCLE Voir Revue, t. VIII, p. 109 et suiv. II. — La population de la sergenterie de Porcien vers l'année 1300. Un document des Archives nationales 1 nous renseigne sur la population du Porcien au moyen-âge. Son premier éditeur, Martin 2, le datait, d'après les noms des seigneurs mentionnés, entre 1295 et 1306. L'écriture est des confins du XIIIe 1 Arch. nat. J. 108, n° 34 original non scellé, en trois bandes de parchemin cotées 34 B 46 cm. X 20 cm., 34 A 48 cm. x 20 cm., 34 c 14 cm. x 18 cm.. 2 Essai historique sur Rozoy-sur-Serre, Laon, 1863, pièce justifie. VII p. 009-613. — 192 — et du XIVe siècle. Les circonstances de sa rédaction peuvent s'induire de quelques indications du texte; Martin les a signalées d'un mol. Il s'agissait de consulter les seigneurs et les habitants du Porcien sur la question de savoir s'ils voulaient racheter les appeaux volages » c'est-à-dire les appels des justices seigneuriales portés au bailliage de Laon. On trouve aux articles LOR, RAINE VILLE, CHAUMONT, SAINS FREJUEL seulement la réponse à la consultation. C'est donc bien plus par le côté incident le nom des seigneurs et le nombre de feux qu'il indique que par le côté principal le rachat des appeaux que ce document mérite la publication. Sa date très haute en fait une pièce d'un prix exceptionnel dans l'histoire de la population en France. D'autre part, la transcription de Martin est tellement fautive fautes de copie, articles omis, mots altérés ou déclarés illisibles qu'une réédition s'imposait. Cette réédition, je la donne en identifiant les noms de lieux, mais en traduisant seulement certains passages qui pourraient embarrasser quelques-uns de nos lecteurs. 1 \ Hec sunt villae, domini villarum et numerus focorum in serjanteria de Portiien. MAAIGNIS 2 domini sunt dominus J. de Perrois et Johannes de Maaignis. Sunt in villa praedicta foci xxi LAPIONS 3 domini cornes de Roussi et prior sancti Pauli in bosco. Foci VIIIxx [— 160]. SISSONNE 4 dominus cornes de Roussi. Foci • xiiijxx [zr280J. BONCOURT 5 dominus hospitale sancti Johannis. Foci • iiij*x et • x SAINS JEHANS OU BOS 6 dominus Johannes de Roseto 7. Foci • c • SOISE 8 domini Radulphus de Grès, dominus Guido de Noirecourt, Adam de Soise, domicella d'Arecourt. Foci • xx VAUS 9 dominus Thomas Bastardus. Foci xlviij • SANCTA WALBURDIS 10 dominus prior sanctae Walburdis. Foci • lxxiij • 1 Ici commence la bande cotée 34 B. 2 Magny, cne de Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 3 Lappion, Aisne, arr. Laon, c. Sissonne. 4 Aisne, arr. Laon, c. 5 Aisne, arr. Laon, c. Sissonne. 6 Saint-Jean-aux-Bois, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. \l Jean de Rozoy-sur-Serre. 8 Soize, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 91 Vaux-les-Rubigny, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 10 Sainte-Vaubourg, Ardennes, arr. Vouziers, c, Attigny. - 193 — LOIGNIS 1 domini Templum et dominus Gaucerus de Muteri. Foci • iiijxx. MALE MAISONS 2 domini Caries, Ricardus, Johannes Malagrenes et Robertus de Joain. Foci • xxxv • ERPI 3 dominus sanctus Remigius. Foci • ce • RUBIGNIS 4 j dominus dominus Thomas d'Aspremont. WARDIMONT 5 j Foci • vijxx [= 140]. Buissi6 domini dominus Nicolaus de Vendi et domina Aelidis de Buissi. Foci • iiijxx • et • xv • LILLIEL 7 dominus Marlars et Thomas avunculus ejus. Foci • lx • STUSQUINTINUS PARVUS8 dominus cornes de Roussi. Foci- iiijxx. SEVIGNY 9 domini Johannes li buveres, dominus Gobertus d'Aceri, Petrus de Sevigni et Petrus d'Escourda 10 et magistri Johannes li bues et Rogerus Couisselin. Foci • ixxx [= 180]. CHIEVRE 11 domini Anselmus de Chivre et dominus Claremballus Claremballus Camus. Foci • lxiiij • RARIMONT 12 dominus capitulum de Rosoit. Foci c • et • ij • GOUDELENCOURT 13 domini Nicolaus de Festius 14, domicella domicella de Cievregni et Colinus de Mouront. Foci xxx • MASCECOCRT 15 dominus cornes de Roussi. Foci • xxviij - BOULIAUS 16 dominus camberarius de Caours 17. Foci • xxxvij - ROSOY 18 dominus dominus Jehans de Rosoy. Foci • lx • ANGECOURT 19 dominus Toriaus de Laon. Foci • xiiij • ROUVROIT 20 dominus dominus J. de Rosoy. Foci • xxvij • data{2\ LOR22 dominus Gaucerus d'Autrece 23. Foci- lxxiij • Dominus consentit 24. 1 Logny-lès-Chaumont, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 2 La Malmaison, Aisne, arr. Laon, c. Neufchâtel. 3 Herpy, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 4 Rubigny, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 5 Wadimont, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 6 Bucy-lès-Pierrepont, Aisne, arr. Laon, c. Sissonne. 7 Lislet, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 8 Saint-Quentin-le-Petit, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 9 Sévigny-Waleppe, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 10 Pierre d'Ecordal. 11 Chivres-et-Machecourt, Aisne, arr. Laon, c. Sissonne. 12 Raillimont, cne de Rouvroy, Aisne, c. Rozoy-sur-Serre. 13 Goudelancourt-lès-Pierrepont, Aisne, arr. Laon, c. Sissonne. 14 Nicolas de Festieux. 15 Machecourt, cn de Chivres, voy. plus haut. 16 Ebouleau, Aisne, arr. Laon, c. Sissonne. 17 Le chambrier de Chaourse. 18 Rozoy-sur-Serre, Aisne, arr. Laon, c. 19 Agnicourt-et-Séchel!es, Aisne, arr. Laon, c. Marie. 20 Rouvroy, Ardennes, arr. Rocroi, c. Rumigny. 21 Donnée ». Je comprends que c'est la copie du projet de rachat des appeaux qui a été donnée. — Ce mot en marge est d'une main postérieure au tableau. 22 Aisne, arr. Laon, c. Neufchâtel. 23 Gaucher d'Autrèches Oise, arr. Compiègne, c. Attichy. 24 " Le seigneur consent » à racheter les appeaux. — D'une main postérieure. — 194 — SAINTE PRUEVE 1 domini cornes de Roussi et domina de Busci. Foci xx • DONMERI 2 domini abbates de Mouson et de Signi. Foci • ce RAINE VILLE 3 dominus abbas sancti Martini Laudunensis. Foci vixx • et x - [zz 130]. Nolunt redimere appellationes 4. LA SERVE 5 dominus Albericus de Sorbon. Foci • lxxv • BERLISE 6 domini dominus Hugo de Noirecourt et Jehans de Manlewes 7. Foci • xxvij • NOIRECOURT 8 dominus Jehans de Noirecourt. Foci • xl • ROKIGNI 9 dominus de Rosoit. Foci • viixx • et • iiij • [zz 144]. Disi 10 dominus abbas de Cuissi. Foci • xiiij • et • iiij. MERANWES 11 dominus abbas de Signi. Foci xix • JUSAINECOURT 12 dominus dominus Andréas d'Autrece. Foci • xxix • GOMONT 13 dominus hospitale Remense. Foci • xxiiij BALEHAN 14 dominus Joffridus de Balehan. Foci • c • CAOUSSE 15 dominus camberarius sancti Dyonisii. Foci • xijxx • [zz 240]. MONCORNET 16 dominus Jehannes de Louvanio. Foci- mille • ChAUMONT 17 dominus dominus Thomas d'AspremonT. Foci • ce • § Miserunt ad dominum suum et ejus expectant responsionem 18. ROUMAUCOURT 19 domini abbates sancti Iluberti eT de Caumont, advocati dominus d'AspremonT, dominus Gaucerus de MuTri. Foci c • VINCI 20 dominus dominus J. de Leheris. Foci • xxx • NISY 21 dominus cornes de Roussi et dominus J. de Los. Foci • iiijxx • 1 Sainte-Preuve, Aisne, arr. Laon, c. Sissonne. 2 Rommery, Ardennes, arr. Mézières, c. Signy-l'Abbaye. i3 Renneville, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 4 Ne veulent pas racheter les appeaux. » — D'une main postérieure. 5 La Selve, Aisne, arr. Laon, c. Sissonne. 6 Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 7; Jean de Montloué. 8 Noircourt-et-le-Thuel, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 9 Rocquigny, Ardennes, arr. Rethel. c. Chaumont-Porcien. 10 Dizy-le-Gros, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 11 Maranwez, Ardennes, arr. Mézières, 12 Juzancourt, Ardennes, arr. Rethel, c. Asfeld. 13; Ardennes, arr. Rethel, c. Asfeld. 14 Balhani, Ardennes, arr. Rethel, c. Asfeld. 15 Chaourse, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 16 Montcornct, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 17 Chaumont-Porcien, Ardennes, arr. Rethel, c. 18 Ils les habitants ont envoyé vers leur seigneur et ils attendent sa réponse. » 19 Remaucourt, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 20 Vincy-Reuil-et-Magny, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 21 Nlzy-le-Comte, Aisne, arr. Laon, c. Sissonne. — 195 — CONDÉ 1 dominus dominus Balduinus de Condé. Foci • iiijxx • HARDOIS 2 dominus Lois de Hardoie, Gobiers de Hardoie, Daniaus de Hardoie, Gilles de Vignoit, Henrions de Haussi. Foci • xl • sic sic SAINS FREJUEL 3 dominus dominus Hadulphus de Rabignis. Foci • ixxx • [= 180]. Nolunt redimere 4. CAPES 5 dominus abbas de Signi, dominus Wacerus de Mutri. Foci in parte abbalis • xx • et in parte militis • xvij • HARBIGNIS 6 dominus dominus J. de Harbignis. Foci • lx • BEGNIS 7 dominus domicella Beatrix de Lombus. Foci • xxvi • GIVERON 8 dominus Henricus de Bohaing et pueri de Soissons. Foci • Ixxvj • DOUMELIER 9 dominus dominus Th. d'Aspremont et domina Maria d'Aughiens. Foci xl • SOM 10 domini dominus Egidius de Roisi et domicella comitissa de Som. Foci • iiijxx • et • x • 11 MAIMONT 12 dominus dominus Jacobus de la Roce et dominus Joffridus de Terme et domina Desplances. Foci • vijxx . [zz 140]. NOUVION 13 domini Balduinu[s] de Aineaumont et pro sua parte foci • cxxxviij ; et est dominus dominus Renaudus de Lombus et pro par[te] sua foci • xxxvj ; et est dominus tercius dominus Hugo canonicus de Chaalons et pro parte sua sunt foci [en blanc]. GRANT CAMP 14 dominus Milo de Noiier et Joffridus de Termes et domina Desplances. Foci • iiijxx et • ij • JOFFROIT VILLE 15 dominus Alardus de Baseilles. Foci • lx • NUESVILLE DALES WASSIGNIS 16 dominus Johannes de Nova sic villa et dominus Renaudus de Lambus. Foci • iiijxx • et • xvi • SERIS 17 dominus dominus Arnulphus de Biaufort. Foci • vijxx [zz 140]. 1 Condé-les-Herpy, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 2 La Hardoye, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 3 Saint-Fergeux, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 4 Ne veulent pas racheter. » 5 Chappes, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 6 Herbigny, Ardennes, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. 7 Bégny, cne de Doumely-Bégny, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 8 Givron, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 9 Doumely, voy. Bégny. 10 Son, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 11 Ici commence la bande cotée 34 A. 12 Mesmont, Ardennes, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. 13 Novion-Porcien, Ardennes, arr. Rethel, c. 14 Grandchamp, Ardennes, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. 15 Geoffreville, ancien quartier de la commune de Novion-Porcien. 16 Neuville-lès-Wasigny, Ardennes, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. 17 Sery, Ardennes, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. — 196 - LA LOBE 1 dominus dominus Arnulphus de Biaufort. Foci • ixxx [zz 180]. ROGIERVILLE DESEUR LA LOBE 2 dominus dominus Arnulphus de Biaufort. Foci • xij ESCLI 3 dominus hospitale Remense. Foci • lxx • WASIGNIS 4 dominus dominus cornes de Ligrengres et dominus Albericus de Sourbon. Foci •'vixx- [zz 120]. MAINBRESSIS 5 dominus J. de Louvain et Templum. Foci • iiijxx • TIN LE MOUSTIER 6 dominus abbas de Mouson. Foci • xijxx • ARNICOURT7 dominus dominus Robertus de Frellicourt, Johannes de Baine et dominus • J • de Ludes. Foci • vixx • et • x • [zz 130]. PROUVISI 8 dominus Henricus li hideus et domicella Beatrix de Nouvion. Foci • xxvj • NANTUEL 9 dominus dominus Theobaldus de Nantuel. Foci • lxx SORBON 10 dominus dominus Albericus de Sorbon, Guiottus de Courbon, et • J • frater ejus. Foci viijxx • [zz 160]. TAISI 11 domini dominus p • Franciscus et domicella comitissa. Foci • iiij" et xLAUNOIT xLAUNOIT dominus abbas de Mouson et Willelmus de Launoit. Foci • xiixx • et • v • [zz 245]. AUTE VILLE 13 dominus Guiotus de Rouvrait, domicella Margarita Pain de Soile. Foci • iiijxx • AINAUMONT 14 dominus dominus Guido de Aynaumont et Balduinus de Ainaumont. Foci • iiijxx • et • x • LA ROUMAIGNE 15 dominus Th d'Aspremont. Foci • c • MONTMELIANT 16 dominus dominus Jacobus de Montecablon 17 et Rex. Foci lx • MANLEWES 18 dominus cornes de Siaumes 19. Foci • ce • et • x • 1 Lalobbe, Ardennes, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. 2 Rogiville, près Lalobbe. 3 Ecly, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 4 Wasigny, Ardennes, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. 5 Maimbressy, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 6 Thin-le-Moutier, Ardennes, arr. Mézières, c. Signy-I'Abbaye. 7 Ardennes, arr. c. Rethel. 8 Provizy, Cne Novion-Porcien, arr. Rethel, c. 9 Nanteuil, Ardennes, arr. c. Rethel. 10 Ardennes, arr. c. Rethel. 11 Taizy, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 12 Launois, Ardennes, arr. Mézières, c. Signy-l'Abbaye. 13 Hauteville, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 14 Inaumont, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien. 15 La Romagne, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 16 Montmeillant, Ardennes, arr. Rethel, c. Chaumont-Porcien. 17 Jacques de Montchâlons. 18 Montloué, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 10 Le comte de Salm. - 197 — 1 CASTIEL EN PORTIIENS 2 dominus Rex, dominus de Montcablon 3 et cornes suessionensis. Foci ccc • et • 1 • ER 4 domini dominus Gerardus de Curi, Champenois de Contreves. Foci • xliiij • WAIGNON 5 domini Johannes de Novavilla, dominus Jacobus de Rocha et Gaufridus de Termes. Foci • cij - LA MALEMAISON SUBTUS SERIS6 dominus Radulphus de Chatel. Foci • vij • BIAUMONT 7 dominus Arnulphus de Biaufort. Foci • xiiij • 8 VILERS DEVANT LE TOUR 9 domini • J • de Vervin et Colardus de Harsis. Foci viijxx [zz 160]. CHERY JUXTA ROSETDM 10 dominus dominus cornes de Siaumesll. Foci • xlij • MONCIAUS JUXTA CHÉRI 12 domina Cole de Hauci. Foci • xvj • ROIT 13 dominus • J • de Louvain. Foci • vij • 14 Ce sunt les vile de le terre Jehan de Lovaing. § BANSIGNIS 15 • c • et • x • feus ou la entours. § PLOUMION 16 • vij" • [zz 140] feus ou la entours. § JANTE 17 • iiijxx • ou la entours. § NANCELE 18 • iiijxx • ou la entours. § HARCIGNIS 19 • i- et • V OU la entours. 20 § MONCORNET Foci mille § GRANT RIU 21 • lx- feus ou la entours. § MAINBRECIS LI PETIS 22 • xx • ou la entours. § MAINBRECIS LI GRANS 23 • c • feus ou la entours, partem habet in dictis duabus villis Templum 24. 1 Ici en marge Ville • Ixxvi • foci • viijm vc • et • iij • [8503 feux], 2 Château-Porcien, Ardennes, arr. Rethel, c. 3 Le sire de Montchâlons. 4 Aire, Ardennes, arr. Rethel, c. Asfeld. 5 Wagnon, Ardennes, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. 6 a Malmaison-sous-Sery, cne Sery, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. 7 Beaumont-en-Aviotte, même situation. 8 Les quatre derniers articles du rôle sont d'une écriture plus petite. 9 Villers-devant-le-Thour, Ardennes, arr. Rethel, c. Asfeld. 10 Chéry-les-Rozoy, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 11 Le comte de Salm. 12 Monceau, cne de Chéry-les-Rozoy, anc. château détruit. 13 D'après Martin, Reuil, cne de Vincy-Reuil-et-Magny, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 14 Ici commence la bande cotée 34 c accrochée au rôle 34 A. 15 Bancigny, Aisne, arr. c. Vervins. 16 Plomion, Aisne, arr. c. Vervins. 17 Jeantes, Aisne, arr. Vervins, c. Aubenton. 18 Nampcelle-la-Cour, Aisne, arr. c. Vervins. 19 Harcigny, Aisne, arr. c. vervins. 20 D'une main postérieure. — Montcornet, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 21 Grandrieux, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 22 Maimbressy-le-Petit, sans doute Maimbresson, Ardennes, arr. Rethel, c. ChaumontPorcien. 23 Maimbressy-le-Grand, ou Maimbressy tout court, même situation. — L'art. MAINBRESSIS plus haut donne 80 feux. 24 D'une main postérieure. - 198 — § et ce sunt les viles Jehan de Lovaing qui sunt mie des apiaux. Servientes régis dicunt quod tenentur ad appellationes Lauduni 1. § SAINT CLIMENT 2 Foci • iiijIX • 3. § MORIGNIS 4 Foci • iiij" • 5. § CURI 0 Foci • lx • 7. § DOYS 8 Foci • c • 9. § IVIERS 10 domini abbas de Cuissi et Jehans de Louvaing. Foci • lx- 11. § BRUNEHAUMEIS 12 Foci • iiij" 13. § LES AUTEIS 14 Foci • 1 • 15. Paul COLLINET. FOLK-LORE ARDENNAIS I. Blason populaire de quelques localités des Ardennes. Le Chesne et Villers-le-TilleuI. Le Chesne s'appelait autrefois Le C hesne-le- Pouilleux ; on l'appelle aujourd'hui dans les géographies plutôt que dans l'usage courant Le Chesne-le-Populeux. Cette modification, qui paraît assez récente j'entends qu'elle peut dater du XVIIIe siècle, n'a pas été expliquée ou l'a été imparfaitement. Un auteur 10 déclare qu'on ne sait pourquoi Le Chesne Pouilleux est nommé depuis plus de cent ans Le Chesne Populeux! » Un autre 17 renversant la succession historique des qualificatifs fait venir pouilleux » de populeux » populeus zz peuplier. La raison du changement est pourtant facile à trouver. Les habitants du 1 Les sergents du roi disent qu'elles ces villes sont tenues aux appels de Laon. » D'une main postérieure. 2 Saint-Clément, Aisne, arr. Vervins, c. Aubenton. 3 D'une main postérieure. 4 Morgny-en-Thiérache, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 5 D'une main postérieure. G Cuiry-les-Iviers, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 7 D'une main postérieure. 8 Dohis, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 9 D'une main postérieure. 10 Aisne, arr. Vervins, c. Aubenton. 11 D'une main postérieure. 12 Brunehamel, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 13 D'une main postérieure. 14 Les Autels, Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. 15 D'une main postérieure. 16 Moranvillé, dans Rev. hist. ard., 1898, p. 27C, n. 14. 17 A. Meyrac, Traditions des Ardennes, p. 133. — 199 — Chesne — qu'on nomme encore les Pouilleux 1 — se sont trouvés blessés dans leur amour-propre de vivre en une ville dotée d'une épithète aussi peu noble que le Pouilleux. L'habitude s'est introduite de déformer le qualificatif vil en un autre noble, d'assonance analogue, mais sans aucune signification le Populeux zz le Peuplier 2. C'est là un phénomène fréquent que les folk-loristes ont observé notamment pour les noms de rues p. ex. à Paris, la rue Pute-Musse 3 est devenue la rue du Petit-Musc, etc.. Nous Talions retrouver dans une commune voisine du Chesne, à Villers-le-Tilleul. Villers-le-Tilleul s'appelait jadis Villers-le-Tigneux ou le Teigneux, épithète si peu flalleuse pour ses habitants qu'ils ont fait adopter le Tilleul », d'assonance voisine. La même transformation est signalée pour la commune belge de Montignyle-Tilleul autrefois le Tigneux 4. Il n'y a dans ce passage d'une forme à l'autre rien d'absurde, quoi qu'en pense un auteur 5. Il y a simplement le désir de ne pas se voir ridiculiser par les voisins. D'ailleurs les habitants de Villers sont encore appelés les Tigneux 6 ; mais on les nomme aussi les culs-jaunes à cause du minerai de fer qui abonde dans les environs. Givonne et Illy. Les habitants de Givonne portent le sobriquet de Mordars ; ceux d'Illy de Lolos. Comme cela se voit dans les villages voisins, les garçons de jadis étaient souvent en dispute et disaient les uns des autres Mordars, Mordars d' Givougne, Quand i' n'ont pont d' pain, Mougnent 1 d'la charougne. Lolos, Lolos d'Illy, Quand i' n'ont pont d' pain, Mougnent don femî 8. 1 A. Meyrac, loc. cit. 2 Je ne puis admettre avec Meyrac p. 36, 133, que Le Chesne-Pouilleux » vienne de Quercus pediculosa, qui est la désignation savante donnée par les botanistes à une variété de chênes. 3 Formé du pute fille de joie » et musser se cacher » ; nom fréquent de lieux dits. 4 Prov. Hainaut, arr. Charleroy, cant. Fontaine-l'Evêque. 5 Moranvillé, loc. cit., p. 276, n. 12. 6 Meyrac, p. 132. 7 Mangent. 8 Fumier.— Communiqué par M. Marcel Lamotte, docteur es sciences, membre de la Société d'Etudes ardennaises. — 200 — La Hardoye. On dit des habitants de ce village La Hardoye Autant d' sorciers que d' patt's d'oie 1. Mohon, Le Châtelet, Rimogne. Le blason de Mohon est les saint Lié, à cause du pèlerinage de ce saint. Au Châlelet-sur-Sormonne et à Rimogne, c'est les Ecailloux, du mot écaille ardoise » 2. II. La veille des morts à Anchamps. C'était autrefois, le soir de la Toussaint, une coutume de parcourir les villages en chantant un chant funèbre. De ce chant, il n'a été jusqu'ici ?> donné que les premiers vers. Une communication récente 4 nous permet de reproduire une chanson analogue beaucoup plus complète qui se disait à ANCHAMPS, il y a une cinquantaine d'années, lorsque les enfants de choeur et les jeunes gens du pays venaient frapper à la porte de chacun jusqu'à ce que tous soient debout Réveille, réveille qui dort, Priez Dieu pour les trépassés 5 Requiescant in pace A men. Réveille-toi Peuple chrétien Réveille-toi C'est pour ton bien. Prends tes habits ; Sors de ton lit. Pense à la mort ; Il faut mourir. Auparavant que de mourir Il faut penser à l'avenir. Quand la sonnette te sonnera L'ange du ciel descendera sic. Monte là-haut dedans le bois Et tu trouveras une croix. Sur celle croix y a un écrit Le nom du Sauveur Jésus-Christ. P. COLLINET. 1 Communiqué par M. Luc Picard, professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Lille. 2 Communication de M. Alfred Launois, licencié en droit, à Blombay. 3 A. Meyrac, p. 23-24. 4 Due à l'obligeance de M. Albert Paris, licencié en droit, à Rocroi. 5 Il manque le vers qui rime avec le premier Priez Dieu pour les morts. — 201 — CHRONIQUE I. Inauguration du Monument d'Arthur Rimbaud CHARLEVILLE, 21 JUILLET 1901 Le dimanche 21 juillet dernier fut inauguré à Charleville le monument élevé à la gloire d'Arthur Rimbaud grâce à l'initiative d'un Comité parisien et ardennais. Ce monument s'érige dans un massif du Square de la Gare. Il se compose d'un socle qui supporte une stèle en forme de lyre, oeuvre de M. Petitfils, architecte ; au sommet de la stèle se dresse le buste en bronze du poète, dû au ciseau de M. Paterne Berrichon. Le sculpteur a fixé les traits de Rimbaud vers l'âge de dix-sept ans, c'est-à-dire au moment où le précoce génie de notre compatriote épanouissait ses plus étranges floraisons poétiques. La cérémonie d'inauguration se passa par une belle et chaude après-midi d'été Ce fut une fête très simple, intime et presque familiale, sans pompe officielle, sans délégué gouvernemental. Ce fut surtout une fête littéraire, hautement significative par la qualité des discours qu'on y prononça et par l'importance de l'homme qu'on y magnifia. Pareil spectacle fut rarement donné à la province, et Charleville peut justement s'enorgueillir d'avoir su rendre hommage au précurseur du mouvement poétique contemporain. Il y a là un fait d'une 1 Ce cliché nous a été aimablement communiqué par M. le Directeur de l' Illustration, à qui nous adressons nos plus vifs remerciements. MONUMENT ARTHUR RIMBAUD 1. — 202 — portée générale, dont la signification n'a pas échappé au monde littéraire. A deux heures, la Municipalité de Charleville recevait à la mairie les membres du Comité à qui fut offert un vin d'honneur. A deux heures et demie, devant une foule compacte répandue dans le Square de la Gare, eut lieu la cérémonie d'inauguration. Le voile qui recouvrait le buste tomba, et M. Gustave Kahn, dans un discours éloquent et ému, fit la remise du monument à la ville de Charleville. Le maire, M. Bouchez-Leheutre, le remercia avec beaucoup d'à-propos et raconta l'histoire du monument. Puis on prit place autour du kiosque qui occupe le centre du square et où se tenait la musique du 91° de ligne. M. Alfred Bardey monta sur le kiosque et y prononça, au nom de la Société de Géographie de France et des explorateurs de l'Afrique, un intéressant discours où il montra en Rimbaud le pionnier et l'homme d'action. M. Jean Bourguignon lui succéda et, en un langage élevé, esquissa dans ses grandes lignes la vie du poète carolopolitain. Après les discours, M. Rameau, de l'Odéon, vint réciter de sa voix puissante le fameux Bateau Ivre. M. Ed. Laudner, du Théâtre Libre, dit ensuite avec talent deux poèmes écrits spécialement pour l'inauguration et dus aux poètes Francis Jammes et Ernest Raynaud. On trouvera dans le numéro d'août 1901, de la revue le Sagittaire, la reproduction complète des quatre discours, le texte des deux pièces de vers et le récit détaillé de l'inauguration 1. Pour clore cette fête, la musique du 91° exécuta en première audition l'oeuvre de M. Ratez, directeur du Conservatoire de Lille, inspirée du Bateau Ivre et transcrite pour harmonie par le chef de musique du 91e, M. Maiguier. Cette oeuvre, d'une grande allure et d'une exécution magistrale, souleva les applaudissements de la foule. Enfin le cortège se rendil devant le n° 12 de la rue Thiers où naquit Rimbaud, pour découvrir la plaque commémorative de la naissance du poète. C'est là, devant l'ancienne demeure d'Arthur Rimbaud, que se termina cette fêle, qui honore à la fois Charleville et les lettres françaises. Charles HOUIN. I Ce numéro est en vente aux bureaux du Sagittaire, 13, boulevard Montparnasse, Paris, et à l'Imprimerie commerciale du Petit Ardennais, cours d'Orléans, Charleville. — 203 — II. Un autographe de Méhul. M. Malherbe, bibliothécaire-archiviste de l'Académie royale de musique, a organisé, il y a plusieurs mois déjà, une Exposition internationale d'autographes musicaux », qui se trouve installée à la Bibliothèque et au Musée de l'Opéra. Nous tenons à signaler celte exposition permanente non seulement pour son intérêt et sa variété, mais aussi parce qu'on y voit un autographe de notre compatriote Méhul né à Givet en 1763, mort à Paris en 1817. C'est une page de l'ouverture des Deux Aveugles de Tolède, partition d'orchestre. — Par contre, nous n'avons découvert aucun document qui rappelât le souvenir d'un autre de nos compatriotes, Habeneck. Habeneck fut pourtant un des grands chefs d'orchestre de l'Opéra et le prédécesseur immédiat des Lamoureux et des Colonne. Nous aurons plus tard l'occasion de reparler de ce musicien que les Ardennais semblent totalement ignorer. Charles HOUIN. III. A propos de l'histoire manuscrite de Carignan que M. L. G. a signalée dans la Revue n° de novembre 1900, p. 15, M. N. GOFFART nous communique obligeamment les renseignements complémentaires suivants Vous signalez un Manuscrit précieux d'une histoire d'Yvois. J'ai vu le manuscrit il est superbe et superbement relié. La dédicace est signée Delahaut 1773, et l'ouvrage entier est écrit de la main de ce P. Prémontré Ardennais. C'est donc une copie, par l'auteur du manuscrit sur lequel le P. l'Ecuy, autre Ardennais, a publié 1822 les Annales civiles et religieuses d'YvoisCarignan et de Mouzon. Toutefois je crois bien qu'il n'y a rien au manuscrit qui concerne Mouzon ; et que l'Ecuy n'a pas fait usage, du moins en entier et sous sa forme, du mémoire à part » qui forme le nobiliaire dont la note du libraire fait mention. Le prix demandé est 2,000 francs deux mille. » IV. Découverte d'ossements à Sedan. L'Echo des Ardennes du 25 août a publié la note suivante Il y a quelques jours, des ouvriers travaillant à une canalisation de gaz, au pied de la Rampe des Capucins, ont trouvé des ossements humains. Ces ossements proviennent sans aucun — 204 — doute du cimetière qui fut créé en cet endroit vers 1560. Dans les Extraits de la chronique du Père Norbert, publiés par M. Vesseron, nous lisons en effet ce qui suit Dans le faubourg du Rivage il n'y avait en 1560 que huit maisons, une masure, trois tanneries, deux teintures, cinq jardins et la seule rue des Caquettes, appelée alors la rue des Pescheurs. Il y avait aussi une ruelle appelée ruelle des " Tanneries. Le cimetière des protestants en moulant aux Capucins, et sur le terrain occupé par le jardin, maison et manufacture Antoine Raulin venait d'être drossé. On l'appelait le cimetière neuf. La Meuse venait encore floller contre " l'éminence de la porte verte. » BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE Etudes et Documents relatifs à l'Histoire ardennaise, grand in-8°, T. Ier Les Sièges d'Omont, de 1589 à 1591 ; — L'Affaire du comte de Soissons et la campagne du maréchal de Châtillon, en 1687 ; — Le Loyalisme des Sedanais et leur hospitalité, de 1638 à 1680, par Stéphen LEROY, professeur d'histoire. — Tiré à 100 exemplaires sur papier à la forme 7 fr. 50, chez E. Jourdan, libraire à Sedan. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. EXCURSIONS UN APRES-MIDI SUR LES BORDS DE L'HERMETON L'Hermeton, affluent de gauche de la Meuse, en aval de Givet, naît dans la Fagne. La Fagne est celle dépression marécageuse de l'Entre-Sambre-et-Meuse qui porte le nom caractéristique que prennent aussi les plus hautes terres de l'Ardenne, à la frontière germano-belge, les Hautes-Fagnes. Le ruisseau commence donc vers Philippeville, au pied des ruines de Sautour que nous fûmes visiter autrefois 1. Il se traîne, sans que ses bords présentent grand attrait, sous les villages de Sart-en-Fagne, Surice, Vodelée, Soulme et Gochenée. Mais quand il pénètre dans le famennien, entre ces deux derniers villages, alors il devient le vrai ruisseau sauvage d'Ardenne, le rû indompté qui court à perdre haleine sur les blocs de grès et de calcaire. Pendant les quelques kilomètres de son cours inférieur, il glisse sans cesse au milieu des bois et des prés, ne traversant aucun village ; il ne côtoie même aucune maison et des hommes il ne connaît que les plus primitifs, ceux que n'a point encore déformés la civilisation, les bûcherons, les pâtres et les faneurs. Il est le type des ruisseaux déserts et sur ses rives, on peut rêver. Pour atteindre la partie pittoresque du cours de l'Hermeton, deux chemins s'ouvraient à nous, lorsque nous nous décidâmes à la visiter, en septembre 1900, au retour d'une excursion sur la Lesse et la Meuse dinantaise. La première façon de s'y rendre, c'est de prendre la roule d'Hastière à Hermeton-sur-Meuse, de gagner le ruisseau qui débouche près ce village et qui lui donne son nom. Cet itinéraire est trop simple; il suit un terrain trop uni et sans accidents pour que les vrais touristes ne prennent pas un autre chemin que nous-mêmes avons suivi. Ce chemin, plus long, plus fatigant, sans doute, permet de joindre à la visite du cours inférieur de l'Hermeton, au fond de sa gorge étroite, la 1 Voy. mon récit d'une excursion à Walcourt et Sautour, Rev. d'Ardenne et d'Argonne, t. Ill, pp. 101 et suiv. REV. D'ARD. ET D'ARG. T. VIII, n° 12. — 206 — vue panoramique sur la Meuse et l'Hermeton même dont on jouit avant que de toucher au ruisseau. Le chemin de fer nous débarque à Hastière. Sans entrer dans le village, nous prenons, droit devant nous, un sentier rapide qui mène à Insemont, hameau bâti sur le plateau. De là-haut se découvre un vaste horizon à l'est la vue s'étend sur les plateaux d'entre Meuse et Lesse ; au sud, l'oeil enfile la coupure par laquelle le fleuve, en ligne droite, arrive de Givet. Un beau chemin conduit en trois quarts d'heure à une ferme isolée au centre d'une culture importante. Là, on nous renseigne sur la direction de Soulme, que nous voulons gagner par les sentiers. La forêt commence. L'été extraordinairement chaud de l'année n'a point accéléré le changement de sa parure. C'est à peine si la gamme chromatique de tous les verts, qui s'étend du vert clair et transparent de l'eau au vert sombre des bouteilles, détonne ça et là en notes jaune pâle ou jaune d'or, en teintes rousses ou noirâtres, variant avec les essences qui peuplent le taillis sombre. Sous la voûte en berceau du sous-bois, les venelles herbues se mêlent et s'entrecroisent. Nous perdons le chemin de Soulme. Mais qu'importe! la direction est bonne et cela suffit. Car voici qu'à travers les branches basses des arbres, apparaît un coin de ciel bleu et que le sentier débouche, au milieu des chèneaux rabougris couvrant le sol rocailleux, juste au sommet d'un rocher qui plonge à pic dans le vallon, presqu'en face de Gochenée. La cuve géante, aux parois boisées, au fond de laquelle court le ruisseau, s'arrondit sous nos pieds. L'épaisse frondaison nous cache la vue de l'eau, mais, au sein du silence, monte jusqu'à nous le glou-glou musical de ses cascalelles. Par la pente roide couverte de genêts verts aux gousses mûres et de bruyères séchées, nous dévalons à l'allure rapide jusqu'aux prés qui bordent le ruisseau. A notre approche, une dizaine de lapins effarés quittent la prairie toute semée de leurs crottes noires et remontent au galop de leurs pattes inégales vers l'abri que leur fait l'épais fourré des genêts. Sous les aulnes, nous nous étendons et le temps s'écoule en vagues songeries. La roule de Gochenée coupe la vallée un peu en amont de l'endroit où nous avions touché. Les touristes pourraient se faire conduire en voilure jusqu'au pont de la route. Ce serait là une — 207 — troisième façon d'aborder la gorge de l'Hermeton. De là jusqu'au village d'Hermeton-sur-Meuse, il faut plus de deux heures de marche. Comme tous ses confrères de l'Ardenne qui se sont péniblement frayé une voie au travers des roches dures des terrains primaires, l'Hermeton décrit en effet des courbes nombreuses. Maintes fois, il se heurte à la masse résistante des rochers et il est rejeté par un angle brusque dans une direction contraire à celle qu'il suivait, jusqu'à ce que le rocher de la rive opposée le repousse en sa direction première. Un sentier aisé, par un temps sec tout au moins, se tortille au gré des sinuosités de la vallée. Il court vermiculaireinent sur les prés fraîchement tondus dont la viridité sans cesse rajeunie par l'humidité n'a point souffert de la sécheresse passée. Plus loin, il s'enfonce sous bois et traverse une coupe en exploitation. Là les bûcherons, la pipe à la bouche, se meuvent lentement sous les baliveaux espacés ; ils vont chercher au tas les perches qu'ils arrangent en fagots sur les chevalets boîteux ; leurs souliers ferrés font craquer les brindilles qui s'embarrassent dans les jambes; et leur parler wallon, que nous ne comprenons pas, résonne durement dans le silence du ravin que nous-mêmes rompons par un clair bonsoir. Mais, entraînés par notre confiance dans le sentier, nous nous heurtons au pied d'un rocher. Le sentier se perd dans les blocs éboulés qu'un filet d'eau a revêtus de mousse. Le ruisseau lèche le rocher. Pour franchir le pas difficile, deux perspectives s'ouvrent escalader le rocher ou sauter de pierre en pierre jusqu'à la rive droite. Le terrain n'est pas propice pour l'escalade éboulis, ronces, branchettes mortes qui risquent de vous crever les yeux, tout, jusqu'à l'attrait du pré vert, si uni, qui couvre l'autre rive, nous fait abandonner la première idée pour nous élancer bravement au-dessus de l'onde rapide qui écume sur les rocs. Etourdis que nous étions ! nous n'avions pas aperçu, deux cents mètres en amont, un pont destiné à faciliter le passage de la rivière, un pont qui ne ressemble à aucun de ceux que, dans nos courses déjà longues en Ardenne, nous avons rencontrés. Ces ponts de l'Hermeton sont le produit de l'ingéniosité des indigènes. Un arbre de moyenne grosseur, de souplesse moyenne aussi, relie les deux bords du ruisseau ; il est consolidé à ses extrémités par des pieux plantés en terre. Un autre arbre, à la hauteur des bras, sert de balustrade ; il repose sur deux branches fourchues — 208 — enfoncées dans le sol des deux rives. En son milieu, une troisième fourche, fichée dans l'eau, empêche la balustrade de se dérober. Ces ponceaux, qu'on trouve à chaque coude de la rivière, sont un des charmes de l'Hermeton. C'est mieux que le saut de pierre en pierre, où l'on risque toujours de manquer le pied et de choir dans le torrent. C'est plus émouvant que le pont de " clayettes » et surtout que le pont de pierres. C'est l'idéal rêvé des ponceaux pour ruisseaux ardennais. Dans les plantes aquatiques aux larges feuilles, dans les graminées à la longue chevelure, que dominent hautaines les ombellifères aux tiges droites, le sentier n'est plus qu'une foulée. Les pas des bûcherons et des faneurs ont cassé les hautes liges des ciguës aux feuilles sinueuses ; ils ont lassé les plantes basses, mais le sol fangeux reste toujours couvert de sa végétation active. La vallée s'élargit, à mesure que le ruisseau grossit et se creuse dans le limon noir. Quelques tournants encore; des maisons ; des jardins; des arbres fruitiers. Déjeunes enfants jouent sur l'herbe. C'est le terme de notre promenade dans la solitude. Le soir descend lentement. Les ombres se font plus denses. Du fleuve que nous côtoyons maintenant monte le brouillard de septembre, comme une buée sort de la chaudière. Et sur la roule grise, nous hâtons le pas pour regagner l'auberge d'Hastière où nous attend le frugal souper ardennais. Paul COLLINET. FOLK-LORE DE MONTHOIS Les papiers de Duvivier, conservés aux Archives départementales des Ardennes, contiennent une notice sur Monthois. Cette notice renferme des renseignements abondants sur les moeurs et les coutumes de ce bourg. M. A. Meyrac paraît avoir utilisé ces renseignements sans indiquer sa source ; et, la plupart du temps, il a présenté comme s'étendant aux Ardennes entières des coutumes qui n'étaient peut-être que champenoises Le document ci-dessous n'est donc pas entièrement inédit. Malgré cela, il gagnera à être publié dans son intégralité 1. Le lecteur aura ainsi — comme il l'a eu pour Givet 2 — un aperçu du 1 J'ai cependant négligé les réflexions mises en interlignes par Duvivier sur ce document, et supprimé de ci de là des passages sans importance pour le traditionnisme. 2 Voir l'art, de H. Volney, Revue d'Ardenne et d'Argonne, t. VIII, p. 85. — 209 — folk-lore d'un gros village des Ardennes champenoises au commencement du XIX° siècle. Le progrès immense opéré au dernier siècle, l'unification qui étouffe partout les moeurs locales pour y substituer le type parisien ont fait disparaître bien des choses qui sont presque aujourd'hui de l'histoire ancienne et oubliée. P. C. COUTUMES PARTICULIÈRES A MONTOIT [Fêtes.] Chaque année le jour du MARDI-GRAS, on cherche un homme qui ait été battu par sa femme cela prouve que cela arrive fréquemment, on le fait monter sur un âne le visage tourné vers la queue, le voisin qui l'a laissé battre monte également sur l'âne, mais dans la posture ordinaire d'un cavalier. Ainsi juchés dos à dos, les deux compères sont obligés de parcourir toutes les rues du village, escortés des hommes, dont l'un lit la sentence des âniers à chaque carrefour. Quand les deux compères sont plaisans, la scène qu'ils offrent est assez bouffonne. On croirait peut-être qu'il faut le consentement des deux voisins pour les faire monter sur l'âne ; on se tromperait; leur refus, leur résistance ne ferait rien à la chose. Il faut qu'ils se soumettent à la coutume, bon gré, malgré, et qu'ils fassent contre fortune bon coeur. J'ai été témoin, chaque année, de ces scènes depuis mon séjour ici, et le bon, c'est qu'il était réel que l'homme eût été battu. Il y a tel habitant du village qui semblable aux amateurs de combats de torreaux en Espagne, amateurs qui pourraient vous dire et color, la fuerza, l'idad, el numéro de los buyes y el nombre de todos los matadores pourraient vous rappeler les noms de tous les individus qui ont été forcés de faire le voyage de l'âne. La Ste AGATHE est la fête des femmes ; ce jour-là obligation leur est de conduire leurs maris à l'auberge et de les y régaler, c'est un répit qu'elle leur donne, mais répit qui ne les empêche pas de garder tout le décorum de ménagères et de dames, on ne boit pas plus qu'elles ne veulent. A la Ste CATHERINE, fêle des filles, celles-ci donnent un bal aux garçons et les festoient à l'auberge. Les garçons rendent leur fête le jour de la St NICOLAS, mais souvent ils omettent le bal, ce qui est une des preuves que les filles aiment bien mieux la danse qu'eux, car elles n'omettent jamais une formalité si essentielle. — 210 — Chaque année, le jour de la TOUSSAINT, ou plus tôt le lendemain, jour des âmes, tous les habitans aisés de la commune apportent à l'église du bled, le résultat de cette collecte partagé entre le curé et le maître d'école, c'est un paiement qu'on leur fait pour chanter pendant l'année des messes à l'intention des défunts de la paroisse. Le JOUR DE L'AN, les enfants portent chacun leur part chez leur père, s'il existe, chez l'aîné de la famille, s'il n'existe plus ni père ni mère, et l'on soupe en commun. C'est une coutume patriarchale, très propre à entretenir l'esprit de famille. Inhumation. Il n'y a point de coutumes particulières aux enterremens ni aux mariages; elles sont celles qui subsistent dans tous les villages ; ainsi, pour les enterremens, on invite tous les parens et amis du défunt, c'est un devoir de répondre à l'invitation. Les femmes, proches parents du mort, portent ce qu'on appelle des capes, ce sont des pièces d'étoffe noire qui se mettent sur la tête en forme de voile, les riches en ont de soie, les autres de serge ; on doit les porter chaque dimanche pour aller à l'offrande, jusqu'au service des six semaines. Tous les parens, au service d'enterrement, doivent aller à l'offrande, les hommes les premiers, les femmes les dernières, chacun marche selon son degré de parenté, ce serait une grande faute de prendre le pas sur quelqu'un qui l'emporterait sur vous en degré de parenté. Ce respect de famille est très grand dans les campagnes, ou le manque rarement. Les citadins jugeraient même que cela va au ridicule ; mais l'observateur, le philosophe, voit dans cette sévérité à garder le respect de famille sévérité qui descend aux plus petits détails la tradition patriarchale, qui fait que de nos jours encore, un paysan regarde comme une obligation d'aider, de secourir un de ses parens qui souffre. Le luxe des enterremens consiste dans le nombre de prêtres qui y disent des messes, et dans le luminaire. Le luminaire est l'assemblage des cierges qui doivent être portés à l'enterrement et qu'on distribue entre les parens, les amis du défunt, les personnes de considération qui assistent à l'enterrement. C'est une injure que de refuser un cierge si on vous en présente un. Car cette offre est une preuve du cas qu'on fait de vous, et du cas que l'on suppose que vous faisiez du deffunt. Ces cierges qui vous sont retirés à - 211 - l'arrivée à l'église vous sont rendus pour aller à l'offrande. Après cela ils deviennent la propriété du curé de la paroisse. Dans quelques paroisses, ils doivent pourtant être rendus au service de bout de l'an, et ce n'est qu'après cela qu'ils deviennent l'absolue propriété du curé. Après l'inhumation tous les invités à y assister se rendent à la maison du mort et y sont hébergés. Cette coutume a été imaginée sans doute, parce que beaucoup de parens et d'amis viennent du dehors. Après cela pour consoler les proches du défunt qui doivent être présens à table ; enfin dans un but religieux, car à la fin du repas, au lieu des grâces ordinaires, on récite le De Profundis ; il doit être prononcé par le plus ancien de là table, et lorsqu'un prêtre assiste au repas, c'est lui qui le dit. C'est encore un honneur vous faire que de vous charger de cette obligation. Au bout de six semaines on dit un service ; et au bout de l'an un autre ; les gens riches apportent à ce dernier le même luxe qu'à l'enterrement. La coutume du repas d'enterrement, établie dans des buts très louables, a pourtant ses inconvéniens, par exemple elle oblige des personnes affligées à se mêler de détails dont elles sont incapables dans le moment de la plus grande douleur ; souvent dans ces repas on oublie un des principes de leur institution, celui de ne s'occuper que du défunt, la conversation prend une tournure qui afflige plus qu'elle ne console les proches du mort. Enfin au lieu de la simplicité qu'eurent sans doute, dans le vieil âge, les repas de cette nature, on y apporte un luxe qui ne sympathise guerre avec les circonstances qui le nécessite Mariage. Quand un jeune homme a jeté les yeux sur une fille, il demande l'entrée de la maison ; après cette demande, les parents de la fille vont aux informations dans le village même du prétendant ; si les informations sont favorables, ils vont chez lui et y acceptent un repas, ils le félicitent alors des bonnes découvertes qu'ils ont faites, et lui disent qu'il pourra venir à la maison. Quand le jeune homme a fréquenté quelque temps la demoiselle, on prend jour pour la demande formée, et ce jour est aussi celui des fiançailles, celui où les intérêts des futurs époux doivent être débattus et réglés. Quand les parens de part et d'autre sont réunis, le père ou le tuteur du jeune homme ou celui — 212 — qu'il en a chargé, se lève, salue l'assemblée dont les hommes se décoiffent, et s'adressant au père de la fille, dit Vous savez sans doute quel sujet nous amène. On nous a dit que vous avez une fille à marier ». Le père interpellé répond ordinairement oui » ; alors on lui demande ses conditions, avant qu'il les détaille, la fille est appelée pour savoir d'elle, si elle veut se marier, et si le jeune homme qui se présente, lui plaît. Elle doit répondre qu'on lui fait beaucoup d'honneur, mais qu'elle s'en rapporte en tout à ses parens pour ce qui concerne son sort à cet égard. Cela est reçu comme sou agrément. La discussion des intérêts commence. Si on s'accorde, tout le monde mange en commun, car il y a gala de préparé; dans le cas contraire les parens du jeune homme vont mangera l'auberge. Pendant la discussion des intérêts, les jeunes gens sont en tête à tête dans une place voisine. Si l'assemblée délibérante n'est en mésaccord que sur des intérêts qui concernent personnellement les futurs, on les appelle et leur adhésion ou leur refus fait loi. Ainsi quand la jeune fille ne veut pas du mariage, elle insiste fortement sur la clause en litige. Le jeune homme fait de même dans un sens contraire, si c'est de lui que vient la répugnance à épouser, ce qui est rare, mais ce qui arrive quelquefois. Une clause très propre à jeter la division, quand l'une ou l'autre des parties a quelque vue secrète, est celle dite des bagues et joyaux. C'est une somme qu'on demande au galanl, dont la destination est indiquée par son litre, mais qui doit devenir la propriété absolue de la fille qui peut eu faire ce que bon lui semble. Si elle, ou ses parents ont l'intention de refuser, parce qu'ils se sont repentis depuis l'accord de l'entrée de la maison, celle clause devient pour eux un sauf-conduit. Ils la demandent tellement forte qu'on ne peut y accéder. Le jeune homme, de son côté, peut la refuser, quelque faible qu'elle soit. Et comme la somme qu'elle demande est un don, son refus est une injure faite à la demoiselle, et à ses parens, alors la rupture s'ensuit. Celle clause est un sujet de fraude, surtout en Champagne. Quand le parti est sortable, qu'on craint de le laisser échapper, on emprunte une somme plus ou moins forte, selon que l'on suppose l'exigeance possible ; et on passe à la demande. Cette somme doit ordinairement se déposer aussitôt après la signature du contrat. Mais le mariage conclu, elle est rendue aux dépens de la communauté, tant mieux alors si l'épouse a pris le temps - 213 — d'aimer l'époux, autrement celte restitution devient le sujet d'une pique. Je connais une foule de filles qui ont été ainsi attrappées. Quand les fiançailles sont terminées, les futurs donnent le nom de parents, réciproquement aux membres des deux familles. La veille du mariage, les filles d'honneur vont inviter toutes les jeunes filles à assister à la messe du mariage. Voici la formule Nous vous engageons à venir demain faire honneur à Mlle une telle ». Si on veut inviter tout à fait, ou dit Nous vous invitons pour demain à la messe, à la maison el à tous les honneurs qui s'y feront ». Quand la mariée est riche, on laisse à chaque invitée un ruban, dit faveur. Le jour du mariage, les parens assemblés, on se rend à la mairie. Les parents sont suivant dans la marche le rang d'âge et le degré de parenté ; l'épousée est en tête conduite par le père des noces, c'est le sien ou celui qui en fait fonction. Il n'y a point de malice, le père peut être remplacé par un parent ou un ami qui remplit les fonctions de père de noces. Dans quelqu'endroit, la future est conduite par son garçon d'honneur. Au sortir de la mairie, les garçons du village se présentent armés de fusil et offrent un bouquet, en faisant un compliment au marié. Cela n'a lieu que lorsque le futur n'est pas de l'endroit. Obligation est à lui de donner une aubaine aux garçons. Celle cérémonie ne se fait pas quand la fille n'est pas estimée. Du reste, il n'y a distinction ni de rang ni de fortune. A la sortie de l'église, l'épousée est remise au père du jeune homme, ou au garçon d'honneur de ce dernier, ou à lui-même selon la coutume particulière du village. Dans quelques villages, à Montlaurent par exemple, les époux doivent servir à table, ils tiennent lieu de domestiques. Au dessert, ils vont embrasser tous les parens, et prennent seulement séance. Quand les garçons qui ont fait le compliment présument qu'on en est à l'endroit que nous venons de dire du repas, ils viennent chercher le pâté de culage et tirent des coups de fusil. La politesse veut qu'on les fasse entrer et qu'on leur offre à boire. Après cela on leur remet leur pâté et quelques bouteilles de vin. Ce pâté n'est quelquefois qu'un pâté d'attrappe, on y met des os, des étoupes, etc... — 214 — Le soir, les garçons d'honneur, s'ils comprennent bien toute l'importance de leur charge, doivent faire tous leurs efforts pour empêcher le marié de gagner le lit de son épousée. Force lui est alors de jouer de ruse, tant pis s'il n'est pas le plus fin. Le lendemain il doit traîner le bloc dans les rues du village, et les garçons d'honneur boivent la rôtie la rôtie est du vin sucré avec une croule de pain grillé à son nez. S'il a réussi, il arrive le contraire, on lui porte la rôtie au lit, les garçons d'honneur traînent le bloc. Dans certains villages, après le dîner, les jeunes gens de la noce font le tour du lieu, avec un violon s'il y en a un, et distribuent du vin et du gâteau à tous ceux qui en veulent. Bien entendu que tous les gens de la noce portent le ruban-faveur, qu'on appelle livrée. Baptême. Les parrains du premier-né doivent être le père et la mère du marié. Ceux du second, les parens de la femme. Après cela, cela se règle d'après le degré de parenté. Le plus souvent on doit choisir, successivement, les parrains lisez parents du mari et de l'épouse. Les charges de parrain sont grandes et remplies religieusement la plus part du teins. Ce sont comme des père et mère que la religion donne aux enfans dans le cas où ils perdraient les leurs. Quand le filleul serait un étranger, on en prend soin comme s'il était un parent. On surveille son éducation, ses moeurs, ses intérêts. On a soin de ses habillemens, on lui fait apprendre un étal. On s'intéresse à son mariage et à celte époque de sa vie, on ne manque jamais de lui donner, au moins, sa paire de draps. Un filleul est une personne sacrée. Il est de toutes les fêtes, de toutes les cérémonies de la maison de son parrain. C'est une très grande institution que celle des parrains ; jamais conception ne fut plus charitable ; elle est sublime comme toutes celles de la religion. Ce sont de ces coutumes qu'un gouvernement doit craindre de laisser tomber en décadence. Il doit sans cesse réveiller le zèle des ministres du sanctuaire à ce sujet Comme aux mariages, les jeunes gens du village viennent faire honneur aux parrains avec des fusils, et le parrain doit leur faire un cadeau en argent. Il n'est pas d'honneur qu'il n'en coûte. Depuis quelques années, les autorités ont voulu intervenir — 215 - dans cette coutume. Je connais et j'accorde que pour la police cela doit être, mais on ne devrait pas y mettre d'entraves. La permission demandée devrait toujours être accordée A Montoit, c'est quelque chose que je n'ai point vu ailleurs, on a la coutume de souhaiter la fête aux gens qu'on aime, en tirant des coups de fusil. Les fusiliers restent à la porte, tandis que celui qui est chargé du bouquet et du compliment entre. Cela se pratique le soir, ordinairement, pour mieux ménager la surprise à celui qu'on fêle. Celte coutume louable en elle-même a peut-être des inconvéniens. Le village étant plein de paille, il peut se faire que la bourre d'un fusil y mette le feu. Je ne louerai pas autant la coutume du tir à l'oie. C'est un amusement barbare. Ce jeu n'a jamais lieu qu'à la Toussaint. Quoiqu'il puisse servir à développer l'adresse des jeunes gens, je voudrais le voir aboli. Il a pu être utile dans les tems où les armes étaient la javeline, l'arc, l'arbalète, mais aujourd'hui il est avantageusement remplacé par \e prix ou carte. C'est une planche carrée, sur laquelle sont tracés plusieurs ronds l'un dans l'autre, celui du milieu est un gros point noir ; cette carte est portée sur un piquet et plantée à la portée du fusil. Celui qui lance une balle dans le point, emporte le prix. Cet exercice est très propre à rendre les jeunes gens habiles au tir au fusil. Il n'a lieu qu'aux fêtes patronales des villages. Chasse. J'ai omis de dire que les jeunes gens de Montoit sont très amateurs de chasse. Mais ils ne prennent cet exercice que dans le temps des oies et des canards sauvages. Le pays est très marécageux ; on se rassemble vers la nuit, c'est le moment de l'arrivée des oies, les chasseurs se distribuent autour d'un marais, ils attendent en silence, et au moment où les oies passent, ce qu'on reconnaît à leurs cris et au bruit de leurs ailes, ils tirent. Ils doivent choisir le moment où les oies descendent des airs pour se poser à la surface de l'eau. Ce moment est rapide, si on l'échappe, il ne revient plus. Il est rare que d'autres oies reviennent. Cet oiseau est très défiant. » — 216 - BIOGRAPHIES ARDENNAISES LES DEUX GÉNÉRAUX POUPART M. Stéphen Leroy a publié, dans le Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français n° du 13 juin 1896, des documents sur les protestants de Sedan au XVIIIe siècle. Parmi ces documents, il s'en trouve sur la famille Poupart. Nous publions des notes biographiques sur deux membres de cette famille qui feront, en quelque sorte, suite à la publication de M. S. Leroy. I. POUPART Pierre, général au service de la Hollande, né à Sedan le 23 mai 1730, mort à Bois-le-Duc le 19 février 1817, était fils d'Abraham Poupart-le jeune, marchand, mort à Sedan en 1743 I, et d'Aune Chevalier. Il entra au service militaire des Provinces-Unies en 1746, fut nommé lieutenant dans le 1er bataillon du régiment Wallon Smissaert, en garnison à Vière, en juin 1763; capitaine dans ce bataillon le 5 juin 1766; en 1708, il tint garnison à Namur, fut promu major le 21 mars 1772 à Namur. En 1773, il tint garnison à Vière; en 1774-73 à Bréda, et en 1777-79 à Namur. Le 7 mars 1779, le commandant Poupart fut nommé lieutenant-colonel dans le même régiment qui avait reçu en 1777 l'appellation de Grenier Wallon ». En 1780-81, il était à l'Ecluse, en 1782-83 à Bréda, en 1784-85 de nouveau à l'Ecluse. En 1787, il tenait garnison à Schomhoven quand la Révolution hollandaise le força à se réfugier en France. Le 6 janvier 1788, il fut breveté lieutenantcolonel au service de la France. Le 3 janvier 1793, les Etats de Hollande lui accordèrent une pension de 1,500 livres avec le rang de général-major extraordinaire. Il avait été nommé chevalier du Mérite militaire le 8 mars 1789 2. Le général Pierre Poupart avait épousé à Namur, le 27 mai 1768, Jeanne-Marguerite-Sibille Wertmiller, décédée à Bréda en 1780. 1 Les états de services de Pierre Poupart, extraits des archives du ministère de la guerre français, indiquent Abraham Poupart hollandais. C'est une erreur. 2 La plupart des renseignements qui nous ont servi à la rédaction de, cotte note nous ont été fournis par M. le Président de l'Académie militaire de Bréda, par l'intermédiaire de M. le pasteur E. Froment ; nous les en remercions bien sincèrement. — 217 — De ce mariage il eut a Jean-Abraham, né à Namur le 7 septembre 1769, lieutenant au service de la Hollande, mort à Rouen ; b Marie-Conradine ; c Pierre-Charles, qui viendra ci-après ; d Charlotte-Marie-Elisabeth, mariée à Sedan, le 10 avril 1809, à Gabriel-Alexandre d'Estagniol. Pierre Poupart avait acheté, le 7 mars 1789, à Pierre d'Estagniol qui devint député de Sedan, une maison sise à Sedan, rue des Francs-Bourgeois, n° 9. Cette maison avait appartenu au célèbre pasteur protestant Pierre Du Moulin. II POUPART Pierre-Charles, baron, général d'état-major au service de la France, né à Bréda Hollande, le 28 février 1775, est mort à Paris le 22 mai 1847. Il était fils du précédent. Entré au service de la Hollande, dans le régiment de son père Wallon de Grenier, le 20 mars 1785, en qualité de cadet, Pierre-Charles Poupart devint enseigne en 1790, premier sous-lieutenant le 8 juillet 1795 et capitaine le 20 septembre 1803 ; il comptait alors quatre campagnes en Flandre, au Texel et en Hollande. Passé aux gardes-grenadiers le 18 juillet 1805, il devint aide de camp du colonel Tarayre le 15 décembre 1806 et lieutenant-colonel à l'état-major le 8 avril 1808. Passé au service de la France en qualité de chef de bataillon et employé à l'armée du midi, en Espagne, le 23 décembre 1810, il fut nommé adjudant-commandant le 2 mars 1811 et membre de la Légion d'honneur le lendemain. Le 1er janvier 1813, Poupart devint chef d'état-major de la 6° division d'infanterie à l'armée d'Espagne et fut blessé à la bataille de Vittoria le 2 juin 1813. Après la chute de l'Empire, il fut employé successivement comme chef d'état-major de la 4e, puis de la 2e division militaire 20 juin, 8 août 1814. Chevalier de Saint-Louis du 9 juillet 1814, il fut promu officier de la Légion d'honneur le 15 octobre 1814. Le 30 du même mois, il épousa à Mézières Anne-Tresse Baudelot, dont il eut un fils. Naturalisé français le 7 mars 1815, Charles Poupart fut admis au traitement d'expectative le 1er décembre 1817, et nommé colonel d'état-major le 27 mai 1818, chef d'état-major de la 3° division militaire le 15 juin suivant, chef de bureau des états-majors au ministère de la guerre le 1er janvier 1820. Titré — 218 — baron le 23 mai 1821, nommé maréchal de camp dans le corps d'état-major le 11 novembre 1821, il fut fait commandeur de la Légion d'honneur le 13 août 1823, membre de la commission de casernement de Paris le 12 septembre 1824, commandant la 2e subdivision de la 20e division militaire le 17 août 1823. Disponible en 1829, commandant le département du Loi en 1831, du Lot et de la Corrèze en 1834, du Lot en 1835, il fut mis en non activité en 1837 et dans le cadre de réserve en 1839. SOURCES Etats de services. — Histoire des troupes étrangères au service de France, par Eug. Fieffé, 2e volume, page 325. Ernest HENRY. VARIÉTÉS I. Les portraits du prince et de la princesse de Turenne, par Sixc. Sixc et son oeuvre 1, tel est le titre d'un superbe ouvrage d'histoire locale dû à la plume de notre confrère, M. S. Cauët, avocat distingué, dont nous avons déjà parlé à nos lecteurs, à l'occasion de son étude sur Jacques de La Tour, dernier duc de Bouillon. Le peintre Sixc, bien que d'origine ébroïcienne, nous intéresse quelque peu, car il a laissé notamment deux oeuvres d'inégale valeur, importantes au point de vue historique les portraits du prince et de la princesse de Turenne. Louis-Antoine Sixc, qui naquit à Evreux le 3 janvier 1704, n'est certes pas un artiste, au sens strict du mot. Cependant quelques-unes de ses toiles méritent qu'on en parle — à cause des personnages qu'elles représentent. L'un des portraits dont nous nous occupons est celui de Godefroy-Charles-Henry de La Tour, cinquième comte d'Evreux. Ou aperçoit le prince en habit de chasse, au pied d'un arbre, entouré de ses chiens et.... de nombreuses perdrix. M. Cauët soupçonne Sixc d'avoir copié un tableau de Desportes, connu au Louvre sous la rubrique Portrait d'un chasseur. Quoi qu'il en soit, on devine le fond du tableau charmant, les lointains exacts et très réussis. 1 Sixc et son oeuvre, Evreux, imp. Ch. Hérissey, 130 p. in-8°, 1901. — 219 — Le visage, complètement rasé et un peu fruste, est bien celui qui convient à un seigneur de l'époque de Louis XV. On ne remarque dans les traits ni caractère, ni force morale. Le second portrait représente la princesse de Turenne, Gabrielle de Lorraine, assise dans un char en forme de coquille et traînée sur les ondes par deux colombes. La jeune femme, dont on reconnaît la beauté, lient près d'elle un jeune enfant, nu comme un Amour, qui presse contre sa poitrine une des colombes de l'attelage. Cet enfant si mignon est le fils de la princesse, celui, précisément, qui s'appela Jacques de La Tour et que nous avons, pour ainsi dire, démasqué », dans un opuscule paru, en 1899, chez l'éditeur sedanais Emile Laroche. Nul ne pourrait croire que ce joli petit être, à la bouche si rieuse et aux yeux si doux, fut l'infortuné bossu », le fils aîné du prince de Turenne 1. Ce tableau nous a semblé plus intéressant que le premier, parce qu'il nous a procuré l'occasion d'une remarque. Nous avons constaté que Jacques de La Tour n'était pas, comme l'a prétendu M. Izarn, le triste débris d'une race qui depuis longtemps allait s'épuisant ». II suffit de regarder quelques instants le portrait du petit prince pour se rendre compte de sa robuste constitution. La place nous manque pour noter en détail les remarquables qualités de l'oeuvre de M. Cauët. Qu'il nous suffise de dire que cet ouvrage, d'une documentation parfaite, constitue une étude excellente sur le peintre Sixc. L'auteur a su élucider avec précision tous les points obscurs de la personnalité et de la vie du peintre ébroïcien et, à l'aide de documents de première valeur ou de déductions rigoureusement exactes, retracer d'une façon définitive la curieuse figure de ce personnage. L'ouvrage de M. Cauët, superbement édité par Charles Hérissey, est enjolivé par cinq photocollographies de J. Royer, d'une netteté impeccable. Voilà un ouvrage de valeur historique et de haut luxe qui fera la joie de nombreux historiens et artistes — ébroïciens et ardennais ! Henry VOLNEY. 1 Et non le cadet, comme nous l'avions affirmé dans notre étude sur le dernier duc de Bouillon. — 220 — II. Un couplet rustique à Avaux-le-Château. Sur le registre paroissial d'Avaux-le-Château Ardennes, aux archives de celte commune, années 1674-1684, on lit, au verso du dernier feuillet, cette poésie simplette, d'une écriture de l'époque, en huit lignes Ma Janneton dans le vallon quil faict 1 tu sur lerbet Jay pour toi de laffection tayant truewée seullet Icy 2 tu veux quitez ton troupos ma Jeanti 3 pastorel vien aveque moy dans mon chateux 4 tu seras demoiselle a Jean C'est une déclaration d'amour fort naïve, dans laquelle on trouve quelques réminiscences des chansons citées par la Revue d'Ardenne et d'Argonne août 1901, p. 172-175, telles que Gentill' Pastourelle, Viens, viens dans mon royaume, etc. Le reste paraît original et fait sur place. Ce petit morceau rimé, qui se termine par une demande en mariage, et figure, par je ne sais quel hasard, au formulaire des actes les plus réguliers, méritait d'être signalé aux amateurs de poésie champêtre et pourrait être rapproché des pièces analogues en beau langage du XVIIe siècle. H. JADART. Villers-devant-le-Thour, le 12 septembre 1901. COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES CHESTRET DE HANEFFE le baron J. de, membre de l'Académie royale de Belgique, Histoire de la Maison de La Marck, y compris les Clèves de la seconde race ; Liège, 1898, gr. in-4°, XXIV-375 pages. Ouvrage tiré à 250 exemplaires, réservés aux membres de la Société des Bibliophiles liégeois. Depuis quelques années, la littérature historique de la Belgique s'est accrue de plusieurs ouvrages de haute valeur, qui intéressent également l'histoire du pays des La Marck et des La Tour. M. Henri LONCHAY, le savant professeur de l'Athénée royal de Bruxelles, a continué la série de ses Etudes d'histoire diplomatique et militaire et son Mémoire sur La rivalité de la France et de l'Espagne aux Pays-Bas 1635-1700, 1 Qu'y fais. 2 Si. 3 Gentille. 4 Château. — 221 — 367 pages, qui a paru d'abord dans le tome LIV 1896 des Mémoires publiés par l'Académie royale de Belgique, résume aussi impartialement que possible, dans une langue claire et sobre, surtout d'après les Archives de Simancas et de Bruxelles, les différentes péripéties de l'ardente et longue lutte, dont la Belgique fut l'enjeu au cours du dix-septième siècle. Le régne tourmenté du prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière occupe, dans les annales du pays de Liège, presque toute la seconde moitié de celte même période, de 1650 à 1688. Le chanoine Joseph DARIS lui avait consacré, en 1877, les deux cent onze premières pages du tome II de son Histoire du diocèse et de la principauté de Liège pendant le XVIIe siècle. Mais ces pages, comme toutes celles que l'on doit au travail acharné de M. Daris, sont moins une oeuvre d'histoire, dans le sens propre du mot, qu'un recueil très complet et assez monotone de documents bien classés, très complet surtout pour l'histoire interne de la principauté. Déjà M. LONCHAY avait repris la question, en 1890, dans son étude sur La principauté de Liège, la France et les Pays-Bas au XVIIe et au XVIIIe siècles et le chapitre IV de son Mémoire, de la page 84 à la page 126, formait un excellent résumé, fait peut-être d'un peu haut, des rapports de Maximilien-Henri de Bavière avec le gouvernement de Louis XIV. Un jeune historien belge, M. Michel HUISMAN, qui s'inspire ouvertement de la méthode de M. Lonchay, vient de procéder à une enquête approfondie sur les sources de cette histoire, principalement sur les sources que renferment le fonds dit Secrétairerie d'Etat espagnole aux archives du royaume à Bruxelles, et les registres des Fonds de Liège et de Cologne, déposés aux archives du Ministère des Affaires étrangères à Paris et, grâce à ce travail d'exploration habilement exécuté, son Essai sur le règne du prince-évêque de Liège Maximilien-Henri de Bavière, Bruxelles, 1899, 196 pages, dépasse assurément les promesses du titre. En dehors de l'étude des faits qui intéressent plus particulièrement l'histoire intérieure de la principauté liégeoise, l'auteur a su mettre en relief les personnalités curieuses et marquantes des princes de Furstenberg, François-Egon et Guillaume-Egon, et la domination constante que ces deux ministres ont exercée dans les différents Etats du faible Maximilien-Henri, pour le plus grand profit du gouvernement de Louis XIV qui les stipendiait. Nous avons donné dans notre Mémoire sur le Loyalisme des Sedanais, pp. 148 et 151-157, divers renseignements d'ordre financier, qui attestent la répercussion exercée parcelle politique sur la région qui forme aujourd'hui le département des Ardennes. Dans cette enquête historique sur les rapports de la France et les Pays-Bas au XVIIe siècle, la part prise par l'érudition française a été considérable, grâce à M. Albert WADDINGTON, professeur à la faculté des lettres de Lyon. Nous lui devons deux volumes très documentés et très informés sur La république des Provinces-Unies, la France et les Pays-Bas espagnols de 1630 à 1650, gr. in-8°, parus le premier en 1895 XII-446 pages et le second en 1897 x-435 pages. Ainsi que le font supposer les dates extrêmes, c'est la politique de conquête poursuivie de concert contre les Espagnols par la France et les Provinces-Unies, qui est surtout mise en relief dans l'étude entreprise par M. Waddington. En France les premiers rôles sont joués successivement par les deux cardinaux ministres, Richelieu et Mazarin ; dans les Provinces-Unies, c'est le prince d'Orange, Frédéric-Henri de Nassau, dont l'autorité et le prestige s'accroissent singulièrement pendant un stathoudérat de — 222 — vingt-deux ans, de 1625 à 1647, au point que son fils Guillaume II tentera de renverser les institutions républicaines et de s'affranchir de la surveillance des Etats. Or il suffit de rappeler que Frédéric-Henri était l'oncle maternel du dernier prince de Sedan, Frédéric-Maurice de La Tour et que ce dernier fut général de cavalerie et gouverneur de Maestrichl pour le compte des Provinces-Unies, pour indiquer d'un mol l'intérêt considérable que l'ouvrage de M. Waddington peut offrir aux lecteurs de la Revue d'Ardenne et d'Argonne. Mais il est temps d'arriver aux travaux du baron J. DE CHESTRET DE HANEFFE. La première publication de valeur de cet érudit belge — nous nous plaçons toujours au point de vue sedanais — fut une Numismatique de la principauté de Liège et de ses dépendances Bouillon, Looz depuis leurs annexions, in-4°, 1888-1890, dont nous avons donné un compte-rendu succinct dans les éphémères Bulletins du Musée de Sedan, t. II, p. 6. Après ce brillant début, qui lui valut de justes éloges de la part des Revues les plus autorisées, M. de Chestret fut nommé membre correspondant de l'Académie royale de Belgique et, le 6 mai 1891, dans la séance publique que donna cette compagnie, il prononça un discours très documenté sur Les conjurations des La Marck, formées à Liège contre Charles-Quint, 34 pages extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 3e série, t. XXI, n° 5, pp. 684-715. Ce discours, écrit dans une langue claire et sobre, jette une lumière complète sur les complots tramés secrètement à Liège par le petit-fils du fameux Sanglier des Ardennes, assisté de son frère aîné, Jean, sire de Lummen, de son frère naturel, Guillaume, bâtard de La Marck, et de son cousin Philippe, le plus jeune des fils de Robert II, seigneur de Sedan. Ce dernier put finalement retirer son épingle du jeu et mourut dans les derniers jours du mois de juillet 1545, au château de Givonne. L'Histoire de la Maison de La Mardi, y compris les Clèves de la seconde race, parue en 1898, est une oeuvre d'une importance autrement considérable et qui mérite vraiment de retenir l'attention de tous ceux qui s'intéressent à l'histoire locale dans les Ardennes. Dans cet ouvrage, édité par la Société des Bibliophiles liégeois et qui fait honneur aux presses de M. Cormaux, M. de Chestret a condensé le fruit de plusieurs années d'un travail assidu dans les bibliothèques et les archives de la Belgique et des pays limitrophes ; car il a compris dans ses recherches non seulement les branches secondaires, mais encore les branches bâtardes, dont le grand nombre atteste étrangement la prodigieuse vitalité de cette famille prolifique. Les membres de la branche aînée, celle des comtes régnants de La Marck, qui devinrent successivement comtes, puis ducs de Clèves, ont joué un rôle très actif, plutôt même turbulent, dans la vallée inférieure du Rhin, où le dernier duc, Jean-Guillaume, mort le 25 mars 1609, laissa un héritage considérable, dont le partage provoqua des luttes acharnées entre les maisons de Brandebourg et de Neubourg. Toutefois les lecteurs de la Revue s'intéresseront davantage aux biographies de la branche des comtes, puis ducs de Nevers, qui possédèrent également, comme on sait, le duché de Rethel et ses dépendances. Elles sont rédigées avec infiniment de soins et l'auteur parait avoir connu les plus essentielles des sources françaises. Il y a là une vingtaine de pages, de la page 75 à la page 94, dont la documentation n'était pas chose facile à établir pour un étranger et il ne faut pas trop s'étonner si M. de Chestret a négligé de consulter ou du moins de mentionner les — 223 — ouvrages locaux sur Rethel, la Revue historique de Sénemaud, ainsi que les Etudes historiques sur Raucourt et Haraucourt de M. Sécheret, qui auraient pu lui fournir quelques renseignements complémentaires. Les biographies des seigneurs et princes de Sedan ont plus particulièrement attiré notre attention. M. de Chestret a inauguré cette série par la biographie de Robert Ier, parce qu'il rattache avec assez de raison les notices d'Everard et de Jean de La Marck à la branche des seigneurs d'Arenberg. Comme ces premiers La Marck de la branche de Sedan, telle qu'on la comprend habituellement en France, ont exercé surtout dans la région de Liège leur turbulente activité, l'auteur était on ne peut mieux qualifié pour nous donner sur eux des notices très complètes et que tous les historiens sedanais devront désormais consulter. — Relevons ici, en passant, une légère inexactitude, que nous avions commise nous-même dans notre Notice sur la Maison de Bouillon-La Tour, p. 18 la erre d' Aisseu » en Vimeux, qui appartint à Jacques de La Marck, a perdu celte appellation dans le courant du XVe siècle et s'appelle aujourd'hui Seux Somme, arrond. Amiens, canton Molliens ; elle est mentionnée sous la forme Adsultus dans un diplôme de l'époque mérovingienne. Cf. Aug. LONGNON, Examen géographique du tome Ier des Diplomata lmperii, 1873, p. 10. Lorsque les La Marck de Sedan participent d'une façon plus étroite à l'histoire de la France, avec Robert II et son fils Fleuranges l'Adventureux, les documents belges deviennent insuffisants et leur biographe doit surtout consulter des sources françaises. Ici encore, comme pour les Clèves de la seconde race, M. de Chestret a su diriger ses recherches avec la plus diligente perspicacité. Pour la partie biographique proprement dite, les dates de naissance, etc., il a surtout mis à profit les travaux manuscrits de Mathieu Herbelin 1, chanoine de Saint-lved de Braine et qui sont conservés à la Bibliothèque nationale, Fonds français, n° 5392. Il convient toutefois de faire observer que ce manuscrit d'Herbelin avait été déjà utilisé par l'abbé BOULLIOT, dans son excellente et rarissime Biographie ardennaise, 1830, t. II, p. 43,181 et suiv., que M. de Chestret aurait bien dû consulter, de préférence au tome Ier de l'Hisloire de Sedan, par l'abbé PRÉGNON, dont la valeur historique est pour ainsi dire insignifiante. Je ne parle pas ici des tomes II el III, qui valent beaucoup mieux. La notice consacrée au fameux prince-évêque de Liège, le cardinal Erard de La Marck, est particulièrement soignée, bien qu'elle ne fasse pas oublier celle que M. Lonchay a rédigée pour la Biographie nationale de Belgique, t. XIII, col. 497 et suiv., et qui se recommande par d'autres qualités. L'importante Chronique de Jean de Brusthem, éditée assez médiocrement par le chanoine Reusens pour le Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, était ici la source principale. M. de Chestret aurait pu mentionner également l'Hisloria Erhardi cardinalis a Marcha, auctore Ludovico Donio d'Allichy ; cette biographie, due à l'évêque d'Autun, Louis Doni d'Attichy, est imprimée au tome II de ses Fleurs de l'Histoire des Cardinaux ; Paris, 1660, in-fol., p. 78 et suiv. 2. 1 Ce manuscrit de M. Herbelin est d'une telle importance pour l'histoire des seigneurs de Sedai, qu'un amateur d'histoire locale nous rendrait un réel service s'il le faisait copier, puis publier. Puisse notre souhait être exaucé ! 2 Mentionnons également en note la Vie de Robert de La Marche, sieur de Fleuranges », publiée dans les Vies des plus grands capitaines françois par François de Beccarie de Pavie, baron de Fourquevaux ; Paris, chez Jean de Bray, 1643, in-4°. — 224 — Les biographies des derniers La Marck de la branche de Sedan paraissent attester une documentation moins soutenue. C'est ainsi, par exemple, que sur la dernière partie de la vie de Robert IV, on pouvait assez facilement mentionner d'autres sources imprimées que celles qui sont indiquées par M. de Chestret de Haneffe. Nous voulons parler du siège de Hesdin. Le docteur B. DANVIN a publié à Saint-Pol en 1866 un volume intitulé Vicissitudes, heur et malheur du Vieil-Hesdin, dont le chapitre XIII, pp. 248-261, est consacré à la description du dernier siège et à la destruction de cette malheureuse ville. Le grand chirurgien Ambroise PARÉ nous a laissé des opérations de ce siège une relation fort intéressante ; on sait en effet qu'il se trouvait dans la place avec les troupes françaises et que, fait prisonnier, il refusa les offres brillantes du duc de Savoie et acheta en quelque sorte sa liberté par la guérison d'un colonel ennemi. Mais il y a mieux on imprima, en 1555, à Anvers, un petit volume intitulé De Morini quod Theruenam vocanl atque Hesdini expugnatione deque proelio apud Rentiacum brevis et vera narralio, Jacobo Basilico Marquesio, despota Sami, authore. Cette rareté bibliographique fut réimprimée par Téchener, en 1874, sur papier de Hollande, avec le titre suivant MARCHET seigneur de Samos, Brief et vray Récit de la prinse de Térouane et Hédin, avec la bataille faite à Renty 1553-1554. Or le second éditeur s'était assez plaisamment trompé il avait pris, non pas le Pirée pour un homme, mais un titre pour un nom. Le Marchet » de Téchener s'appelait en réalité Jacques-[Héraclide] Basilicos ; c'était un aventurier d'origine grecque, qui s'institulait seigneur de Samos et marquis i de Paros et qui fut surnommé le Despote. Après avoir pris part aux sièges de Thérouanne et de Hesdin, puis au combat de Renty dans les armées de Charles-Quint, il embrassa le protestantisme et alla chercher fortune en Moldavie, où il s'empara du trône en 1562; il fut tué après un règne de deux ans. Cf. Deux vies de Jacques Basilicos, prince de Moldavie, publié par E. LEGRAND ; Paris, 1885. De même, M. de Chestret signale d'un mot les bruits d'empoisonnement nui coururent à l'occasion de la mort de Robert IV et paraît adopter l' opinion de Brantôme t. III, p. 192. C'est là une question fort controversée et peut-être aurait-il bien fait de rappeler que les Espagnols furent alors accusés publiquement de cet assassinat par un personnage considérable, Charles de Marillac, archevêque de Vienne et ambassadeur du roi de France. Cet acte d'accusation se lit dans le Discours sur la roupture de la trefve, en l'an MDLVI, que Cimber et Danjou ont réimprimé dans leur collection des Archives curieuses de l'Histoire de France, 1re série, t. III, p. 169 et suiv. Mais il est temps de nous arrêter, notre compte-rendu dépassant et de beaucoup les dimensions habituelles. Nous ne voulons pas d'ailleurs chercher à affaiblir le travail de M. de Chestret. Encore une fois, nous le tenons pour un répertoire de faits très commode et très sérieusement établi, grâce à un esprit critique très informé. Nous regrettons seulement qu'une oeuvre de cette importance ne soit pas facilement accessible au grand public ; nous n'avons pu nous-même rédiger ce compte-rendu que grâce à l'obligeance d'un collègue, qui a bien voulu nous prêter son exemplaire. Stéphen LEROY. 1 Marquesius devait être traduit par Marquis » et non par Marchet ». — 225 — Commission météorologique du département des Ardennes. — Compte-rendu des observations faites en 1899. Quatorzième année.— Mézières, imprimerie Charpentier-Richard, 1900; brochure gr. in-4° de 27 pp. avec un diagramme hors texte. Voici une publication annuelle qui, jusqu'à maintenant, en dehors des spécialistes, était entièrement ignorée du public ardennais. Elle fournit pourtant d'utiles informations à l'ingénieur, à l'agronome, au botaniste; elle nous a semblé particulièrement précieuse pour le géographe et nous croyons à propos d'en dire quelques mots. Elle résume les travaux accomplis par la Commission départementale pendant l'année météorologique 1898-1899, avec l'aide des 32 stations d'observations établies dans les bassins de la Meuse, de l'Aisne et de l'Oise. Le rapport, présenté par le président, M. Rigaux, ingénieur en chef des ponts et chaussées, est l'oeuvre des deux secrétaires, MM. Bestel, professeur à l'école normale de Charleville, et Claise, ingénieur des ponts et chaussées. On y trouve l'organisation du service météorologique ; un résumé par saison des observations faites à l'Ecole normale de Charleville ; un résumé des observations pluviométriques faites à toutes les stations ; un résumé général pour le département concernant la pression atmosphérique, les vents, la pluie, la neige, le brouillard et les orages ; enfin un résumé des observations sur les phénomènes de la végétation et sur les animaux. Ce dernier point a son importance, car il y a une corrélation directe entre la climatologie et les phases diverses de la vie animale et végétale. Un souhait pour finir que le savant et infatigable M. Bestel nous livre bientôt l'atlas et l'ouvrage de climatologie ardennaise dont il rassemble les éléments depuis de longues années. Il rendra ainsi le plus signalé service à la géographie de notre région. Charles HODIN. Notice historique sur le canton de Monthermé, par Dom Albert Noël, M. B. de l'abbaye de St-Maur. — Reims, Henri Matot, imprimeur-libraire-éditeur, 1901, in-8° de 216 pages. Je suis bien en relard pour parler du dernier volume du R. P. Dom Noël, sur le canton de Monthermé, dont les articles séparés parus dans l'Almanach-Annuaire de la Marne, de l'Aisne, des Ardennes et dans le journal le Courrier, de ce dernier département, ont été réunis en un ouvrage publié par Matot-Braine. C'est un beau et bon volume, dont l'impression fait à l'éditeur autant d'honneur que le texte à l'auteur. Nous ne dirons pas l'intérêt qu'offrent ce travail et ces recherches sur l'histoire de chacune des communes qui composent ce canton. Sa lecture est d'autant plus attachante qu'elle nous fait revivre, pour ainsi dire, le passé d'une portion de notre département qui n'appartint pas toujours à la. France ou qui en fut une des marches. Entr'autres articles remarquables, signalons surtout les notices consacrées à Monthermé, à l'abbaye de La-Val-Dieu, à Braux et sa collégiale, à Châleau-Regnault et sa principauté. Elles sont pleines d'intérêt et témoignent toutes de la profonde érudition de l'auteur, de ses patientes recherches et si elles peuvent prêter parfois à quelques critiques, hâtons-nous d'assurer que ce ne sont, à coup sur, que des — 226 — critiques de détail n'ayant qu'une importance secondaire. En résumé nous devons remercier le savant Bénédictin, notre vénérable compatriote, de l'oeuvre qu'il a consacrée à cette portion de son pays et souhaiter vivement qu'il poursuive son travail sur les autres cantons de son département d'origine. Dr J. JAILLIOT. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE Revue de Paris.— La Chevauchée au Gouffre; Sedan, par Paul et Victor Margucritle nos des 1er et 15 août, ler et 15 septembre 1901. Cet article est reproduit dans Une époque. — Les Braves Gens par les mêmes, Paris, Plon et Nourrit, 1901, in-16, 3 fr. 50. CORRECTIONS P. 27. — La dernière ligne du texte doit être reportée au bas de la p. 28, dont elle forme en réalité la dernière ligne. P. 61, 1. 4 Au lieu de Bras-Reliquarie, lis. Bras-Reliquaire. P. 169.— Dans mon article sur Micqueau Revue, t. VIII, p. 165 et suiv., j'ai fait naître sa fille JUDITH de sa troisième femme ; j'ai commis là une erreur que M. le Dr Jailliot me signale. JUDITH est née de la deuxième femme de notre compatriote; son nom doit être ajouté à ceux de Suzanne, Marie et Jacques, enfants de Catherine de Rebais. C'est donc entre 1591 et 1595 que Micqueau se remaria en troisièmes noces. P. 198.—La modification de Le Chesne-le-Pouilleux en Le Populeux peut dater du XVIIIe siècle, disais-je en cet endroit. Je me trompais. Le Dr Martin a communiqué à M. Meyrac [Traditions... des Ardennes, pp. 38 et suiv. des documents conservés aux archives communales du Chesne et relatifs à la Ste Ampoule. Le plus ancien, en date de 1623, est une confirmation par Louis XIII des privilèges du bourg qu'il appelle déjà Le Chesnele-Populeux. P. C. TABLE DES MATIERES I. ARTICLES DE FOND. PAGES Bois communaux de la ville » de Hargnies L'origine des P. COLLINET ... 137 Cahier des doléances d'Yoncq A. SÉCHERET 158 Chansons ardennaises Variantes de quelques P. COLLINET. 172 Etudes campanaires RIOMET 17 Excursions Un après-midi sur les bords de l'Hermeton Paul COLLINET 205 Famille de Salnove Essai sur la P. PELLOT 65 Folk-lore ardennais P. COLLINET 198 Folk-lore de Givet en 1829 Le H. VOLNEY 85 Folk-lore de Monthois 208 Hautes-Rivières Quelques notes sur les A. LACAILLE 5 Impressions d'hiver en Ardenne G. DELEAU 114 Inscriptions romaines du département des Ardennes Les P. COLLINET 1 Glaudinettes Le temps des J. BOURGUIGNON 170 Micqueau Jean-Louis de Viel-S'-Remy P. COLLINET. 165 Population des Ardennes avant le XIXe siècle Recherches statistiques sur la P. COLLINET à suivre, 109 et 191 Registre des sépultures de Sery Le Al. BAUDON 125 Rimbaud Arthur suite et fin J. BOURGUIGNON et Ch. HOUIN 33 et 141 Rimbaud Iconographie d'Arthur Ch. HOUIN 185 Sedanais Le loyalisme des et leur hospitalité, de 1638 à 1680 suite et fin S. LEROY.. 10, 22, 49, 94, 133, 153 et 176 II POÉSIE. La Meuse Dr SÉJOURNET 79 III. VARIÉTÉS. Biographie ardennaise Le général d'Artaize E. HENRY. . 104 Biographies ardennaises Les deux généraux Poupart E. HENRY 216 Couplet rustique à Avaux-le-Château H. JADART ... 220 Eglise de Mézières Relevé des dates de construction dans l' A. SÉCHERET 31 Etudiant fumacien à la Faculté de Droit de Douai, en 1755 Inscriptions d'un P. COLLINET. 31 — 228 — PAGES Mariage du général Joubert à Grandpré Acte de H. JAILLIOT 105 Portraits Les du prince et de la princesse de Turenne, par Sixc H VOLNEY 218 IV. CHRONIQUES. Ardennais lauréats de l'Académie de Reims 182 Autographe Un de Méhul Ch. HOUIN 203 Découverte d'ossements à Sedan 203 Diplôme de Guillaume, comte de Luxembourg, mentionnant le nom de Godefroid d'Orchimont, comte Sur l'authenticité du P. COLLINET 82 Impression sedanaise de Mathieu Hilaire Une 14 Inauguration du monument d'Arthur Rimbaud Ch. HOUIN 201 Lapierre le Dr, lauréat de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres P. COLLINET 163 Manuscrit d'une histoire d'Ivois-Carignan L. G. et N. GOFFART 15 et 203 Médaille de bornage de l'arpenteur Jacotin Une nouvelle Ch. HOUIN 61 Objets d'art religieux Les appartenant aux églises des Ardennes à l'Exposition rétrospective de l'art français 1900 P. COLLINET 60 Polytechnicien ardennais Un uniforme de à l'Exposition universelle de 1900 Ch. HOUIN 58 Résultats des fouilles faites dans les cimetières gaulois d'Aussonce et de La Neuville-en-Tourneà-Fuy pendant l'année 1900 G. LOGEART 81 Revue Une nouvelle Le Souvenir ardennais 14 Société d'Etudes ardennaises au 39e Congrès des Sociétés savantes La 123 Trouvaille numismatique à Sedan 182 V. BIBLIOGRAPHIE. COMPTES-RENDUS 15, 16, 62, 83, 107, 140, 182 et 220 BULLETINS 32, 64, 84, 124, 164, 184, 204 et 226 VI. PLANCHE. Monument Arthur Rimbaud 201 Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22. REVUE D'ARDENNE & D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N° 2 DÉCEMBRE 1900 SOMMAIRE RIOMET Etudes campanaires I. Inscription de la cloche de Liart. II. Cloches de l'abbaye de Bonnefontaine. III. Le fondeur Pierre Guillemin. IV. Notes complémentaires sur les cloches de Rumigny de Lamirault de Cerny, leur parrain, et Suzanne de Lancry, leur marraine. Stéphen LEROY Le loyalisme des Sedanais et leur hospitalité, de 1638 à [680 à suivre. VARIÉTÉS I. Relevé des dates de construction dans l'église de Mézières A. SÉCHERET. II. Inscriptions d'un étudiant fumacien à la Faculté de Droit de Douai, en 1755 P. COLLINET. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE EMILE LAR O C H E 22, RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille. Secrétaire du Comité. Pour tout ce qui concerne la REDACTION et I'ADMINIS TRATION, adresser toute la correspondance an Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les " Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité, Pour les tirages à part, les auteurs sont pries de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARDENNE D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N°s 3 et 4 JANVIER-FÉVRIER 1901 SOMMAIRE Jean BOURGUIGNON et Charles HOUIN Poètes ardennais Arthur Rimbaud. — VI Rôle d'Arthur Rimbaud en Afrique. Stéphen LEROY Le loyalisme des Sedanais et leur hospitalité, de [638 à 1680 à suivre. CHRONIQUE I. Un uniforme , de polytechnicien ardennais à l'Exposition universelle de 1900 Charles HOUIN. II. Les objets d'art religieux appartenant aux églises des Ardennes à l'Exposition rétrospective de l'art français 1900 P. COLLINET. III. Une nouvelle médaille de bornage de l'arpenteur Jacotin Charles HOUIN. COMPTES-RENDUS & BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUES. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE I M PR I M E R I E EMILE LAROCHE 22, RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille, Secrétaire du Comité. Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et I'ADMINIS TRATION, adresser toute la correspondance au Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMEIT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les "Variétés » est interdite,,sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARDENNE & D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N° 5 MARS 1 9 01 SOMMAIRE Paul PELLOT Essai sur la famille de Salnove. POÉSIE Dr SÉJ0URNET La Meuse. CHRONIQUE I. Résultats des fouilles faites dans les cimetières gaulois d'Aussonce et de La Neuville-en-Tourne-à-Fuy pendant l'année 1900 Gustave LOGEART. II. Sur l'authenticité du diplôme de Guillaume, comte de Luxembourg, mentionnant le nom de Godefroid d'Orchimont, comte Paul COLLINET. COMPTE-RENDU & BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUES. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE EMILE LAROCHE 22, RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille, Secrétaire du Comité. Pour tout ce qui concerne la REDACTION et I'ADMINISTRATION, adresser toute la correspondance au Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, parait tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant I'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les " Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARDENNE * D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N° 6 AVRIL 1 901 SOMMAIRE Henry VOLNEY Le folk-lore de Givet en 1829 I. Fêtes patronales; II. Coutumes; III. Conte des chats tenant conseil; IV. Pèlerinages ; V. Sorciers ; VI. Elégie patoise. Stéphen LEROY Le loyalisme des Sedanais et leur hospitalité, de 16-38 à 1680 à suivre. VARIÉTÉS I. Biographie ardennaise Le Général d'Artaize Ernest HENRY. II. Acte de mariage du Général Joubert, à Grandpré 30 messidor an VII Henry JAILLIOT. COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Album d'art religieux. Givet, etc.... Ch. HOUIN. — Mém. de la Société des Lettres, etc...., de Bar-le-Duc E. H.. — Notice sur les derniers seigneurs de Sausseuil, par Alb. Baudon E. H.. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE EMILE L A R O C H E 21, RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille, Secrétaire du Comité. Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et I'ADMINISTRATION, adresser tonte la correspondance an Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS l'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les » Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARDENNE D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE—N° 7 MAI 1901 SOMMAIRE Paul COLLINET Recherches statistiques sur la population des Ardennes avant le xixe. siècle I. — La population des communes ardennaises relevant du Luxembourg, de 1495à 1566. Georges DELEAU Impressions d'hiver en Ardenne Journal de route Hiver 1900-1901. CHRONIQUE, La Société d'Etudes ardennaises au 39e Congrès des Sociétés savantes. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. SEDAN , AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE EMILE LAROCHE 22, RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille, Secrétaire du Comité. Pour ont ce qui concerne la RÉDACTION et L'ADMINIS6 TRATION, adresser toute la correspondance au Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les » Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARMÉE & D'ARGOME SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N° 8 JUIN 190 1 SOMMAIRE Al. BAUDON Le registre des sépultures de Sery 1628-1660 I. La maladie de l'estappe ».;— II. La peste de 1636. — III. Les guerres de la Fronde. Stéphen LEROY Le loyalisme des Sedanais et leur hospitalité, de 1638 à 1680. — Appendice à suivre. Paul COLLINET L'origine des bois communaux de la ville » de Hargnies 24 septembre 13 14. COMPTE-RENDU BIBLIOGRAPHIQUE Le village et l'église de Renneville, par H. Jadart, avec la collaboration de J. Cartier et G. Menu P. COLLINET. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE EMILE LAROCHE 22, RUE GAMBETTA, 22 COMITE DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire elt Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille, Secrétaire du Comité. Pour tout ce qui concerne la REDACTION et l'ADMINISTRATION, adresser toute la correspondance au Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARDEM E 1 D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N° 9 JUILLET 1901 SOMMAIRE Jean BOURGUIGNON et Charles HOUIN Poètes ardennais Arthur Rimbaud fin. — VII Rôle d'Arthur Rimbaud en Afrique. Sa mort. Stéphen LEROY Le loyalisme des Sedanais et leur hospitalité, de 1638 à 1680. — Appendice à suivre. A. SÉCHERET Cahier des doléances d'Yoncq. CHRONIQUE Le Dr Lapierre, lauréat de l'Académie des Inscriptions et BellesLettres. P. COLLINET. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE ÉMILE R O C H E 22, RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille, Secrétaire du Comité. Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et I'ADMINISTRATION, adresser tonte la correspondance an Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. la reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARDENNE 1 D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N° 10 AOUT 1 9 O 1 SOMMAIRE Paul COLLINET Jean-Louis Micqueau de Viel-St-Remy, professeur au Collège de Sedan, pasteur à Givonne et Raucourt, à la fin du XVIe siècle. Jean BOURGUIGNON Le temps des Glaudinettes. Paul COLLINET Variantes de quelques chansons ardennaises. Stéphen LEROY Le loyalisme des Sedanais et leur hospitalité, de 1638 à 1680. — Appendice [suite et fin. CHRONIQUE I. Ardennais lauréats de l'Académic de Reims. IL Trouvaille numismatique à Sedan. COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Inventaire-Sommaire des Archives départementales antérieures à 1700, rédigé par M. Paul Laurent, archiviste. Ariennes. Tome V. Série H supplément Archives hospitalières E. H.. — Compterendu des travaux du XIVe Congrès de la Fédération archéologique et historique de Belgique P. C. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE EMILE LAROCHE 22, RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille, Secrétaire du Comité. Pour tout ce qui concerne a RÉDACTION et l'ADMINISTRATION, adresser toute la correspondance au Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les " Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARDENNE & D'ARGONNE SCIENTIFIQUE; HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR , LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N° 11 SEPTEMBRE 19 01 SOMMAIRE Ch. HOUIN Iconographie d'Arthur Rimbaud. Paul COLLINET Recherches statistiques sur la population des Ardennes avant le XIXe siècle. — II La population de la sergenterie de Porcien vers l'année 1300. Paul COLLINET Folk-lore ardennais I. Blason populaire de quelques localités des Ardennes.— II. La veille des morts à Anchamps. CHRONIQUE I. Inauguration du Monument d'Arthur Rimbaud Ch. HOUIN. II Un autographe de Méhul Ch. HOUIN. III. Une histoire manuscrite d'Yvois-Carignan N. GOFFART, IV. Découverte d'ossements à Sedan. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE ÉMILE LAROCHE 22. RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille, Secrétaire du Comité. Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et I'ADMINISTRATION, adresser toute la correspondance au Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les " Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. REVUE D'ARDEME 1 D'ARGONNE SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES 8me ANNÉE — N° 12 OCTOBRE 1901 SOMMAIRE Paul COLLINET. — Excursions Un après-midi sur les bords de l'Hermeton. Folk-lore de Monthois Fêtes. — Inhumation. — Mariage. — Baptême. Chasse. Ernest HENRY. — Biographies ardennaises Les deux généraux Poupart. VARIÉTÉS 1. Les portraits du prince et de la princesse de Turenne. par Sixc Henry VOLNEY. II. Un couplet rustique à Avaux-le-Château H. JADART. COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Histoire de la Maison de La Marck, par de Chestret de Haneffe Stéphen LEROY. — Commission météorologique des Ardennes '1899 Ch. HOUIN. — Notice historique sur le canton de Monthermé, par D. Albert Noël Dr J. JAILLIOT. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. — CORRECTIONS. Le prochain numéro de la Revue contiendra un article de M. Jean BOURGUIGNON sur le Passage de Pierre-le-Grand à travers les Ardennes en 1717, d'après des documents entièrement inédits et les ouvrages français et russes les mieux informés. SEDAN AUX BUREAUX DE LA REVUE IMPRIMERIE EMILE LA. R O C H E 22. RUE GAMBETTA, 22 COMITÉ DE PUBLICATION MM. CHARLES HOUIN, Agrégé de l'Université Histoire et Géographie. ANDRÉ DONNA Y, Agrégé de l'Université Langues vivantes. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille, Secrétaire du Comité. Pour tout ce qui concerne la REDACTION et l'ADMINISTRATION, adresser toute la correspondance au Bureau de la Revue. MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages. L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année. La Revue insérera, à la fin des Variétés », les demandes de renseignements ayant trait aux matières dont elle s'occupe les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication. Il sera rendu compte, dans la Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité. La reproduction de tout article même la Bibliographie » ou les " Variétés » est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité. Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue. Nous en avons tous été témoins un jour ou l'autre, les baïnes sont un redoutable piège à baigneurs et même à surfeurs. Le danger des baïnes vient essentiellement du fait qu'elles se présentent sous la forme de bassines d'eau calme et donc attirantes car apparemment non dangereuses. Cependant sous leur surface, un fort courant est présent... La formation des baïnes L'origine du mot baïne vient de l'occitan et signifie "petite bassine".Ces bassines-baïnes se forment au gré du vent, des courants et des vagues. La plupart des baïnes ont une ouverture orientée vers le sud. Ceci est du à plusieurs facteurs dominants le vent de NW, les vagues orientées NW et le courant nord-sud. Il est aussi possible de trouver des baïnes avec des ouvertures vers le nord mais elles sont beaucoup plus rares et souvent consécutives à du vent, des vagues venant du SW. Les baïnes sont indissociables des bancs de sable. Sans bancs de sable, pas de baïnes. Vous pouvez trouver ici un article sur les différents types de bancs de sable. Les différentes formes de baïnes Le fonctionnement des baïnes La baïne-bassine proche de la plage récupère les masses d'eau provenant des vagues qui déferlent sur les bancs de sable plus au large. Cette eau s'accumule dans la bassine puis s'évacue ensuite par une des ouvertures de la baïne qui est beaucoup plus étroite que le diamètre de la baïne en question. Ce canal d'évacuation plus étroit a pour effet de générer un courant puissant qui varie en intensité en fonction de la marée. A marée basse, la bassine est peu remplie, le courant y est faible à modéré. A marée haute, la bassine est remplie, le courant y est modéré à fort. De plus, le courant est beaucoup plus fort sur une marée descendante que sur une marée montante. Dans les situations de fort courant, on estime sa vitesse à 1,50 m par seconde, presque la même vitesse que des nageurs du 100 mètres brasse olympique. Un nageur normal nage en 1 m/seconde au plus… Une fois passé le canal d'évacuation, le courant se dissipe vers le large en devenant faible. Le fonctionnement typique d'un baïne. Comment reconnaitre les baïnes A marée basse, une baïne forme un creux sur la plage. Un peu d'eau peut y stagner alors que la plupart de la plage est à sec. A marée haute, une baïne se présente sous une zone d'eau calme où les vagues ne déferlent pas. La couleur de l'eau y est plus sombre. Il peut y avoir des déchets, des débris stagnants. Les dangers liés aux baïnes Les deux principales situations dangereuses sont 1 - se baigner dans une zone d'eau calme mais en pleine baine.C'est un danger du type "faux semblant". On pense que l'endroit calme est sûr mais c'est tout le contraire. Sous sa surface apparemment calme, la baine recèle en profondeur un fort courant. A marée basse, le danger est faible, la bassine n'est pas remplie et tant que le niveau d'eau ne dépasse pas la taille d'une personne, on peut sortir de la baïne en marchant. C'est le cas pour un adulte, pour un enfant la situation est différente. A marée haute, le danger est important, la bassine est remplie et dés que l'eau dépasse la taille d'une personne, il devient très difficile de rejoindre le bord. Le fort courant vous emporte vers le large sans que vous puissiez résister. Ceux qui essayent, se fatiguent, paniquent en sentant que le courant est plus fort qu'eux, perdent leur lucidité…on connait tristement la suite. La baïne est un parfait exemple de faux semblant 2 - Se retrouver sur un banc de sable qui devient un ilot avec la marée montanteC'est un danger qui vous prend par surprise. A marée basse, on vient jouer, se baigner juste devant les vagues, sur le banc de sable mais avec dans son dos la baïne. Sur une marée montante, la baïne-bassine se remplit rapidement alors que sur le banc de sable en forme de dôme, le niveau d'eau monte plus lentement. Lorsque l'on se rend compte que la marée monte et qu'il faudrait reculer un peu, le chemin du retour est barré par la baïne. Les gens décident alors de traverser cette cuvette apparemment calme et se retrouvent emportés par le courant. Vous connaissez la suite... Le danger des ilôts Solutions aux dangers des courants de baïnes Comme nous avons vu un peu plus haut, la vitesse du courant de baïne est estimé à 1,50m par seconde. Une vitesse supérieure à celle d'un nageur moyen. Partant de ce constat, une fois que l'on est pris dans un courant de baïne, c'est trop tard, on ne peut que se laisser emporter. Les courants de baïnes s'estompent au large Deux solutions s'offrent à vous en fonction de vos capacités de nage et de la situation dans laquelle vous vous trouvez. 1 - vous nagez très rarement. Si vous êtes pris dans un courant de baïne, la seule solution est de se laisser emporter sans faire d'efforts. Le courant vous éjectera de la baïne, vous fera passer la barre des vagues, puis une fois au large, vous pourrez faire des signes et attendre que l'on vienne vous chercher. Une fois de plus, l'attitude à avoir est inhabituelle, se laisser emporter par le courant, aller vers des vagues, vers le large…même si cela semble dangereux, c'est la meilleure solution !!.Si vous vous retrouvez sur un ilôt cerné par la baïne, faites de grands gestes, restez sur le banc de sable le plus longtemps possible. Si le courant de baïne vous emporte, appliquez la solution ci-dessus. 2 - vous nagez vous êtes pris dans un courant de baïne, vous pouvez vous laisser emporter par le courant tout en nageant parallèlement à la plage vers le sud. Comme toute baïne est bordée de bancs de sable, en nageant ainsi, vous retrouverez rapidement un endroit où vous aurez pied. Dans tous les cas, ne pas s'épuiser, si vous voyez que cela ne marche pas, laissez vous vous vous retrouvez sur un ilôt cerné par la baïne, faites de grands gestes, restez sur le banc de sable le plus longtemps possible. Si le courant de baïne vous emporte, appliquez la solution ci-dessus. Les courants de baïnes et le surf Les courants de baïne sont un manège utile pour les surfeurs. Un vrai bonheur à utiliser quand on sait s'y prendre. Cela évite de se fatiguer tout en franchissant la barre des vagues rapidement. Utile aussi après avoir surfé une vague, on se remet dans le courant pour repartir au large sans effort. Vous trouverez ci-dessous un shéma type lors d'une situation de baïne ouverte vers le sud, avec une houle de NW et du vent faible. L'utilisation des courants de baïnes en surf En bleu, vous avez un système de courant typique sur une vague en droite, en orange, le système de courant typique sur une vague en cercles représentent l'endroit idéal pour se mettre à l' toutes les baïnes sont différentes, ses courants peuvent changer sensiblement. Faites attention à la force et à direction du courant dés que vous rentrez dans l'eau. N'hésitez pas à lâcher votre planche pour voir dans quel sens le courant l'emporte. Ceci est applicable au bord, au large, etc…Prenez aussi des repères que vous regardez toutes les minutes pour voir dans quel sens vous êtes emportés. Quoi qu'il en soit, à Lacanau, il y a tout le temps du courant. Apprivoisez le pour lutter le moins possible et ensuite vous en servir à bon escient. En conclusion Pour éviter de vous retrouver pris dans un courant - baignez-vous entre les drapeaux destinés à la baignade ou dans les vagues sur la baignade n'est pas surveillée restez là où vous avez pied ;- soyez attentif aux panneaux de signalisation ;- apprenez à connaître les courants et les baïnes ;- apprenez à repérer une baïne ;- ne nagez jamais dans une baïne. Et retenez bien, que le courant de baïne, que l'on soit à la nage ou en surf, c'est plus fort que vous !!. Retrouvez ici les explications sur les courants de baïnes par le Conseil Général de Gironde. What you need to know to swim safely Lo que es necesario saber para bañarse sin peligro Was man wissen muss um ohne gefahr zu schwimmen Sources Retrouvez toutes les infos sur les spots de Lacanau ici. Jeff Lacanau Surf Info - Météo Plage

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